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EAN : 9782367190990
128 pages
Tristram (04/01/2024)
4.22/5   179 notes
Résumé :
Sur une terre que l'homme semble avoir désertée, où l'eau est devenue rarissime, tous les vivants - " mobiles autant qu'immobiles " - souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques aussi, pris au piège de l'évaporation de leurs demeures. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n'apportent pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit.

" Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 179 notes
Le corbeau et la renarde

Denis Infante a beaucoup travaillé la langue pour nous offrir un conte écologique, un roman d'initiation et un voyage poétique. Sur les pas d'une renarde, décidée à échapper à un désastre climatique, il raconte une terre où l'homme a disparu. Une belle surprise de cette rentrée.

Une fois n'est pas coutume, commençons par parler de l'écriture, du style de ce court roman, car c'est la première – belle – surprise, même si elle peut peut-être dérouter le lecteur. Denis Infante a choisi de créer une langue propre à ce monde qu'il imagine. Un monde dans lequel les hommes ont péri, incapables de sauver une planète qu'ils ont voulu dominer. Un acharnement coupable qui a entraîné leur éradication.
Cette langue, sans articles définis ou indéfinis, donne au roman un aspect à la fois haché, mais aussi réduit à l'essentiel, aux émotions et aux sensations, aux descriptions avec de nombreuses énumérations et adjectifs. Les mots, voilà l'essentiel sur cette terre qui «était comme engluée dans été sans fin. Brûlant, sec, éblouissant et mortel.»
C'est ce douloureux constat qui va réveiller l'instinct de survie de Rousse, la renarde qui est au coeur du livre et qui va choisir, à l'instar d'autres animaux se sentant piégés, de partir: «Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. (...) Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s'étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là.»
Durant son odyssée, elle va croiser le chemin de Noirciel, un corbeau riche d'un grand savoir et qui va l'aider dans sa quête. Car «Rousse voulait apprendre. Rousse voulait connaître et découvrir. Elle avait beaucoup réfléchi sur rive de Grand Fleuve. Atteindre neiges éternelles, trouver territoire opulent lui importait moins que de parcourir terres et espaces. Que rencontrer vivants inconnus, contrées nouvelles, feuilles d'autre vert et autre forme que jamais ses yeux n'avaient vues.»
En avançant et en apprenant, ils vont faire la connaissance de Coeurfier. Avec sa horde, ce sanglier cheminera aussi quelques temps à leurs côtés. Mais arrivé au bout de son territoire, à la frontière de Terre Sanglerrière, il la laissera poursuivre seule sa route. Quand elle tombe sur un renard, elle se dit que sa route peut s'arrêter là, qu'elle peut désormais fonder une famille. Mais l'appel du large et la soif de découvrir ce qui est au bout de sa route sont plus forts.
Dans ce conte écologique, Denis Infante laisse une grande place aux odeurs et aux couleurs, à la poésie et à la sensualité. Mais il ne cache pas non plus que cette terre n'est pas un paradis. À l'image de cette carlingue d'avion qui étonne la renarde, on comprend que la technologie a fini par avoir la peau de l'humanité.
Je ne sais si l'auteur a inventé ici le roman postapocalyptique ultime – car ici l'homme a disparu, contrairement à La Route de Cormac McCarthy où un père et son fils cheminaient de conserve ou dans Et toujours les forêts de Sandrine Collette ou Corentin se retrouve seul à représenter l'espoir – toujours est-il que ce roman va marquer tous ceux qui le liront. Une belle réussite !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Il sera une fois …
Dans une langue singulière, dénuée d'articles, Denis Infante nous offre une descente en apnée dans un environnement aride. L'eau ne coule plus, le soleil frappe, cuit les corps, éblouit les prunelles.
Rousse, une jeune renarde, peine à survivre dans cet environnement hostile. Rousse décide de fuir pour trouver pitance et découvrir de nouveaux horizons, fuir sa terre jadis nourricière en train de lui devenir étrangère.
D'autres personnages vont venir enrichir la galerie de portraits brossés par Denis Infante, l'Ourse Brune, Noirciel le Corbeau porteur de connaissance, Coeurfier le sanglier, Ombre l'écureuil facétieux, …
Cette fable écologique désenchantée nous conte la fin de notre monde actuel pour nous faire entrevoir un futur proche dans lequel l'eau vaut de l'or.
L'homme a disparu de la surface de la Terre, ne restent de notre espèce que quelques squelettes épars, une longue langue d'asphalte, des poteaux électriques échevelés…
Poésie des mots, quête de Rousse partie inlassablement à la découverte de l'Univers, prunelles au ciel, museau dans le vent telle une horde de contre à elle toute seule, prête à franchir tous les obstacles qu'ils soient meute de loups ou terrifiants krakens. Rousse à l'assaut de nouvelles forêts, d'autres paysages et rencontres.
Langue étrange, abrupte et chantante à la fois, par moments répétitive et lancinante.
Oubliez la fable du Renard et du Corbeau, c'est ici dans son propre Univers que Bernard Infante nous convie et notre coeur de jeune et joyeu.x.se renard.e part en bondissant à l'aventure.
Une échappée belle dans les sous-bois qui sentent l'humus, les terres brulées, les ruisseaux à sec et les bouillonnements des grands fleuves.
Cheminez avec Rousse à la découverte des apprentissages et des connaissances, des douces amitiés nouées au fil du chemin.
Il sera une fois, dans un futur proche, les animaux seuls survivants dans notre Univers Terre. Alors saisissez-vous de ce livre pour une évasion immobile, découvrir le vaste monde et ses habitants si attachants tant que c'est encore possible.

