Exceptionnel !
Rufin nous entraine cette fois dans l'exécution d'un coup d'État ‘clefs en mains'. Solidement documenté, techniquement, politiquement.
Économiquement aussi, du point de vue des commanditaires.
En effet, on sait les GAFAM avides de s'emparer d'un État situé hors du champ des États-Unis. de s'affranchir du pouvoir des Etats. D'un gouvernement fédéral puissant qui les bride dans leur ambition d'étendre leurs activités dans des domaines particulièrement sensibles, tels que l'allongement de la vie, la création d'un continuum homme-machine et le transhumanisme, le recueil de données personnelles à grande échelle…
Ils s'y emploient depuis longtemps sur le plan financier en délocalisant, en mettant en place des systèmes sophistiqués d'optimisation fiscale. Mais ce ne leur est pas suffisant.
Le roman nous décrit le déroulement, depuis la genèse du projet dans l'esprit d'un concepteur, exécuteur de génie, mais qui a négligé de fermer une petite porte, ce qui va faire du projet, réussi cependant, qu'il sera dépossédé de son butin par un plus opportuniste, plus réaliste.
Dans la postface, Rufin nous raconte toute la préparation du roman, les confidences qu'il a recueillies tant dans son métier de diplomate que lors de son séjour sur place au Brunei.
À noter la présence dans l'équipe de l'historien qui rappelle les apports de Trotski, Luttwak,
Malaparte dans leurs écrits sur la
technique du coup d'État.
Pour résumer, Rufin nous dit : « le décor est réaliste mais la pièce qui s'y joue est pure invention. Mon but n'est pas le vrai mais le vraisemblable ».
Une grande réussite. Un grand plaisir de lecture.