On retrouve constamment Thomas Godefroy de Normanville en voyage, écrit M. Benjamin Suite, soit avec les missionnaires, soit avec les fondateurs de la colonie. Pris et repris par les Iroquois, il a soutenu combat sur combat et bravé tous les genres de périls de l'époque nommée, à juste titre, les temps héroïques du Canada. En plus d'une circonstance, il hiverna parmi les Sauvages, à quelques lieues des bords du fleuve,et y exerça les fonctions d'un maître d'école et d'un missionnaire. Les registres de l'église montrent qu'il baptisait les enfants et allait au besoin vers le poste français le plus rapproché avertir les prêtres de la maladie de certains Sauvages disposés à embrasser la foi et qu'il était urgent de ne point laisser mourir sans les rendre chrétiens.
Le 24 juin 1706, l'intendant Raudot rendait une ordonnance pour la police et l'établissement d'un marché dans la ville de Montréal.
Cette ordonnance était remplie de sages prescriptions. Il y était dît, entr'autres choses : " Leur dépendons (aux habitants de Montréal) aussi de garder dans leur maison aucuns cochons à peine de trois livres d'amende pour chaque cochon qui serait trouvé chez eux et de confiscation des dits cochons, et de laisser vaguer dans les rues aucunes bêtes à cornes et en cas de contravention, permettons aux huissiers de cette juridiction de saisir et arrêter les dites bêtes lorsqu'elles se trouveront dans les rues sans être conduites par quelqu'un, lesquels huissiers ne les rendront qu'en payant par les propriétaires pour chaque bête la somme de dix livres d'amende à laquelle nous les condamnons pour la dite contravention sur chacune des dites amendes sera pris par l'huissier la somme de trois livres pour son salaire."
Après la destruction ou la dispersion de la plus grande partie de la nation huronne, les survivants de cette malheureuse peuplade décidèrent de se rendre à Québec. Le 10 juin 1650, plus de trois cents Hurons quittaient leur pays en compagnie d'un certain nombre de Français et se mettaient en route pour Québec. Le parti français se composait de treize prêtres, quatre frères lais, trente-deux donnés, onze domestiques, quatre jeunes garçons et six soldats.
La caravane entière, à part quelques Hurons qui s'étaient arrêtés aux Trois-Rivières, arriva à Québec le 28 juillet 1650. Les réfugiés se campèrent sous la protection du fort, dans le voisinage immédiat de l'Hôtel-Dieu. Ils restèrent huit mois en cet endroit.
Le 19 mars 1651, les RR. PP. Jésuites louaient de Éléonore de Grandmaison, veuve de François de Chavigny de Berchereau, une partie de sa seigneurie (plus tard connue sous le nom de fief Beaulieu) de l'île d'Orléans pour y établir les Hurons.
L'organisme paroissial, mettons-nous-le bien dans la tête et surtout dans le coeur, est l'institution la plus parfaite qui existe dans notre province de Québec, Gardons-la telle que nous l'avons reçue des ancêtres. Le courant est aux idées nouvelles, au progrès, au perfectionnement, à l'excelsior.
Un proverbe, qui vous paraîtra peut-être un peu vulgaire ici, veut qu'on ne change pas de monture pour traverser une rivière. Des théories nouvelles nous viennent tous les jours des Etats-Unis, de la vieille Europe. Ces idées, le plus souvent, sont inventées par des déséquilibrés ou des suppôts de loges maçonniques qui veulent nous déchristianiser pour arriver à leurs fins. La paroisse est la monture qui nous a aidés à traverser les terribles crises du passé.
Un mal étrange décima les équipages de Jacques Cartier pendant l'hiver de 1535-1536. Le navigateur malouin ne nomme pas cette maladie, mais par le texte de sa relation il est facile de se rendre compte que ses hommes
souffraient du scorbut.
Le scorbut fit encore de sérieux ravages en Acadie en 1604, à Québec en 1608 et peu après, aux Trois-Rivières en 1634, à Montréal en 1642, à Sorel en 1643, à Cataracoui en 1672, à Niagara en 1687, au Détroit en 1701, et en
bien d'autres endroits.
M. Suite explique que cette maladie n'était pas la faute du pays mais celle des hommes.
Les lettres de naturalité, nous dit Guyot, sont des lettres de grand sceau par lesquelles le roi ordonne qu'un étranger sera réputé naturel sujet et régnicole, à Teffet de jouir de tous les droits, privilèges, franchises et libertés dont jouissent les vrais originaires français, et qu'il soit capable d'aspirer à tous les honneurs civils.
Que les règlements de police seront exécutés et que chaque particulier, propriétaire ou locataire de maison, sera tenu, au moins une fois tous les mois, de faire ramoner les cheminées dans lesquelles il fera du feu, ou dans lesquelles il fera passer les tuyaux de ses poêles, à peine de dix livres d'amende pour chaque cheminée qui n'aura pas été ramonée et qui aura dû l'être, et d'une amende arbitraire pour chacune des cheminées auxquelles le feu prendra dans le courant de l'année, et, en outre, sous peine par les contrevenants de répondre, en leur propre et privé nom, des torts et accidents qui arriveront par le feu, faute d'avoir fait ramoner les dites cheminées.
On sait qu'en 1758 M. de Bougainville fut envoyé à la cour pour supplier le roi de donner à sa colonie de la Nouvelle-France des secours en hommes et en vivres. Le ministre Berryer se réveilla de sa somnolence et chargea Pierre Desclaux et fils et d'autres armateurs de Bordeaux de préparer une expédition de secours pour le Canada. C'est le capitaine Canon qui se chargea de conduire à Québec la flotte qui portait les provisions pour la population de la Nouvelle-France presque réduite à la famine. De là l'expression flotte du capitaine Canon dont les anciennes relations se servent souvent.
Lors de son premier et de son deuxième voyage, Cartier avait été assez bien reçu par les Sauvages établis à Québec, qui portait alors le nom de Stadacona. Au troisième voyage, le malouin remarqua que les dispositions des Sauvages sans être absolument hostiles étaient tout de même plus froides ou plus dissimulées. En 1535-1536, Cartier avait hiverné dans un petit fort qu'il avait élevé à la jonction des rivières Saint-Charles et Lairet. En 1541, obligé de passer l'hiver dans le pays, Cartier décida de changer le lieu de son hivernement.
A Orléans, Crémazie n'avait aucune occupation fixe. Il y attendait la fin de la Commune pour retourner à Paris.
Dans une de ses pérégrinations solitaires à travers la ville, il fit la découverte de la bibliothèque publique. Elle contenait plus de trente mille volumes. Le bibliothécaire, "un beau vieillard à figure monastique", était très affable et très complaisant. Crémazie se lia d'amitié avec lui et il passa, ensuite presque toutes ses journées à la bibliothèque, étudiant les vieilles chroniques d'Orléans.