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Vincent Fournier (Traducteur)
EAN : 9782742794959
330 pages
Actes Sud (01/01/2011)
3.55/5   29 notes
Résumé :
Rufus W. Griswold, critique littéraire et ami d’Edgar Poe, va pourtant s’ingénier à mener un double jeu pervers de l’amitié doublé d’une démolition systématique. Pendant ce temps, Samuel, un esclave en cavale, concrétise les inventions les plus cruelles de Poe
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Orphelin très jeune, adopté par une famille riche dont il ne s'est jamais senti proche, Edgar Allan Poe a voué sa vie à la littérature, une quête qui s'apparente à la recherche d'une forme de beauté dans les affres de la mort, le mal, les rêves et le monde tel qu'il le voit.
Mais la consécration s'est fait attendre. En ce XIXème siècle en Amérique, ses oeuvres sombres et morbides sont souvent mal comprises et son tempérament intransigeant est source de conflits.
Sa relation avec le journaliste et célèbre critique Rufus W. Griswold, homme austère et pieux, est pour le moins ambigüe.
Ce dernier n'a cessé de jouer "le double jeu pervers de l'amitié et de la démolition systématique" voyant en Poe un auteur de génie mais un esprit machiavélique au service du Mal, capable d'altérer par ses écrits « impies et terrifiants » les consciences les plus nobles!
Pour ne rien arranger, l'Amérique se trouve confrontée à une série de crimes horribles dont la mise-en-scène macabre ressemble étrangement à certains écrits de l'artiste, de « Bérénice » en passant par « Double assassinat dans la rue Morgue ».
Poe ne tarde pas à découvrir l'identité de cet imitateur criminel.
Il s'agit de Samuel Reynolds, ancien esclave et ami d'enfance de Poe, qui s'attelle à reproduire dans la réalité les oeuvres les plus funèbres du maître.
Ecartelé entre une critique assassine, un meurtrier bien réel croyant aux pouvoirs prophétiques de ses récits, une femme malade, des soucis financiers et une vie miséreuse, Edgar Allan Poe noie le peu de lucidité qui lui reste dans des vapeurs d'alcool et meurt en 1849, le nom de Reynolds aux bords des lèvres.

Depuis la parution en 1999 du Valet de Sade - récit d'un criminel sans état d'âme à la recherche du siège de la douleur - ou celle, plus récente, du Pornographe timide, on connaissait la propension de l'écrivain et scénariste Nikolaj Frobenius à concocter des oeuvres originales et inattendues servies par un sens inné pour les ambiances singulières dans des univers sombres et baroques.
Après quelques années d'absence sur la scène littéraire, c'est donc avec grand plaisir que l'on retrouve l'auteur norvégien dans ce nouveau roman mettant en scène le grand poète et écrivain Edgar Allan Poe.
Dans un récit ensorcelant où éléments fictionnels et biographiques se fondent dans les remous d'une Amérique de fange, de boue et de misère où les écrivains, mal considérés, sont trop souvent réduits à l'indigence, Frobenius se penche sur les peurs intimes d'un des plus fameux précurseurs de littérature à suspense.
De Philadelphie à Baltimore en passant par Richmond ou New-York, on suit donc le douloureux cheminement d'un artiste en mal de reconnaissance, angoissé par la totale méprise que ses oeuvres inspirent à des lecteurs comme Griswold ou Reynolds, la confusion entre oeuvre et personnalité chez l'un, et la fusion entre fiction et réalité chez l'autre.
La biographie romancée de Frobenius se lit alors comme une sorte de réflexion sur le pouvoir de l'écrit et son écho dans le monde réel.
En liant ces trois destinés, l'auteur de "Je est ailleurs" renoue avec ce qui avait séduit son public, à savoir les notes du plus pur thriller dans un récit biographique de haute volée.
Poe, Griswold, Reynolds, trois hommes épris de littérature, trois consciences aussi ferventes qu'égarées, trois âmes violentes pour un récit captivant entre fiction et réalité.
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Nous sommes aujourd'hui le 19 janvier, jour anniversaire du célèbre écrivain Edgar Allan Poe, et c'est par le plus grand des hasards que je referme aujourd'hui ce roman de Nikolaj Frobenius qui nous relate la vie de l'auteur, de manière romancée.

Rufus Griswold est un célèbre anthologiste et critique littéraire, entre autres connu pour son hostilité envers l'oeuvre d'Edgar Allan Poe, son contemporain. Nikolaj Frobenius part de ce fait réel pour nous livrer ici une histoire où les vies de ces deux hommes sont entremêlées. le premier est un fervent croyant persuadé d'être investi d'une mission divine, s'acharnant ainsi sur un Edgar Allan Poe impie, qui laisse transparaître dans son oeuvre sa fascination pour la mort, le morbide, la souffrance. C'est ainsi que va naître un mélange de haine et de fascination entre les deux hommes, qui va être le fil conducteur de ce roman, entrecoupé de différents événements de la vie de Poe. Mais un 3e personnage viendra pimenter un peu cette histoire, Samuel Raynolds, un jeune esclave albinos qu'Edgar va prendre sous son aile, et qui va le vénérer au point de considérer les écrits de son "maître" comme des prophéties qui doivent absolument se réaliser...

