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EAN : 9782916141701
136 pages
L'Arbre vengeur (18/02/2011)
4.04/5   14 notes
Résumé :
« Il y a des maîtres, dont vous avez entendu parler sans doute, et qui, tels que le mien, leur coupent le corps à coups de rotin, comme à coups de coutelas… qui les chargent de chaînes et les font mourir à petit feu au courbari et dans les cachots… qui leur cassent les os d’un membre sans regret, leur brûlent la figure avec des tisons, la leur écrasent à coups de pieds… qui leur font cracher au visage par toute une bande, avaler tout ce qu’il y a de plus sale au mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a quelques années, j'ai fait une randonnée jusqu'à un ancien camp "marron". Quelques huttes reconstituées, beaucoup de documents historiques affichés, le tout pour nous remettre dans l'ambiance de cette réalité que beaucoup d'esclaves ont connus, pas seulement à la Réunion et que l'on peine à imaginer. A la Réunion, et j'imagine dans les autres territoires concernés, la mémoire de l'esclavage est très vivace - on comprend aisément pourquoi - mais cette réalité historique est de plus en plus instrumentalisée par les partis politiques. le succès de la fête Cafre (fet'caf) du 21 décembre, date commémorant la fin de l'esclavage à la Réunion en est le témoignage le plus ardent. Victor Schoelcher et Sarda Garriga, qui ont oeuvré en France pour l'abolition de l'esclavage, sont les personnalités historiques parmi les plus emblématiques de l'île. On retrouve fréquemment leur nom sur les plaques commémoratives. Il y a foison d'études maintenant en histoire sur l'esclavage, qui d'ailleurs - on a trop souvent tendance à l'oublier, n'a pas été l'apanage des nations européennes à travers l'histoire . de nombreuses personnes sont actuellement de par le monde encore soumises à différentes conditions de vies que l'on peut assimiler à un esclavage moderne.
Alors ce livre, comme tous les autres sur ce thème est bien évidemment le bienvenu et nécessaire. Écrit en 1844, juste quelques années avant l'abolition, il met en scène un petit groupe d'esclaves qui essaient de s'échapper, de "marronner". Fuir dans la montagne et ne pas être retrouvés. L'auteur tient son intrigue de première main puisqu'il a été le témoin des atrocités et des conditions de vie exécrables de ces pauvres gens souvent venus d'Afrique. Hommes, femmes, enfants. Sans parler des tortures, des privations, ou simplement des coups journaliers pour tel ou tel manquement. Ce ne sont que des objets possédés par les maîtres selon le fameux Code Noir de Louis XIV. le parti pris de l'auteur a été d'écrire une fiction, à mon sens trop romancée. On s'attache aux personnages, mais l'attention du lecteur est diluée par une intrigue à la limite de la réalité. Je ne parle pas de la description des conditions de vies mais des liens entre les personnages qui me semblent parfois un peu factices. Alors que dans ce cas, il aurait peut-être fallu plus se concentrer sur la réalité brute sans l'enjoliver par une sorte de romance superficielle. Mais n'oublions pas que l'auteur de ce livre, Louis-Timagène Houat a été écroué et soumis à plusierus mois de rétention. Il a dû finalement quitter la Réunion et s'exiler à Paris pour son action envers les esclaves et son combat pour l'abolition. Donc, rien que pour cela, ce livre doit être lu.
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Court roman écrit en 1844 par Louis-Timagène Houat, jeune réunionnais contraint à l'exil à Paris, expulsé après un procès expéditif et des preuves inventées de toutes pièces, pour s'être élevé contre l'esclavage.
Il est difficile de penser à quel point il a été difficile pour les anti-esclavagistes d'essayer de se faire entendre, leur parole étant broyées par des intérêts plus forts qui avaient pour eux de tenir toutes les strates de la société.
Très beau livre qui nous rappelle combien la cruauté des hommes les uns envers les autres n'a aucune limite, surtout quand certains pensent être propriétaires des autres, et s'arrogent le droit de vie et de mort, et bien souvent également de torture sur ceux qu'ils considèrent non seulement comme n'étant pas des humains mais encore même à un stade inférieur aux animaux domestiques.
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Un livre qui vaut autant pour son histoire que pour son histoire !
L'histoire de ce livre, c'est celle d'un texte écrit par un homme condamné pour ses positions progressistes par rapport à l'esclavage. Exilé dans l'Hexagone, d'où il le fera publier.
L'histoire de ce livre, c'est celle de "marrons", entendre d'esclaves fugitifs, réfugiés en l'occurrence dans la montagne.

Le texte en lui-même mérite d'être contextualisé si l'on veut en faire un bon outil anti-escalavagiste. Si les horreurs subies par les esclaves sont rapportées par le menu et avec précision, le ton global très essentialisant et obstinément "métissant" ne me semblent pas être des angles recommandables. Sur le métissage, je ne suis pas contre, mais en faire l'objectif à atteindre ne m'apparaît pas un discours politique conséquent.
Sur l'essentialisme, par contre, je n'ai de réserve pour dire que c'est une cochonnerie en général et dans tous les cas (de mon point de vue, bien évidemment).

