Lire un évangile est une activité littéraire toujours un peu singulière, et pour moi, athée de la première heure (ou dernière), encore plus.
J'y ai été invitée après avoir visionné l'excellente série documentaire composée de Corpus Christi, L'Origine du Christianisme et L'Apocalypse de
Gérard Mordillat et
Jérôme Prieur.
Ces documentaires nous invitent à lire dans le détail les livres néo testamentaires, à les replacer en contexte, à lire entre les lignes, à les situer dans l'héritage de pensée et d'écriture juives.
Ainsi, n'ai-je pas été transcendée par la sublimité littéraire de cet évangile, le premier chronologiquement (selon toute vraisemblance, mais information toujours à prendre avec des pincettes), mais ne regrette absolument pas cette lecture, à laquelle j'ai été sensible surtout par son volet formel.
Il y a quelque chose de métaphorique et parabolique à chaque instant, qui relève du registre de la poésie, dans ces phrases qui ne sont pas toutes porteuses d'un sens précis et qui nécessitent forcément un travail d'interprétation.
En soi, cet écrit a été conçu, justement spécialement, pour être interprété et non simplement lu, dans l'acception la plus basique du terme.
Il y a aussi, selon moi, quelques chose du haïku, dans ces éléments qui semblent parfois disjoints, mais qui, mis bout à bout, font émerger quelque chose de plus que ce qui est réellement écrit.
Il y a aussi, probablement, quelque chose du langage codé ou de l'écriture cryptique, vraisemblablement pour "dire sans dire", histoire de passer entre les mailles du filet de la censure romaine.
En somme, une expérience très enrichissante, précisément et justement en vertu de la seule forme littéraire de cet écrit si particulier.
Je ne parle pas du fond, qui est hors de mon propos et hors de mes convictions mais qui revêt, évidemment à mes yeux, une formidable valeur quand à notre compréhension de l'histoire des religions. Cependant, tout ceci, je ne le répèterai jamais assez, n'est que mon avis d'athée, c'est-à-dire, pas grand-chose.