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4,29

sur 9882 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En dépit de la simplicité de son écriture, Gaël Faye réussit parfaitement à nous emmener dans les méandres de la vie Burundaise des années 90.
Pour parler de la déchirure d'un pays, rien de plus tragique que le regard d'un enfant qui, malgré son jeune âge et les préoccupations innocentes liées à ce dernier, se rend bien compte du changement qui s'opère autour de lui.
Gabriel a 10 ans et une bande de copains relativement privilégiés qui s'inventent des histoires et font les imbéciles au milieu des manguiers, bougainvilliers et autres kapokiers. Il aime aussi s'emplir des histoires des livres qu'il emprunte à sa voisine, une vieille dame grecque pleine de bonté et de chaleur.
Malgré l'impression de légèreté qui émane de leurs jeux, dans le vieux Combi VW, sur la rivière Muha ou de quelque chapardage de mangues, les enfants font état de difficultés dans leurs vies respectives : les pères absents, leur condition d'enfants issus de couples mixtes, les origines Rwandaises pour certains, les disputes ou les non-dits qui émaillent les discussions de leurs parents.
Et petit à petit, à travers ces récits malicieux et sans vices, se dessine une réalité bien plus terrible, celle des massacres des Tutsis, d'abord au Rwanda que la plupart de leurs familles ont fui, puis insidieusement au Burundi où ils vont perdre leur âme d'enfant.
La force de ce livre est de savoir nommer les choses sans tomber dans le voyeurisme ni l'horreur absolue bien que certaines scènes ne nous soient pas épargnées.
Et avec Gabriel, nous sortons de l'enfance de manière brutale et sans préavis. C'est bien joué, car sous cette écriture à la limite enfantine, Gaël Faye arrive à nous faire vivre les horreurs des massacres, la folie, la tristesse et la violence tout en nous préservant de l'ahurissement.
Un livre qui se lit vite, mais que je conseille pour cet exercice de style assez réussi.
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Suggéré par un groupe comme lecture commune pour le mois de janvier, je m'empresse de le réserver à la médiathèque de ma ville où il n'y a pas moins de 15 exemplaires ! Tous empruntés. Cela sent le bon bouquin... J'ai eu du mal à m'y plonger. Une histoire d'enfant, naïve, gentillette. Et puis ça bascule sur l'histoire dans l'Histoire, le quotidien d'horreur et d'infamies. Une histoire forte, racontée avec pudeur, sans chichi.
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Je ne connaissais pas l'auteur-compositeur-interprète Gaël Faye. Son premier roman figurait toutefois sur ma PAL... (je devrais dire BAL... La bibliothèque à lire tant j'ai de retard).
Je viens de traverser les 200 pages de son "Petit pays", un roman parsemé de jeux d'enfants qui rendent fous les grands... de folies de grands qui tétanisent les enfants...
Le livre nous conte le récit par Gaby de son enfance africaine auprès d'Armand, Gino, des jumeaux, d'Innocent, de Prothé, de ses parents qui s'aiment à s'en déchirer, de ces colons qui transpirent le racisme, de cette impasse dont on se dit qu'elle pourrait vivre ainsi mille ans de souriante maraude de mangues... C'est l'histoire aussi d'ethnies qui s'entre-tuent, d'enfants et d'adultes entraînés dans l'effroyable tourbillon du pire, des amis qui voudraient qu'on choisisse, de la littérature qui permet de s'évader, d'un petit pays qu'on ne reconnaît pas...
C'est l'histoire de toutes celles et ceux qui ne reviendront plus, des illusions perdues, d'une enfance trop vite évaporée...
Une histoire émaillée de formules qu'on a envie de griffonner dans un carnet pour les laisser résonner...
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Toujours les enfants ont été les victimes collatérales de la folie des adultes.
Un roman très poignant qui dit la perte du paradis perdu, perte de son enfance paisible et de son pays ravagé par la guerre, la violence et la folie des hommes.
Ce "petit pays", c'est le Burundi où vit Gabriel dit Gaby entre ses parents, père Français expatrié et mère Rwandaise Tutsi et sa jeune soeur Ana. En 1992, Gaby a dix ans et vit une enfance aisée, privilégiée au milieu d'une nature généreuse, un paradis tropical. le début du roman contraste avec ce qui va suivre. Tout va commencer à se déliter avec la séparation de ses parents, le coup d'Etat au Burundi suivi d'une guerre civile et du génocide des Tutsis par les Hutu au Rwanda, le pays voisin. Gabriel assiste à des scènes indicibles, essaie de rester un enfant, s'efforce de ne pas prendre parti alors qu'on le somme de le faire. Comment rester un enfant face à cette violence inouie, Massacres, règlements de compte, exécutions sommaires. La violence semble sans fin et sans motifs. Une seule échappatoire pour Gabriel : la littérature, les livres.
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Après avoir tourné la dernière page de Petit pays, je comprends et partage pleinement les raisons de son succès. J'ai en effet découvert avec intérêt l'enfance de Gaby à Bujumbura. Au début, elle ne m'a pas semblé très différente de celle de n'importe quel enfant de son âge : les copains, les 400 coups, l'école, les lettres échangées avec une écolière d'ailleurs, l'ennui, les relations avec les parents... Certes il convient d'ajouter les personnes qui sont au service de sa famille. Puis le couple de ses parents se sépare. C'est déjà une première épreuve pour Gaby et sa soeur.

