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EAN : 9782070128471
176 pages
Gallimard (04/03/2010)
3.68/5   301 notes
Résumé :
« Il suivait la Dieffenbachstrasse. Une averse tombait, une averse d’été dont la violence s’atténuait à mesure qu’il marchait en s’abritant sous les arbres. Longtemps, il avait pensé que Margaret était morte. Il n’y a pas de raison, non, il n’y a pas de raison. Même l’année de nos naissances à tous les deux, quand cette ville, vue du ciel, n’était plus qu’un amas de décombres, des lilas fleurissaient parmi les ruines, au fond des jardins. »

Patrick Mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 301 notes
Il semblerait que je n'aie pas choisis exactement le bon bouquin pour découvrir (honteusement tardivement!) Patrick Modiano, puisque L'horizon (2010) afficherait un tournant dans son oeuvre. Qu'à cela ne tienne, je suis prévenue et je verrai bien ce qu'il en est avec des romans plus anciens.

En tout cas, je n'ai pas très envie de résumer la trame de L'horizon. Il suffit de savoir que le narrateur, Jean Bosmans, âgé d'une soixantaine d'années, cherche à retrouver des souvenirs de ses vingts ans qui lui semblent s'être enfuis, et qui sont liés à une histoire d'amour écourtée avec une jeune femme, Margaret le Coz. Il cherchera à démêler les fils de sa mémoire, à faire défiler et à réorganiser ses souvenirs chaotiques et lacunaires, à remettre un nom sur une personne, un lieu, un événement.

Trois parties peuvent à peu près se distinguer, l'une concernant Bosmans reconstituant l'histoire de sa jeunesse, l'autre lui répondant et s'attachant à une petite partie de la vie de Margaret, la troisième revenant au Bosmans de soixante ans. de l'une à l'autre, les motifs se répondent : le mystère qui entoure personnages et les événements, la sensation d'avoir toujours voyagé dans des "trains de nuit", le sentiment d'instabilité, de fragilité des personnages, les ombres, les fantômes, les menaces dont ils se sentent constamment entourés... le temps est malléable, fragile comme eux, inconstant, fuyant. Mais leur reste l'espoir d'un horizon (ceci constituerait donc le point de rupture chez Modiano, ce qui me reste à découvrir).

C'est d'une plume subtile sur Modiano aborde tous ces thèmes ; peut-être m'attendais-je à ce qu'il aille un tout petit peu plus loin ? Je ne sais déjà plus très bien.
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Une lecture qui nous fait tournebouler la tête, c'est comme si nous étions sur un manège et qu'on voit défiler le passé, le présent, Paris, la Suisse, les rues de Paris d 'antan et les nouvelles. C'est étrange et peu déranger les lecteurs, mais il faut se mettre en condition il me semble pour apprécier ce genre de lecture. Je retiens ce passage : "Des souvenirs en forme de nuages flottants. Ils glissaient les uns après les autres quand Bosmans était allongé sur son divan, au début d'après-midi, un divan qui lui faisait penser à celui jadis, du bureau de Lucien Hornbacher. Il fixait le plafond, comme s'il était étendu sur l'herbe d'une prairie et qu'il regardait s'enfuir les nuages."
Voilà ce livre me fait cet effet, se laisser porter par la valse des nuages dans le ciel, allongée dans l'herbe, insouciante , s'amuser à deviner ces drôles de forme que peuvent nous offrir les nuages emportés par le vent, par le temps qui file, doucement vers un lendemain. Peut-on les retenir ? Non ! Peut-on revenir en arrière ? Non ! Alors on essaie tant bien que mal de se souvenir du passé, mais est-il fidèle à notre mémoire ? Une fois encore Non ! On dessine les ébauches de souvenir ici et là qui traînent dans notre cerveau, au mieux on fait comme Jean, on les note et on tente de les affiner, les ajuster.
Voilà c'est l'histoire d'un horizon qui se dessine plus ou moins juste, cette ligne incertaine entre présent et passé. L'horizon, ce mot étrange, était vraiment concret cet horizon ? J'en doute, il est là certes, mais où exactement entre deux plans qui s'éloignent toujours sans qu'on parvienne jamais à les atteindre.

