J'ai beaucoup de chance des découvertes poétiques que me font faire mes ami.e.s babeliotes ces derniers temps.
Cette fois, c'est «
Mon Année de Printemps » d'
Issa Kobayashi, un texte court, environ 90 pages, mais incroyablement beau, et si émouvant, sur lequel mon «amie »
Marie-Hélène (mh17) avait fait une superbe critique l'an dernier. J'avais toujours gardé ce livre dans mes ouvrages à lire, une année a passé, et je l'ai maintenant cueilli, ce fruit merveilleux.
Précédé d'une très courte page d'introduction de la traductrice,
Brigitte Allioux, le texte est suivi d'une partie composée d'une grande série de notes très instructives sur le contenu, puis d'une biographie d'Issa.
Selon les conseils de
Marie-Hélène j'ai lu d'abord cette biographie. Une vie de pauvreté et de malheurs, deux épouses et 4 de ses 5 enfants décédés; et Issa mourra juste avant la naissance du cinquième. Il faut dire que l'on est dans la deuxième moitié du 18ème siècle et au début du 19ème, et nous avons oublié, nous humains du 21ème siècle, la terrible mortalité infantile et toutes ces femmes mourant jeunes, en couches ou dans les suites de couches. Une situation dont nous ne sommes sortis qu'il y a moins de 100 ans.
Savoir cela rend d'autant plus bouleversant ce récit, la souffrance profonde mais aussi la merveilleuse sérénité qui en émane.
Le motif qui l'anime, c'est le voyage que le poète accomplit à partir du quatrième mois de l'année, de temple en temple, les paysages qu'il voit et les rencontres qu'il fait. Mais aussi, c'est l'évocation du bonheur avec sa petite fille âgée de deux ans, puis la douleur déchirante subie lorsqu'elle meurt de la variole. Et enfin, malgré les épreuves, l'acceptation lucide de ce qui est, l'oeil confiant et joyeux sur le monde.
L'extraordinaire beauté du livre vient de ce qu'il mêle narration, de nombreux haïkus, et quelques dessins. haïkus merveilleux, une poésie qui jaillit en quelques mots.
Ne pas se résigner, ne pas se laisser être écrasé par la cruauté de la vie, garder les yeux ouverts sur la beauté du monde, c'est aussi cela la poésie.