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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans le hameau des Bertranges, situé dans le Lot, vit la famille Fabrier dont les parents, comme toutes les générations avant eux, exploitent une petite ferme de « 50 hectares plus 10 de bois ».
A l'heure où le père va bientôt se retirer, se pose la question de sa succession que seul le fils, Alexandre peut assurer, ses trois soeurs décidant progressivement de tourner le dos à cette vie loin de tout.
Héritier de l'agriculture d'autrefois et confronté aux enjeux de l'évolution, Alexandre se sent « le fils sacrificiel qui endosse le fardeau de la pérennisation ».
A travers ces 25 années de la vie d'Alexandre, Serge JONCOUR écrit une chronique sociale du dernier quart du XXème siècle. Tous les grands événements y sont relatés, de l'occupation du Larzac à la grande tempête, en passant par l'explosion de Tchernobyl, l'arrivée du SIDA, la chute du mur de Berlin, la crise de la vache folle et la marée noire de l'Erika.
Un quart de siècle de grands événements, qui ont bouleversé le paysage mondial et ont fait prendre conscience des enjeux environnementaux et de l'intérêt écologique.
Une période de doute, à la croisée de deux époques, où la jeunesse a perdu confiance en ce monde qu'elle habitait et qui décidait pour elle.
En parallèle, le modernisme touchait l'agriculture et les nouveaux paysans se sont opposés aux paysans à l'ancienne, poussés par une volonté de rendement orchestrée par les supermarchés en plein développement.
Des activistes et des révolutionnaires ont pris les armes pour s'opposer à ce monde moderne qu'ils rejetaient et la jeunesse a dû faire le choix d'évoluer avec le monde ou de se battre contre le progrès.
J'ai lu ce roman comme un déchirement car les choix des ces années-là se reflètent dans le monde agricole d'aujourd'hui, où ceux qui se sont développés à outrance, engrangeant les profits au détriment de la qualité, ont fini par récolter le rejet de toute une population mue par l'évidence d'une nécessaire protection d'un environnement menacé.
Je ne suis pas sûre que la prise de conscience d'Alexandre soit très réaliste pour cette fin de siècle mais on peut la prendre comme un pressentiment de ce qui animera les vingt années suivantes.
L'attachement pour son amie allemande, Constanze, est également assez utopique, je pense que les personnes engagées comme elle, n'ont pas eu d'impact à l'époque sur la machine de l'évolution en marche.
Et si aujourd'hui on parle « du passé comme étant l'avenir », il fallait certainement en passer par là pour une prise de conscience collective et les regrets n'ont jamais été porteurs d'espoir.
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Vous aviez aimé «  l'amour sans le faire » ?
Alors re bienvenue aux Betranges, une ferme du lot, décor privilégié de l'auteur.
Sur une période de 30 ans, de 1976 à 1999, Serge Joncour retrace notre histoire nationale à travers la vie d'une famille d'agriculteurs, les Fabrier, dont le fils Alexandre est très impliqué dans le travail à la ferme tandis que ses soeurs sont plus attirées par la vie urbaine.
Sur près de 400 pages, l'auteur retrace les évolutions et les transformations induites par la mondialisation et le « produire plus pour vendre plus » , avec tout ce que cela implique d'absurdités et de non-sens.
Passer de l'agriculture saine à l'élevage de masse, la pression des grandes surfaces face aux petits artisans, l'utilisation des pesticides, la vache folle, les constructions de centrales nucléaires.... tels sont les thèmes évoqués dans ce roman avec, pour les nostalgiques, des références aux objets qui ont fait notre quotidien dans les années 80 tel que le téléphone en Bakélite filaire et son écouteur, les cabines téléphoniques, le Minitel,mais aussi les meetings de François Mitterand et les supermarchés Mammouth et la 4L ( souvenir de la voiture de mon père )
La construction de ce livre est maîtrisée bien que majoritairement linéaire.
Chapitré par date, le roman démarre en 1976 sous une extrême sécheresse et s'achève en 1999 sous une pluie diluvienne en témoignage au dérèglement climatique.
En véritable radiographie de toute une époque, Serge Joncour nous livre une fresque familiale imbriquant la petite histoire dans la grande, avec pour personnage principal Alexandre, ce fils d'agriculteur prêt à reprendre la ferme de ses parents avec tout le lot de sacrifices que cela implique.
Alexandre est prêt à tout pour préserver sa zone rurale.
Mais un jour il rencontre Constanze dont il tombe éperdument amoureux.
Constance, étudiante allemande et fille de la ville ...

