L'ivresse du kangourou et autres histoires du bush, ce sont quatorze nouvelles pour découvrir l'humour quelquefois décalé et surréaliste de Kenneth Cook ...tantôt des animaux extraordinaires donnent le la, comme ce kangourou addict à la bière, un chat sauvage de la taille d'une panthère, rencontrée dans la nuit alors que l'auteur s'est perdu ou cette autruche qui va le courser alors qu'il vient de dérober un oeuf à la demande d'une scientifique qui s'est bien gardé de le prévenir des potentielles conséquences d'un tel vol. Pour d'autres nouvelles, ce sont des hommes, au caractère bien trempé ou aux pouvoirs presque surnaturels, comme cet aborigène capable de faire tomber la pièce sur le côté face plus de dix fois de suite ou cet autre qui défie tous les lanceurs de cricket jusqu'à les dégouter...Ce sont donc des personnages improbables et des comportements animaux qui font tout le sel de ces nouvelles, avec le style drôle, quelquefois sarcastique mais toujours humain de Kenneth Cook, qui m'a ravi.
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L'auteur prête à cette faune une véritable humanité : les animaux sont doués d'une telle intelligence qu'ils intriguent, calculent.
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Tu ne peux pas tirer sur un kangourou, dit Benny.
-Bien sûr que si, répondit mon père. Ce ne serait pas la première fois.
-Mais c'est un kangourou civilisé. Tu ne peux pas tirer sur un kangourou civilisé sans l'inculper.
-Je l'accuse d'ivresse publique et manifeste, déclama mon père.
-Mais tu ne tires pas sur des hommes pour ça, plaida Benny.
-Les kangourous ne sont pas des hommes, répliqua mon père, qui adorait polémiquer.
-Justement, lança Benny triomphalement. C'est exactement ce que je veux dire.
Un "ninjala" comprend la relation entre son peuple et l'univers et en raison de cette compréhension, de ses connaissances et de son érudition, il est dépositaire d'une vérité qu'il transmet à son peuple, les Arkarala. Si vous ne comprenez pas ça, c'est que vous n'êtes pas arkalara ou que vous n'avez pas bu de vin avec Joe dans le désert de Tibooburra (p. 197).
De retour au camp, j'allumai un feu tellement énorme qu'il aurait pu épouvanter l'ensemble des animaux sauvages du continent africain, toutes espèces confondues. Dans le périmètre de sa chaleur, j'en allumai un plus petit pour cuisiner, et après avoir attaché mon canard sur la broche portable sans laquelle aucun broussard digne de ce nom ne s'aventure, j'entrepris tranquillement de le faire tourner. J'avais débouché une bouteille de cabernet sauvignon, gentiment mise à chambrer dans le sable.
Le soleil disparut, le froid descendit autour de mon cercle de feu et, dans le couchant, le ciel fut soudain percé des fléchettes argentées des étoiles et poignardé de météorites filantes. J'avais mis une cassette de Vivaldi et mon être entier fut réconforté par la musique, le whisky, les étoiles, les superbes jeux de lumières à l'ouest et le fumet du canard croustillant.
C'était un moment touchant : piégés et coupés du monde dans une cellule en pierre au beau milieu du blizzard, un homme et un rat communiaient d'une manière mystique et immémoriale. Puis la petite brute plongea ses dents de devant dans l'index de ma main droite (p. 121)
J'avais devant moi un des plus gros, des plus hirsutes et des plus terrifiants molosses que j'aie jamais vus. Dieu sait à quelle race il appartenait : une espèce de croisement entre le doberman, le grand danois, le berger allemand, avec à mon avis un peu de sang de loup gris et de dingo....Il me montrait des dents - des crocs gigantesques - et me fixait de ses grands yeux rouges et furieux dans sa sale gueule noire, ayant visiblement du mal à décider quelle partie de mes formes généreuses il allait déchiqueter en premier. Nous avons tous tendance à sortir des idioties dans ce genre de situation, je n'échappe pas à la règle : - Bon toutou, lui dis-je d'une voix apaisante. Il grogna, montra les crocs, saliva, puis s'approcha brusquement de moi, comme le font les chiens. Je savais que je ne devais surtout pas m'enfuir, mais je n'avais pas la moindre idée de ce que j'étais censé faire. Rester immobile et se faire dévorer n'était pas un sort beaucoup plus enviable que s'enfuir et se faire dévorer.
Dans cet épisode, nous vous présentons des livres qui nous ont fait rire. Huit propositions de lectures pour différents âges : de l'humour, fin ou gras, des jeux de mots, de l'absurde, du comique de situation, de la satire sociales... Des livres que nous avons beaucoup aimés, auxquels nous repensons avec le sourire et que nous adorons mettre entre les mains des lecteurs. Une liste à garder précieusement, concoctée par nos libraires Laure, Rozenn, Nolwenn, Jérémy, Nicolas et Adeline !
Voici les livres cités dans cet épisode :
Un ours, un vrai, de Stéphane Servant et Laëtitia le Saux (éd. Didier Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23128786-un-ours-un-vrai-stephane-servant-didier-jeunesse ;
Horace. Tome 1, Cheval de l'Ouest, de Poirier (éd. Revival) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23359947-horace-tome-1-poirier--revival ;
Les Culs-reptiles, de Mahamat-Saleh Haroun (éd. Gallimard/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22745328-les-culs-reptiles-mahamat-saleh-haroun-folio ;
Admirable, de Sophie Fontanel (éd. Seghers) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22540820-admirable-l-histoire-de-la-derniere-femme-ride--sophie-fontanel-seghers ;
Chroniques du Château faible, de Jean-Christophe Mazurie (éd. Fluide Glacial) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23032241-1-chroniques-du-chateau-faible-tome-01-jean-christophe-mazurie-fluide-glacial ;
Stella et l'Amérique, de Joseph Incardona (éd. Finitude) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23109474-stella-et-l-amerique-joseph-incardona-finitude ;
Le Rire des autres, d'Emma Tholozan (éd. Denoël) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23030426-le-rire-des-autres-emma-tholozan-denoel ;
Roman fleuve, de Philibert Humm (éd. des Équateurs/Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23286751-roman-fleuve-philibert-humm-folio.
Et quelques autres titres qui auraient pu faire partie de cette sélection de livres drôles :
Le Discours, de Fabrice Caro (éd. Gallimard/Folio) ;
Miracle à la tombe aux Aspics, d'Ante Tomi (éd. Libretto) ;
N'essayez jamais d'aider un kangourou !, de Kenneth Cook (éd. Autrement) ;
Je dénonce l'humanité, de Frigyes Karinthy (éd. Viviane Hamy) ;
Le Chien de madame Halberstadt, de Stéphane Carlier (éd. le Tripode) ;
Roulio fauche le poil, de Julia (éd. le Tripode) ;
La Vie est une corvée, de Salomé Lahoche (éd. Superexemplaire) ;
Idées noires, de Franquin (éd. Fluide Glacial) ;
#Les Mémés, de Sylvain Frécon (éd. Fluide Glacial).
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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