Fan de dystopie, c'est avec impatience et curiosité que je me suis procurée
Obsolète aux quais du polar cette année. Je ne connaissais pas la lumineuse autrice
Sophie Loubière, qui m'a gentiment dédicacé mon ouvrage, et cette courte rencontre m'a immédiatement fait regretter d'avoir manqué sa conférence sur le roman noir d'anticipation. C'est disponible en replay ici (et avec la participation de
Peter May) : https://www.sondekla.com/pro/event/14436
A la lecture de sa biographie, je m'aperçois que son premier roman est sorti dans la collection « le poulpe », référence incontestable du roman policier et présage d'une bonne lecture à venir.
Le livre en lui-même est très attrayant avec une magnifique couverture offrant de bon contraste dans les tonalités du orange et vert d'eau et le portrait vintage d'une femme sortie tout droit des années 20 avec ses cheveux crantés ou alors une pin-up américaine des années 40 avec ses grandes lunettes de soleil.
La lecture s'accompagne agréablement d'une importante playlist comportant des musiques instrumentales de film, blues, flamenco ou chanteuse américaine des années 40 comme Jo Stafford.
L'univers du roman est très fort et décrit admirablement un futur en 2224, mais quel aperçu nous donne-t-il exactement ?
C'est un conte écologique, après « le Grand effondrement » et les catastrophes naturelles qui en ont découlés les habitants oeuvrent désormais pour la survie de l'espèce et de la planète. La consommation est local et raisonnée, les architectures des habitations végétalisées sont imaginées pour préserver de la chaleur, l'énergie est solaire, les repas sont constitués d'algues, de légumes cultivés sur place et l'apport en protéine assuré par la dégustation d'insectes.
Malgré cette avancée environnementale, les personnages sont soumis à un État totalitaire. Surveillés constamment par des drones et l'IA Maya, porteurs d'un bracelet modérateur d'humeur contrôlant les émotions de chacun… Enfin, sous couvert de préserver l'espèce humaine et notamment de favoriser les naissances d'hommes en sous nombre (les perturbateurs endocriniens ayant engendrés une féminisation des foetus), l'obligation pour les femmes de quitter leur famille à l'âge de 50 ans afin que leurs maris puissent épouser une nouvelle femme, plus jeune et encore fertile.
Un engagement féministe de l'autrice se dévoile, les femmes sont-elles inutiles après la ménopause ? Dans le monde de 2224, leur futur se résume à partir un jour pour le Grand Recyclage, un lieu de rêve promis par la gouvernance. L'énigme est totale, que se passe-t-il réellement après ce départ forcé ?
Les titres évocateurs des différentes parties tendent à faire penser que le traitement des femmes est le même que celui des objets (conditionner, retirer, collecter…) Nous découvrirons la vérité au côté de Rachel dans des chapitres en italique numérotés. Son récit est entrecoupé de chapitres non numérotés qui raconte la vie de ceux qui restent, secoués par l'absence de leur fille, femme, mère ainsi que la découverte de trois cadavres.
J'ai passé un excellent moment avec
Obsolète, le suspense est présent jusqu'à la fin, que ce soit dans la découverte de l'avenir incertain des retirées ou de l'avancée de l'enquête policière. Un de mes coups de coeur de l'année 2024.