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Victimes du syndrome De Stendhal

Autour d'un mystérieux tableau de Gustav Klimt, Camille de Peretti a construit un somptueux roman, mêlant secrets de famille et drames, réussites spectaculaires et homicide, histoire de l'art et quêtes passionnées. Une formidable réussite!

Les trois chapitres initiaux de ce beau roman vont nous permettre de faire la connaissance d'une belle galerie de personnages.
Les premiers sont au pied de la bourse de Wall Street. C'est là qu'Isidore travaille comme cireur de chaussures. À 19 ans, il se dit qu'une autre vie est possible en faisant la même chose que ses principaux clients, spéculer. Mais pour cela, il lui reste quelques étapes à franchir, à commencer par initier Bola, un garçon à qui il va laisser sa place pour peu qu'il lui transmette les informations que pourraient lui lâcher les boursicoteurs. En attendant de faire fortune, il se réjouit de pouvoir retrouver Lotte, la jeune fille croisée devant les manèges de Coney Island.
Puis nous faisons la connaissance de Martha, une jeune femme qui ne veut pas se retrouver sur le trottoir à Vienne. Après avoir mis au monde un bébé, elle quitte la capitale autrichienne et va trouver un emploi de dégraisseuse dans une usine de Leobendorf qui traite les plumes pour les couvre-chefs des militaires. Car elle préfère s'éreinter au travail que de subir les assauts des hommes.
Ensuite, on se retrouve dans un cabinet d'avocat à Houston, au Texas. Michelle vient consulter un homme de loi pour savoir si le père de sa fille Pearl, née d'un «accident de capote», peut-être confondu par un test ADN. Comme il s'agit d'une grosse fortune et que la jeune mère semble sûre d'elle, le «meilleur avocat de Houston» voit dans cette requête une belle opportunité et accepte de porter l'affaire en justice.
Enfin, on découvre Franz Brombeere, un Viennois fortuné, arrivant dans l'atelier de Gustav Klimt et portant sous le bras une toile du maître. Cette dernière représente une jeune femme l'épaule nue, portant un grand chapeau, et un boa autour du cou. Les atours d'une prostituée. Or, c'est ce qui gêne Franz, car il a reconnu le modèle. Il est tombé amoureux de cette femme engagée au service de sa famille et souhaite que l'artiste corrige son tableau en y supprimant cette connotation qui le perturbe. C'est la seule oeuvre de Klimt connue comme un repeint.
En passant d'un récit à l'autre et en alternant les temporalités, Camille de Peretti nous offre un roman total. On voit au fur et à mesure se tisser les liens entre la Vienne du début du XXe siècle et le New York de la fin du siècle. On est pris dans le tourbillon de l'Histoire et dans une quête aux secrets de famille au centre de laquelle Isidore et Pearl vont jouer les rôles principaux.
On ne sait trop s'il faut d'abord saluer la virtuosité de la romancière qui a construit un puzzle que l'on prend un plaisir fou à reconstituer, admirant l'ingéniosité de sa créatrice, qui pousse le lecteur à attendre la pose de la dernière pièce pour découvrir un chef d'oeuvre ou s'enthousiasmer pour le travail documentaire autour de ce mystérieux Portrait de femme de Gustav Klimt qui a aujourd'hui retrouvé sa place à la Galleria Ricci Oddi, à Plaisance, Italie. Car tout est vrai dans la destinée de cette oeuvre-double, de son vol à sa restitution, en passant par l'arrestation d'un faussaire et la découverte de sa copie destinée à Bettino Craxi, ancien Président du Conseil italien, comme l'explique fort bien Léa Simone Allegria dans les colonnes de Marianne.
Reste ce formidable tour de force de l'autrice, nous faire préférer sa version, car toujours la fiction l'emportera sur la réalité!
Voilà en tout cas mon premier gros coup de coeur de cette rentrée!
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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J'ai beaucoup aimé L'Inconnue du Portrait qui m'a tout de suite happée dans cette histoire qui prend comme fil conducteur un tableau de Klimt, Portrait d'une Dame.
A partir des quelques éléments connus de l'histoire mystérieuse de ce tableau, l'autrice reconstitue une grande fresque familiale entre Vienne et New-York, en passant par l'Italie ou le Texas avec en arrière-plan l'histoire du XXème siècle.

