Un avis mitigé s
ur ce roman dont je sais po
urtant q
ue bea
uco
up de mes ami-e-s babeliotes l'ont apprécié.
Certes, l'a
ute
ur no
us fait une fresque formidable de la vie de notre pays de 1976 à 1999, de la grande sécheresse et de l'impôt spécifique qui en suivit, à la grande tempête de l'hiver 1999, en passant par tous ces grands événements, l'élection de Mitterand en 1981 si porteuse d'espoirs pourtant bien déçus, la catastrophe de Tchernobyl de 1986, la chute du mur de Berlin, la crise de la vache folle, etc.. et tous ces « petits » événements de la vie, le développement du téléphone, les nouveaux courants musicaux, la mode et j'en passe.
Il m'a rappelé, à nous qui venons de vivre et vivons des crises, attentats terroristes, gilets jaunes, pandémie, combien ça pouvait être mouvementé et violent aussi « avant », avec notamment les manifestations contre le nucléaire, les attentats de la mouvance gauchiste, etc..
La description du monde paysan des années 80 subissant le développement effréné de la société de consommation, des hypermarchés, de la mondialisation, la désertification des campagnes, la volonté des jeunes de quitter le monde rural pour la ville, est juste, parfois émouvante. Il est important de se souvenir de ces années, alors que de nos jours (est ce pérenne?) le mouvement semble s'inverser, que les consciences changent, que le réchauffement climatique et la pandémie ont contribué à faire bouger les lignes, et qu'on entend parler de la volonté de consommer local, d'acheter du seconde main, du retour de certains jeunes dans le monde rural, du souci de produire moins mais mieux, du développement durable.
L'histoire d'Alexandre Fabrier, adolescent au début, adulte approchant la quarantaine à la fin, et de sa famille de paysans sur ces si belles terres du Lot illustre cette période de notre histoire. Alexandre si attaché à ses bêtes, à ses pâtures, à cette nature « humaine », c'est à dire où l'être humain respecte et aime la nature, fait partie de tous ces jeunes paysans qui furent confrontés à tant de changements dans leurs pratiques, dans leur relation au reste de la nation, ainsi qu'à l'effondrement d'un certain monde rural. Alexandre chargé du lourd héritage de continuer le chemin tracé par des générations de paysans, a la force des faibles, « la force des discrets ». Ce taiseux qui tout en ayant l'air de suivre le mouvement, d'être plutôt docile à l'égard des manoeuvres de ses soeurs, par exemple, sait en fait ce qu'il veut faire ou plutôt ne veut pas faire, jusqu'à ce que la nature produise à sa place l'apocalypse qu'il avait programmé.
Mais deux choses m'ont gêné dans ce livre.
D'abord, et même si je sais que « l'amour, l'amour, l'amour, dont on parle toujours » peut prendre des chemins improbables (une actrice de cinéma américaine épouser un prince de Monaco, par exemple), je n'ai pas su adhérer à celui d'Alexandre et de la belle allemande de l'Est Constanze. Tout cela m'a paru fabriqué pour illustrer le choc des cultures, entre un paysan du monde du passé, attaché à ses racines et une femme
du monde des villes et du bloc de l'Est, voulant s'émanciper de ce bloc, une femme libérée, utopiste, voulant changer « le village » du monde.
Vraiment je n'ai pas cru à cette histoire, j'ai peut-être tort, mais c'est comme ça.
Et puis, j'ai été déçu par la froideur et la platitude, sans doute délibérée, de l'écriture de ce roman. En adoptant ce style pour nous montrer, au travers de l'histoire de cette famille Fabrier, la perte de repères des paysans face à la pression du monde qui les entoure, en évitant tout lyrisme,(par exemple j'aurais aimé ressentir les sentiments d'Alexandre à l'égard de la nature qu'il aime) le résultat en est pour moi un récit et des personnages auxquels j'ai eu du mal à m'attacher.