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EAN : 9782373440737
176 pages
Lemieux Editeur (23/08/2016)
3.53/5   35 notes
Résumé :
Carnavet, début des années 1980.
Gabrielle Clair, à peine entrée dans l’adolescence, est violée par un élève de son collège. Dès lors, elle se forge un masque de fer pour transcender ce drame, et se jure de quitter cette province devenue trop étouffante.

Paris, fin des années 2000.
Gabrielle Clair, ministre, mène sa carrière avec talent. Brillante, elle passe sous les fourches caudines du pouvoir, affrontant la ­condescendance et le mac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un premier roman détonnant qui m'a agréablement sortie de mon petit ronron de rentrée. Un livre féministe (mais drôle), mené tambour battant (mais pas bâclé), un propos fort (mais pas ennuyeux), un point de vue affirmé qui porte et fait mouche. Surprenant dans le bon sens du terme et totalement inattendu puisque ignoré des médias jusqu'à présent... Heureusement, les 68 premières fois veillent ! Et vous conseillent vivement d'embarquer avec Gabrielle Clair.

Gabrielle Clair est Ministre du Travail, une jeune ministre - à peine quarante ans - à la carrière fulgurante. Belle et brillante. Gabrielle Clair a tout compris de cette société de l'image et de la représentation de soi et sait parfaitement en tirer profit, utiliser l'ombre et la lumière à son avantage. Ce n'est pas du cynisme, juste de la lucidité et beaucoup de talent. Gabrielle Clair est une battante. Mais sous cette façade d'executive woman sûre d'elle et de son pouvoir, elle cache une faille, un drame à l'origine de la farouche volonté de réussite qui l'habite.

Gabrielle Clair a été violée. Elle n'avait que onze ans et a dû affronter seule le tourbillon de sensations et de sentiments qui l'a envahi. Des parents peu présents et surtout préoccupés d'eux-mêmes, Gabrielle s'est forgée une carapace de dureté sous les apparences les plus affables. Elle s'est juré de ne plus jamais être dominée. Au prix d'une immense solitude, nécessaire pour atteindre son objectif, devenir importante, laisser une trace. le jour où son chemin croise par le plus grand des hasards celui de son violeur, trente ans après les faits, Gabrielle est bien décidée à reprendre la main.

Virginie Martin est politologue, le milieu qu'elle décrit a donc des accents plus que réalistes et l'on s'amuse parfois à retrouver les modèles dont elle a pu s'inspirer. On suit le parcours de Gabrielle entre présent et passé, par de courts chapitres en alternance qui permettent de mieux comprendre les sentiments qui l'animent et la façon dont elle a construit son personnage. On se délecte de sa vision de la vie politique entre interviews télé parfaitement maîtrisées, gestion des réseaux sociaux et visites sur le terrain, tout ceci sur fond de machisme infernal. Si Gabrielle a une revanche à prendre sur les hommes, elle a bien choisi son milieu !

L'écriture est cash, rapide comme le rythme trépidant des journées de Madame la Ministre. Une plongée sans fard dans les méandres des réalités du terrain politique et médiatique, par la voix d'une héroïne sans foi ni loi. On devrait s'offusquer des méthodes employées et en fait, Gabrielle, on l'adore d'écrire tout haut ce que l'on devine tout bas. Les coups bas, la maîtrise des médias, la domination masculine... On fait fi de la morale et de la bienséance... Toutes derrière Gabrielle !

Franchement, ça fait du bien cette approche directe qui ne se cache pas derrière son petit doigt. J'adore !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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"Le jeu du pouvoir n'est pas du tout un jeu, c 'est une guerre. Moi, ma guerre à moi, elle est ailleurs, elle est juste entre moi et moi. "

Le sujet de cet opus ne pouvait que m'intéresser: la politique, et plus particulièrement le sexisme dans celle-ci. Comme vous pouvez le voir dès cette première citation, le ton est direct, les mots sont durs, les phrases sont tranchantes. C'est même violent. On prend d'emblée une énorme claque en pleine face en lisant les premiers mots et les premières lignes de cet ouvrage.

Gabrielle, l'héroïne a été violée durant son adolescence et à partir de là, est rentrée "en résistance". Elle souffre et cette souffrance est parfaitement décrite dans tout ce qui suit.

