Une femme sans passé

Les livres lui étaient d'un grand secours. Elle puisait dans le récit des expériences d'autrui les connaissances qui lui manquaient. La plupart des histoires, cependant, tournaient autour de l'amour physique entre les hommes et les femmes.
Apparemment, cette intimité entre deux êtres, qui excluait le reste du monde, était une merveilleuse sensation. Les personnages semblaient prêts à tout pour vivre de telles passions, voire à voler ou tuer pour conquérir et garder celui ou celle qu'ils aimaient.Les romans d'amour se terminaient généralement bien et les amants enfin réunis souriaient à l'avenir merveilleux qui s'ouvrait devant eux.
Dans la vraie vie, hélas, il en allait tout autrement. Les gens étaient séparés par des abîmes qui paraissaient infranchissables,par la haine,la rancœur et
l'incompréhension.

Il lui arrivait fréquemment de se sentir découragée et attristée par le vide terrifiant de sa vie. Ce qui semblait normal pour les autres était si difficile pour elle ! Chaque nouvelle expérience contenait une menace, chaque journée lui apparaissait comme un champ de mines, plein de hasards et de dangers, où il fallait toujours être sur le qui-vive et se frayer un chemin avec la plus grande prudence.

Elle avait l'horrible sentiment que ce n'était pas bien de passer trop de temps dans l'ombre confortable du sommeil et de l'oubli. Il y avait tant à apprendre dans l'autre monde, celui où chaque chose avait un nom.

Les forces d'un homme n'étaient pas illimitées. Il supportait l'humiliation, la douleur durant des mois et des mois puis, un jour, il se réfugiait dans l'indifférence.

Les bourrelets, c'est bon pour les bébés... Mais sur un corps de fille ou de femme, c'est hideux.