Habitant un petit village de campagne, je savoure chaque jour ce décor dans lequel j'ai l'immense privilège de vivre et ce roman de Serge Joncour m'a confortée dans cette idée que je n'irais plus habiter en centre ville.
L'immensité des plaines, le grand air, les bottes de foins, l'odeur du fenouil sauvage, tant de choses que je me régale de voir ou de respirer chaque matin au lever du jour et que l'auteur nous décrit à merveille dans ce roman. En éternelle opposition au brouhaha de la ville, Toulouse en l'occurrence ici, ville que je connais bien et que j'affectionne pourtant.
Mais ma campagne reste ma campagne.
L'ambiance et l'atmosphère de ce roman retranscrit ce sentiment de plénitude a merveille.
Un très bon moment de lecture pour moi.
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Décembre 1999, dans une ferme du Lot. le 20ème siècle s'apprête à laisser place au 21ème. Une terrible tempête secoue la France, les éléments se déchaînent. En écho à cette atmosphère d'apocalypse, Alexandre se tient dans la grange, des explosifs à la main. Alors qu'approche l'irrémédiable, il se souvient d'un autre temps, celui de son enfance dans les années 70, quand l'agriculture amorçait un tournant et que les luttes sociales éclataient. Un autre visage se dessine dans le flot de ses souvenirs : celui de Constanze, partie en Inde, sa liaison allemande, en pointillés. Quelle nature porte l'homme à détruire et reconstruire ce qui l'environne ? Alexandre va tenter, à sa mesure, de répondre à cette question.

« Nature humaine » est un roman bouleversant écrit par Serge Joncour.
C'est une fresque sociale qu'il nous offre là dans une intrigue de grande ampleur, presque 400 pages. Il s'efforce de conjuguer la grande Histoire, depuis 1976 jusqu'à 1999, à celle d'une famille de paysans du Lot sous l'angle d'Alexandre, le seul enfant qui reprend la ferme. le lecteur a l'occasion de (re)vivre de grands événements qui ont ponctué l'époque – politiques, économiques, écologiques, mutations agricoles, mondialisation, luttes, … L'ambition de l'auteur est grande, dépeindre une nature humaine dans les transformations auquel conduit le temps. Est-elle trop conséquente, voire démesurée ? Parfois, la peinture de l'Histoire l'emporte sur celle de l'histoire singulière et on peut avoir l'impression que l'auteur est dépassé par l'ampleur de la tâche qu'il s'est assignée et que l'intrigue s'enlise dans trop de longueurs.

Pour autant, il a su nous ferrer dans sa mise en scène initiale et il sait distiller çà et là quelques graines d'explication. Et puis, il écrit remarquablement bien, d'une écriture simple, poignante. Les descriptions des paysages sont grandioses et, sous sa plume, les champs, les causses secs, la rivière et les bois prennent vie et matière. Il sait aussi instiller les émotions qui traversent ses personnages, leurs quêtes, leurs illusions et les espoirs qui les tiennent, jusqu'au bout.

En résumé, « Nature humaine » est un roman poignant, écrit avec beaucoup d'empathie pour les personnages. Bien que parfois long, il nous tient en haleine, jusqu'au point final.
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Serge Joncour reprend dans Nature Humaine 30 ans d'histoire des campagnes françaises.
En 1976, la famille d'Alexandre se trouve à la croisée des chemins. Ils ont décidé de prendre le train de la modernité des exploitations agricoles pour pouvoir envisager l'avenir de leur ferme du Lot.
Ils augmentent le nombre de bêtes et engagent des travaux pour suivre les nouvelles normes.
Dans le même temps autour d'eux, tout est en mouvement, il faut être pour ou contre le nucléaire, pour ou contre Mitterrand, pour ou contre la future autoroute A20.
Ces réformes vont en entraîner d'autres et rien ne semble pouvoir arrêter cette folie.
Des années 70 au début des années 2000, on suit cette histoire qui a abouti à la situation que nous connaissons aujourd'hui et que beaucoup rejettent.
La très joli plume de Serge Joncour rend compte d'une évolution de nos campagnes assez triste.
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Un roman passionnant sur les mutations du monde rural et de la société française durant les décennies 1970, 1980 et 1990. Serge Joncour a obtenu le Prix Femina pour ce livre qui, par la voix de personnages attachants, nous fait beaucoup réfléchir sur « le monde qui vient ». Un très bon moment de lecture !
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J'ai lu ce livre en un week end. Les personnages sont tellement attachants, les situations décrites collent tellement à la réalité. Une leçon de vie à travers l'Histoire de ces trente dernières années. Une belle écriture.
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Ce roman est à la fois relativement banal et attachant. Relativement banal car il raconte la lente usure du métier d'agriculteur tout au long de cette période des années soixante à quatre vingt dix pendant laquelle l'industrialisation de ce métier a eu pour conséquence la disparition des paysans dans des proportions inimaginables. Joncour raconte la souffrance des générations de ruraux qui transmettent et qui voient leurs enfants soit partir à la ville, soit être condamnés par les impératifs de productivité à pratiquer une agriculture destructrice de l'environnement. La mécanisation, la sélection des plants, l'utilisation des phytosanitaires, l'élevage en batterie, l'engraissage sans herbe dans des bâtiments fermés et automatisés, tout cela est une réalité navrante. Seuls ceux qui ne veulent pas la voir arrivent encore à l'ignorer. Je disais banal et je prie les lecteurs de m'en excuser parce que, précisément, l'information sur les méfaits environnementaux et humains d'une agriculture industrielle sont maintenant bien connus, grâce notamment à un film comme "Au nom de la Terre". Mais Joncour a raison de le dire, il est nécessaire de la marteler sans cesse et de ce point de vue, toute contribution est bienvenue.

