Ce roman historique de
Luc Baba s'inscrit dans la collection « Read and Kill » des « Romans de gare » des éditions Luc Pire. Pour entrer dans cette collection, les écrivains qui ont accepté de se prêter au jeu ont dû tenir compte de deux impératifs. Premièrement ne pas dépasser 144 pages et deuxièmement, faire se dérouler leur histoire dans une ville belge où il y a une gare. Libre à eux, ensuite, de choisir le polar ou la romance.
En bon Liégeois,
Luc Baba a donc choisi Liège pour cadre de son intrigue et une des plus prestigieuse bâtisse de son patrimoine, la Maison Curtius. Résidence d'un riche patricien, Jean de Corte qui latinise son nom en Jean Curtius, elle date du XVIe siècle, comme l'immense fortune qu'il bâtit sur la production de poudre à canon. Jean Curtius n'y vivra que douze ans, cédant le bien à son fils Pierre en 1617, année où il émigra en Espagne à la demande du roi Charles VII afin de fonder une des premières industries sidérurgiques à Leganez.
Mais revenons au récit.
Luc Baba nous propose ici une enquête légère aux accents du terroir. Choisissant comme personnages principaux, trois amis habitants rue Porte aux Oies, en plein coeur du quartier d'Outremeuse, il prend d'emblée le parti de plonger ses lecteurs dans le Liège vivant et populaire. Ces trois amis à l'humeur bon enfant, hâbleurs ayant le coeur sur la main, vivent de divers larcins qui leur donnent à peine de quoi survivre. Lorsqu'ils ramènent un coffre de florins, ils pensent que leur vie va s'améliorer enfin. Ils sont loin de se douter des dangers qui les guettent.
J'ai beaucoup apprécié les relations d'amitié que partagent ces trois là. Spontanés, sincères, généreux, ces gamins malmenés par la vie ont créé ensemble une famille qui pour eux vaut tout l'or du monde. Rêvant leur vie plus qu'ils ne l'affrontent, ils sont désarmants de naïveté malgré leurs airs de durs.
Ce court récit est entrecoupé d'extraits du journal de Ghislain, fidèle serviteur de Jean Curtius, chargé de veiller discrètement sur son patrimoine, pendant son absence. Par le biais de ce personnage imaginaire, nous remontons le temps et découvrons l'histoire (à peine romancée) de la famille Curtius et de son palais.
Vraiment plaisant, ce roman tout simple aux accents chantants et aux belgicismes truculents, nous parle aussi de coutumes, de vieux métiers et de folklore. A lire pour passer un agréable moment.