AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Issa Kobayashi (Autre)Brigitte Allioux (Traducteur)
EAN : 9782809715453
161 pages
Editions Picquier (18/03/2021)
4.12/5   17 notes
Résumé :
Au quatrième mois de l’année 1819, le poète Issa, natte en paille sur le dos et sac de moine mendiant accroché autour du cou, quitte son ermitage de montagne et part en voyage de temple en temple.
Nous suivons avec lui un chemin de poésie à travers les paysages du Japon, les rencontres avec les amis et inconnus de passage, les histoires étranges qu’on lui rapporte…
Cette année-là voit aussi sa petite fille de deux ans, ce rayon de soleil épanoui dans l... >Voir plus
Que lire après Mon année de printempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mon année de printemps (Oragaru haru) est souvent présenté comme le chef d'oeuvre d'Issa (1763-1827). Il s'agit d'un journal couvrant l'année 1819. Il mêle courts textes en prose, haïkus et dessins. L'édition présente, traduite par Brigitte Allioux est constituée d'un court avant-propos, du journal proprement dit (90 pages), de notes très éclairantes et d'une biographie du poète que je vous encourage à lire préalablement.
Au début du journal Issa salue l'arrivée du printemps en se plaçant sous la protection d'Amina (Bouddha). Sa petite fille Sato ( l'éveillée) gambade à côté de lui en riant. Il célèbre les animaux, les humbles bestioles, il salue les fleurs. Mais il apprend la mort dramatique d'un jeune bonze du temple voisin. Les parents sont effondrés. "L'enfant qui part le matin en riant, rentre le soir mort". Que dire ? Alors même que son destin de moine l'a conduit à enseigner la précarité de la vie, quand un tel malheur se présente "il est naturel qu'enserré dans les liens de l'affection, on ne défasse pas les noeuds de son coeur". Cette année-là, à près de soixante ans et de santé fragile, il prend la route, son sac de mendiant autour du cou et quelques affaires de toilette sur le dos. Il décrit avec humour son environnement, il se soucie des plus humbles, il se souvient de son enfance solitaire. Et puis il en vient à nous reparler de sa petite fille qui ne survivra pas à la variole. Ce récit poétique bouleversant occupe plus du tiers du journal. Sa peine est incommensurable. Alors Issa se consacre entièrement à ses activités poétiques. Il reprend bientôt ses pérégrinations jusqu'à Edo. le contact de la nature lui procure un fragile apaisement mais il ressent sans cesse l'appel de son village et des siens. le voyage est une épreuve physique et psychologique autant qu'une quête de la sérénité. Quand il rentre chez lui au printemps suivant, il clôt son journal comme il l'avait débuté, en dédiant la nouvelle année à Amina.
Commenter  J’apprécie          5618
J'ai beaucoup de chance des découvertes poétiques que me font faire mes ami.e.s babeliotes ces derniers temps.
Cette fois, c'est « Mon Année de Printemps » d'Issa Kobayashi, un texte court, environ 90 pages, mais incroyablement beau, et si émouvant, sur lequel mon «amie » Marie-Hélène (mh17) avait fait une superbe critique l'an dernier. J'avais toujours gardé ce livre dans mes ouvrages à lire, une année a passé, et je l'ai maintenant cueilli, ce fruit merveilleux.

Précédé d'une très courte page d'introduction de la traductrice, Brigitte Allioux, le texte est suivi d'une partie composée d'une grande série de notes très instructives sur le contenu, puis d'une biographie d'Issa.
Selon les conseils de Marie-Hélène j'ai lu d'abord cette biographie. Une vie de pauvreté et de malheurs, deux épouses et 4 de ses 5 enfants décédés; et Issa mourra juste avant la naissance du cinquième. Il faut dire que l'on est dans la deuxième moitié du 18ème siècle et au début du 19ème, et nous avons oublié, nous humains du 21ème siècle, la terrible mortalité infantile et toutes ces femmes mourant jeunes, en couches ou dans les suites de couches. Une situation dont nous ne sommes sortis qu'il y a moins de 100 ans.

Savoir cela rend d'autant plus bouleversant ce récit, la souffrance profonde mais aussi la merveilleuse sérénité qui en émane.
Le motif qui l'anime, c'est le voyage que le poète accomplit à partir du quatrième mois de l'année, de temple en temple, les paysages qu'il voit et les rencontres qu'il fait. Mais aussi, c'est l'évocation du bonheur avec sa petite fille âgée de deux ans, puis la douleur déchirante subie lorsqu'elle meurt de la variole. Et enfin, malgré les épreuves, l'acceptation lucide de ce qui est, l'oeil confiant et joyeux sur le monde.

L'extraordinaire beauté du livre vient de ce qu'il mêle narration, de nombreux haïkus, et quelques dessins. haïkus merveilleux, une poésie qui jaillit en quelques mots.

Ne pas se résigner, ne pas se laisser être écrasé par la cruauté de la vie, garder les yeux ouverts sur la beauté du monde, c'est aussi cela la poésie.
Commenter  J’apprécie          312
Premier livre que je lis d'Issa. On retrouve dans ce récit et ces haïkus tous les thèmes du Japon classique : la description de la nature, la contemplation, la description du quotidien des gens avec leurs joies et leurs misères, la poésie, l'impermanence, les croyances… Ce récit/poèmes se déroule sur une année, celle où Issa a perdu sa petite fille de deux ans. « C'est un enseignement de ce monde inconstant qu'à la suite d'une joie sans borne, apparaisse le chagrin ». Issa nous fait part de sa douleur, et puis la vie reprend. Les notes explicatives en fin de volume sont les bienvenues car la connaissance de certaines références est nécessaire à la compréhension du texte. Ce récit est très court. Il se lit très vite mais il est intéressant de s'attarder sur certains passages et de les relire pour s'en pénétrer.
Je le recommande à tous ceux que le sujet intéresse.
Commenter  J’apprécie          301
Kobayashi Issa est né au début de l'été 1763, premier enfant d'une famille de cultivateurs, à Kashiwabara, petit village dans le pays de Shinano.

