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EAN : 9782268038759
170 pages
Les Editions du Rocher (30/11/-1)
4.15/5   13 notes
Résumé :
À Leningrad, Maroussia fait partie de la nomenklatura et jouit d’une vie de privilèges. À la suite d’une série de déceptions amoureuses, elle décide pourtant de quitter l’URSS et débarque à New York sans travail, sans argent et sans perspective. Elle se retrouve alors dans le quartier de Forest Hills, où règnent, le long de la 108e rue, ses compatriotes en exil.
Peuplé par une galerie de personnages incorrigibles, ce roman raconte les vies joyeuses et chaotiq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'humour et la verve de la prose de Sergueï Dovlatov sont incontestables. Né en 1941 à Oufa en Russie, il sera contraint à émigrer aux États Unis en 1978, étant devenu idéologiquement « persona non grata » dans son pays. Son superbe livre « La Valise », traite d'ailleurs de cette période. Dans « L'Etrangère » on le retrouve à New York dans le quartier russe où il habite , avec l'histoire de Maroussia Tatarovitch, fille d'un apparatchik russe qui émigre à New York de son plein gré, n'ayant eu aucune raison contraignante à fuir son pays. de plus elle est seule avec un enfant. L'étrangère, c'es elle. Dovlatov nous la raconte sur fond de ce quartier et de ses personnages, qui vivent dans une bulle, se connaissent tous et ont leurs propres commerces. Il nous croque de délicieux portraits de russes immigrés, dont le fameux Lerner ex-cinéaste, qui fera fortune aux États-Unis allongé sur son canapé, comment ? Réponse dans le bouquin, ce qui pourrait éventuellement vous intéresser vu les temps qui courent 😁!
L'écrivain se met aussi lui-même en scène en tant qu'ami et confident de la Maroussia.
et dépeint tout ce petit monde avec une veine burlesque. Donc si ca vous intéresse de les rencontrer , et que vous aimeriez connaître l'histoire de la Maroussia, de Rafa son homme énigme et de leur perroquet Lolo qui parle un anglais distingué (fak, fak, fak, chit , chit, chit ) en vous tordant de rire, vite découvrez ce livre. Dovlatov est un must de la Littérature russe contemporaine, j'en suis à son troisième livre et je me délecte toujours autant !

"L'Amérique c'est le pays des hommes forts, beaux et ingrats. C'est le pays des hommes qui savent se débrouiller, et ont un but précis. Ils détestent tout les malchanceux. Ici tu ne peux qu'avoir confiance en toi, que compter sur toi-même .... "
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Je passe de la Russie a l'Amerique. En fait non, je reste dans la litterature russe, c'est plutot Dovlatov qui est passe en Amerique. Physiquement. Et il saisit l'occasion pour decrire son nouvel entourage. Sans surprise, ce sera une communaute d'exiles russes comme lui.

Et il les croque, ces exiles, avec une ironie ou le sarcasme se teinte de tendresse, que ce soient Zaretski ou Drucker les intellectuels, Drucker s'essayant a son grand dam a l'edition; Lerner qui a reussi et qui agit pour tout et pour tous en maitre de ceremonie; Karavajev le dissident a vie, peu importe contre quoi il affirme sa dissidence; ou ceux qui s'adaptent un peu mieux, comme Roubintchik le commercant ou le trio de chauffeurs de taxis Baranov, Yesselevski et Pertsovitch. Et j'en passe… Tout ce petit monde va s'amouracher platoniquement d'une nouvelle venue, Maroussia Tatarovitch, fille d'un apparatchik haut place, qui a quitte la Russie sur un coup de tete. Mais a leur grand etonnement et sous les critiques acerees des dames de la communaute, elle s'abouche a un latino mythomane, pas du tout doue pour maintenir une famille, mais enchanteur par son abracadabrante facon d'afficher ses effusions d'amour et de tendresse.


Tout ca est decrit, par petites phrases courtes, en une prose sobre qui en accentue l'humour. Une piquante comedie, presque une musique, composee pour soliste (Maroussia) et choeur (la troisieme vague de l'emigration russe en Amerique). Et c'est par le comique que Dovlatov donne toute sa mesure, sa capacite, autour de petites intrigues ridicules et de bagatelles du quotidien, a transmettre les inquietudes, les peurs et les failles d'exiles qui ont quitte un pays sans que ce pays les quitte, qui souvent ne peuvent arriver a aucun ailleurs, habitants de limbes.

