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Anne Proenza (Traducteur)
EAN : 9782749178875
504 pages
Le Cherche midi (29/08/2024)
3.62/5   29 notes
Résumé :
Années 1970. De retour en Amérique centrale après des études d’architecture en Europe, Lavinia, jeune femme issue d’une famille bourgeoise, découvre son pays natal agité par des bouleversements sociaux. De l’éveil politique au combat, sa rencontre avec Felipe, un révolutionnaire engagé dans la lutte clandestine contre la dictature, va la propulser dans le mouvement de libération du pays en même temps que dans la passion amoureuse.

Roman semi-autobiogr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dans les années 1970, Lavinia termine ses études d'architecture en Europe et rentre dans son pays d'Amérique centrale qui, sans dire son nom, ressemble très fort au Nicaragua. La jeune femme, issue de la riche bourgeoisie, commence à travailler dans un bureau d'architectes réputé, et sa vie va se trouver bouleversée. Coup sur coup, elle découvre qu'une partie de ses compatriotes vit dans une pauvreté impensable (pour elle), et tombe amoureuse De Felipe, un de ses collègues de travail, qui va l'entraîner malgré elle dans le mouvement révolutionnaire qui veut libérer le pays de la dictature.

La demoiselle réalise soudain qu'elle a été jusque là confrontée « à la vacuité de l'abondance, au néant de vies apparemment bien remplies, confortables et aisées », bref qu'elle est en réalité une pauvre petite fille riche, ceci expliquant son mal-être et son impression de ne pas se sentir libre et à sa place dans son milieu bling-bling et superficiel.

Mais qu'à cela ne tienne, sa rencontre avec Felipe éveille chez elle à la fois passion amoureuse et conscience politique. Et après beaucoup d'atermoiements, elle décide de s'engager dans la lutte clandestine, histoire de donner un sens à sa vie.

Et bien sûr (pour expliquer le titre), Lavinia peut compter (mais sans qu'elle en ait conscience) sur l'âme d'une femme indigène de l'époque précolombienne qui, avec son clan, avait combattu l'envahisseur espagnol, et qui va lui insuffler sa force.

Tout cela (500 pages tout de même) se lit plutôt facilement, c'est assez poétique, voire lyrique. Mais j'ai eu du mal à croire à cette histoire aux accents plus romantiques, limite mièvres, que révolutionnaires. L'ensemble est assez superficiel, ni les événements ni les personnages ne sont développés en profondeur. le contexte de dictature est vaguement décrit (même si on se doute qu'on nous parle du Nicaragua), on ne ressent pas le climat de terreur qui règne soi-disant sur le pays. Et on ne discerne pas trop ce qui, dans l'évolution de Lavinia, la fait passer d'une jeunesse dorée et futile à un engagement à la vie à la mort, ni comment une telle pleurnicheuse devient une héroïne après quelques heures d'initiation à la guérilla (je ne dis pas qu'une telle conversion n'est pas crédible, je dis juste qu'ici c'est peu/mal développé).

Cela parle aussi d'émancipation féminine, mais c'est bourré de clichés, et contradictoire : certes Lavinia réalise que la révolution n'est pas qu'une affaire d'hommes et s'engage dans la lutte, mais on ne comprend pas trop si c'est par conviction personnelle, ou parce qu'elle est amoureuse d'un révolutionnaire. Sans compter qu'elle se laisse dominer par Felipe, macho qui la considère comme une petite chose fragile, et qu'elle ne semble pas capable de prendre ses décisions sans s'en référer à lui.

Ce roman, en partie autobiographique, a été publié en 1988 et revu en 2010 et 2021, cette dernière édition (qui est donc celle que j'ai lue) ayant été « corrigée et revue par l'auteure ». Je ne sais pas si cette version est meilleure que les précédentes, mais je n'ai pas le courage de me lancer dans une étude comparative, et je renonce définitivement à lire Gioconda Belli, à qui j'avais laissé une seconde chance après la grosse déception de sa « République des femmes ».