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On a souvent présenté Modiano comme un romancier de l'espace : l'espace parisien dont il connait chaque rue, dont il collectionne les annuaires téléphoniques et les plans de métro pour en fixer la topographie
Après "La place de l'étoile", "Les boulevards de ceinture" et "Rue des boutiques obscures", le titre de son dernier roman file encore la métaphore géographique
Mais l'Horizon désigne aussi l'avenir. En vérité Modiano est autant sinon plus un romancier du temps que de l'espace. Ce n'est pas Paris qui l'intéresse, mais le temps qui passe dont Paris garde ou non la trace. Aussi arpente-t-il avec la même gourmandise ces rues parisiennes qui n'ont pas changé (la place d'Auteuil) ou celles qui ont surgi de terre (les quais de Seine à Bercy). Et il imagine, comme dans un livre de science-fiction, que des couloirs du temps nous permettent de circuler d'une époque à une autre
Son dernier livre multiplie les déplacements, à Paris et hors de Paris (Annecy, Lausanne, Berlin ...). Mais plus encore il multiplie les sauts dans le temps au point d'en donner le tournis. le lecteur sait toujours où il est mais ne sait plus très bien à quelle époque il est.
La voilà, la petite musique de Modiano : dans la lutte contre l'impermanence des choses. Si tout passe, si tout est voué à un irrémédiable oubli, le rôle du romancier est de collecter ces traces périssables "du plus loin de l'oubli".
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Jean Bosman rencontre Margaret le Coz dans le métro. La jeune femme est inquiète et dit craindre d'être retrouvée par un certain Boyaval. de son côté, Bosman garde un souvenir douloureux de l'emprise avare d'une femme aux cheveux rouges et d'un prêtre défroqué. Au gré des petits boulots qu'il décroche, le couple semble fuir une menace insidieuse tapie dans la ville. Fuyant un passé et tentant de se projeter vers un horizon plus clément, Bosman et Margaret forment un couple vain et sans force : chacun s'accroche à l'autre, croyant trouver une amarre dans un monde incertain

Dans ce roman de Patrick Modiano, Paris semble sourdement dangereuse et peu commode. La capitale est à la fois un ogre et un labyrinthe. « Paris est grand. Impossible de retrouver quelqu'un dans la cohue des heures des pointes. » (p. 34) J'avoue ne pas avoir vraiment compris ce texte. Je me suis perdue dans les errances entre passé et présent des personnages. Contrairement à Bosman qui se retrouve sans problème dans la capitale, je me suis aussi perdue dans la géographie parisienne dessinée par l'auteur. « Il n'oubliait jamais le nom des rues et les numéros des immeubles. C'est sa manière à lui de lutter contre l'indifférence et l'anonymat des grandes villes, et peut-être aussi contre les incertitudes de la vie. » (p. 25)

Le style de Modiano est superbe, mais cela n'a pas suffi à m'accrocher. J'ai fini le roman par curiosité, mais je suis bien incapable d'en dire davantage. Un grand merci à Yviliou qui m'a offert ce roman lors du pique-nique Babelio. Dommage pour moi que ce livre ne m'ait pas plu.

