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3,78

sur 461 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Publié en 1975, Villa Triste n'est pas un très bon Modiano à mon sens, mais qui reflète bien les préoccupations littéraires de l'auteur déjà à l'oeuvre dans ce quatrième roman. On reconnaîtra dans l'intrigue pas mal de motifs utilisés par la suite, ainsi qu'un procédé narratif qui lui sera habituel.


Un narrateur de trente ans revient sur les lieux où, à dix-huit ans, il a rencontré deux personnes : Yvonne Jacquet, avec qui il aura une relation amoureuse, et René Meinthe. Ce narrateur est pour autant dire obsédé par les quelques semaines des années soixante passées en leur compagnie, dans une ville du sud-est de la France, et où lui-même s'était réfugié incognito afin, apparemment, d'éviter d'être envoyé en Algérie comme soldat. Malgré quelques allers-retours entre le présent et le passé, c'est ce dernier qui prend largement le dessus, dans une ambiance superficielle et mondaine, comme le sont d'ailleurs Yvonne et Meinthe.


C'est sans doute là le problème : ces deux personnages, qui incarnent des fantômes aux yeux du narrateur, sont un peu trop réels mais tout aussi creux, et manquent cruellement de l'aura mystérieuse censée les entourer. de fait, je me fichais un peu de savoir d'où ils venaient, quelles étaient les activités peu recommandables de Meinthe, ce qu'ils avaient pu devenir, étant donnés que je les trouvais assez inintéressants. Et par conséquent, la quête du narrateur concernant son passé m'a donc paru assez dérisoire, contrairement à celle du narrateur de Remise de peine, où tout une ambiance à la fois nostalgique et inquiétante était en place.


Villa Triste permet toutefois d'observer l'évolution de Modiano dans son écriture. Il y a là une claire (première?) tentative de travailler sur la mémoire, credo de l'auteur. Et comme un Modiano n'est jamais très long, et que le style est loin d'être rebutant, le roman ne m'a pas paru déplaisant, ni franchement ennuyeux. Juste un peu creux, mais il est vrai que c'est un roman de jeunesse, ce qui me rend quelque peu indulgente.



Challenge Nobel
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Un premier Modiano pour moi .
De jeunes adultes , dans une sorte de parenthèse de leur vie , flânent le temps d'un été , dans une station balnéaire près de la frontière suisse.
Au sein de cette ville fastueuse et pleines d'apparâts , ces jeunes personnages errent désoeuvrés et faussement désabusés , se donnant le genre du moment pour se fondre dans le décor et appartenir à une société mondaine qui n'en finit pas de languir d'ennui, dans la torpeur de ces gens qui n'ont que le paraitre pour unique souci .
La passion d'un jeune homme se faisant appeler Comte Victor Chmara pour Yvonne , petite starlette du moment s'exprime dans une mélancolie lente et brumeuse ...Le temps même n'en finit pas de s'étirer .

Une délicieuse impression de flottement surgit de cette écriture si particulière : Si Modiano s'attache à fournir des détails géographiques d'une précision de guide Michelin , il n'emprisonne pas ces personnages par une description fouillée ..Et cette opposition particulièrement marquée entre un décor très planté et l'absence de jalons psychologiques crée une ambiance très particulière ..

..
On se croirait dans un film de la nouvelle vague : quelle sensation étrange , apaisante , loin de toute exaltation , dans une douceur émotionnelle liée à l'écriture froide et détachée de l'écrivain .
L'imaginaire du lecteur a tôt fait d'investir les lieux et de s'approprier la vacuité des personnages : la lecture vous emporte dans une histoire unique , celle que vous choisirez grâce au talent de l'écrivain qui donne autant de liberté au lecteur !
Une belle découverte ....et une nuit imprégnée de cette ambiance Modianesque j'en redemande .
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Mille fois commencé, mille fois abandonné, je ne suis définitivement pas très attirée par cette littérature française des années 70. Mais voilà, un prix Nobel de littérature plus tard, il faut bien qu'une fois au moins je le finisse!

Ca y est. Ce fût long. Les 100 premières pages ( sur un livre qui en compte assez peu de plus), je ne comprenais pas. Les personnages m'étaient peu sympathiques, l'écriture me donnait l'impression d'avoir fait un saut dans le passé, avec les stéréotypes de l'auteur français qui se complaît dans sa langue, et cette ambiance 70's de faux riches. En fait, l'ambiance qui s'en dégage me faisait penser à ces vieilles séries comme "drôle de dames" mais sans les actions qui tenaient en haleine. Je l'ai lu en ebook et pourtant, j'avais dans les doigts la sensation du vieux papier de livre de poche et l'odeur de grenier.

Et puis, soudain, sans que je comprenne ni comment ni pourquoi, j'ai commencé à accrocher. Peut être 50 pages vers la fin, j'ai voulu savoir, j'ai voulu comprendre les personnages. Et je n'ai pas regretté d'avoir pour une fois continué! A partir de là, j'ai même été déçue du manque de suite...

