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3,78

sur 461 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Merci Messieurs les jurés du Nobel de littérature d'avoir décerné le prix à l'un de nos plus grands écrivains, Patrick Modiano.
Grâce à vous je redécouvre une « vieille connaissance » qui m'enchante depuis une quarantaine d'année.
Quelle écriture sublime ! J'avais cependant une légère inquiétude en relisant « Villa triste », la magie Modiano allait-elle à nouveau opérer ?
J'ai retrouvé les mêmes émotions. Ces pages dégagent beaucoup de nostalgie à travers une histoire intemporelle, d'amitié, d'amour, de trahison.
« Villa triste » est aussi une magnifique promenade dans les rues et au bord du lac d'Annecy, même si le nom de la ville n'est jamais cité.
Beaucoup de non-dits dans ce texte, il y plane un léger mystère comme une brume qui se poserait sur le lac.
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Que faisais-je à dix-huit ans au bord de ce lac, dans une station thermale réputée? Rien.
de retour une dizaine d'années plus tard " Victor Chmara" comme il se faisait alors appelé arpente la ville d'A ( Annecy ?) Les souvenirs lui reviennent par bribes. Sa rencontre avec Yvonne Jacquet à l'hôtel de l'Hermitage, son ami et complice Meinthe médecin en Suisse. Victor a fui Paris la guerre d' Algérie (années 1960) est à la une et lui a peur.Il va donc passer avec ces 2 amis un été si je peux dire entre parenthèses essayant de se trouver de choisir un chemin une destination lui l'apatride .
Cela faisait longtemps que je n' avais pas ouvert un roman de Modiano et je me suis laissée surprendre par cette écriture intimiste où semble t' il ne se passe rien et pourtant ... Modiano incarne en partie cette littérature des années 1970 Villa triste est le premier titre choisi par Modiano pour le recueil de la collection Quarto de Gallimard , ouvrage qui réunit 8 de ses romans " épine dorsale des autres qui ne figurent pas dans ce volume "
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Patrick Modiano est probablement un observateur formidable car il utilise un magnifique style descriptif pour planter les décors et les personnages. Tout y passe: les vêtements, les sons, les parfums, les avenues, etc. Nous sommes avec le narrateur et nous "voyons" la scène. Les actions, de leur côtés, ne sont pas forcément très détaillées mais plutôt suggérées. Nous sommes pris dans cette bulle descriptive, douillettement emmitouflés dans ces mots remplis d'images. L'auteur joue également avec le temps, nous passons d'une époque à une autre en glissant sur des passerelles chronologiques, révélant une sorte de puzzle temporel qu'il nous plaît à reconstituer lentement. Pour finir, l'histoire, qui passe presque en second plan, a pour sujet un amour fugitif sur fond de conflit algérien, tout cela au bord du lac d'Annecy, sans jamais le citer. Très bon roman.
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Il y a une décennie, Victor Chmara avait dix-huit ans. Afin d'échapper à un vague danger le menaçant à Paris (où régnait alors une "ambiance policière déplaisante"), il séjourna dans une station thermale savoyarde. Il y fit la connaissance de la belle Yvonne Jacquet, actrice débutante avec qui il vécut durant quelques semaines une relation pseudo amoureuse. le couple, installé dans une chambre du luxueux hôtel l'Hermitage, y cohabitait avec le dogue allemand et dépressif d'Yvonne, et passa, le temps d'une saison, de nombreux moments en compagnie de Meinthe, ami de la jeune actrice, homme énigmatique aux tics étranges, exerçant la médecine en suisse.

De retour sur les lieux, il convoque ses souvenirs, y déambule. Sa mémoire n'est pas toujours fiable, et les fantasmes y tiennent sans doute une bonne place, mais peu importe : ce qu'il évoque est de toutes façons une réalité faite de faux-semblants. Ce qu'il sait des protagonistes de son histoire relève en effet autant de secrets et de mensonges que de faits avérés. le récit en acquiert une texture presque éthéré, les héros se dotant d'une dimension quasi fantomatique. le narrateur lui-même nous apprend ne pas s'appeler Victor Chmara ; il s'était inventé à l'intention d'Yvonne un titre de Comte russe, et un passé romanesque mettant en scène des ancêtres ayant fui la Révolution bolchévique. Nous ne saurons jamais qui il est réellement. Nous comprenons, par bribes, que c'est un individu sans réelle attache. Les seuls souvenirs personnels auxquels il fait brièvement allusion se rapportent à une enfance parisienne, et à des rendez-vous hâtifs que lui donnait son père dans les halls impersonnels d'hôtels divers.