Le roman se divise en trois parties qui se distinguent vraiment les unes des autres. J'ai préféré la première partie dont la construction m'a beaucoup plu. A partir de personnages qu'on découvre dans des lieux et à des périodes différentes (une ex-prostituée dans le Texas des années 1980, un jeune cireur de chaussures de New-York à la veille du Jeudi Noir, une mère célibataire dans l'Autriche des années 1910, …), l'autrice esquisse l'histoire tortueuse d'une famille aux liens complexes.
Le reste du roman est aussi très intéressant, mais il n'y a plus le même mystère bien que les zones d'ombre soient encore nombreuses…
Les événements se font écho d'une génération à l'autre .

L'épilogue m'a semblé évoquer un peu trop rapidement ce qu'il était advenu de la jeune femme. .

C'est donc un roman très riche écrit d'une plume fluide et agréable qui fait paraître la lecture plus simple qu'elle ne l'est réellement (étant donné la complexité de l'intrigue et de la construction du récit, on devine qu'il y a eu un énorme travail préparatoire...).
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Lorsque vous vous retrouvez face à un tableau, ne vous êtes-vous jamais questionné ou imaginé l'histoire de celui-ci ? Amatrice d'art et ayant beaucoup d'imagination (souvent un peu trop 😉), la lecture de l'inconnue du portrait de Camille de Peretti était faite pour moi !

L'auteure a su créer toute une intrigue autour du mystérieux Portrait d'une dame de Gustav Klimt (peintre autrichien auteur de l'oeuvre le baiser) qui a fait l'objet d'un vol en 1997 au sein du Musée de Plaisance avant d'être retrouvé emballé dans un sac-poubelle 20 ans après par un jardinier dans une trappe d'aération du jardin bordant le musée.

J'ai vraiment eu un coup de coeur pour cette histoire dont la plume de Camille de Peretti a su complètement m'emporter. J'ai aimé son écriture fluide, le thème et l'attachement que j'ai eu immédiatement pour ces personnages.
Ayant généralement des difficultés lorsque je me trouve en présence de nombreux personnages, ici cela ne m'a posé aucun problème. Au contraire, les descriptions apportées par l'auteure m'ont permis de rapidement les situer et d'avoir l'impression de les accompagner tout au long du récit.

Même si vous n'êtes pas fan d'art, je vous conseille de vous lancer dans la lecture de ce roman car vous serez rapidement pris dans un récit où le portrait de cette femme inconnue est un fil conducteur captivant. Et puis en y pensant, si l'on prend le cas de la Joconde, ne vous êtes-vous jamais posé la moindre question sur la fameuse Mona Lisa ? 😉

Je tiens à remercier les Éditions Calmann-Levy et Netgalley France pour la découverte de ce petit bijou ainsi que la plume de Camille de Peretti.
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Comme Philippe Besson dont le roman" L'arrière-saison" prend comme point de départ un tableau d'Edward Hopper ou Tracy Chevalier et sa " Jeune fille à la perle", Camille de Peretti a construit son roman autour d'une oeuvre de Klimt.

Cette " Jouvencelle" devenue , après avoir été remaniée par le peintre lui-même ( eh oui!) et rebaptisée " Portrait d'une dame", est déjà un mystère, avant même de devenir un sujet de roman! le fait d'avoir repeint le tableau est d'abord étrange. Ensuite, il a été volé puis retrouvé ! Ce sont ces faits qui ont inspiré l'auteure.

le lecteur est tout de suite pris par cette histoire qui commence en 1910, lorsque Klimt fait le portrait d'une jeune fille pauvre, Martha. Nous suivons ensuite , après la mort de celle-ci, jeune , de la grippe espagnole, le destin de son fils Isidore, qui devient un magnat des affaires aux Etats-Unis.

Bien sûr, son destin et celui de sa descendance seront liés intimement à cette fameuse oeuvre de Klimt. Si la fin m'a un peu déçue, trop rocambolesque, et si certains détails m'ont paru peu vraisemblables, notamment le syndrome De Stendhal qui touche deux personnes de la même famille, j'ai pris grand plaisir à accompagner le parcours pour le moins particulier des personnages, complexes et secrets. Et j'avoue que les extraits de poèmes de l'autrichien Georg Trakl ont ajouté encore au charme du livre.