Et Dovlatov se mele a ce choeur, se met en scene comme confident de l'heroine. Mais, attention! Ce n'est pas de cette autofiction ou se complaisent de nos jours nombre d'ecrivains. C'est de la pure fiction, appuyee par l'introduction des pensees de l'auteur au fur et a mesure de l'ecriture: “Tu es un personnage, moi, l'auteur. Tu es ma velleite. [...] Je suis l'auteur. Vengeur, humilie, inutile, cruel, ce qu'on voudra, mais l'auteur. Ceux que j'ai connus vivent en moi. Ils sont ma neurasthenie, ma rage, mon aplomb, ma temerite. Car la guerre la plus sanguinaire est celle que livrent les fantomes. Je suis l'auteur, vous mes personnages. Vivants, je ne vous aurais pas aime autant”.


Je vois en Dovlatov un des plus grands exposants des destinées russes de son temps. Un grand auteur russe. Peut-etre un des plus grands. Indispensable pour moi.
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Dovlatov a déposé sa valise à New-York en 1978. Dans l'Etrangère son alter ego fictif nous invite dans le Queens au coin des 108e et 64e à Forest Hills où nous trouverons six bâtiments en briques regroupés autour d'un supermarché, occupés par des Russes, des Juifs russes, arrivés aux Etats-Unis dans les années 70. Et avant d'en venir au cas de Maroussia Tatarovitch, il croque d'abord quelques spécimens du quartier dans des miniatures colorées dont il a le secret. Tout ce petit monde observe, à la manière d'un choeur grec, la dernière arrivante : Marousia Tatarovitch. L'Etrangère. Elle n'est pas juive du tout et pour couronner le tout, en URSS, elle faisait partie de la Nomenklatura et jouissait de nombreux privilèges. Une fille à papa. le papa modeste fonctionnaire avait réuni les quatre qualités primordiales pour s'élever dans la hierarchie : il était Russe, inscrit au Parti, discipliné et sobre. Et puis il a été chanceux. : l'éxecution d'un ministre a crée une douzaine de changements dans les rangs qui lui ont permis de grimper les échelons. Résultat : la petite Maroussia a eu droit à des cours de danse, des vacances au bord de la mer et dès l'âge de 13 ans à une petite cour d'admirateurs, bien comme il faut. Mais, après avoir lu L Archipel du Goulag, elle est tombée amoureuse d'un Juif mince et érudit avec un nom bien juif. Sa mère l'a astucieusement manipulé afin de le mettre hors-course. Maroussia a ensuite épousé le fils d'un général, propre sur lui, sérieux, sans défaut, à fuir. Et puis ensuite elle a épousé un chanteur, un genre de Claude François local qui lui a fait un gamin et...sur un coup de cafard et parce que c'était la mode, elle a tout plaqué pour se retrouver dans le Queens.
Elle se retrouve obligée de loger avec son gamin chez un couple de cousins éloignés parfaitement intégrés et de chercher du travail. Pas facile quand on n'a pas l'habitude et qu'on ne parle pas anglais. Mais peu importe Maroussia ne se laisse pas abattre et elle a de très nombreux admirateurs. Toute la fine fleur du début. Alors Drucker ? Non. Maroussia va jeter son dévolu sur Rafa. Rafael Jose Belinda Chicorillio Gonzalez…

Le roman écrit en 1985 est tragi-comique. Dovlatov a le chic pour faire rire et émouvoir. Maroussia est un personnage touchant, fragile, humilié et perdu dans la monstrueuse Babylone. La force du roman est de faire émerger le tragique sur un tissu de portraits hilarants, d' anecdotes amusantes, de formules sarcastiques ou d'épisodes burlesques. Et au final il porte toujours un regard indulgent et tendre sur ses personnages.
En guise d'épilogue Sergueï Donatovitch Dovlatov en personne s'adresse à son héroïne, Maria Tatarovitch, : « Tu es le personnage, je suis l'auteur. Tu es mon caprice. Tout ce que tu entends, je le prononce. Tout ce qui est arrivé, je l'ai ressenti et vécu. Je suis un auteur vindicatif, humilié, sans talent, méchant, tout ce que tu voudras. » Avant de compléter, élargissant la confidence : « Ceux que j'ai connus vivent en moi. Ils sont ma neurasthénie, ma colère, mon aplomb, mon insouciance, etc.
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L'étrangère, c'est Maroussia Tatarovitch. Maroussia ou Moussia, a la belle vie dans sa Russie natale. Elle-même est fort belle, fille d'apparatchik, elle ne manque de rien et profite de la vie à sa guise.
Mais du jour au lendemain, elle décide de quitter son pays pour rejoindre les États-Unis. Songe-t-elle au rêve américain ? Sait-elle véritablement dans quel périple elle s'embarque ?