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Lire un roman de Patrick Modiano, c'est comme s'installer dans un bon vieux fauteuil à l'écart de tous les tracas de la vie quotidienne ou reprendre entre amis une discussion jamais terminée: on sait qu'on va passer un bon moment, sans grande surprise, mais jamais monotone. L'Horizon ne déroge pas à la règle:, on retrouve un univers familier: Paris des années 1970, une mélancolie agrémentée de nostalgie, une lutte perpétuelle contre le temps et l'oubli, une certaine fascination pour ce qui aurait pu advenir et ne s'est pas réalisé. Avec tous ces ingrédients habituels qui feraient reconnaître Modiano entre tous les écrivains, l'auteur parvient quand même à nous intéresser et parfois à nous surprendre à l'intérieur de ce cadre psychologique quasi immuable, cette voix littéraire.
Bosmans, le personnage principal essaie de faire revivre son amie de jeunesse Margaret le Coz grâce à des souvenirs à la fois désordonnés, décousus, imprécis, ce qui crée un tissu narratif volontairement très fragile, toujours au bord de la rupture. Bosmans apparaît autant qu'on puisse en juger comme une sorte de velléitaire, maladroit et vaguement désespéré, peut-être à l'image du narrateur sans que l'on puisse parler de roman autobiographique.
Par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de Modiano, l'originalité de L'Horizon provient de la fin du roman où l'on peut peut-être percevoir une sorte d'espoir ou plutôt de chemin vers un espoir possible. L'auteur nous laisse le soin de répondre à la question: Bosmans va-t-il rester le velléitaire qu'il fut pendant toute sa vie?
On aurait presque envie de se poser une autre question: Modiano, dans ses romans, n'est-il pas un reflet de notre civilisation occidentale, très vieille dans sa culture et dans sa tête et qui n'arrive plus tellement à se projeter dans un futur même proche et préfère souvent se contempler dans le miroir des vestiges superbes, mais en ruines, du passé? Modiano semble davantage à l'image du déclin omniprésent dans ses livres plutôt que de jouer le rôle d'éveilleur d'une société repue et satisfaite.
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critiques presse (3)
Actualitte
20 décembre 2011
Une intrigue épurée, évasive, si ténue mais qui envoûte ; toute en retenue, qui ne dit pas tout mais dont la fin, à Berlin est comme libératrice d'un souffle longtemps comprimé. [...]
Une écriture appliquée et heureuse, où l'auteur exprime avec précision et justesse, toute l'incertitude et le flou, l'indiscernable, pourtant proches de l'indicible. Le talent, sans doute.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
25 novembre 2011
Nous voilà embarqué dans une histoire avec ce narrateur hésitant, à la mémoire à la fois précise et trouble. Mais c'est fantastique, c'est Modiano. Il pourrait écrire un annuaire, il nous séduirait quand même.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
23 novembre 2011
L'Horizon est un très beau roman de Patrick Modiano, une enquête subtile qui flotte entre passé et présent, Paris et Berlin, la jeunesse et la soixantaine. Sans mélancolie pourtant, car il n'est pas question de repli sur soi mais de carrefour et d'avenir.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
" Le présent est toujours plein d'incertitudes, hein ? Vous vous demandez avec angoisse ce que va être le futur, hein ? Et puis le temps passe et ce futur devient du passé, hein ? "
page 53.
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« Il n’oubliait jamais le nom des rues et les numéros des immeubles. C’est sa manière à lui de lutter contre l’indifférence et l’anonymat des grandes villes, et peut-être aussi contre les incertitudes de la vie. » (p. 25)
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Bien des années plus tard, il s'était retrouvé par hasard dans cette rue Bleue, et une pensée l'avait cloué au sol : Est-on vraiment sûr que les paroles que deux personnes ont échangées lors de leur première rencontre se soient dispensées dans le néant, comme si elles n'avaient jamais été prononcées ? Et ces murmures de voix, ces conversations au téléphone depuis une centaine d'années ? Ces milliers de mots chuchotés à l'oreille ? Tous ces lambeaux de phrases de si peu d'importance qu'ils sont condamnés à l'oubli ?
[...]
Et si toutes ces paroles restaient en suspens dans l'air jusqu'à la fin des temps et qu'il suffisait d'un peu de silence et d'attention pour en capter les échos.
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Bien des années plus tard, il s'était retrouvé par hasard dans cette rue Bleue, et une pensée l'avait cloué au sol : est-on vraiment sûr que les paroles que deux personnes ont échangées lors de leur première rencontre se soient dissipées dans le néant, comme si elles n'avaient jamais été prononcées ? Et ces murmures de voix, ces conversations au téléphone depuis une centaine d'années ? Ces milliers de mots chuchotés à l'oreille ? Tous ces lambeaux de phrases de si peu d'importance qu'ils sont condamnés à l'oubli ?
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«Depuis quelque temps Bosmans pensait à certains épisodes de sa jeunesse, des épisodes sans suite, coupés net, des visages sans nom, des rencontres fugitives. Tout cela appartenait à un passé lointain, mais comme ces courtes séquences n’étaient pas liées au reste de sa vie, elles demeuraient en suspens, dans un présent éternel. Il ne cesserait de se poser des questions là-dessus, et il n’aurait jamais de réponse.»
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Videos de Patrick Modiano (89) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Modiano
Avec son dernier roman "La Danseuse", Patrick Modiano parvient-il à nous emporter ? Et que penser de "L'Hôtel des oiseaux" de Joyce Maynard, autrice abonnée aux best-sellers du New York Times, et dont le roman se retrouve au coeur de polémiques sur l'appropriation culturelle aux Etats-Unis ?
Géraldine Mosna-Savpye et Nicolas Herbeaux en parlent avec nos critiques, Elise Lépine, journaliste littéraire au Point, et Virginie Bloch-Lainé, productrice à France Culture.
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Vignette : Maryna Terletska/Getty Images _____________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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