Troublante, voici le mot qui me vient à l'esprit lorsque je songe à cette histoire d'une famille atypique, soudée et divisée à la fois par le poids d'un secret qui n'en est pas vraiment un. On y suit les
Jones, principalement les enfants , Albi et Eli mais aussi Joy et Pal, les parents, ainsi que, dans une moindre mesure, la parenté élargie, tous des “
Jones” dans le sens qui y donne les enfants, à savoir paumés, alcooliques, vicieux, toxiques quoi. Cela donne une bonne idée de la perspective de la soeur et du frère qui poursuivront leur inatteignable graal tout au long du récit. On y nage dans le glauque, le non-dit, on alterne entre rébellion et soumission, entre flambée d'espoir et découragement total, un malaise constant m'a suivi pendant cette lecture, preuve que l'auteur parvient bien à transmettre le mal de vivre de ses protagonistes.
Pourtant il n'y a pas de scènes horrifiantes ici, Neil travaille lentement le perfide quotidien pour nous mettre la face dans la crasse. Il faut s'accrocher dans le premier tiers du livre car on ne sait pas trop où l'auteur s'en va mais dès que cela se précise, le drame nous happe. L'écriture est juste, les dialogues très “punchés”, les personnages intrigants et l'histoire dérangeante. J'ai trouvé le tout terriblement efficace, à un point tel que de temps à autre cela me faisait songer, dans un autre environnement, au ”Prince des marées” de
Pat Conroy ce qui est un compliment en soi. Je suis amateur d'histoires familiales tordues et j'ai été bien servi par ce
Jones. Un auteur que j'ai découvert par ce roman et qui m'intéresse pour l'avenir. Et surtout, futurs lecteurs, n'oubliez pas d'aller voir la photo de la soeur de l'auteur à la fin du livre . . .
Je remercie les éditions Alto et le site Babelio pour m'avoir fait parvenir un exemplaire de ce texte dans le cadre de l'opération Masse critique Québec.