Son arrivée à New-York est des plus déstabilisant. Elle détonne dans ce quartier russe américain où toutes les femmes se doivent d'être mariées et de travailler, ou au moins de savoir se faire discrète si ce n'est point le cas. Mais Moussia, elle, ne rentre pas du tout dans les cases. Ses déboires amoureux passés, son incapacité à trouver un emploi, sa méconnaissance de l'anglais… Sans parler de son nouveau compagnon espagnol dont on ignore s'il s'agit d'un voyou ou d'un bon à rien, au gré de ses va et vient, sans savoir exactement quand il rentrera ni avec quelle somme d'argent à dépenser pour Moussia et son petit garçon né d'un premier mariage.

Au coeur de ce New-York des années soixante-dix, c'est tout un nouveau monde qui s'ouvre devant Moussia. de nouvelles moeurs, le bruit incessant, les vagues de gens, la circulation, la vie ininterrompue des new-yorkais qui ne semblent jamais dormir, la situation des noirs, des étrangers, des femmes… Tout doit être assimilé si elle veut un jour appartenir à cet univers américain.

Moussia parvient à se créer quelques habitudes, à se trouver des repères qui la rassurent, même si elle prend conscience des ragots et des commentaires qui circulent à son sujet. Mais elle ne sait que faire de toute cette liberté, de toute cette absence de censure, de toute cette richesse culturelle à portée de main… Au fond, avait-elle une bonne raison de quitter la Russie ?

Sergueï Dovlatov dépeint à merveille la solitude de l'étranger, les affres de la différence, les tourments du déracinement. Mais tout au long du livre, on retrouve toujours une pointe d'humour, de sarcasme inoffensif qui illumine l'élégance de son écriture.

Les personnages sont tout simplement irrésistibles ! Certaines scènes sont tellement cocasses… L'étrangère est une lecture drôle, grave, engagée, attendrissante, qui ne peut que faire mouche ! Peu importe votre genre favori, votre niveau de lecture, votre sensibilité, ce livre est un vrai petit chef-d'oeuvre d'humanité ! Vous ne pouvez pas passer à côté sans vous l'offrir…
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La marque de Dovlatov

Sergueï Dovlatov est à lui seul une déflagration littéraire et le retour, dans les lettres russes, d'une comète déjà apparue et revenue au XIXe et au XXe siècle : insolence, sémillance et alacrité. Malgré ses tentatives et en dépit de la reconnaissance par la censure de son talent, Sergueï Dovlatov ne sera jamais publié en URSS. Il s'obstinait à vouloir dire tout haut chez lui ce que d'autres bons écrivains confiaient à voix mesurée et basse. Ceux-ci n'avaient pas tort et Dovlatov n'eut pas tort de choisir l'exil qui décupla son énergie et lui fit porter sa prose jusqu'au chant. Un chant qui ne s'immobilise pas en nostalgie d'une terre perdue : pour un écrivain, l'écriture est d'abord sa terre. Et dans le cas de Dovlatov, sa joie de vivre.

Lien : https://www.en-attendant-nad..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La possibilité de s’élever dans la Nomenklotura dépend de critères très précis. Ces critères au nombre de quatre, sont simples : être russe, membre du parti, débrouillard et sobre ! Le seul problème, c’est qu'il faut posséder ces critères tout ensemble à tout moment ! Si l’un manque les autres ne valent plus rien.

*La Nomenklatura désigne, plus généralement, l'aristocratie qui exerce le pouvoir en Union soviétique.
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Sergueï Dovlatov. Les citations et les déclarations les plus brillantes.
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