Voilà donc, malgré quelques réticences, une lecture réjouissante, pleine d'imagination fiévreuse et d'ombres mystérieuses...

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Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Calmann-Lévy pour cette belle découverte littéraire !

Après une brève introduction factuelle autour d'un tableau de Gustav Klimt, le roman démarre à New York à la fin des années 1920, où un petit cireur de chaussures amoureux se lance dans la spéculation boursière. Camille de Peretti nous entraîne ensuite tour à tour en Autriche, puis au Texas, pour revenir à New-York, au grès de nos rencontres avec les multiples personnages : Isidore, Martha, Franz, Michelle, Pearl... Chaque personnage va apporter sa pierre à l'édifice, pour résoudre le mystère de cette inconnue du portrait.
Ce mystérieux portrait est un excellent prétexte, une belle inspiration pour nous raconter une histoire riche en rebondissements et en émotions. Tantôt roman historique, tantôt roman social, L'inconnue du portrait nous raconte des histoires de courage, de résignation, de bâtardise, de familles, de deuils, de boucles bouclées, d'abandons et de retrouvailles, de mensonges et de révélations ; mais quelles histoires, quelles boucles et quel personnage que cet Isidore !

"Il y a celui que nous sommes et celui que nous nous rêvons être, et les deux coïncident si peu que le second empêche toujours le premier de jouir de qui il est."

Nous traversons plusieurs époques, plusieurs pays et plusieurs sphères professionnelles : la finance, l'industrie, le droit des affaires et, évidement, le monde de l'Art (plus présent à partir de la deuxième partie). Les trois premiers univers me sont relativement étrangers, et j'ai pris plaisir à les découvrir sous la belle plume de Camille de Peretti.
Beaucoup de protagonistes peuplent ce beau roman. J'ai eu du mal à m'y attacher au tout début, mais un fois impliquée dans ma lecture, je ne voulais plus les lâcher ! Les personnages se révèlent progressivement, jusqu'à ne faire "plus qu'un". On découvre peu à peu (et parfois avec surprise) les liens qui les unissent ou les séparent. L'intrigue se recentre finalement sur un personnage et sa descendance. L'essentiel tourne en effet autour d'Isidore, que l'on rencontre jeune homme, puis vieux, puis enfant, puis homme accompli ; tantôt antipathique au possible, tantôt terriblement touchant... Il cristallise autour de lui toutes les failles, faiblesses, courages, défauts inavouables et douleurs d'un être simplement humain, qui doit évoluer pour survivre dans un environnement hostile. Ce foisonnement de personnages et d'univers, ainsi que les changements réguliers de lieux et d'époques en font une lecture exigeante. Mais le contexte géopolitique ou social est toujours suffisamment bien décrit et bien placé pour qu'on ne perde le fil que durant quelques lignes.

Le style de Camille de Peretti est fluide, très agréable, intense, à la fois travaillé et spontané. le vocabulaire est précis, sans être pompeux. La construction, non chronologique, peut paraître compliquée voir éparpillée de prime abord, mais il n'en est rien, bien au contraire ! On va de rebondissements en surprises, dans une rythmique parfaite. La deuxième partie m'a paru plus lente et plus redondante, mais c'est peut-être parce que j'avais vraiment hâte d'éclaircir les mystères. L'autrice explique en fin d'ouvrage que ce roman a nécessité beaucoup de recherches et j'ai apprécié les aspects réalistes et documentés qui apportent encore plus de profondeur à l'ouvrage.

#LInconnueduportrait #NetGalleyFrance
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Impossible de passer à côté de ce roman pour une féroce amoureuse de Klimt comme moi. L'histoire réelle du tableau au coeur de cet ouvrage est déjà un roman en soi. Tableau acheté par un inconnu, dont les registres de vente ne gardent aucune trace. Acquisition quelques années plus tard par un musée italien d'un autre tableau de Klimt. 70 ans plus tard, une étudiante en art pressent que cette oeuvre est un repeint de celui disparu. Rayons X à l'appui, les deux oeuvres s'avèrent être la même, fortement remaniée par le maître, alors que Klimt ne repeignait jamais ses toiles. Un an après cette incroyable découverte, le tableau est volé et réapparaît 20 ans plus tard dans un sac poubelle laissé dans le jardin d'un autre musée italien. Quel incroyable destin !
Sur cette histoire absolument véridique vient s'ajouter la charpente imaginaire, très étayée, de Camille de Peretti . Un roman dans le roman pour réinventer la genèse de ce tableau et son parcours hors norme. Une vraie réussite pour moi !
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Personne ne connaît la jeune femme peinte par Gustave Klimt en 1910 à Vienne ni comment et pourquoi il a été remanié et retrouvé 22 ans après son vol dans le jardin du musée d'art moderne de Plaisance, en Italie.