Nikolaj Frobenius nous décrit ici le portrait d'un génie torturé, incompris, qui attend vainement une reconnaissance qu'il n'aura réellement que bien tardivement. Orphelin très tôt, Edgar Allan Poe grandit dans une famille d'accueil aisée dans laquelle il se sent prisonnier des bonnes manières de la société qu'on lui impose et qu'il fuira afin de pouvoir laisser son imagination et son talent s'épanouir. de désillusion en désillusion, il parcourt les villes à la recherche de la reconnaissance de ses pairs, mais vivra toute sa vie dans la misère et la faim. Je connais très peu sa véritable vie, et je n'ai lu que ses Histoires extraordinaires, je ne suis donc pas à même de démêler le vrai du romancé dans cette biographie. Mais cela ne m'a pas empêché de bien cerner le personnage, et de finir par éprouver pour cet être plein de rage, de colère, de noirceur, une fascination bien réelle.

L'écriture de Nikolaj Frobenius fait très bien ressortir cette ambiance sombre, baroque, pesante, qui a semblé planer sur la vie d'Edgar Allan Poe comme sur ses histoires. Mon seul regret est de ne pas avoir eu le temps de lire quelques uns de ses poèmes avant de me lancer dans ce roman si passionnant.
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Un peu à la manière de Drood (publié en France la même année), quoique dans une optique assez différente, Je vous apprendrai la peur entremêle les biographies romancées de deux écrivains aux rapports complexes, et l'influence d'un troisième personnage imaginaire, un être de l'ombre maléfique et ambigu qui pousse les deux autres à leur perte.

Nikolaj Frobenius en tire un roman sur la puissance de la littérature , sur l'obsession, sur les rapports ambigus entre instinct de survie, morale et connaissance de soi, entre désirs obscurs et conventions sociales, avec en filigrane une peinture du milieu littéraire américain des années 1840. Un roman bourré d'ingrédients intéressants… qui a pourtant peiné à totalement m'accrocher.

Des trois personnages, Reynolds est le seul à avoir suscité mon empathie. Inquiétant, complètement tordu mais étrangement touchant et doté d'une voix assez fascinante, il est une très belle création littéraire, mais j'aurais du coup aimé le voir plus présent dans l'histoire. Lui ou au moins ses actions, dont on parle beaucoup sans m'en faire sentir réellement l'impact, peut-être parce qu'il est surtout vu à travers les deux autres.
Poe m'a essentiellement agacée, et Griswold plus encore. Wilkie Collins et Dickens aussi étaient agaçants, dans Drood, et pourtant l'auteur avait réussi à me plonger corps et âme dans leurs obsessions et leurs névroses. Ici, elles m'ont laissée assez froide – mais, il faut bien l'avouer, les oeuvres de Poe me laissent généralement assez froide aussi, malgré mon envie de l'aimer et la fascination que j'éprouve pour nombre de ses thèmes de prédilection.

Peut-être, après tout, est-ce un signe que l'auteur respecte bien son esprit, qui ne colle définitivement guère au mien. Peut-être aussi est-ce que le récit manque un peu d'ampleur par rapport à ses ambitions. Toujours est-il que la fin elle-même m'a laissé une impression mitigée : une prise de conscience intéressante et cruelle, mais trop tardive pour aller au fond des choses et du coup un peu superficielle à mon goût. Ou pas assez abrupte pour prendre tout son poids ?