La deuxième sera encore plus dramatique puisqu'il s'agit de la guerre entre les Tusti et les Hutus. Pourquoi cette guerre demande Gaby à son père ?
- C'est parce qu'ils n'ont pas le même territoire ?
- Non, ça n'est pas ça, ils ont le même pays.
- Alors… ils n'ont pas la même langue ?
- Si, ils parlent la même langue.
- Alors, ils n'ont pas le même dieu ?
- Si, ils ont le même dieu.
- Alors… pourquoi ils se font la guerre ?
- Parce qu'ils n'ont pas le même nez.
Gaby n'y comprend rien, elle n'est pas abordée en famille et contrairement à ses copains elle ne l'intéresse pas. Ils vont donc s'éloigner peu à peu. Et c'est à ce moment-là que Gaby découvre les livres. Alors qu'il considérait que sa vie était étriquée, tout un monde imaginaire s'offre à lui. « Au fil de la lecture, mon lit se transformait en bateau, j'entendais le clapotis des vagues taper contre le bord du matelas, je sentais l'air du large et le vent pousser la voile de mes draps. »

C'est également ce qui me plait dans mes lectures, me laisser transporter dans un autre univers. Et en ce qui concerne le petit pays de Gaël Faye, tout comme de nombreux autres lecteurs, j'ai beaucoup apprécié.
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C'est un roman très touchant; sans doute, à cause de son caractère autobiographique; à cause aussi du contexte dramatique vécu et relaté; à cause enfin du ton adopté: celui de l'enfant et de l'adolescent confronté à ce contexte qui a bouleversé son bonheur. C'est un roman facile à lire sans doute pour les mêmes raisons. Je n'ai par contre pas le même enthousiasme que la plupart des lecteurs de Babelio. J'attends que Gaël Faye sorte un nouveau roman pour me prononcer d'une façon plus éclairée sur la qualité de son écriture et, si mon appréciation est un peu sévère sur ce premier roman (seulement 3,5/5), je suis prête à réviser mon jugement à la prochaine parution.
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Gabriel, ou Gaël, ou les deux à la fois…. C'est l'histoire d'un petit garçon, franco –rwandais, et vivant au Burundi, bien petit et méconnu comparé à ses voisins la Tanzanie ou le Congo.

Gabriel est un gamin heureux (bien qu'éloigné de sa mère séparé de son père), entouré de sa soeur et de ses copains. La vie semble paisible dans ce coin résidentiel. C'est le temps béni de l'enfance, des jeux en plein-air, de l'insouciance, des tours d'espièglerie dont les enfants ont le secret. le bonheur et l'harmonie semblent inaltérables ; la paix parait y régner pour toujours….En 1993, le Rwanda et son voisins s'enfoncent dans une guerre ethnique sans merci. le temps est venu de fuir, de laisser derrière soi souvenirs, amis, papa….

Un énième ouvrage déprimant sur le sujet, me dire-vous ? Absolument pas !

Gaël Faye, rend ici hommage à une enfance heureuse, certes, entachée de l'exil douloureux et brutal suite à la guerre civile, mais heureuse et pleine de vitalité. Petit pays est un roman lumineux et attachant, dans lequel son narrateur se place du côté de l'enfant que semble avoir été l'auteur Gaël Faye. Les odeurs, les couleurs, les rires y sont omniprésents. Gaël Faye, à l'aide d'une écriture délicate et soignée, donne une image à la fois forte et fragile d'une enfance africaine dont il ne veut pas oublier les temps heureux malgré les douleurs et les blessures.

« le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

« La guerre, c'est peut-être ça, ne rien comprendre. »

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Petit Pays c'est tout d'abord l'évocation d'une enfance au Burundi douce, joyeuse, sucrée comme les mangues chipées puis revendues aux voisins à qui elles ont été volées. C'est son enfance que Gaby nous raconte auprès de sa bande de copains fils d'expatriés comme lui. Il est métis, son père, entrepreneur est français et sa mère est rwandaise.
Mais très vite, les saveurs sucrées deviennent amères.
Un coup d'état éclate au Burundi, les président est assassiné et annonce le début d'un conflit ethnique. Ce sont d'abord les affrontements au Rwanda que vit Gaby. Ils lui arrachent sa mère forcée d'y retourner précipitamment pour porter secours à sa tante et ses cousins.
Les Hutus massacrent les Tutsis.
Gaby se demande comment deux peuples qui ont la même langue, le même pays et le même dieu peuvent s'entre-tuer alors que la seule chose qui semble les distinguer, est la forme de leur nez.
Puis les massacres s'insèrent au Burundi et s'approchent peu à peu du quartier de Gaby. La guerre annihile les joies l'enfance et la bande de copains laisse place à un gang.

