Histoire paysanne qui commence le 23 décembre 1999 et se termine le 26 décembre 1999. Entre ces deux dates, un long moment de vie d'un paysan du Gers, contemporain, Alexandre FABRIER. Les flash-back remontent à 1976 lorsque Alexandre, adolescent, prend conscience de ce qu'il prendra la succession de ses parents dans l'exploitation agricole d'élevage de vaches à viande, ses trois soeurs se détachant pour partir en ville vivre une vie totalement indifférente au monde agricole.
Serge Joncour nous décrit un monde paysan en pleine mutation, avec toutes ses incertitudes, ses angoisses, son amour et son lien à la terre durement attaqué par le progrès, les supermarchés, l'autoroute.
Alexandre est touchant dans sa solitude de paysan qu'aucune femme ne veut accompagner dans cette vie pas si simple qui implique que toutes les générations restent vivre ensemble, même si les grands parents ont le privilège de s'installer en contrebas du champ, dans un pavillon « moderne ».
La modernité place sur sa route de jeunes anarchistes et leur goût pour les bombes, la vie communautaire, le refus du système. Parmi eux, il rencontre l'étoile de sa vie qui entretiendra avec lui un lien profond mais très intermittent, la jeune allemande de l'ex RDA ne concevant pas de vivre une vie de femme paysanne, préférant travailler pour une ONG en INDE. Pourtant, les deux amants se retrouvent de loin en loin, au rythme imposé par Contanze, la jeune femme semblant idéaliser la vie terrienne d'Alexandre mais se gardant bien de tenter l'expérience.
Au fil des pages et des époques traversées, l'auteur prend soin de donner les couleurs de l'époque, citant les marques de produits, voitures, noms de journalistes, ancrant dans le temps et nos souvenirs cette histoire douce amère, plus amère que douce. C'est donc un grand pan de vie d'un paysan que l'on voit vieillir pendant 23 ans, perdant ses illusions, son horizon…
Ce livre offre une plongée touchante dans le monde paysan d'aujourd'hui, ses questionnements, ses impasses. Il laisse planer une sourde inquiétude sur la fin du roman
Une fin qui, peut-être nous laisse sur notre faim…
J'avais beaucoup plus apprécié «
chien loup », plus dynamique, plus mystérieux et dont le thème était particulièrement original. Ce roman fait, certes, un effort de construction par séquences temporelles non chronologiques mais ne racontant qu'une histoire, somme toute assez banale, reste en fin de compte, un tout petit peu décevant.