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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Certains livres retiennent votre attention tout simplement par le thème qu'ils abordent. C'est le cas de ce premier roman qui raconte le typhon Yolanda qui a frappé les Philippines en 2013 et ses conséquences. S'il m'a autant touché, c'est parce que la fameuse loi journalistique du nombre de morts en fonction de la distance de l'événement n'a pas cours pour moi. En effet, une amie était sur place pour un reportage touristique à ce moment et a partagé l'expérience d'Anaïs Llobet. Tout au long du livre, j'ai retrouvé beaucoup de son témoignage – oui, elle s'en est également sortie – mais surtout cette formidable tension que de tels événements engendrent et combien ils finissent par modifier la perception que l'on pouvait alors avoir de la vie, de la façon dont on gère son quotidien.
Car c'est bien là le vrai sujet de ce livre, au-delà de l'émotion, des images fortes et du bilan très lourd : sept mille personnes tuées, des milliers de blessés, des dizaines de milliers d'habitants ayant tout perdu et un avenir des plus incertains.
Anaïs Llobet a aujourd'hui la distance nécessaire pour éviter les pièges du sensationnalisme ou plus exactement pour nous plonger dans le dilemme de Madel, la journaliste de télévision touchée jusqu'au coeur par ce drame avec, entre autres, la perte de son mari et d'un enfant qu'on lui avait confié, et d'autre part les demandes de sa chaîne de filmer l'horreur, de faire pleurer dans les chaumières.
Car toutes les télévisions n'ont pas cette «chance» d'avoir un reporter d'images sur place et de pouvoir montrer Yolanda, «le typhon le plus puissant ayant jamais touché terre», d'offrir des témoignages de première main, de plonger au coeur du drame. «Pas d'eau, rien à manger, mais du wifi : bienvenue à l'ère moderne des catastrophes.»
À Tacloban, où les vagues successives ont quasiment tout rasé, Madel va se plonger dans le travail comme dans une thérapie. Elle essaie de faire passer sa douleur au second rang, elle tente de partager son malheur avec les autres victimes pour se persuader qu'elle n'est pas la plus malheureuse. Sans oublier l'enquête sur les mesures de prévention, sur la mauvaise évaluation, sur la désorganisation des secours, sur l'administration des morts, sur l'efficacité des secours et le travail de déblaiement et de reconstruction. Sur le temps qui passe et qui est censé refermer les plaies.
Voilà la grande force du roman : il dépasse le cadre du reportage pour décortiquer les états d'âme, pour nous expliquer combien il est difficile de ne pas sombrer dans le voyeurisme et, à l'opposé, combien les fantômes de Tacloban continuent de hanter les nuits de Madel.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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En plongeant ses lecteurs dans les eaux glaciales du chaos, Anaïs Llobet tente peut-être d'exorciser ses propres démons. Une immersion assez violente, au coeur d'un typhon devenu tsunami qui a coûté la vie à de très nombreuses personnes et en a plongé des milliers d'autres dans le dénuement le plus total. Les mains lâchées redonne une voix à ces âmes, à leur souffrance, leurs incompréhensions et donne corps à leur courage. Un récit d'impuissance sur fond de critique des médias, vus comme un miroir à sensation de nos sociétés qui, lointaines spectatrices, ne rechercheraient que le sensationnel pour se souvenir. Car c'est bien là que se situe tout le paradoxe de ce roman pris au piège d'une confrontation entre le fait de rapporter l'information et celui de faire de l'audience. Un parti pris assumé par l'auteure qui démontre s'il en était besoin, l'absurdité de certaines prises d'informations face à l'urgence.
Un récit sombre et poignant, campé par des personnages à la fois héroïques et lâches, défaits et résistants. Un regard parfois froid sur une catastrophe sans précédent, caché par un filtre journalistique qui protège le récit d'une certaine forme de pathos mais qui pourrait créer une distance parfois trop importante. Une oeuvre néanmoins éloquente, qui nous entraîne, spectateurs lointains de cette odieuse catastrophe, au coeur de vies brisées et de destins broyés.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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Roman dur où on suit une journaliste en Philippines qui vit la tornade, l'ouragan.. On la suit après le passage de ce monstre dévorant tout sur son passage, à chercher les morts, les dénombrer, rechercher les siens...
Elle décrit avec des mots justes les horreurs vues et vécues..
LE coeur doit être bien accroché à cette lecture, forte, bouleversante... Elle est renversante tel un ouragan qui nous prend aux tripes....

A découvrir mais le coeur bien attaché
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Il y a pratiquement 3 ans, un typhon dévastait les Philippines, emportant tout, ou presque, sur son passage. Ce qui ne devait être « qu'un » typhon « classique » s'est révélé être une vague gigantesque et meurtrière.

« Les mains lâchées » racontent l'histoire d'une journaliste française, sur place, au moment du drame. le tsunami n'a pas emporté que des maisons, que des arbres, que des choses matérielles, que des être humains, il a aussi balayé des âmes, des consciences. Les victimes se raccrochaient, raconte cette journaliste, à des éléments tangibles pour que, en vain, leur raison ne défaille pas. Mais face à la destruction aveugle de la nature par la nature, il n'y a rien qui permette à la raison de tenir bon : tout le monde finit par lâcher prise à un moment ou un autre.