"Et puis, tard dans la nuit, j'ai bossé une dissert de philo. Une fois terminée, elle faisait, comme on disait, cinq feuilles doubles: ce n'est pas au poids Gabrielle! m'avait dit mon prof. Pour moi, bien sûr que c'était au poids, il fallait bien que je remplisse cette solitude. "

Devenue Ministre de la République, elle tient sa revanche. Finie l'innocence de l'adolescence, bonjour la carapace d'une femme blessée qui sait se protéger et se faire respecter "autant que faire se peut". Gabrielle a su se construire tant bien que mal, use et abuse de l'attaque pour se défendre, ne se laisse plus marcher sur les pieds tout en affichant clairement son ambition. C'est là aussi sa vengeance... Je vous laisse découvrir.

"Les questions fusent, je suis bonne dans l'adversité. J'excelle et je le sais. Je ne le montre pas trop, histoire de ne pas agacer. Mais j'excelle. Je le sais".

Ironie de l'histoire, elle est ministre du travail (un clin d'oeil à l'actualité?) et elle aura pour chauffeur son propre violeur...

"Plus tard, je rejoins Patrick. Ce chauffeur-violeur-de-petite-fille. Je sais que j'ai réussi mes combats en partie grâce à des monstres comme lui. C'est toute l'ironie de l'histoire. Moi, je suis en train d'y rentrer dans L Histoire".

C'est bien écrit, c'est rythmé, haletant, intense à l'instar des journées d'une Ministre. C'est captivant: la place de la femme dans le monde politique est si bien narrée. On prend parfois fait et cause pour elle face aux situations qu'elle subit et aux difficultés qu'elle traverse, parfois non (difficile souvent de rentrer en empathie avec l'héroïne, j'y reviendrai par la suite).

"On l'a sillonnée cette France des campagnes, des espaces verts et des vaches. On les a vus ces gens chauffés à blanc essayant de trouver un peu d'espoir dans nos mots. Un meeting politique, c'est un comme un match OM-PSG: de l'émotion pure, de la ferveur, de la sueur, des muscles fatigués, des cordes vocales abîmées.Pour nous, c'est tous les soirs un nouveau match. Un match qu'il faut absolument remporter."

C'est en résumé un récit sans concession où passé et présent alternent dans de courts chapitres.

Mais voila... était-ce vraiment comme cela qu'il fallait s'y prendre pour donner du crédit au fond? Etait-ce la forme appropriée ?

Pour certains, la réponse est clairement oui car justement en étant crue, dure, violente, cynique, provocante voire souvent vulgaire, l'auteure exprime la rudesse et la dureté du monde machiste politique. Est-ce pour autant réaliste? Certainement en partie car on s'aperçoit très rapidement que Virginie Martin sait de quoi elle parle. Elle semble même très bien renseignée.

"Je me souviendrai longtemps de cette formule qui m'avait impressionnée à l'ENA, une façon de dire les choses qui vous propulsait parmi les puissants: Autant que faire se peut. C'était LE sésame. J'étais béate d'admiration"

Pour ma part, la réponse est clairement non: la forme adoptée dessert clairement le fond. Elle laissera sur le bord du chemin quantité de lecteurs qui n'approuveront pas. Elle ne permet pas d'aborder les sujets profondément, ce qui est dommage. le sujet n'est pas novateur, son traitement avec cette forme apparaît du coup fade, voire parfois banal. Cela manque pour moi de finesse et de subtilité... et m'a souvent laissé indifférent à ma grande surprise et à mon grand malheur...

"Je n'ai rien gardé de mes vies passées, quasiment rien. de toute façon, ici, dans ce bel appartement, je ne suis même pas chez moi. Un remaniement, et hop, je me retrouve dans un mini trois-pièces dans l'est parisien. Ancienne ministre, c'est un peu comme ancienne miss, ancien footballeur... Faut vraiment savoir se recaser"

Que conclure? Vous l'avez deviné mon sentiment est mitigé. Je suis clairement déçu par cet ouvrage même si je lui reconnais de beaux atouts et qu'il se lit vite. Je ne l'ai pas lâché je le reconnais.

Cela reste un premier roman, c'est donc prometteur mais perfectible. Bien mais peut mieux faire en somme! Cela reste une belle claque qui malheureusement un mois après ne laisse que peu de traces... Il attisera en tout cas discussions et polémiques j'en suis certain.

Je suivrai cette auteure qui a du potentiel. Et vous recommande la lecture de cet ouvrage si vous aimez les approches directes, le parler cru et le monde de la politique.