Il va écrire plus de sept mille haïkus.

Il voyagera beaucoup, se mariera trois fois, aura six enfants, dont aucun ne survivra au-delà de la toute petite enfance, et retournera vivre dans son village.

Dans cette oeuvre "il met en lumière, grâce à la forme brève, la vie elle-même" (p.6)
Effectivement, il fait défiler les saisons, les évènements et les rencontres qui ont jalonné sa vie avec des haïkus ; en y décrivant l'origine, le sens.

Son langage est intimiste et la portée émotionnelle s'insère naturellement dans ses textes.

Intéressante et inhabituelle lecture, très dépaysante, évocatrice des traditions japonaises.

Nous suivons, avec lui, son chemin de poésies, d'histoires étranges rapportées de ses rencontres et ses souvenirs.

- le rythme du haïku reste en lui-même porteur de sens. La concision est évocatrice d'image.(p.6)

- le hokku qui compte 17 syllabes ou unités sonores devient indépendant et est rebaptisé haïku par le poète et critique Masaoka Shiki (1867-1902)/

Au rossignol
la grenouille
rend une visite de courtoisie

Commenter  J’apprécie          260

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Jadis, dans le pays de Tango, au temple Fukôji, était un moine vertueux qui aspirait ardemment à la Terre Pure. Dans la rumeur qui entourait la célébration de la nouvelle année, ce saint moine se dit : «Je veux moi aussi participer.» Le soir du dernier jour de l'année, il écrivit une lettre, la plia et la remit à un jeune bonze de son service. Il lui fit des recommandations, avec autorité, pour l'aube suivante et l'envoya passer la nuit au sanctuaire principal. le matin du premier jour de l'an, alors que la pénombre était encore dans les recoins, au cri neuf du corbeau, le jeune bonze se leva promptement et, comme on le lui avait enseigné, tambourina à la porte d'entrée. On lui demanda : « D'où venez-vous ?» À peine eut-il répondu : « Je suis le messager de la nouvelle année envoyé par Amida de la Terre Pure », qu'aussitôt le moine bondit pieds nus, ouvrit les deux battants de la porte, invita le jeune bonze à s'asseoir à la place d'honneur, prit la lettre de la veille et, pénétré de respect, la lut : « Ce monde d'ici-bas est rempli d'innombrables souffrances ; je vous invite à venir à ma Terre Céleste aussi vite que possible, la foule des bienheureux vous y attendra et vous y accueillera.»
On raconte qu'à la fin de sa lecture il se mit à pleurer. Ce saint homme affligé par la tristesse qu'il s'était lui-même créée, séchant les manches mouillées de larmes de son bel habit de nouvel an, procéda à une cérémonie tout en regardant ses propres larmes couler. Cela pouvait paraître fou. Mais comme on dit que les moines ont pour tâche de prêcher aux hommes la précarité de la vie, cet exemple ne devrait-il pas être dans le monde bouddhique le comble d'une cérémonie religieuse ?
Moi qui suis un peu différent, enseveli sous la poussière de cette terre et destiné par les circonstances à passer dans ce monde, j'estime vaines les cérémonies ayant pour symbole la grue et la tortue car elles ressemblent aux boniments des chasseurs de malheur. Comme il se doit pour une cabane de chiffonnier telle que la mienne qui s'envolerait au souffle de la bise hivernale, je n'ai pas mis de pin à ma porte, je n'ai pas enlevé la suie et à l'image des sentiers tortueux couverts de neige, je salue ici l'arrivée du printemps en m'en remettant à vous :

Cette félicité aussi
est naturelle
l'année de mon printemps
Commenter  J’apprécie          110
Les soirs d'été je déroule ma natte de paille derrière la maison et je les appelle affectueusement. Bientôt du buisson du coin elles s'approchent lentement et , comme les hommes, viennent se rafraîchir. A voir l'expression de leur visage, il semble qu'elles récitent des poèmes. C'est pourquoi elles furent élues juges du concours de poésie Mushi awase, ce qui devint la gloire de leur vie.

Mais de quel animal est-il question ?
Commenter  J’apprécie          104
Vole loin dans la brume
envole-toi loin loin dans la brume
oiseau libéré

On libère les oiseaux domestiques le quinzième jour du huitième mois au cours d'une cérémonie religieuse, hôjôe. On les libérait aussi à l'occasion d'une cérémonie funèbre.
Commenter  J’apprécie          171
J' avance en rampant
de sous la passerelle
s'envole un coucou

Il s'agit d'une passerelle suspendue, très instable. Nous pouvons imaginer la profondeur de la vallée, l'instabilité de la passerelle et la fragilité de l'homme. Ce haïku rappelle un haïku de Bashô :

Un pont suspendu - la vie est enlacée -
de lierre grimpant
Commenter  J’apprécie          120
Les tortues n'ont pas de cordes vocales mais les paysans pensaient qu'elles pouvaient chanter

La tortue aussi
veut bien annoncer l'heure
sous la lune du printemps
Commenter  J’apprécie          200

autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1240 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}