Aussi, Victor -puisque c'est le seul prénom que nous lui connaissons- donne l'impression d'être sans consistance, d'être un spectateur de ce qu'il raconte, sans que cela amoindrisse le plaisir et l'intérêt que l'on prend à la lecture. Car tout tient dans la subtilité de l'ambiance créée par Patrick Modiano, dans ce mystère teinté de nostalgie qui vous charme subrepticement, dans cet esthétisme à l'élégance volontairement surfaite qui nimbe son récit d'un voile de décadence et de légère excentricité.

Vous lisez en prenant conscience de tenir là quelque chose de beau, la principale force de l'auteur résidant dans sa capacité à nous enchanter mine de rien, avec facilité et discrétion...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Le narrateur revient dans cette ville thermale de Haute Savoie dans laquelle il a passé l'été 12 ans plus tôt alors qu'il n'avait que 18 ans, et il se souvient.
C'était au début des années 60.
Mais du narrateur nous ne savons rien, si ce n'est qu'il avait 18 ans, qu'il se faisait appeler Victor Chmara qui n'est qu'un nom d'emprunt, et qu'il allait jusqu'à dire qu'il est le Comte Victor Chmara.
Par petites bribes, nous allons savoir qu'il se cache, mais que fuit-il au juste, pourquoi se cacher ainsi ?
Déjà autrefois son père se cachait, lui le juif apatride, terré dans Paris avec la hantise des allemands.
Et il y a à nouveau la guerre, mais cette fois en Algérie, et Victor a peur, peur que la police ne l'arrête et le livre à l'armée qui l'enverra se battre ce qu'il refuse totalement.
Il va donc élire domicile dans une pension de famille de cette petite ville pour y vivre le plus discrètement de possible.
Jusqu'au jour où il rencontrera Yvonne jeune starlette énigmatique accompagnée de son chien qui ne la quitte jamais.
Très vite Victor deviendra l'amant d'Yvonne et va partager avec elle la chambre d'hôtel qu'elle loue.
Mais autour d'Yvonne tourne tout un tas de personnages tous plus intrigants les uns que les autres, dont et surtout René Meinthe et ses activités plus que louches.
Au final, Victor comprendra qu'il ne connaitra jamais réellement ni Yvonne ni René, mais eux ne le connaitront jamais non plus, et il fuira de nouveau, mais pour aller où ?
Et 12 ans plus tard Victor reviendra, mais toute les traces de cet été là ont disparu et ceux qu'il avait rencontré alors ne sont plus là non plus.
Un roman dans lequel le lecteur navigue entre non-dits et demi révélations sur les personnages dont il devra se faire lui-même une idée, et dans lequel Victor oscille entre un passé qui le hante et un présent qui l'effraie et qui l'empêchent de réussir à entrevoir un avenir.
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Lire un roman de Modiano c'est entrer dans un autre monde. Une atmosphère mélancolique plane autour de soi telle une mâtinée brumeuse où l'on ne sait pas si l'on est éveillé ou si l'on ère dans un rêve.
La nostalgie s'empare de vous et vous vous égarez au fil des pages, voguant sur les mots distillés précautionneusement par l'auteur.
La lecture de ce roman a été un émouvant voyage.
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Que dire de ce roman où, très honnêtement, il ne se passe pas grand chose ? le narrateur, que l'on devine être un jeune oisif passablement mythomane, se met en couple avec une jeune "actrice", oisive elle aussi... Leur vie à l'hôtel, leur vie sociale avec le mystérieux Meinthe, l'ambiance des palaces et des villes touristiques. Ne rien faire, sortir, claquer son pognon, s'enivrer de rien...
Une ambiance comme Modiano sait en créer, quelque chose de très complet, un tableau impressionniste d'une époque et d'un mode de vie.
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Le narrateur a dix-huit ans en 1962. Il a fui Paris pour une ville proche de la Suisse, non désignée mais qui est semblable à Annecy, par peur de la conscription pour la guerre d'Algérie. Il rencontre une jeune femme éthérée, Yvonne, qui a joué dans un film et qui rêve mollement de devenir actrice. Souvent accompagnée de René Meinthe, un homosexuel provocateur et excentrique, elle se laisse entraîner dans des soirées louches et participe à un concours d'élégance qu'elle remporte. le narrateur, qui se fait désormais appeler Comte Chmara, partage la chambre d'hôtel d'Yvonne, qu'ils ne quittent qu'avec regret pour suivre Meinthe dans ses nuits parfois mystérieuses. Elle veut être actrice, Chmara, être écrivain. Il organise leur départ en Amérique sur les traces de Marylin Monroe et d'Arthur Miller
Dans ce livre qui est son quatrième roman, Patrick Modiano, se pose dans une ville moyenne de province, triste en hiver avec ses militaires qui transitent en gare et ses notables qui s'ennuient, de villégiature et plus animée en été avec ses soirées mondaines et ses touristes plus ou moins conventionnels.
Yvonne et Chmara sont pris de torpeur, en apesanteur. Quand Yvonne emmène Chmara chez son oncle, garagiste dans un faubourg de la ville, un calme les envahit : « Une nouvelle vie aurait pu commencer à partir de cette nuit-là. Nous n'aurions jamais dû nous séparer. Je me sentais si bien entre elle et lui, autour de la table de jardin dans ce grand hangar qu'on a certainement détruit depuis ».
Dans ce roman, plus que dans le suivant « Livret de famille », plus directement autobiographique et factuel, Patrick Modiano installe son style et sa magie qui s'épanouiront totalement à partir de « Rue des boutiques obscures ».
Ce livre, tout en atmosphère, donne envie de revoir Annecy, son lac, ses ombrages, ses avenues, si délicieusement décrits.
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Modiano, pour moi, c'était du passé : oubliée sa "Rue des boutiques obscures", déserté son "Café de la jeunesse perdue". Je ne pensais plus à le lire et, à vrai dire, aujourd'hui, j'en suis à me demander si je l'ai vraiment lu, le "Café..." D'ailleurs je ne lis pratiquement plus, occupé que je suis à la construction de mon magnum opus à moi.
Son prix Nobel de 2014 avait un instant remis le projecteur de mon attention sur cet auteur de mon âge, mais la banalité décevante de son discours de réception me l'avait fait vite oublier.
Un an auparavant, son éditeur, Gallimard, avait sorti un livre de 1088 pages, toutes signées Modiano. Il s'agit en fait de la republication de dix de ses romans.
J'ai de la chance, pour la fête des pères 2017, on me l'a offert. Alors, par politesse, j'ai lu le premier de ce volume, Villa triste.
Villa triste
(Gallimard, 130 pages, 1975, Prix des Libraires 1976. Impossible de vous donner le prix de vente, occulté par une pastille bleue, c'est un cadeau.)
Un garçon flou, incertain, dont on ne sait pas grand-chose sinon qu'il n'est pas ce qu'il prétend être, une grande et belle jeune femme molle, paresseuse, lascive, au passé mystérieux.
Un soi-disant médecin, probablement pervers, peut-être espion, peut-être ange gardien, une ville d'eau, brièvement réveillée pour la saison d'été, avec ses pianos de la plage, ses airs de rumba, ses concours d'élégance, ses oisifs, leurs automobiles, leurs femmes et leurs chiens, d'interminables après-midi, allongés n'importe où dans une chambre de palace, à regarder la lumière baisser, à faire l'amour, sans jamais le décrire ni même le dire, au son feutrés des balles de tennis, une atmosphère à la Souchon...
Un roman à lire l'été, mais pas un "roman de l'été" ; on en sort tout ensommeillé, comme après une longue sieste,
On dirait presque un premier roman, presque un chef d'oeuvre de débutant.