Avec une étonnante poésie, Gaël Faye nous rappelle l'horreur des génocides qu'ont connu le Rwanda et le Burundi il y a à peine une vingtaine d'années.L'extrême douceur, celle de l'enfance, dont est ponctué ce récit poignant, vient contrebalancer la haine qui se répand aux alentours.

A l'issue de cette lecture touchante, je ne peux que vous conseiller d'écouter le magnifique morceau éponyme de Gaël Faye qui, avant d'être romancier, est aussi un talentueux auteur compositeur.
(SP)
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Il est rare qu'une seule et même oeuvre se révèle être à la fois une réussite littéraire, cinématographique et musicale. « Petit Pays » du rappeur et primo-romancier Gaël Faye, fait sans nul doute partie de ce comité restreint.

Nous sommes au Burundi, dans les années 90. Gabriel – surnommé Gaby – est métis. Son père est français et sa mère est une Rwandaise d'origine Tutsi. Avec sa soeur, il mène une vie pépère, rythmant ses journées entre l'école et les bêtises avec ses copains.

Toutefois, son monde va s'écrouler : il y a d'abord le divorce de ses parents, puis les tensions politiques voire ethniques entre les Hutus et les Tutsis qui vont aboutir au génocide du Rwanda et une guerre civile au Burundi. Gaby se sent étranger à tout cela mais la réalité va vite le rattraper.

À la manière d'un Petit-Nicolas qui aurait été pris dans le génocide Rwandais, le drame côtoie un humour et une légèreté héritée de l'enfance, avant que l'insouciance ne s'efface au profit de la gravité de la situation. En somme, l'histoire d'un paradis perdu.

Ce livre est est avant tout une histoire personnelle douloureuse (la séparation d'un couple, un enfant malheureux) doublée d'un contexte historique dramatique (le coup d'État au Burundi, le génocide au Rwanda).

Gaël Faye raconte sans prendre parti, avec un talent indéniable et une tendresse remarquable. Les événements gagnent en gravité au même rythme que Gaby, notre jeune narrateur, est arraché au bonheur et à l'innocence de son enfance le lecteur assiste au fil de sa lecture à la métamorphose du personnage qui, au début, apparaît clairement comme un enfant puis, qui grandit en parallèle de la guerre.

Ce passage entre l'insouciance et la conscience se matérialise également dans une évolution du style d'écriture : Gaby quitte son habit de petit enfant candide et le récit se révèle plus grave, plus lourd.

On notera également l'hommage rendu au pouvoir de la lecture : Gaby se réfugie dans les livres pour oublier la guerre et ses conséquences qui éclatent dans son « petit pays ».

Prix Goncourt des Lycéens en 2016, "Petit pays" fait partie de ces livres dont vous avez régulièrement pu apercevoir la couverture dans les transports en commun, tant ce roman partiellement autobiographique de Gaël Faye, a été un best-seller. Que le cinéma ait fini par s'en emparer n'est donc pas surprenant, et c'est à Eric Barbier que le long métrage est revenu, après son adaptation de “La Promesse de l'aube” de Romain Gary. Une adaptation cinématographique fidèle au roman qui se termine avec la chanson éponyme de Gaël Faye, tout autant réussie.

En résumé, “Petit” pays mais “grande” oeuvre… Avant tout une réussite littéraire - grâce notamment à une narration évolutive ingénieuse - mais également un film et une chanson remarquables.
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Une histoire profondément humaine vue de l'intérieur sur un fait d'histoire inconcevable qui, je me rappelle à l'époque (années 90), au travers des informations, avait fait susciter en moi la même frayeur, la même incompréhension. Comment pouvait t'on s'entretuer pour une simple appartenance à une origine ethnique alors que l'on vivait ensemble depuis si longtemps.
Le livre n'apporte pas vraiment de réponse à cette question
Il y a une forme de résilience chez certains personnages, parsemée dans l'histoire mais je reste avec un malaise après la lecture de ce livre.
L'écriture, simple, parfois même un peu trop, donne cependant corps à un ensemble d'émotions fortes qui m'auront bousculées, surtout dans la deuxième partie du livre.

Sur le même registre d'un point de vue de l'histoire africaine, je conseille la lecture du livre de Barbara Kingslover "les yeux dans les arbres" qui va plus loin que dans le livre de Gael Faye dans la profondeur des émotions, l'inscription de l'histoire ( une famille américaine qui débarque au Congo des années 60) dans la réalité locale, la compréhension d"un lieu, d'une époque, d'un choc des cultures et d'une situation internationale qui font pour moi de ce livre un grand roman universel.
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