je suis tellement détraquée
que j'écris dans l'urgence
pour tout me rappeler
et me souvenir
que je n'ai rien inventé
écrire avant même d'avoir réussi
à apaiser les larmes
tout décrire à chaud
les mécanismes
les pensées
les angoisses
de l'horreur psychique
que je viens de vivre
c'est la solution que j'ai trouvée
pour réussir à me croire
ils ne se sont jamais excusés
de m'avoir ôté sans un mot
cette partie de moi
que j'aimais tant
ils ont voulu m'expliquer
ils se sont justifiés
ils ont pleuré aussi
mais ils ne se sont jamais excusés
pour mes larmes à moi
ma douleur
l'horreur de la découverte
l'atrocité de mon absence
par le choix de leur silence
pour le traumatisme
et les années passées
à tenter d'en guérir
on nous parle si peu
de la douleur de la rupture
lorsqu'elle n'est pas amoureuse
on ne nous en parle pas
on ne nous y prépare pas
à ces amitiés qui s'étiolent
à celles qui s'envolent
ou encore de ces personnes
qui arrachent un bout de nos cœurs
en quittant nos vies sans prévenir
on nous parle sans cesse
de l'amour amoureux
des papillons, de la chute
mais jamais de toutes ces autres formes
puissantes et destructrices
qu'il peut prendre aussi
mes plus grosses peines d'amour
n'ont jamais été amoureuses
tu as le droit
de craquer
de pleurer
de hurler
tu as le droit
de te sentir dépassé
désarmé
asphyxié
ne laisse personne
te faire croire
que tu n'as pas le droit
d'avoir mal
nos souffrances
sont incomparables
mais nos douleurs
sont légitimes
j'ai toujours
été
différente
mais c'est
peut-être ça
qui est beau
et me rend
moi
tu as le droit
de craquer
de pleurer
de hurler
tu as le droit
de te sentir dépassé
désarme
asphyxié
ne laisse personne
te faire croire
que tu n’as pas le droit
d’avoir mal
nos souffrances
sont incomparables
mais nos douleurs
sont légitimes
mais dis-moi, au fond, c’est quoi la vie ?
c’est quoi le bonheur ?
qu’est-ce qu’on appelle vraiment
« être heureux » ?
La moindre parole me froisse, me déchire, comme une feuille de papier si fine qu’elle ne résiste à rien.
Je suis épuisée de me fendre si facilement.
J’aimerais pouvoir me tordre, et me retordre, et que rien ne change lorsque tout revient dans l’ordre.
Mais ce n’est pas le cas.
Et je suis fatiguée de devoir sans arrêt réparer mes déchirures.
Car aujourd’hui le scotch ne suffit plus.
je me noie dans mes larmes
je m’étouffe dans mon chagrin
je n’ai même plus de mots
plus rien ne vient
j’ai juste mal
pardon pour tout cela
la nuit
je marche vite
j’ai peur des ombres
mais il n’y a personne
derrière moi
seulement le doux rappel
de mon amère solitude