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3,78

sur 461 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La villa triste, « elle avait une teinte bleu-gris, une petite véranda donnant sur l'avenue » « ...on perçoit dans la sonorité du mot "triste" quelque chose de doux et de cristallin. »
Treize ans à peine et je reviens dans cet univers calme, suspendu, où flotte un doux parfum suranné autour d'un lac, une destination de villégiature, des noms d'hôtels somptueux où se côtoie une foule d'habitués privilégiés, loin du tumulte algérien et de l'OAS. Je reviens et « que leur dire à ce rendez-vous où je les ressuscite ? »
C'est beau ce que Modiano écrit. On déguste ses phrases. Des petits tours et détours d'entre les âges se dessinent des personnages fantomatiques, mystérieux, en creux et pleins. Juste ce qu'il faut pour percevoir de l'instant, triste et cristallin.
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« Villa triste » (paru en 1975).

Il faut aller au-delà de l'histoire.
Pénétrer un monde de sensations.
Percer la brume qui entoure les lieux.
Parvenir aux uns et aux autres.

Ils déambulent comme fantômes dans un monde éloigné, disparu à jamais.
Seul demeure ce que l'on devine d'eux, de leur époque.
Ils se livrent peu, gardent leurs mystères et deviennent des ombres attachantes, un monde dans le monde, parallèle, miroir aux alouettes, superficialité, du moins le donne-t-il à penser…

Parfois une impression de cinéma italien des années cinquante, robes, talons aiguille, porte-jarretelles, cheveux gominés, coupe de champagne, bourgeoisie en mal-être… des images en noir et blanc qui conviennent au livre de Patrick Modiano.

Avec ces lieux qui dévorent les êtres où ils s'auto-détruisent, ces personnages louches, ce nom inventé et qu'il faut habiter, ces non-dits qui étouffent, ces questions sans réponse.

D'après une déclaration de l'auteur à la sortie de ce livre, le héros est un peu lui-même, des images de son père ont nourri l'étrangeté du Docteur, etc…

Le début des années soixante, des noms de comédiens et autres, la guerre d'Algérie, la mode, les habitudes d'une société aisée et oisive (le passage du concours de l'élégance est un régal à lire et une « anecdote » impitoyable), le chien et sa mélancolie portugaise (saudade) qui n'est que celle des êtres qui l'entourent et particulièrement celle du narrateur.

Tant et tant de moments, de petites phrases, de cheminements dans les rues, des chambres, des maisons, tout porte un ennui inexplicable, un trouble infini, une recherche inaccomplie ou contournée.

Le héros de l'histoire est retourné dans ce passé où les visages, les voix se sont évaporées peu à peu ne laissant qu'un semblant d'amertume de n'avoir pu saisir, de n'avoir pu comprendre, de n'avoir pu retenir.

Il nous transmet cette brume qui entoure le passage de certains êtres rencontrés, la marque qu'ils laissent, le mystère de certains, l'incommunicabilité, le regret, l'amour et le désespoir, la vie et la mort.







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J'avais lu ce livre il y a bien trente ans (je sais ça ne me rajeunit pas !), je ne me souvenais plus de l'intrigue mais encore de l'ambiance. J'ai décidé de le relire dans le cadre du challenge multi défis de Babelio pour l'item concernant un livre basé sur la mémoire. Ce thème est d'ailleurs récurrent dans l'oeuvre de Modiano.

Le narrateur revient douze ans plus tard, en hiver, dans une ville d'eau dans laquelle il a passé l'été 1963. La ville est un mélange d'Annecy et d'Evian, mais elle n'est pas nommée, toutefois les lecteurs qui connaissent ces deux villes les reconnaîtront facilement. Tout est désert et désolé, il voit de loin le docteur René Meinthe et c'est l'occasion de laisser libre cours à ses souvenirs et à sa nostalgie .

Durant l'été 1963, le narrateur a dix-huit ans, il a peur de la guerre d'Algérie et part se cacher dans cette ville située au bord du lac Léman (pas non nommé mais facile à reconnaître) car il pense qu'il lui sera facile de s'enfuir en Suisse si le besoin s'en fait ressentir. On ne connaît pas son vrai nom, mais cet été-là il choisit de s'appeler le comte Victor Chmara et se dit émigré russe. Il vit dans une modeste pension et évite de se faire remarquer, il se promène dans la ville et se sent séparé des autres jeunes qu'il observe de loin. Un jour il rencontre Yvonne dans le hall d'un hôtel luxueux, ils parlent, se promènent dans les jardins. le soir René Meinthe se joint à eux, il est un ami de longue date d'Yvonne. Il est homosexuel et se fait appeler la Reine Astrid. Yvonne et Victor ne tardent pas à s'installer ensemble au palace. La jeune fille a eu un petit rôle dans un film d'un réalisateur autrichien. Les trois amis passent un été de rêve, entre fêtes et évènements mondains, mais quand Victor croit à son rêve et veut lui donner corps, Yvonne refusera de s'engager. le rêve prend fin brutalement. Yvonne et René gardent leur mystère.

