Il y a quelques années, j'ai fait une randonnée jusqu'à un ancien camp "marron". Quelques huttes reconstituées, beaucoup de documents historiques affichés, le tout pour nous remettre dans l'ambiance de cette réalité que beaucoup d'esclaves ont connus, pas seulement à la Réunion et que l'on peine à imaginer. A la Réunion, et j'imagine dans les autres territoires concernés, la mémoire de l'esclavage est très vivace - on comprend aisément pourquoi - mais cette réalité historique est de plus en plus instrumentalisée par les partis politiques. le succès de la fête Cafre (fet'caf) du 21 décembre, date commémorant la fin de l'esclavage à la Réunion en est le témoignage le plus ardent.
Victor Schoelcher et Sarda Garriga, qui ont oeuvré en France pour l'abolition de l'esclavage, sont les personnalités historiques parmi les plus emblématiques de l'île. On retrouve fréquemment leur nom sur les plaques commémoratives. Il y a foison d'études maintenant en histoire sur l'esclavage, qui d'ailleurs - on a trop souvent tendance à l'oublier, n'a pas été l'apanage des nations européennes à travers l'histoire . de nombreuses personnes sont actuellement de par le monde encore soumises à différentes conditions de vies que l'on peut assimiler à un esclavage moderne.
Alors ce livre, comme tous les autres sur ce thème est bien évidemment le bienvenu et nécessaire. Écrit en 1844, juste quelques années avant l'abolition, il met en scène un petit groupe d'esclaves qui essaient de s'échapper, de "marronner". Fuir dans la montagne et ne pas être retrouvés. L'auteur tient son intrigue de première main puisqu'il a été le témoin des atrocités et des conditions de vie exécrables de ces pauvres gens souvent venus d'Afrique. Hommes, femmes, enfants. Sans parler des tortures, des privations, ou simplement des coups journaliers pour tel ou tel manquement. Ce ne sont que des objets possédés par les maîtres selon le fameux Code Noir de Louis XIV. le parti pris de l'auteur a été d'écrire une fiction, à mon sens trop romancée. On s'attache aux personnages, mais l'attention du lecteur est diluée par une intrigue à la limite de la réalité. Je ne parle pas de la description des conditions de vies mais des liens entre les personnages qui me semblent parfois un peu factices. Alors que dans ce cas, il aurait peut-être fallu plus se concentrer sur la réalité brute sans l'enjoliver par une sorte de romance superficielle. Mais n'oublions pas que l'auteur de ce livre,
Louis-Timagène Houat a été écroué et soumis à plusierus mois de rétention. Il a dû finalement quitter la Réunion et s'exiler à Paris pour son action envers les esclaves et son combat pour l'abolition. Donc, rien que pour cela, ce livre doit être lu.