C'est un livre auquel je trouve pas mal de défauts, donc, mais dont je serais très curieuse de rediscuter avec ceux qui l'ont lu… ou se laisseraient tenter à l'avenir.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Si je devais résumer grossièrement ce roman, je dirai qu'il s'agit de la vie romancée d'Edgar Allan Poe. Partant de cette idée répandue que le célèbre écrivain serait mort en prononçant le nom de "Reynolds", l'auteur a voulu retracé la vie de Poe et donner sens à cette dernière parole. Il s'est aidé de ses écrits, de lettres, témoignages, articles de journaux, qu'il a pour certains inventés lorsque d'autres sont véridiques. Avec une habile plume romanesque, il a mis en place ce récit dans lequel Edgar Allan Poe, invétéré alcoolique, rencontre un célèbre critique littéraire qui sera le fil conducteur de sa vie d'écrivain, oscillant entre célébrité et mauvaise renommée. Mais un autre personnage jouera également un rôle important dans la vie du poète-novelliste mal compris, un jeune esclave que Poe rencontrera à l'orée de sa vie, chez ses parents adoptifs. Cet homme considérera Poe comme son maître, et verra dans ses écrits une démarche à suivre, une mission à accomplir.
L'auteur a su recréer une ambiance très proche de celles des nouvelles de Poe. Macabre, cauchemardesque, d'une réalité irréelle et sombre, cette histoire tente de rendre compte avec élégance et beauté parfois de ce qu'a pu être la vie d'un des plus célèbres auteurs fantastiques de tous les temps, de ce qu'elle aurait pu être en tout cas, cherchant à expliquer l'inspiration très spéciale et extraordinaire pour son époque d'Edgar Allan Poe.
Je le recommande à tous ceux qui veulent en apprendre plus sur Poe, car même si l'histoire n'est pas scrupuleusement autobiographique mais mêle fiction et réalité, elle est celle que l'on souhaite vérité pour cet immense et incontournable auteur. Magnifique, cruelle et sombre. Bravo à M. Nikolaj Frobenius, bel hommage.
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Le roman place au centre le grand écrivain Edgar Allan Poe, sa vie difficile et en particulier les relations conflictuelles qui l'ont opposées à l'influent critique et anthologiste Rufus W. Griswold. Ce dernier a de vivant de l'auteur dénigré son oeuvre, et après sa mort n'a pas hésité à essayer de nuire à sa réputation en propageant un certain nombre de diffamations sur son compte. le roman de Nikolaj Frobenius est corsé par un personnage imaginaire, un métis albinos, qui a quitté avec Poe la propriété de son père adoptif et qui perpétue des crimes atroces, en s'inspirant des oeuvres de Poe.

A priori de bons ingrédients, entre la vie difficile d'un génie de la littérature et un roman policier. Mais malheureusement à mon avis la sauce ne prend pas. On n'apprend pas réellement grand-chose sur Poe (sauf si vraiment on en connaissait rien du tout) et la personnalité décrite par l'auteur est pour le moins sommaire, il voulait être célèbre, était alcoolique et s'est débattu dans la misère. Et il recherche dans la création artistique la beauté. Quand à Griswold c'est un puritain, qui veut défendre le monde contre le mal, et Poe c'est le mal absolu. Et c'est la raison de leur antagonisme. Et pas d'autres éléments pour poser cette opposition pendant tout le livre, pour la rendre plus complexe et intéressante.

Du côté de l'intrigue policière il n'y en pas non plus vraiment, Frobenius place dans le roman quelque scènes bien saignantes à certains endroits, mais sans rien construire, on constate le résultat final (le cadavre torturé) et on a par la suite quelques éléments pour savoir comment c'est arrivé. Pas de montée de l'angoisse précédent l'acte, quasiment aucune information sur la victime, pas de traque du coupable, qui n'est d'ailleurs pas identifié par la police. Malgré le titre, il est difficile d'avoir le moins du monde peur, tout cela est plutôt du grand guignol, et j'ai fini par ricaner méchamment.
Comme le style n'a rien de très excitant non plus, l'ennui s'installe très vite. Désolée, mais je ne trouve vraiment rien à sauver dans ce livre, dont le sujet était pourtant prometteur.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le scandale est l'épreuve la plus salutaire à laquelle puisse être confronté l'être humain. S'humilier de la manière la plus grossière, c'est s'assurer la santé de l'instinct de conservation. Heureusement je suis tombé. Misérablement. Violemment. Sans gloire. Je me suis retrouvé par terre à supplier le scandale de me réduire à néant. Or le scandale ne tue pas sa victime, il n'est pas aussi prévenant. Il te plonge le visage dans la merde et t'envoie le lendemain sur ton lieu de travail à la vue de tous. Et c'est seulement lorsque tu te tiens dans l'embrasure de la porte, tous les yeux braqués sur toi dans un ricanement général, que le scandale a fait son travail et que le renouveau peut s'amorcer.
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Il murmure les dernières lignes. Les mots "jamais plus!" sont à peine audibles dans le salon, mais il sait qu'ils résonnent comme une explosion dans leurs têtes. Dans les secondes qui précèdent les applaudissements, il lève la tête et promène son regard sur l'assistance.
C'est alors qu'il l'aperçoit à la porte.
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La peur est constamment tapie en nous, pensera-t-il quelques années plus tard. Le jour, nous cherchons à nous la dissimuler, mais la nuit, nos pensées prennent le dessus. Tout ce que nous faisons est gouverné par la peur ou par le désir que nous avons de nous y soustraire.
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La foule le choque. Il l'aime. Il la hait et la craint pour ce qu'elle peut lui faire. Il la condamne et l'envie.
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Une passion si débordante pour la mort qu'il n'a pas su aimer quelqu'un d'autre.
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