Vous aviez aimé «
l'amour sans le faire » ?
Alors re bienvenue aux Betranges, une ferme du lot, décor privilégié de l'auteur.
Sur une période de 30 ans, de 1976 à 1999, Serge Joncour retrace notre histoire nationale à travers la vie d'une famille d'agriculteurs, les Fabrier, dont le fils Alexandre est très impliqué dans le travail à la ferme tandis que ses soeurs sont plus attirées par la vie urbaine.
Sur près de 400 pages, l'auteur retrace les évolutions et les transformations induites par la mondialisation et le « produire plus pour vendre plus » , avec tout ce que cela implique d'absurdités et de non-sens.
Passer de l'agriculture saine à l'élevage de masse, la pression des grandes surfaces face aux petits artisans, l'utilisation des pesticides, la vache folle, les constructions de centrales nucléaires.... tels sont les thèmes évoqués dans ce roman avec, pour les nostalgiques, des références aux objets qui ont fait notre quotidien dans les années 80 tel que le téléphone en Bakélite filaire et son écouteur, les cabines téléphoniques, le Minitel,mais aussi les meetings de François Mitterand et les supermarchés Mammouth et la 4L ( souvenir de la voiture de mon père )
La construction de ce livre est maîtrisée bien que majoritairement linéaire.
Chapitré par date, le roman démarre en 1976 sous une extrême sécheresse et s'achève en 1999 sous une pluie diluvienne en témoignage au dérèglement climatique.
En véritable radiographie de toute une époque, Serge Joncour nous livre une fresque familiale imbriquant la petite histoire dans la grande, avec pour personnage principal Alexandre, ce fils d'agriculteur prêt à reprendre la ferme de ses parents avec tout le lot de sacrifices que cela implique.
Alexandre est prêt à tout pour préserver sa zone rurale.
Mais un jour il rencontre Constanze dont il tombe éperdument amoureux.
Constance, étudiante allemande et fille de la ville ...
Habitant un petit village de campagne, je savoure chaque jour ce décor dans lequel j'ai l'immense privilège de vivre et ce roman de Serge Joncour m'a confortée dans cette idée que je n'irais plus habiter en centre ville.
L'immensité des plaines, le grand air, les bottes de foins, l'odeur du fenouil sauvage, tant de choses que je me régale de voir ou de respirer chaque matin au lever du jour et que l'auteur nous décrit à merveille dans ce roman. En éternelle opposition au brouhaha de la ville, Toulouse en l'occurrence ici, ville que je connais bien et que j'affectionne pourtant.
Mais ma campagne reste ma campagne.
L'ambiance et l'atmosphère de ce roman retranscrit ce sentiment de plénitude a merveille.
Un très bon moment de lecture pour moi.