Les Laurentides n’ont point l’altitude formidable de l’Hymalaya, ni l’ampleur majestueuse des Alpes, ni la massive et architecturale membrure des Pyrénées, ni l’étagement énorme, indéfini, mystérieux, toujours grondant, toujours menaçant des Cordilières et des Rocheuses. Elles ne sont point le résultat de ces terribles convulsions du globe qui ont rayé chaque continent d’arêtes colossales, auxquelles se ramifient toutes les structures secondaires. Elles ne sont pas non plus une chaîne, comme cela s’entend d’ordinaire et par habitude, c’est-à-dire une succession de montagnes, adoptant une direction à peu près régulière et continue ; cette direction, elles ne l’ont que pour un temps et pour certaines étendues, comme entre les Escoumins et le Cap Tourmente, et le long de l’Outaouais supérieur, entre l’île au Calumet et le Témiscamingue. Ailleurs, il ne faut plus dire “ la chaîne ” des Laurentides, mais la “ région ” des Laurentides, représentant un ensemble de terrains plus ou moins montagneux, coupés de vallées et de gorges plus ou moins larges et profondes, où se rencontrent quelques-uns des meilleurs pâturages qu’il y ait en Amérique.
Le curé Labelle s'occupait de tout et voyait à tout. ......
Il avait pris sa paroisse presque au berceau et la faisait marcher, mais à grands pas pour le suivre, comme on fait marcher un futur géant. Le curé ne pouvait pas aller à pas comptés, il avait trop de choses dans la tête ; il y logeait côte à côte les plus vastes projets pour l'avenir du Nord et l'attention journalière qu'exigeait chaque progrès successif accompli dans Saint-Jérôme. Grâce à lui, à ses démarches, à ses pressantes instances auprès de la municipalité de l'endroit, il y obtenait la fondation d'une des plus grandes fabriques do papier du continent américain, celle de MM. Rolland & fils. Il attaquait un immense monticule qui couronne l'emplacement du village, sorte d'épaisse verrue de rochers cagneux en révolte ouverte contre toute tentative de l'homme.
En arrière de l'opulente métropole du Canada s'étend une vaste et luxuriante campagne, abondant en grasses cultures et en sites pittoresques, séjour de prédilection des gens de la ville qui y courent en foule durant toute la belle saison. Cette campagne, déjà ancienne dans un pays qui ne compte pas encore trois cents ans d'existence, est loin cependant d'avoir atteint la limite de son développement et de sa capacité productive.