Passés donc ces deux gros points noirs, c'est un texte très intéressant, dans un style syntaxique étonnant pour un lectorat de 2020.
Le récit en lui-même est prenant, avec son lot de rebondissements.

Un livre à prendre avec son contexte, pour en saisir la portée.

Lu parce qu'attiré par le titre, et que l'esclavage est un sujet d'intérêt notable dans mes lectures.
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Ce roman sur l'esclavage à la Réunion a été écrit en 1844 à Paris six ans après que son auteur ait été expulsé de son île natale à l'âge de 29 ans. Louis-Timagène Houat met en scène plusieurs héros et une héroïne dont les histoires s'emmêlent et se démêlent au fil des pages. Par exemple, j'ai adoré lorsque le Câpre, esclave marron en fuite, dégringolant la falaise des Salazes tombe sur une minuscule plate-forme avec une grotte d'où sort, attirée par le bruit, Marie, une jeune créole blanche avec son bébé métis dans les bras... Il y a d'autres très belles images dans ce livre, mais Houat n'arrive pas à correctement les articuler les unes aux autres. On a un sentiment d'inachevé. C'est dommage, il y avait la matière à un grand roman. On peut compléter cette lecture par le "Bourbon pittoresque" publié la même année (1844) à la Réunion par Eugène Dayot, ou le "Rutile, esclave à Bourbon" (2003) de Fred Mussard.
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Ce livre raconte l'histoire des combattants d'une autre époque, ceux qui avaient été capturés, pour devenir des propriétés de l'État. Je retiens ceci, qu'importe son statut social, on trouve toujours des bonnes et des mauvaises personnes. Ma mémoire retient qu'il y avait une blanche qui était devenue une marronne, pour aider son époux à sauver sa peau, leurs peaux. Je retiens aussi qu'il y avait un noir qui se disait être un frère, mais qui n'avait pas hésité à dénoncer son semblable, aussi esclave que lui. Je n'oublierai pas qu'il y avait un propriétaire qui était tellement injuste avec ses esclaves, tellement barbare, qui proposa des sentences inhumaines, dont le Procureur général trouvait trop cruel.
Lien : https://www.lilutek974.re/bl..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Frême n’avait conservé qu’une idée confuse de ses parents, de sa patrie. Enlevé fort jeune encore de l’Afrique, où il naquit, il ne portait à la figure, ni sur le corps, aucune marque de tatouage, marque distinctive de caste en usage dans ce pays, et il ignorait de quelle partie, de quelle peuplade ou tribu africaine, il était. Seulement, il se rappelait, comme la réminiscence d’un rêve lointain, que son père devait être un chef de guerriers, qu’il avait toujours des plumes brillantes fichées en panache dans ses cheveux crépus, et que ce fut à la suite d’une surprise nocturne et dans un combat affreux que lui, Frême, il fut saisi par l’ennemi et séparé de sa famille.
Vendu d’abord à des Portugais, il fut conduit dans un de leurs comptoirs de la côte de Mozambique, et au bout de quelques mois, revendu à des traitants étrangers, qui l’embarquèrent sur un navire avec d’autre noirs, qu’ils avaient achetés sur cette même côte. Mais la traite n’était plus protégée, encouragée par des primes gouvernementales ; et pour l’extirper au contraire, la France, d’accord avec l’Angleterre, avait des croisières dans l’Atlantique et la mer des Indes. Or, le négrier qui portait Frême fut découvert, et chassé par une corvette française, il fut bientôt pris et amené à l’île Bourbon, où il devint ainsi que sa cargaison de victimes, la propriété de l’État.
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Maintenant regardez, au sein de cette richesse et de cette abondance, ces pauvres nègres sont nus, décharnés, qui meurent de faim, et qu'on pousse au travail tels que des animaux ! Regardez surtout, dans l'enceinte de l'habitation, ces trois hommes attachés là, le ventre contre terre, les membres étendus, et que d'autres, avec de longs fouets, frappent à coups redoublés, excités qu'ils sont par les menaces du régisseur et du maître ! Leur sang ruisselle ! leur chair vole en lambeaux ! Mais pas un cri, pas une plainte !
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Il relatait une réalité que le public européen ignorait, bercé qu'il était par les progrès de la "civilisation" en terres lointaines et par le bonheur de consommer sucre, cannelle et café.

Extrait de la préface de Eric Dussert
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- En venant ici, frères, ma pensée disait : nous ne parlerons pas ; nous écouterons, nous suivrons les autres. À présent vous voulez entendre. Eh bien ! ma langue causera. La chose a des épines. Mais le silence de la bouche ne doit pas faire crier le cœur. (45)
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On fera des lois, comme on fait ici dans l'île, pour la conservation des plantes, des poissons, des chevaux, des chiens et des oiseaux ; on n'en fera pas pour notre conservation, pour l'adoucissement de notre sort ; on n'en fera pas pour notre liberté... (73)
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