3/5


Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Gabrielle Clair commence sa vie de jeune femme en étant victime d'un acte violent inqualifiable et terrible, de ceux qui laissent des traces toute une vie. Car Gabrielle Clair, à 11ans, est violée par un voyou de son collège du Vaucluse.
Pourtant, malgré ce traumatisme, malgré des parents absents et égoïstes, Gabrielle va réussir ses études, découvrir Paris, La Sorbonne et Oxford, Science-Po puis l'ENA, pour embrasser une brillante carrière de ministre. Mais être ministre et crédible, quand on est une femme belle, talentueuse et brillante, c'est apparemment plus difficile que pour un homme.
Les collègues, la presse et les médias, la foule et les citoyens ont peu de respect ou de mansuétude pour une femme qui réussit. Elle a couché ? Elle est pistonnée ? Elle va échouer ? Elle n'a pas une vie normale ? Où sont mari et enfants ? Et Gabrielle se demande alors où sont les sympathies, les soutiens, les amis, où sont au contraire les pièges, les accommodements qu'il lui faudrait accepter, les compromissions, les coudes dont il faut jouer pour enfin atteindre le pouvoir. Jusqu'au jour où le hasard vient mettre sur sa route le beau Patrick, le violeur de petites filles…
Avec un langage parfois très cru (et le lecteur de s'interroger parfois sur le caractère indispensable des détails quand on veut décrire un viol…), Virginie Martin aborde avec réalisme et sans complaisance les violences faites aux femmes, qu'elles soient physiques, lorsqu'elle aborde le viol, ou psychologiques, la place qu'il faut arriver à se faire dans la société, la façon dont on se maintient face aux attaques. On imagine bien les souffrances et la difficulté d'exister dans un monde davantage fait pour les hommes, quoi qu'on en dise. En alternant de courts chapitres, qui présentent une Gabrielle enfant, adolescente, puis ministre, on comprend le cheminement, le travail sur soi, que doit faire une femme pour exister.
Voilà donc un roman qui parle souffrance, violence faites aux femmes mais aussi résilience, réussite, et place des femmes dans la société. Et quand on sait que l'auteur est connue tant pour ses travaux sur le féminisme que pour ses analyses de politologue, on comprend aisément que cette expérience apporte une crédibilité à l'étude psychologique de son personnage.
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Gabrielle Claire : une héroïne en devenir.



"Garde-corps" est enfin en vente, et vous pouvez donc très vite découvrir le premier roman de Virginie Martin.
On n'entre pas dans les belles-lettres comme on entre à Sciences-Po ; le sésame n'est pas le même, mais cette politologue reconnue a réussi à trouver la formule secrète pour se faire ouvrir les portes de la caverne magique qu'est la littérature.
Grâce à une structure narrative où se relaient, comme dans "un 4 X 100 ", présent, passé (toujours présent) , grâce à un style vif, rapide et précis, on suit, le souffle court, la course effrénée de Gabrielle Claire pour échapper à un passé obsédant, et satisfaire une ambition, dont la finalité raisonnable ne semble être que celle d'épaissir encore et toujours un CV déjà bien fourni, pour que s'étoffe dans le même temps une épitaphe que l'héroïne veut signer du sceau de la réussite, réussite d'un cursus exemplaire, et réussite d'un parcours (pour reprendre la métaphore sportive) de gagnante.
Car Gabrielle Claire, Rastignac au féminin (souhaitons-lui d'aussi nombreuses aventures que le héros De Balzac) ne peut et ne veut se satisfaire, comme l'ermite de la légende, "de ne laisser après sa mort que les traces de ses pas sur le chemin... "
de nombreux thèmes jalonnent ce récit haletant : l'enfance, l'éducation, la politique, l'argent, le sexe, l'ambition, le féminisme, le pouvoir... thèmes que Virginie Martin propose ou suggère à travers le personnage de Gabrielle Claire, dont beaucoup se demanderont ce que sont ses liens de parenté (littéraires ?) avec l'auteure.
Mais il s'agit là d'un classique, d'une vieille lune que notre regard de lecteur/voyeur ne manquera pas de transformer en projection, en fantasme, que ne peut qu'inévitablement véhiculer une aussi belle femme qu'est cette écrivaine politologue, dont le talent et la beauté étaient d'évidence un cocktail prêt à exploser.
"Garde-corps", une boisson stimulante dont je recommande une consommation immodérée.

