La narratrice fugue pour un soir, déboussolée par ce qu'elle vient de comprendre, de la nature de ses sentiments.
Elle a toujours idéalisé l'amitié et l'amour comme des sentiments purs mais la perspective de pouvoir vivre avec Liv en qui elle a trouvé l'âme soeur a fait émerger un désir qu'elle juge "sale", dont elle ne veut pas.
Fuyant une fête au cours de laquelle elle a rompu avec son amie pour en préserver l'image dans son souvenir, ses pas l'orientent vers la ferme où avec ses parents elle achète du fromage, et vers la chienne qui saura la consoler, elle, l'ourse de 90 kilos. La discussion raisonnable avec la rude fromagère est apaisante et j'ai été soulagée que toute cette rage et ce désespoir ressentis au début de la lecture trouvaient une échappée.
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Dans ce court roman, on ne connait la narratrice que sous le surnom de « Gamine ».
Un soir de ras le bol et de pétage de plomb, quand les faux semblants volent en éclat, elle part d'une soirée sur un coup de tête. En rage après avoir envoyé promener Liv et tout ce quotidien qu'elle ne supporte plus.
Enfermée dans son corps d'ourse, qui la protège et lui pèse, elle déverse sa colère et le dégoût qu'elle s'inspire.
Comment s'accepter et faire face à sa différence ? Culpabilité, peur de l'autre et de ses sentiments, la sexualité.
J'ai trouvé le personnage très froid et dure avec elle même.
Un roman bien écrit qui se destine plus à des lycéens.
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Ce livre traite de deux thèmes difficiles à aborder dans l'adolescence, l'obésité et l'homosexualité. il peut heurter la sensibilité des plus jeunes, mais l'intrigue aborde ces thèmes avec une finesse adapté au jeune public. Je trouve que le personnage principal est très dur avec elle-même jusqu'à ce qu'une rencontre lui permette d'être plus souple avec elle-même.
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Récit tendu que La chienne de l'ours, qui aborde avec une grande justesse de ton, deux sujets délicats et sensibles : l'homosexualité et l'obésité.
Lire la critique sur le site : Ricochet
C'est très difficile de ne pas se faire remarquer quand on pèse plus de quatre-vingt-dix kilos à seize ans et pourtant j'ai toujours songé que ce poids encombrant n'était là que pour me dissimuler. Moi toute entière, comme si je m'auto-dévorais.
"Elle profite" est l'expression convenue pour décrire l'énormité de ma présence.
Je ne profite de rien. Je me cache. Elle est "enveloppée en est une autre comme si mon corps était un emballage cadeau. (p.8-9)
C'est la première fois que j'ai un corps. Un sexe. C'est obscène. Déplacé. ça me fait honte. ça me fait mal. Il n'y a plus de mots. Juste des représentations qui me paraissent sales. je me perds. Trou noir.
Fuir. La fuir. Ne pas la salir. Mon amie, ma soeur. Mon grand corps émerveillé me révulse. Le désir n'appartient pas à l'amitié. Aimer, oui. mais ça, non. (p.32-33)
Vide, une carcasse morte, inoffensive. Les grilles sont fermées, je passe devant et je crache à terre. Mon portable sonne. Je ne veux pas savoir. Je le jette dans les poubelles devant le lycée. Je crache encore et encore. C'est aussi la première fois que je crache.