Vassili Axionov est un ogre, sa parenté avec Gargantua ne fait aucun doute.
Un autre livre avec beaucoup à manger dans l'assiette, un long repas qui ne manque pas de raffinement, une soirée jusqu'au petit matin peuplée de faunes et de muses, des torrents d'alcool et de références littéraires, dont la principale donne titre au livre,
Dante Alighieri et sa Divine Comédie. « Dolce stil nuovo », ou selon le Larousse:
« École poétique italienne fondée par Guido Guinizelli (vers 1240-1276).
Elle réunit autour de
Dante et de Cavalcanti des poètes florentins et toscans qui célébraient les vertus rédemptrices de la femme aimée. »
Vibrionnant, cabotinant, s'adressant souvent au lecteur,
Axionov déroule l'histoire de l'exil forcé, celle d'une personne qui est aussi un peu lui-même, de ceux qui cherchent la liberté, des dissidents soviétiques et des juifs apatrides, de la fin de l'ère Brejnev jusqu'aux années Eltsine.
Poésies, amour, Réalisme Magique, langage cru et auto-fiction, le tout bien structuré pour ne pas nous égarer, le dénommé « lecteur-artiste » savourera ce joli morceau, bien servi par une excellente adaptation de
Lily Denis, à qui on pardonnera toutefois la regrettable erreur de cette « endive de Bruxelles » qui, foi de français de Belgique, se nomme bien chicon (ou chicorée), malgré la butée hexagonale linguistique, dont la page wikipedia accueille l'un des plus beaux affrontements de la francophonie, soldé par une défaite de l'amertume, privant la France de la réelle endive…
Désolé de la digression, même si je pense qu'elle aurait pu plaire à ce cher Vassili, que l'on retrouvera bientôt pour d'autres douces rodomontades.