Au delà de cette vision précise, le roman est une plongée attachante dans tout ce qui a caractérisé un changement d'époque et une évolution de notre système de valeurs comme notre société n'en avait probablement pas connu depuis la Révolution Française. Et, au travers du cheminement de cette famille de paysans, le personnage du fils Alexandre et de ses soeurs, offre une promenade nostalgique dans toutes les grandes césures de la France des trente glorieuses. Rien n'échappe à la vie des membres de la famille au gré de secousses sociétales et politiques. Jolie balade avec une densité d'écriture qui soutient un intérêt grandissant pour le destin de cette famille de paysans avec ses drames et ses célébrations.

Agréable lecture, je recommande.
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Roman clairement écologiste, ce fut un vrai plaisir de lire ce roman d'une part car le sujet m'intéresse énormément, et d'autre part car l'auteur nous donne envie de découvrir cette ferme et toutes ses fleurs !
Par ailleurs, ce roman se veut instructif en tout cas pour ma part, ne connaissant pas tellement les évènements des années 80 autour des centrales nucléaires.
Le roman nous montre aussi beaucoup l'évolution, puisqu'il se déroule sur plusieurs décennies et notamment le rôle de la grande distribution qui va changer aussi notre agriculture.
Bien sûr en prime une histoire d'amour se greffe au roman !
Le seul petit bémol serait finalement le personnage d'Alexandre, que j'ai eu du mal à apprécier, l'impression qu'il était froid, heureusement que cette Constanze va lui permettre de s'ouvrir un peu plus.
Quoi qu'il en soit, ce roman est là pour nous faire réfléchir et c'est gagné !
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Le récit d'une époque à l'aune de ce qu'on sait aujourd'hui. Intéressant de revenir sur un temps relativement proche mais qui a subit tellement de bouleversements: le supermarché, objet de rêves puis de malheur, et puis cette agriculture, si belle mais aussi douloureuse. L'auteur maîtrise parfaitement l'art de nous décrire la beauté de cette campagne, ses sons et ses odeurs. Mais ce qui nous tient aussi est cette histoire de liens, à distance mais si présente. Avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, l'auteur nous partage leur intimité et l'espoir, malgré tout.
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Alexandre, fils d'agriculteurs dans le Lot, est amoureux de sa terre et de sa ferme des Bertranges. C'est d'ailleurs bien le seul de sa fratrie qui souhaite continuer à l'entretenir, ses soeurs préférant rejoindre la ville pour embrasser une autre carrière. L'histoire commence dans les années 1980 et s'achève juste avant l'an 2000, par une catastrophe naturelle qui paraît inéluctable, au vu des événements précédents. On voit au fil de l'histoire que le monde est en train de changer, de se transformer profondément et le regard de chacun évoluer face aux changements climatiques. Celui d'Alexandre qui traduit une grande solitude et une lucidité face au progrès. D'abord réfractaire aux nouveaux procédés peu naturels, il finit par se plier aux nouvelles méthodes de production massive pour pouvoir continuer à vivre. C'est l'époque de Tchernobyl, de la vache folle, de l'essor de la mondialisation et de la prise de conscience progressive du réchauffement climatique. Serge Joncour décrit à merveille la fracture entre le monde rural et le monde urbain et retrace trente ans d'histoire de France. Alors oui, on assiste à la fin de la vie paysanne, à l'évolution inévitable de nos modes de vie grâce à l'oeil acerbe de l'écrivain. Mais c'est aussi le signe du progrès dans un monde qui bouge toujours plus et un véritable hymne à la nature, cette nature humaine, si chère à son coeur.
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