Anaïs Llobet part ainsi à la dérive, marchant dans une lagune artificiellement créée par le tsunami, recouvrant, cachant une misère d'autant plus visible qu'il ne reste plus qu'elle, en dehors d'un vide incommensurable.

Anaïs Llobet décrit admirablement ces sentiments mêlés de révolte, de désolation, d'impuissance en mêlant à son histoire celle des témoins qu'elle a pu croiser, elle-même témoin privilégié d'une histoire qu'elle aura mis du temps à pouvoir décrire, le temps de lâcher suffisamment de leste, de prendre assez de recul. Elle est tiraillée entre son devoir de journaliste et de témoin et de victime, autant morale que physique de la catastrophe. C'est un peu comme si le rythme du récit et le style d'Anaïs Llobet épousaient cette dualité issue de la nécessité de raconter en flot continu cette histoire et l'indispensable recul nécessaire pour écrire un récit qui ne verse pas uniquement dans le pathos.

Il y a une sorte de fatalité qui règne dans cette région du globe particulièrement soumise aux typhons, tsunami et autres colères météorologiques… Il y a aussi une force engendrée par cette répétibilité des malheurs chez les philippins dont Anaïs Llobet, et ce sera mon seul bémol, ne parle pas assez, se concentrant sur l'immédiat après-tsunami sans aller jusqu'à parler de ce qui se passe encore après, une fois que les eaux se sont retirées, une fois que les larmes auront séché, que les âmes se seront taries, une fois de plus, une fois encore avant la prochaine.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Iw
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Le récit d'Anaïs Llobet est intéressant, car on y suit une journaliste partagée entre son devoir et ses émotions. Comment garder la tête haute face à ces villages détruits, ces familles décimées et cette pauvreté qui grandit de jour en jour ? A côté de Mabel, on découvre Irène, une reporter aguerrie que rien n'effraie et qui n'hésite justement pas à oeuvrer dans le spectaculaire pour faire de l'audience. On a affaire à deux comportements complètement différents : d'un côté une femme toute en retenue qui essaie de témoigner sans faire du mal autour d'elle, de l'autre, une journaliste froide qui bat le fer tant qu'il est chaud.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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Récit poignant de Madel, journaliste, survivante du typhon Yolanda qui a dévasté les Philippines en 2013, faisant plus de 6000 morts.
La vie de Madel a basculé alors qu'elle passait quelques jours dans la maison de son petit ami Jan, chirurgien esthétique. En effet, Yolanda a frappé l'île de Leyte massacrant tout sur son passage. Malgré l'horreur qui s'abat, Madel se plonge dans son travail de journaliste et va livrer des témoignages bouleversant de cette tragédie.
« Les mains lâchées » est un roman court, alternant le récit de Madel et les témoignages des Philippins. Réaliste, dur, fort dans la description des sentiments. On se plonge dans ce roman qui nous touche au plus profond, nous prend aux tripes !!!
Une question me taraude: « Comment éviter une telle catastrophe ? »
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Un premier roman réussi, on sent qu'Anaïs Llobet connaît bien le sujet, elle a été journaliste et correspondante pour plusieurs médias aux Philippines lors du typhon Haiyan qui a dévasté le pays. Madel, la narratrice est présentatrice sur Phil 24, une chaîne d'information locale. Elle se retrouve au coeur de la tourmente, son compagnon Jan est introuvable ainsi que Rodjun, l'enfant de la voisine dont elle a laĉĥé la main. Madel essaie de continuer à exercer son métier mais elle ressent une lourde responsabilité dans la disparition de l'enfant. On est plongé au coeur de l'horreur, une lecture difficile, qui donne à réfléchir.
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Sur une petite île des Philippines, une journaliste française, Madel, passe quelques jours de vacances avec Jan, son nouvel amoureux philippin. Quand arrive le typhon Yolanda, le plus terrible jamais connu dans cette région.
A peine le temps de s'abriter que le monstre climatique est là, dévastant la ville de Tacloban, comme le loup soufflant sur la maison de paille du petit cochon.
La ville est sens dessus dessous, au sens propre comme au figuré.
Jan a disparu, partout c'est le chaos. Les survivants cherchent leurs proches, cherchent de l'aide, tentent de s'organiser.
Madel, à la demande de son patron, devient les yeux et les oreilles du monde, rapportant aux médias chaque détail sordide de la catastrophe, comme on jette une proie à des hyènes affamées.

L'histoire est bien menée, ménageant avec habileté le suspens. Différents personnages prennent la parole, chacun diversement touchés par le malheur. le courage et l'abnégation côtoient la faiblesse et la lâcheté, sur fond de médiatisation sordide.

le récit est livré brut, sans mise à distance, sans analyse. Comme si la narratrice était sidérée, le cerveau court-circuité par le flot traumatisant des images, des cris, des odeurs de puanteur.
Certainement parce que l'auteur, qui a vécu l'épreuve de ce typhon, est encore sous le choc. Je lui souhaite de dépasser un jour la culpabilité et d'arriver à lâcher sans peur ses mains dans l'écriture.
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