PPeronne
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"Garde-corps, premier roman de Virginie Martin. Voilà un livre que j'aurais bien refermé, la première phrase terminée. J'ai pourtant lu la suite, par devoir, le visage à moitié caché derrière mes doigts et ce fut terrible. Ce premier chapitre est abominable, abominable parce qu'à l'encontre de ce que je recherche dans la lecture : la beauté, le rêve, une imagination à développer. Là, rien de tout cela, juste la réalité, l'horreur, la laideur, la crudité, la cruauté.
Je ne dévoilerai rien du récit, puisque c'est le début, en disant que nous assistons à une scène de viol, celui de Gabrielle, 11 ans, par un élève plus grand de son collège et rien ne nous est épargné. Sans doute Virginie Martin a-t-elle voulu frapper un grand coup. Puis les chapitres, courts, s'enchainent alternant présent et passé. Gabrielle est devenue Ministre, elle est riche, belle, compétente… et sa vie se déroule à grande vitesse, traduite par une écriture sèche, rapide mais trop simple à mon goût
Le sujet traité est des plus douloureux et pourtant, je n'ai pas réussi à adhérer, je n'ai pas réussi à entrer en empathie avec Gabrielle, je n'ai pas réussi à ressentir sa peur, sa solitude. Seul son désir de vengeance m'est apparu, son désir de sortir de la médiocrité pour effacer ce crime honteux, son désir de dompter les hommes, de les faire payer.
Je regrette infiniment qu'un thème aussi grave n'ait pu me toucher. Car il s'agit bien de cela, j'ai lu ce roman de l'extérieur et seul un chapitre m'a sortie de ma léthargie. J'ai eu l'impression de pénétrer enfin la détresse de cette femme, sa fragilité, son besoin de reconstruction. Dans ce passage relatif à son grand oral de l'ENA, j'ai senti toutes ses peurs, ses angoisses, son besoin irrépressible de réussir pour effacer les traces du passé. Ce sphinx qui surgissait alors qu'elle était sur le point de réussir, le courage dont elle a dû faire preuve pour surmonter ce moment de doute était d'une force inouïe. Mais un chapitre… ce fut trop peu.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Un livre qui nous plonge tout droit dans les coulisses de l'univers politique et de celui des médias ; ce sont les parties qui ont ma préférence. Un patte indéniablement féministe pour cette analyste que je ne connaissais que via des émissions comme C dans l'air. Un changement d'angle bigrement réussi, qui se dévore. Extrait : "Autant que faire se peut" est une expression de la France d'en haut comme ils disent, difficile à caser et surtout, impossible à écrire. Tout est là tout est exactement là, dans l'impossibilité d'écrire ce que l'on en entendu. Autant que faire ce peu, Au temps que faire se peut..... p44
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Mon école se fissure de l'intérieur. La traversée de la cour semble durer des heures...disparaître, me cacher, m'envoler, m'éclipser, retrouver mon école et l'odeur des devoirs à la maison, danser sur les lignes des romans que je dévore et rêver à une vie à moi. Les fissures sont insupportables, mon petit univers d'enfant m'échappe, je ne pleure pas, je suis un peu ailleurs.
Seul le bunker version toilettes semble résister. Je me réfugie dans cette pissotière sans âme nichée au fond de la cour : du béton grisâtre, des portes sommaires, des odeurs souvent intenables. Me réfugier dans ces toilettes, là où j'ai tiré une fois sur une cigarette, une menthol qui m'a fait sacrément tousser, là où les grands crament un paquet par jour en essayant de dissiper la fumée.
Il est 7h56 et je rentre enfin dans un endroit sans regard, sans ces yeux sur moi. Il est 7h56 et mon école s'est soudainement résumée à ces chiottes douteuses. Il est 7h56 et sur le mur du fond, inscrit au marqueur noir, je lis : "Gabrielle la pute".
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Les questions fusent, je suis bonne dans l’adversité. J’excelle et je le sais. Je ne le montre pas trop, histoire de ne pas agacer. Mais j’excelle. Je le sais.

Mon grand oral de ministre du Travail passé, je rejoins le monde plat des mortels. Je vais m’asseoir sagement sur un des fauteuils rouges dans les premiers rangs de l’Assemblée. Je quitte la lumière.

Plus tard, je rejoins Patrick. Ce chauffeur-violeur-de-petite-fille. Je sais que j’ai réussi mes combats en partie grâce à des monstres comme lui. C’est toute l’ironie de l’histoire. Moi, je suis en train d’y rentrer dans l’Histoire.
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Le jeu du pouvoir n'est pas du tout un jeu, c'est une guerre. Moi, ma guerre à moi, elle est ailleurs, elle est juste entre moi et moi.
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Un remaniement et je me retrouve dans un mini trois-pièces de l'est parisien. Ancienne ministre, c'est un peu comme ancienne miss, ancien footballeur... Faut vraiment savoir se recaser.
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