PLUIE est le premier roman que Kristy Gunn ( autrice Néo-Zélandaise) a écrit en 1994, alors qu'elle avait 34 ans, en faisant des recherches, j'ai appris qu'il y avait une adaptation cinématographique : RAIN de Christine Jeffs.
Jane Philon la narratrice, a 12 ans à l'époque où elle se remémore son enfance baignée d'une atmosphère terrestre à découvrir, qui émerveille, qui fait jaillir milles vies de l'imagination de deux enfants.
Au bord du grand lac, elle passe des étés, des étés d'eau, de rivière, de
pluie, de piscine, pendant que ses parents s'abîment à boire beaucoup, ils profitent des plaisirs de la vie nocturne dans leur maison remplie d'invités, qui crient quand ils gagnent aux cartes, dansent, se séduisent…
Janey auprès de son frère, remplace naturellement sa mère qu'elle trouve si féminine, si belle, si joyeuse à la nuit tombée. Son petit frère de 5ans, Jim.
Jim Little, qu'elle protège, qu'elle enveloppe, qu'elle adule, qu'elle emmène partout dès que pointe les premières lueurs du jour.
La plume est douce, poétique, très imagée et la
pluie, l'eau à chaque page purifie la réalité de leur vie avec deux adultes qui ont perdu leurs enchantements qui tiennent ensemble malgré tout, qui parfois donnent le départ d'une vie familiale dites classique pour quelques minutes seulement…
“Ni ma mère ni mon père ne sortaient plus pêcher désormais. La
pluie venait frapper la tasse en émail avec un infime bruit musical : la
pluie heurtait la tasse, la
pluie la remplissait. Goutte après goutte, la
pluie. S'il pleuvait suffisamment longtemps, la tasse se remplissait à ras bord d'une eau renouvelée. Par-delà la rivière la
pluie tombait, arrivant de derrière les collines, la
pluie. de la
pluie dans l'eau, de la
pluie sur les feuilles. de la
pluie dégouttant des fleurs blanches des arbres à thé, de la
pluie dévalant les rigoles boueuses qui sillonnaient la berge, de la
pluie sur nos corps. Nous la laissions faire, nous la laissions nous recouvrir, le ciel pouvait pleurer. Mon petit frère renversa la tête en arrière pour offrir son visage aux derniers rayons de lumière et ferma les yeux. Sous l'eau il était transparent.”
Les étés loin du mode de vie de leurs parents qu'ils aiment mais dans lequel ils ne veulent pas évoluer. La nature est bien plus somptueuse, elle a plus à offrir, ils ont beaucoup à apprendre en vivant dehors.
Janey et Jim sont deux enfants sauvages, livrés à eux-même entouré de l'eau qu'ils aiment tant et qui les menace.
L'histoire s'achève par un cours de secourisme, de sauvetage en mer (le seul moment qui m'a barbé)… la distance qu'à choisit
Kirsty Gunn pour nous raconter un drame que l'on imagine dès le départ. Janey son héroïne nous le racontera avec une extrême pudeur, sans juger ses parents, sans gravité et dans un registre suggéré.
Une belle découverte !
“Elle aurait dû le savoir depuis le début ; mon père aurait dû le savoir : les enfants ont le chic pour précipiter la fin. Par petits morceaux, peut-être, une berge qui s'effrite, une lueur dans l'oeil d'un père ou d'une mère, ou encore d'un seul coup, la terre qui se disloque, ne laissant qu'un trou béant là où l'herbe plongeait autrefois ses racines.”