En partenariat avec les Editions du Cherche Midi via Netgalley.
#lafemmehabitéerentréelittéraire2024 #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La femme habitée est un roman en partie autobiographique, intriquant deux femmes, deux destins, deux périodes historiques et deux combats qui vont se rejoindre avec la même prise de conscience et la même volonté d'échapper aux pressions patriarcales pour se réaliser dans une lutte libératoire.
Lavinia quitte l'Europe où elle a étudié pour revenir au Nicaragua et prendre son indépendance. Architecte, elle rencontre à la fois un homme au métier analogue et la révolution sandiniste. Elle va lutter contre la dictature de Somoza aux côtés de son fiancé et des guerrilleros.
Itzá, indigène, combat avec l'homme qu'elle aime et ceux de son clan pour défendre sa terre contre l'envahisseur espagnol. Itzá l'indigène précolombienne va se réincarner et habiter subtilement Lavinia, l'aidant à bannir ses doutes existentiels au travers de rêves.

Si l'écriture est belle et soignée, particulièrement poétique et le discours volontiers féministe et autobiographique puisque l'auteur, Gioconda Belli, a elle-même été une militante sandiniste, ce récit reste un tantinet stéréotypé voire parfois naïf (ou idéologique).
Lavinia, jeune bourgeoise aisée, tombe amoureuse d'un homme architecte jeune bourgeois aisé parce qu'on ne trahit pas sa classe même quand on fait la révolution. Elle aurait pu s'éprendre d'un ouvrier illettré au chômage mais c'était moins glamour et trop subversif.
C'est son fiancé qui l'initie à la Révolution et non parce qu'elle analyse et conscientise la terrible condition sociale des nicaraguyens. Alors que de nombreuses étudiantes sandinistes à Managua ont combattu pour renverser la dictature de Somoza sans avoir besoin d'aucun homme pour développer une conscience sociale et politique.
Enfin, évoquer la fameuse Tania idéalisée comme modèle de femme révolutionnaire et qui rejoint la guerrilla du Ché en Bolivie, est d'une naïveté confondante. Tania, de son vrai nom Haydée Tamara Bunke Bider, Allemande de l'Est, de parents communistes, elle-même membre du Parti Communiste Est Allemand, d'abord recrutée pour des missions de renseignement par le ministère de la Sécurité d'État, a été approchée par le KGB pour travailler comme agent double pour Moscou pour espionner en Amérique Latine les mouvements révolutionnaires maoïstes à une époque de forte concurrence idéologique entre la Chine de Mao et l'URSS. Là on touche le fond. C'est dommage, ce livre avait l'avantage d'interroger la place de la femme dans la Révolution, il est très plaisant, romantique à souhait et très bien écrit. En revanche pas subversif ou révolutionnaire pour un sou, ni d'un point de vue féministe, encore moins d'un point de vue littéraire.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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aie, une grande déception que ce roman pourtant encensé dans le 4e de couverture par Harold Pinter ou Salman Ruschdie qui ne sont pas n'importe qui
!Le roman emblématique de Gioconda Belli, « La femme habitée », ecrit en 1988 enfin publié en France ! Une grande écrivaine du Nicaragua mais impossible d'aller plus loin qu'une centaine de pages car tout fait penser à du mauvais roman photo de bas étage, de la chick littérature aux personnages stéréotypés et situations ampoulées... complètement passés à coté, dommage !
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Par abus de descriptif et de récitatif voici une histoire qui, débarrassée de longueurs et mieux travaillée pour, justement, en faire un livre plus habité, pourrait avoir la consistance du sens.
La protagoniste principale, juste au-dessus du niveau de ses parents insipides, part d'une maturité d'adolescente de romance pour sortir de ses secousses une belle participation à un mouvement d'espoir.
La trouvaille pour exprimer avec poésie les racines d'un peuple pas toujours assujetti, ainsi que l'illustration esthétique et adéquate de la couverture, sauvent Gioconda Belli de l'indifférence.
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Faguas, Nicaragua, années 1970. Après avoir fini ses études en Europe, Lavinia, jeune femme issue de la bourgeoisie nicaraguayenne, commence sa carrière d'architecte dans un milieu fortement masculin. Elle rencontre alors Felipe, également architecte mais surtout engagé dans la lutte révolutionnaire contre la dictature de Somoza. Lavinia, témoin des violences sociales et politiques que le régime fait subir à la population nicaraguayenne, s'engage alors dans cette résistance.