La nostalgie est partout dans ce livre magnifique. Des souvenirs imaginaires se mêlent aux vrais, alors qu'il se promène avec Yvonne à Evian, Victor rêve du Berlin d'avant-guerre qu'il ne peut avoir connu. Toute l'histoire est une sorte de rêve dans lequel les personnages se mentent à eux-mêmes et entre eux. Il s'écroulera quand Victor voudra lui donner une réalité et une durabilité. La langue est absolument magnifique et riche, les descriptions inattendues et originales. Même s'il ne se passe pas grand chose, l'univers de Modiano recèle une grande magie.
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Je viens d'acheter le magnifique volume sur Modiano de la collection Quatro de Gallimard. Dix romans, 1100 pages. Villa Triste est le premier roman du volume. Je l'ai terminé hier et je suis encore bouleversé. Je connaissais des romans plus tardifs de Modiano, mais dans Villa Triste on retrouve déjà le Modiano de toujours.
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Des personnages étranges, voire louches, aux desseins mystérieux pour le lecteur et peut-être aussi pour eux-mêmes; comme toujours chez Modiano l'abondance des noms de lieux et de personnages, au lieu de donner de la précision, souligne le flou général. Comme toujours aussi les personnages centraux, qui forment un trio, n'ont pas de destinée très claire, sauf pour l'un d'entre eux, dont on connaît le sort mais pas vraiment les raisons qui l'ont entraîné.

Ce roman a le charme des romans de Modiano, il esquisse une intrigue dont on n'a pas le dénouement, mais sans que cela entraîne aucune frustration, bien au contraire. La guerre d'Algérie supplante l'Occupation en arrière-plan (quoique la Seconde Guerre ne soit pas absente à travers le personnage du père du médecin), mais n'est pas moins oppressante.

Deux originalités pour moi (je précise que je n'ai pas encore lu tous les romans de l'auteur!):
- avec la scène du concours d'élégance on n'est pas loin de la satire sociale;
- la rencontre avec l'oncle d'Yvonne, à la fois banale et poignante, sonne particulièrement juste concernant un personnage loin des déclassés, des personnages interlopes et autres trafiquants de tous ordres qui hantent l'oeuvre modianesque.
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Excellent roman, dans la lignée des boulevards de ceinture dont il constitue vaguement la suite. le narrateur, toujours en fuite d'on ne sait trop quoi, retrouve des traces de son père évanescent dans une villégiature annécienne teintée de couleurs sépia. C'est toujours magnifiquement écrit, avec une incroyable simplicité de style qui produit de la beauté à chaque page. Nostalgie de ce qui a été et n'est plus, de la jeunesse enfuie, des virages que l'on n'a pas su prendre, tout cela n'a jamais été si finement et élégamment dépeint que chez Modiano. Un écrivain de chevet, vraiment.
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Mes quelques jours aux Tilleuls m'ont convaincue que plus rien ne sera jamais comme avant.
J'y ai fait la plus belle des rencontres !
Emerveillement incessant !
Ce livre ne me quittera plus.
Je m'y replongerai, c'est certain, seule ou à deux... :-)
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Villa triste/Patrick Modiano/Prix Nobel de littérature 2014
Ah ! Si le temps pouvait suspendre son vol !
Ce roman paru en 1975 a obtenu le Prix des Libraires 1976.
Un homme de trente ans se remémore ses dix-huit ans et les événements qui ont accompagné son errance fortunée le long des rives du lac d'Annecy dans le début des années 60.
Comte Victor Chmara et le nom qu'il s'était alors donné, lui qui se dit apatride et semble dissimuler bien des éléments de sa vie. Il fait la rencontre d'une jolie fille qui se dit actrice, Yvonne, et de son mentor, le Dr Meinthe.
Victor et Yvonne deviennent vite amants mais la suite ne va pas se dérouler comme Victor le voudrait.
Ce roman presqu'initiatique, offre une peinture saisissante d'une aristocratie surannée en villégiature sur les bords du lac. Une galerie de portraits étonnante.
Et tout ce petit monde excentrique au possible évolue dans une ambiance de mystère, de secret et de mensonge. Victor lui-même s'invente une vie et se montre attentif, prévenant, délicat et passionné pour séduire.
Cette ambiance se teinte aussi d'une certaine nostalgie pour décrire l'amitié, l'amour et la trahison tandis que l'on se promène avec Victor sur les bords du lac à la découverte de lieux mythiques.
L'écriture subtile et élégante de Patrick Modiano comme dans ses autres romans a vite fait de séduire même si ce n'est pas l'action qui vous tiendra en haleine. C'est plutôt un roman contemplatif et un retour vers le temps passé. C'est aussi le roman du non dit, ce qui jusqu'à la dernière ligne vous laisse supposer tout les possibles.
« Sa peau avait pris une teinte opaline. L'ombre d'une feuille venait tatouer son épaule. Parfois elle s'abattait sur son visage et l'on eût dit qu'elle portait un loup. L'ombre descendait et lui bâillonnait la bouche. »
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Rien que pour le titre ! "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" ... Quel trouveur de titre ce Modiano !
On oublie souvent qu'un bon roman commence aussi par un titre, qu'il s'agit parfois d'élucider ... « Souvenirs dormants » ...
Au fait, "La Ville dont le prince était un enfant" ... Il existe vraiment ce livre M. Modiano ?
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