Roman étonnant qui nous parle des non dits, de situations compliquées, sans vraiment en parler. Tous ces mystères qui font les vies des familles, les choses que l'on dit, et celles que l'on vit sans oser les regarder en face, sans en parler. Ces événements qui détruisent aussi les êtres, les membres de cette famille, mais dont pourtant personne ne parlera jamais, de peur de détruire l'équilibre instable qui s'est ainsi créé.
Problème grave du viol, non dit aussi, mais qui laisse des traces irrémédiables chez tous eux qui sont impliqués dans ce drame, que ce soit en temps qu'acteur victime ou coupable.
Problème de la maladie, ceux qu'elle touche, mais aussi ceux qui vivent autour des malades, ceux qui les côtoient chaque jour sans toujours parvenir à les comprendre, à les aider ou même à les aimer pour ce qu'ils sont, comme ils sont.
Le livre nous montre aussi la relation bizarre mais en même temps si complexe entre les jumeaux, qui ont du mal à se détacher l'un de l'autre, dont les vies même séparées sont tellement imbriquées, tellement parallèles qu'elles se suivent et se complètent, et que s'ils sont séparés, ils ont l'impression d'être amputés d'une partie de leur être.
L'écriture est belle, fournie, généreuse dans ces descriptions, son vocabulaire, elle rend les personnages et les situations plus attachants et en même temps plus mystérieux, donne envie de dénouer les situations, d'aller plus loin dans cette ambiance où il faut deviner, être à l'affût, à l'écoute des personnages pour mieux les comprendre et s'impliquer dans leurs vies.
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Il y a des moments dans la vie où une décision qui tranche est plus opportune que bien des atermoiements...
Depuis les quatre années où nous avions cesse de nous voir, ses traits s'étaient empâtés mais je retrouvais à son contact l'immédiate attirance des corps et son parfum musqué, si propice à piéger le désir.
La vérité est vêtue d'un manteau de ténèbres dont la doublure est lumineuse.
Regarde ce que je ne peux voir, ce qui s'est enfoncé là-bas dans la blessure de son corps et plus rien par la suite, rien, pas même les mots honte ou souillure qu'elle ne prononcerait pas, recouvrant tout avec ce texte brisé, balbutié, fait de fragments épars, de sursauts et de chutes, de suspens fascinés, par moments son souffle, rien que son souffle.
...cette hésitation incessante entre croire et ne pas croire, savoir et ne pas savoir, jouer à se convaincre et s'obnubiler d'espoirs comme une plaie que l'on réveille avec des baumes.
Elles ont accompli l’office des embaumeuses..., François Emmanuel
lu par l'auteur