À travers ce roman, ce sont deux voix que nous suivons via l'histoire de Lavinia. D'abord Lavinia évidemment, enfant de classe bourgeoise, élevée par sa tante dans un environnement de liberté et de rébellion, qui se retrouve au coeur de la lutte populaire contre le régime dictatorial en place. de l'autre, Itzá, habitante de ces terres avant l'arrivée des colons européens, qui lutte également contre un ennemi barbare, immoral et brutal. Les deux jeunes femmes vivent au même rythme les bouleversements de la vie de Lavinia, l'une car elle en est la principale actrice, l'autre parce qu'elle les vit via le spectre de ce qu'elle a déjà vécu. Ce sont deux femmes fortes et indépendantes malgré leur attache à leurs hommes respectifs. Ce sont deux femmes qui luttent contre les préjugés sexistes de leurs époques, qui veulent se détacher de l'image d'une femme qui serait dépendante de l'homme, qui aurait besoin de lui en toute circonstance, qui aurait besoin d'un protecteur car trop faible (ou trop femme) pour se défendre toute seule. Pour l'une comme pour l'autre, cette lutte contre la société violente se retrouve également à l'échelle individuelle. Chacune de leur côté, elles luttent contre des armées violentes et sanguinaires. Mais elles s'unissent dans la lutte historiquement plus longue et durable qui est la guerre contre le sexisme et la misogynie.
L'écriture est très poétique, surtout du côté d'Itzá, et j'ai beaucoup aimé lire ce livre. Il est engageant et poignant, les deux histoires s'entremêlent magnifiquement et le tout est étonnant. Je ne connaissais pas du tout l'autrice avant de lire ce livre et il m'a donné envie de lire d'autres oeuvres d'elle car j'ai aimé à la fois le style et l'histoire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Una cosa es que yo, como mucha gente, les respete la valentía. Pero eso no quiere decir que esté de acuerdo. Pienso que están equivocados, que es un suicidio heroico. Te pido, por favor, que no me vuelvas a meter en nada de esto (p.68)
¡Ah! Cómo hubiera deseado sacudirla, hacerla comprender. Era como tantas otras . Tantas que conocí. Temerosas. Creyendo que así guardaban la vida. Tantas que terminaron tristes esqueletos, sirvientas en las cocinas, o decapitadas cuando se rendían de caminar, o en aquellos barcos que zarpaban a construir ciudades lejanas llevándose a nuestros hombres y a ellas para el descargue de los marineros (p. 70)
Siento la sangre de Lavinia y me invade una plenitud de sabia invernal, de lluvia reciente. De extraña manera, es mi creación. No soy yo. Ella no soy yo vuelta a la vida. No me he posesionado de ella como los espíritus que asustan a mis antepasados. No. Pero hemos convivido en la sangre y el lenguaje de mi historia, que es también la suya (p.132)
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Elle avait de la peine pour Mercedes. C'était presque une malédiction, pensa-t-elle, de s'accrocher ainsi à l'amour. Et tellement féminin. Comment font donc les hommes pour écarter ce genre de préoccupations de leur vie quotidienne? Au moins pour ne pas perdre leur concentration, ne pas sentir que la terre se dérobe sous leurs pieds lorsque leurs amours vont mal? Ils sont capables de compartimenter leur vie intime et d'ériger des digues solides et inébranlables pour l'empêcher de contaminer le reste de leur existence. Chez les femmes, au contraire, l'amour semble être au centre de leur système solaire. Une déviation déclenche la fonte des glaces, l'inondation, la tempête, le chaos.
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Le dimanche, sa présence dans ce monde lui semblait souvent superflue. C'était un jour inconfortable pour les gens seuls. Un jour créé pour les promenades en famille, avec les enfants et les chiens penchés à la fenêtre des voitures; des pères et des mères en pyjamas rayés assis autour de la table, lisant le journal, des enfants dévorant de succulents petits-déjeuners.
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Vidéo de Gioconda Belli
Gioconda Belli en la Fundación Entredós de Madrid, presentando su novela El país de las mujeres y leyendo poemas de su antología Escándalo de miel.
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