Un malaise,
Un mal être,
Un mal à dire,
Un mal à vivre,
Qui transparait dans ses poèmes.
Coup de poing
Coup de blues,
Coup de rage,
J'ai bu la tasse…
Que dire de cet auteur qui m'a
désarçonné
Décontenancé…
Je me suis noyé dans le sordide
Dans cette poésie organique,
Qui ne voile rien ,
Qui expose tout .
Une écriture libre
Imprévisible,
Dans la violence de ses sensations corporelles.
Entre horreur et ravissement
Je plonge dans cette mer
Sans savoir où je vais.
Il me ballotte d'un rivage à l'autre
D'une sensation à une autre..
Il inspire les ports,
Les Bords de mer,
Les ponts,
Paris, rue de la Gaité.
Il expire ,
Ses moments qui passent.
Une âme enchainée et blessée,
Qui me plonge dans ses
Errances.
Il se faufile entre ses maux,
De sa gouaille douloureuse,
cet orphelin perpétuel,
dans cette poésie :
Impalpable,
Implacable !
J'en ressort
Pantelante,
Chancelante,
De cette vie abandonnée entre
Violence et douceur !
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Neige dehors, neige dedans
Neige lente sur les frissons
Neige noire à crever les yeux
Pas un humain qui vous réponde
Il doit leur neiger sur la voix
Est-ce que tout le monde est mort ?
Est-ce que je suis le dernier vivant
Enfoui sous quelques flocons de rien ?
…
Corrompu jusqu’à l’os par le deuil et le froid
Car il neige à n’en plus finir
De plein fouet sur le chagrin
Comme autrefois, doucement, sans pardon
Neige légère à serrer le cœur
Neige lourde à tuer le temps
C’est bien l’éternité comme prévu
Qui précipite exactement sur moi.
C’est tout simple : Il ne fallait pas naître !
Rien que le goût d’habiter nus
Dans la maison légère de l’odeur
Rien que deux folies au secret
Faisant crier la douceur de la greffe
Rien que ce goût de sel aux bouches
Deux chairs cognées par un seul bruit de cœur
Rien que mordre à l’un mordre à l’autre
Forts de l’instant qui va jusqu’à nos pieds
Rien que boire à l’un boire à l’autre
L’ombre est dedans on y ferme les yeux
Respirer rien que respirer
En voyageant par le calme du lit.
( « Rien que » p95)
J'ai marché mot à mot sur des pages au hasard
voilà que d'un seul coup ça respirait tranquille
j'avais trouvé je continue j'inspire
j'expire calmement sous le vent des paroles
Dans respirer
Dans respirer m'a dit Goethe il a deux grâces
l'air qu'on s'incorpore et celui qu'on lâche
la peine que j'ai moi c'est à rendre l'âme
l'âme que l'air m'a prêtée j'oublier d'expirer
pour que j'y consente il faut au moins
le calme d'un sous-bois la nage
ou l'obstination d'une course lente
Un ventre vous crache à l'air libre on vous gifle
cri oblige on fera qu'il accepte
le petit salaud d'avaler puis de relâcher
attrape et souviens-toi que tu es souffle
savez-vous comment les cogneurs vous nomment
l'oublieux bébé qui tarde à l'ouvrir
"étonné" disent-ils il arrive "étonné"
Là ils parlent de moi qui m'étonne encore
malgré mon long passé dans la respiration
un rien m'éberlue un rien m'asphyxie
peut-être je me souviens de ce premier cri
à moins qu'ils aient cogné un peu trop fort
sur moi qui fais le bègue à la moindre alerte
moi qui fait le mue dès qu'on me regarde
Ah le plaisir brutal de bâiller sous les arbres
et celui de vider le sac à air tout un dimanche
à fond perdu dans la chambre d'ennui
mais c'est vrai que pour aller au bout des souffles
il faut une musique au large de soi
qui vous insuffle et lente vous soulève
l'ange qu'elle offre est un chanteur
Je suis né poumon comme tout le monde
la grâce attendue tardait à venir
jusqu'au jour où pour mieux m'entendre
j'ai marché mot à mot sur des pages au hasard
voilà que d'un seul coup ça respirait tranquille
j'avais trouvé je continue j'inspire
j'expire calmement sous le vent des paroles
Dans le jardin de Brambilla
Depuis cent ans que l'âme espère à bicyclette
il y a les pédaleurs de fête il y a les tâcherons
nous les pleins d'eau qui savons mal souffrir
on peut nous suivre à nos ahans dans la campagne
aux autres le fort bruit de soie d'un vélo bien mené
aux bien en selle aux bien en ligne aux affûtés
j'ai dû laisser partir les échappés je suis trop lourd
avec ce poids je devrais bien descendre même pas
loin derrière moi je me traîne en grimaces
et puis j'en ai assez de sonder le mystère
enfantin de la douleur qu'on s'inflige à vélo
surtout que des odeurs viennent du bois me ralentir
laissons-nous glisser rentrons dans l'immanence
et c'est là que tout à coup je pense à Pierre Brambilla
ah ça chez lui pas de grâce visible
on lui avait construit la tête à coup de poing
il pédalait comme on pioche et comme on bousille
il aurait dû gagner le Tour en 47
l'année Gide l'année Robic un été bleu
à chaise longue et fables sous les mouches
[…]
eh bien quand par défaut de grâce il a dû raccrocher
au lieu de pendre sa machine à un clou du garage
et de l'y regarder ternir sous la poussière ignoble
au lieu de la fourbir en chambre tous les jours
où des pignoufs seraient venus la peloter
un jour il prend sa bicyclette et lui parlant
comme il l'a tant fait jusque-là sur les routes
sans pardon pour lui et sans quartier pour elle
il l'enterre à tout jamais dans le jardin
Pierre Brambilla mort aujourd'hui dit La Brambille.
[Son uniquement] Un podcast de Paméla Ramos pour la Librairie Une Page à Ecrire
Le poète, comédien et conteur Fred Pougeard lit un choix de textes sur la poésie (Borges, Ted Hugues, Marcelle Delpastre, Pascal Adam, Ludovic Janvier). Paméla Ramos présente et lit quelques extraits de Via Ferrata de Fred Pougeard, un recueil de poésie paru en 2021 aux éditions Thierry Marchaisse. Captation de la lecture de Fred Pougeard le samedi 18 juin 2022 à la librairie Une page à écrire, à Janville (28).
Retrouvez également un entretien écrit que l'auteur nous a donné à ce lien : https://www.unepageaecrire.fr/entretien-fred-pougeard/
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