Lien : https://www.leblogdescouthei..
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N°1652- Juin 2022

Villa tristePatrick Modiano – Gallimard .

« Il faut boire jusqu'à l'ivresse, sa jeunesse » comme le chante Charles Aznavour . Victor Chmara a bien 18 ans, c'est un garçon modeste qui s'invente pour la circonstance un titre de comte mais traîne son ennui dans cet hôtel au bord du lac près de la Suisse. Il regarde les gens autour de lui comme s'il était au théâtre, ce vague docteur Meinthe qui se fait appeler « la reine Astrid, la reine des Belges » et qui ressemble à un vieil acteur, Yvonne Jacquet, une jeune et frivole actrice de cinéma avec qui il aura une brève relation amoureuse. Il fera un passage dans sa vie et on parle même de mariage à leur sujet. Sa jeunesse à lui est indolente et artificielle quand des jeunes comme lui se battent et meurent en Algérie et chacun se compose un personnage, avec des dialogues en sourdine, dans une sorte de lumière blafarde d'aquarium et une ambiance frivole de raout mondain. Tout commence entre eux comme une sorte de période d'observation dans un décor irréel, des non-dits, des silences et des parfums capiteux. Dans cet univers tout est mélancolique, le décor du lac avec son bateau, un vieux rafiot qui en fait le tour, le funiculaire, une vieille Dodge et même le chien d'Yvonne. le temps passe les masques tombent, les projets qui ressemblaient à des châteaux en Espagne s'évanouissent et le quotidien reprend le dessus, c'est à dire, toutes égales par ailleurs, l'ordinaire de la vie. de tout cela je retiens une grande superficialité, une solitude pesante des personnages et je ne suis pas sûr que Victor ait été enivré par sa jeunesse.
Quand je lis un roman de Modiano, c'est à chaque fois la même chose, j'ai l'impression d'être dans une autre dimension, dans un autre monde et j'aime bien.
L'auteur, comme il en a l'habitude, explore le passé, un passé vieux de 12 années. Nous sommes dans les années 60 et c'est une page qui se tourne, avec ses projets avortés, ses trahisons , cette fuite pour échapper au quotidien et sûrement à la guerre...
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