Je suis depuis toujours passionnée d'alpinisme.
Je précise : je n'ai pas fait l'Everest, mais j'adore faire de longues randonnées en montagne l'été et occasionnellement de toutes petites "grimpettes".
Les alpinistes et les grandes histoires de l'alpinisme m'ont toujours fascinée. En particulier les pionniers qui partaient à l'aventure avec des moyens et un équipement avec lesquels plus personne ne se risquerait de nos jours.
Parmi ces histoires, celle de George Mallory occupe une place de choix. Mallory est un vrai personnage de roman et il n'est pas étonnant qu'il ait inspiré différents auteurs.
À son sujet, j'ai déjà lu une excellente biographie romancée (
L'homme qui voulait toucher le ciel, de
Tanis Rideout) dans laquelle les scènes d'alpinisme, plus vraies que nature, m'avaient enchantée. Une lecture très prenante, dont je garde un souvenir très fort.
Toute biographie implique des choix, et la biographie romancée encore plus me semble-t-il, parce qu'elle donne plus de liberté à son auteur : que décide-t-on de mettre en avant, sur quels aspects insiste-t-on le plus, quels événements développe-t-on davantage ?
C'est amusant de constater que sur le même sujet,
Jeffrey Archer a fait des choix radicalement différents. Il n'a pas du tout attaqué son sujet sous le même angle et son livre est vraiment différent de celui de
Tanis Rideout.
Sous sa plume, notre héros est drôle, gai et espiègle. Cet aspect de sa personnalité est ce qui ressort le plus de cette lecture. L'auteur insiste beaucoup sur sa vie personnelle, il s'attache à mettre en avant sa relation avec sa femme, et si cela rend le personnage très humain, j'ai trouvé que le livre était de temps à autre à la limite de la mièvrerie.
En ce qui concerne l'alpinisme, là aussi, les choix des deux auteurs divergent. Si
Tanis Rideout s'est concentrée sur la seconde tentative de George sur l'Everest, celle qui lui sera fatale,
Jeffrey Archer a choisi de développer davantage tout ce qui a précédé : la formation du jeune alpiniste, la constitution de l'équipe de la première expédition de 1922, celle de l'équipe de la seconde tentative, en 1924.
Le fonctionnement de la
Royal Geographical Society est décrit de façon assez amusante : tous ces messieurs prennent des décisions qui ne sont pas que sportives, mais politiques, et jouent un jeu pas toujours très franc.
Les tests de sélection des membres de l'expédition donnent lieu à des scènes parfois cocasses, comme l'épreuve du tapis roulant, censée déterminer les candidats qui seront les plus résistants au froid et à l'altitude.
À travers ce roman, George Mallory apparaît très attachant. Esprit libre, jeune homme fin et cultivé, il traduisait l'Illiade ou lisait Joyce le soir sous sa tente pour se détendre.
L'auteur rend bien sa fascination, voire son obsession pour l'Everest. L'alpiniste voulait tellement conquérir ce sommet, il le voulait de toutes ses forces, sans sous-estimer le danger d'une telle entreprise. Son amour pour sa femme et ses trois enfants n'a pas suffi : la montagne a été la plus forte, il se devait d'y retourner, il n'aurait pas supporté qu'un autre que lui la conquière.
Le sentier de la gloire, bien que non exempt de défauts, m'a fait passer un bon moment de lecture. C'est léger et distrayant, mais pour ceux que le personnage de George Mallory intéresse, je recommande plutôt la lecture de
L'homme qui voulait toucher le ciel, de
Tanis Rideout.
Pour ceux que le mystère de sa mort intrigue (À ce jour, on sait seulement que George Mallory a disparu sur l'Everest le 8 juin 1924, mais on ne sait toujours pas s'il est allé ou non jusqu'au sommet.), je conseille l'excellent livre-documentaire "Mallory & Irvine. À la recherche des fantômes de l'Everest" de
Conrad Anker, qui retrace la découverte du corps de George Mallory en 1999.
Pour terminer sur ce sujet, le remarquable manga en cinq volumes "Le sommet des Dieux", dont l'intrigue repose sur la découverte d'un appareil photo qui aurait appartenu à notre héros et qui pourrait aider à résoudre le mystère, est un magnifique hommage à l'alpinisme.
Enfin, je ne peux m'empêcher de recommander
Au sommet de l'Everest d'
Edmund Hillary, extraordinaire récit plein d'humanité, du vainqueur de l'Everest. Il y évoque les expéditions précédentes et les alpinistes qui ont échoué à l'Everest, George Mallory en particulier, avec une grande justesse et beaucoup de respect.