En somme, si vous avez envie d'un saut dans la littérature des années 70, allez-y tête baissée. Si vous cherchez du rythme et du moderne, n'y pensez-même pas!
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» Un de mes élèves en cours particulier a eu la malchance de se voir prescrire ce pensum et du coup ,il m'a fallu le lire. Quel ennui !Le milieu décrit ne m'intéresse pas , les personnages sont fades et l'action poussive . La prose de Modiano n'est pas désagréable à lire , loin de là , mais sitôt lu sitôt oublié.
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Patrick Modiano est un cas. Prix Nobel de littérature en 2014, il est cité par nombre d'écrivains, de comédiens, de lecteurs comme une référence absolue. Il est ainsi un des grands auteurs français contemporains. Il vient de publier deux nouveaux ouvrages : un roman et une pièce de théâtre. Cela m'a donné envie de (re)découvrir son travail, que je n'avais fréquenté qu'une seule fois il y a au moins quinze ans. C'était avec Rue des boutiques obscures, livre qui lui avait valu le Goncourt à la fin des années 70. J'en gardais le souvenir de quelque chose de flou, d'éthéré, de mystérieux, comme nimbé d'un voile. Et bien quinze ans plus tard, Villa Triste m'a fait exactement le même effet!



Victor Chmara ou plutôt l'homme qui se fait appelé Victor Chmara – c'est un faux nom – revient dix ans après l'avoir quittée dans une ville thermale proche de la frontière suisse dont le nom commence par A ( Annecy ? nous ne le saurons jamais, pas plus que le vrai nom du héros). Il avait au moment de son départ dix huit ans et fuyait – probablement, mais ce n'est pas sûr – la conscription pour la guerre d'Algérie. Pourquoi est-il revenu? Nous ne le saurons pas non plus. Enfin si, peut-être suite à la lecture d'un article dans un journal relatant un suicide. Mais ce n'est pas sûr. Quoi qu'il en soit, de nouveau à A, il se remémore l'été qu'il y a passé et sa liaison avec Yvonne, jeune actrice en devenir venant de tourner dans un film énigmatique. Yvonne traînait son spleen et son élégance dans un grand hôtel de A. Elle y vivait avec un dogue allemand neurasthénique, une grosse somme d'argent en liquide et fréquentait un jeune médecin homosexuel aux relations douteuses, faisant avec la suisse un commerce sulfureux. Lequel? Nous ne le saurons pas non plus… Ensemble, ils formèrent le temps d'un été un trio complice passant de soirée chics et étranges en concours d'élégance, de promenades en bateau en moments d'ennui, cloîtrés dans la “villa triste” du médecin homosexuel où ils atterrissaient régulièrement et qui donne son nom à l'ouvrage….



Modiano choisit de raconter une parenthèse dans une vie. Un moment de respiration entre deux périodes, comme une halte. Mais le héros ne sait plus trop avec précision comment était cette halte. Tous ses souvenirs sont imprécis et donc peu sûrs, soumis à caution et les lieux ont tellement changé en dix ans. Pire que cela, le héros lui-même est indéfini. On ne sait pas qui il est. On sait simplement (un peu) pour qui il essayait de se faire passer à l'époque. L'ensemble du roman est à l'avenant: trouble, mystérieux. Cela donne une atmosphère très particulière au récit, qui n'est pas sans charme.



Mais est-ce suffisant? Je comprends que l'on puisse aimer les récits plein de mystères et de non-dits où le lecteur peut s'inventer ce qu'il veut à partir de vagues postulats disposés à droite, à gauche, au fil de la lecture. Il y aurait ainsi presque une enquête à réaliser à partir des quelques éléments tangibles qui jalonnent l'histoire pour reconstituer au plus près la vérité. Mais le problème – à mes yeux – est que rien n'est réellement donné, tout est trop lointain, trop fugace, trop indécis pour véritablement emporter. Pourquoi me soucierai-je de quelqu'un que je ne connais pas, qui vit des choses dont il se rappelle mal avec des gens dont je ne sais rien? La forme est intrigante et originale, mais elle ne me permet pas d'adhérer au récit, de vivre avec le héros des aventures. Pire même, elle ne permet pas de rencontrer de personnage(s).



Avec de tels partis pris, je suis étonné que Modiano fasse à ce point l'unanimité. Son oeuvre propose pourtant une mécanique très particulière et clivante. Reste qu'une véritable musique s'en dégage. C'est peut être déjà beaucoup. A vous de juger.



Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Je n'avais jamais lu de Modiano. Voilà c'est fait ! J'ai lu exactement ce à quoi je m'attendais : un style fluide, une atmosphère éthérée, une histoire sur le fil. Pour le reste il ne se passe pas grand chose même si on ne s'ennuie pas. de la littérature intellectuelle de bon aloi…
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