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Critique de SophieChalandre


La femme habitée est un roman en partie autobiographique, intriquant deux femmes, deux destins, deux périodes historiques et deux combats qui vont se rejoindre avec la même prise de conscience et la même volonté d'échapper aux pressions patriarcales pour se réaliser dans une lutte libératoire.
Lavinia quitte l'Europe où elle a étudié pour revenir au Nicaragua et prendre son indépendance. Architecte, elle rencontre à la fois un homme au métier analogue et la révolution sandiniste. Elle va lutter contre la dictature de Somoza aux côtés de son fiancé et des guerrilleros.
Itzá, indigène, combat avec l'homme qu'elle aime et ceux de son clan pour défendre sa terre contre l'envahisseur espagnol. Itzá l'indigène précolombienne va se réincarner et habiter subtilement Lavinia, l'aidant à bannir ses doutes existentiels au travers de rêves.

Si l'écriture est belle et soignée, particulièrement poétique et le discours volontiers féministe et autobiographique puisque l'auteur, Gioconda Belli, a elle-même été une militante sandiniste, ce récit reste un tantinet stéréotypé voire parfois naïf (ou idéologique).
Lavinia, jeune bourgeoise aisée, tombe amoureuse d'un homme architecte jeune bourgeois aisé parce qu'on ne trahit pas sa classe même quand on fait la révolution. Elle aurait pu s'éprendre d'un ouvrier illettré au chômage mais c'était moins glamour et trop subversif.
C'est son fiancé qui l'initie à la Révolution et non parce qu'elle analyse et conscientise la terrible condition sociale des nicaraguyens. Alors que de nombreuses étudiantes sandinistes à Managua ont combattu pour renverser la dictature de Somoza sans avoir besoin d'aucun homme pour développer une conscience sociale et politique.
Enfin, évoquer la fameuse Tania idéalisée comme modèle de femme révolutionnaire et qui rejoint la guerrilla du Ché en Bolivie, est d'une naïveté confondante. Tania, de son vrai nom Haydée Tamara Bunke Bider, Allemande de l'Est, de parents communistes, elle-même membre du Parti Communiste Est Allemand, d'abord recrutée pour des missions de renseignement par le ministère de la Sécurité d'État, a été approchée par le KGB pour travailler comme agent double pour Moscou pour espionner en Amérique Latine les mouvements révolutionnaires maoïstes à une époque de forte concurrence idéologique entre la Chine de Mao et l'URSS. Là on touche le fond. C'est dommage, ce livre avait l'avantage d'interroger la place de la femme dans la Révolution, il est très plaisant, romantique à souhait et très bien écrit. En revanche pas subversif ou révolutionnaire pour un sou, ni d'un point de vue féministe, encore moins d'un point de vue littéraire.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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