Camille de Peretti s'est inspirée de cette histoire et a romancé le destin de cette jeune femme, nous offrant une fresque accomplie exceptionnelle ! le livre s'ouvre à New-York en 1929, avec Isidore ce jeune garçon de la rue et celle qui a ses yeux est l'incarnation de la beauté, Lotte. Voilà le départ pour un voyage au long court sur 120 années entres les États-Unis et l'Autriche.
A mon sens, la force de ce roman est aussi dans sa construction. Camille de Peretti nous tisse une toile de personnages présentés à des époques différentes, créant ainsi un suspens véritable au fil des pages pour une enquête inattendue, sans pareil.
Voici un somptueux roman d'une force magistrale !
#LInconnueduportrait #NetGalleyFrance
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"Le monde de l'art n'est pas celui de l'immortalité, c'est celui de la métamorphose." (André Malraux).

"L'inconnue du portrait", de Camille de Peretti (Calmann - Levy, 2024) est un roman historique et familial qui s'inspire d'un tableau mystérieux de Gustav Klimt, peint à Vienne en 1910 et retrouvé en 2019 dans les jardins d'un musée italien. le portrait représente une jeune femme dont l'identité, le destin et les secrets sont inconnus. Camille de Peretti imagine alors l'histoire de cette femme et de ses descendants, jusqu'à l'époque contemporaine, en composant, entre les villes de Vienne, New-York et Milan, essentiellement, une fresque romanesque et historique, sur plus d'un siècle.

Le roman se compose de quatre parties, chacune centrée sur un personnage lié au tableau, alternant entre le présent et le passé du personnage, retraçant son parcours, ses secrets, ses amours, ses drames. le tableau apparaît comme le fil rouge qui relie ces destins, mais aussi comme le symbole des passions, des ambitions, des illusions et des désillusions de ces êtres humains.

Le roman de Camille de Peretti est une roman à la fois simple et intelligent, qui mêle, habilement, fiction et réalité, art et histoire, amours heureuses ou contrariées et suspense.

L'intrigue est captivante jusqu'à son dénouement. L'auteur parvient remarquablement aussi à donner vie à des personnages attachants, complexes et nuancés, qui évoluent au gré des époques et des lieux, tout en questionnant le rapport entre l'artiste et son modèle, entre l'oeuvre et son propriétaire, entre le visible et l'invisible.

De même, le roman de Camille de Peretti explore la question du déterminisme social et du libre arbitre à travers les destins des quatre personnages, essentiellement, liés au tableau controversé : il évoque simultanément la contrainte et la liberté, la fatalité et le choix, la soumission et la révolte. Chaque personnage réagit différemment face à ces enjeux, selon son origine, son époque, son caractère, son désir. le roman est extrêmement intéressant en ce qu'il montre ainsi que le déterminisme social et le libre arbitre ne sont pas des notions fixes, mais qu'elles peuvent évoluer et se combiner selon les circonstances.

En conclusion, "L'inconnue du portrait" est un roman qui se lit avec plaisir, qui offre un voyage dans le temps et dans l'art, qui raconte une saga familiale pleine de rebondissements et d'émotions. Il a le mérite d'inciter à réfléchir sur le sens et la valeur de l'art, de la vie, de l'amour.

Je recommande vivement.

Bonne lecture.

