« Matin et soir les jeunes filles entendaient gargouiller les gobelins :
«Approchez approchez!
Ils ne font pas envie
les jolis fruits de nos vergers ?
Approchez, elles sont belles nos pommes,
ils sont beaux nos coings,
Citrons, oranges, y en aura
pour tout le monde!
Cerises bien dodues,
elles sont impec mes cerises,
melons, framboises, pêches joufflues
- comme vous jeunes filles -
mûres blanches à tête noire,
elles sont sauvages nos mûres, allez, allez!
Pommes à compoter et alises,
pommes à croquer et cranberties,
ils sont beaux nos abricots! »
Laura, Lizzie et les Hommes Gobelins,
Christina Rossetti, traduction libre de
Clémentine Beauvais, illustrations par
Diglee @diglee_glittering_bitch @mariannezuzula #challengejuilletsororité
Ce poème a été initialement écrit en 1862 par
Christina Rossetti, soeur du peintre
Dante Gabriel Rossetti, une des figures de proue du mouvement préraphaélite.
Comme le dit si bien
Diglee dans sa préface: « Ainsi, ce poème gothique, fleuri et puissamment victorien parlait de sujets contemporains, avec tant de force... c'était une vraie surprise!
Il était temps, près de cent-cinquante ans plus tard, de lui rendre enfin hommage.
Ou devrais-je dire... femmage ? »
La traduction libre de
Clémentine Beauvais nous offre, quant à elle, une lecture contemporaine de ce poème, nous permet de mesurer son côté intemporel et de saisir toutes les nuances et subtilités qu'il renferme.
Elle le dit elle-même dans sa préface: « Tout est très explicite. Tout est très clair. Tout est fabuleusement littéral.
Il était une fois deux soeurs. L'une d'elles voulait manger des fruits défendus...»
Deux soeurs, l'une voulait goûter les fruits défendus proposés par les Gobelins, l'autre savait qu'il ne fallait pas…
«Non», dit Lizzie, « Non, non et non.
Pas question !
C'est du mauvais, c'est du toxique,
ces cadeaux-là.»
Laura a-t-elle cédé?
Lizzie a-t-elle sauvé sa soeur?
« Les étoiles se lèvent, la lune bande son arc,
rentrons avant que ça s'assombrisse:
on se croirait en été,
mais ça sent les nuages,
l'averse et le noir complet:
si l'on se perd, que deviendrons-nous ? »
Il vous faudra tourner les pages de ce poème victorien pour en connaître le récit… mais je vous laisse sur les mots de la fin, emplis de sororité…
«Car au soleil comme sous la pluie
il n'y a pas de meilleure amie
qu'une soeur,
une soeur avec qui rêver quand on s'ennuie une soeur pour se retrouver dans la nuit,
une soeur pour nous relever,
une soeur qui donne la force
de se soulever.»
À toutes mes soeurs, à toutes nos soeurs… 💞