Michel.
Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Résoudre l'énigme de l'identité d'un visage sur un tableau.... Je pense que cela nous a un jour ou l'autre effleuré face à un visage qui nous touche particulièrement ou qui provoque en nous une émotion.
Ici il s'agit du visage d'une jeune femme sur un tableau de Gustav Klimt dont le parcours parsemé de repeint, de disparition pour finalement réapparaître était tout désigné pour être le sujet d'un roman.
Partir de faits réels et imaginer le pourquoi et le comment, se recaler dans le connu pour boucher les vides.
Pas facile de recoller les morceaux d'un mystère et pourtant Camille de Peretti réussit à éviter certains écueils et nous tient jusqu'au bout en alternant les aventures des différents personnages liés à l'oeuvre, les relations entre chacun d'eux tout en usant à bon escient d'interruptions dans les déroulés pour maintenir le mystère.
Il y a donc de l'art, du mystère, de l'aventure, des histoires et des liens de famille des pistes ébauchées puis abandonnées et surtout une réussite au niveau des personnages.
On s'attache à eux, à Isidore, à Martha et Pearl et au visage de cette femme qui restera, malgré le talent de l'auteure, un mystère.
C'est une quête palpitante des origines d'une peinture, de son sujet, un périple entre deux continents le tout le mené et tenu de bout en bout.

Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.
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Au premier contact avec le livre, j'ai été fasciné par l'image, celle de cette jeune femme au regard si doux, pommettes et lèvres carmins, un visage plein de vie qui fait miroiter l'air autour d'elle. Quel bonheur d'avoir un tel bandeau, attirant le lecteur par son mystère, puis, le livre lu, de connaître l'apaisement de la révélation. Ce n'est plus seulement une dame qui pose pour un peintre célèbre. Elle est Marthe, nous est devenue proche, comme sortie du tableau, une jeune femme un peu triste peinte par Gustav Klimt, elle est Marthe dont Camille de Peretti peint la vie tragique avec ses mots.

Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d'une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d'un musée d'art moderne en Italie. Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l'histoire mouvementée de son portrait.

Les premiers chapitres sont magnifiques, présentant Isidore qu'on ne lâchera plus jusqu'à la fin. Isidore gagne de quoi vivre en cirant les souliers des banquiers de Wall Street à New-York. Il va passer le relais à Gabriel, dit Boba, afin de se libérer d'un travail peu compatible avec la conquête de la belle Lotte, d'un milieu bien supérieur au sien ! Il sait sourire, écouter et cela va lui servir par la suite !

On va suivre Isidore jusqu'à la grande dépression de 1929, et aussi Michelle et son bébé à Houston au Texas ainsi que Marthe et la petite Pearl à Vienne. Puis le grand saut, chapitres savamment intercalés, vers les années 1970-1980... La suite va bien entendu permettre de nouer les fils tissés par l'autrice, rejoindre de belle manière le grand peintre viennois Gustave Klimt et son modèle, faire vivre aux personnages (aussi à son tableau Portrait d'une dame) bien des aventures.

C'est une fresque magistrale où se mêlent des secrets de familles, des succès éclatants, des amours absolus et d'autres contrariés, des disparitions, des enquêtes, la richesse insolente et la pauvreté absolue… le début m'a attiré, la suite m'a fait découvrir des personnages attachants puis ce fut l'émotion d'une dernière partie parfaitement maîtrisée. le style se fait plus lyrique, la musique des mots s'accorde avec le tableau.

Camille de Peretti termine son roman dans une inspiration, un souffle que je n'attendais pas. le mensonge de la fiction devient le réel de l'émotion, une plongée dans la beauté, dans l'identification au dominé, au faible, celui qui a besoin de nous lecteurs. J'aime énormément quand le romanesque me touche au point de sentir mes yeux s'embuer et gêner agréablement ma lecture… Je me suis senti en empathie avec Isidore, personnage de roman quasi hugolien, charismatique d'un crime sans châtiment car crime d'amour absolu et, sans en dire trop, de révolte contre le terrible destin des gens humbles, particulièrement des femmes…

L'autrice a su se saisir d'un mystère courant sur plusieurs générations et en faire une oeuvre particulièrement romanesque, dans la lignée du roman-feuilleton tel que l'a si bien repris Pierre Lemaître, en exploitant au mieux un sujet en or.

La dernière phrase est belle dans l'hommage rendu au peintre « sans qui (selon la formule...) » : « On peut aujourd'hui aller admirer Portrait d'une dame à la Galleria d'Arte Moderna Ricci Oddi tous les jours, sauf le lundi, jour de fermeture. » Mon conseil si vous n'avez pas prévu de faire le voyage, procurez-vous L'inconnue du portrait de Camille de Peretti, on peut le lire à n'importe quelle heure avec le plus grand plaisir !
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Chronique complète avec composition personnelle d'illustration à partir de la couverture du livre sur Blog Bibliofeel ou page Facebook Clesbibliofeel.



Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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