« Mais un jour, alors que vieux hêtre était encore jeune arbre, peuple des Faces Plates, malgré son immense puissance, malgré solides tanières, malgré faraille, malgré savoir et pouvoir, disparut comme poussière au vent, comme rides sur étang. Comme rosée sous brillant soleil.
Disparut sous violent feu tombé du ciel, feu foudre, foudre soleil, qui brûle roches et vivants.
Disparut dévoré par maladies étranges, invisibles poisons.
Disparut entre-dévoré, massacres et famines.
Personne ne sait. Aucun Maître, aucun sage.
Et os blancs couvrent plaine. Et arbres biscornus et créatures difformes. Terres Brûlées, Terre Mortes, Rongemork, Flamme Froide. Blessures et souillures seules restent de ce peuple qui voulut être maître du monde et de toutes créatures de sève et de sang qui naissent et croissent sur terre.
Voici très anciennes légendes, fragments d'histoire qui sont mémoire des vivants, depuis multitude d'années, depuis très longues lignées d'éléphants, très longues lignées de corbeaux et de toutes créatures qui savent. Très longues vies d'arbres. »
(p.127-128)
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Roman d'apprentissage, conte philosophique, odyssée métaphysique ou simple récit d'aventures mettant en scène des animaux, voici un livre étonnant, poétique et plein de charme : un petit bijou.

L'héroïne principale se nomme Rousse, c'est une jeune et belle renarde, intrépide et avide de liberté, heureuse jusqu'ici de vivre harmonieusement dans l'agréable Bois de Chet, sis sur une terre inconnue que les humains, apparemment, ont déserté. Où sont-ils ? Survient alors un brutal changement climatique amenant une sécheresse inédite.
« Aucune pluie n'était plus tombée depuis de trop nombreuses lunes. Et dans Bois de Chet, comme partout alentour, vivants souffraient de grande soif. Mobiles autant qu'immobiles, ailes, pattes, nageoires, racine, radicelles, tous enduraient manque d'eau, manque de cet insaisissable et pour tant vital élément… »
Un phénomène inconnu se répandant à une vitesse vertigineuse ne laissant présager que catastrophes fatales.
"Sans eau, sans pluie, brume, rosée, neige, sources, rivières, étangs, marais, inaccessibles glaciers et très lointain, très fabuleux océan, très ancienne légende, vie de toutes créatures était impossible.
Et mort assurée."

Rousse est une battante, pour fuir la sécheresse et trouver l'eau salvatrice, elle décide de quitter son bois et de partir à l'aventure, loin très loin, bravant l'inconnu et tous les dangers qui la guettent. Mais elle va aussi faire de belles rencontres et connaître solidarité et amitié. Poursuivie par une meute de loups féroces, elle est sauvée in extremis par Brune, une grande ourse vengeresse. Devenues amies les deux femelles vont cheminer ensemble et profiter des précieux conseils du vieux corbeau Noirciel, le maître, celui qui sait et qu'on écoute. Puis chacun va suivre sa propre direction et l'exode de Rousse va se poursuivre encore et encore multipliant les embûches, les rencontres dangereuses avec les cruels krakadiles et krakens redoutables, traversant des contrées inhospitalières telles Forêt biscornue, Terres brûlées, Terres mortes, mais profitant de l'aide amicale de nouveaux amis croisés sur sa route Ambre, Coeurfier, Duredent, Ecorce de Hêtre ... Les jours et les nuits passent, les années se succèdent et Rousse continue son périple le long de Grand Fleuve, découvre, apprend et devient elle-même Maîtresse, celle qui sait et qui va transmettre aux générations futures...

Depuis la nuit des temps l'univers est là dans la nature avec ses "êtres vivants mobiles et immobiles", il subsistera à l'infini, témoin des phénomènes et folies destructrices, qui ont provoqué l'extinction des hommes (ceux que l'auteur surnomme les Faces Plates).

"Le peuple des Faces Plates vivait partout sur terre. Peuple puissant, chasseur prédateur. Peuple destructeur, Faces Plates occupaient monde entier et dévoraient toutes autres créatures. Tuaient peuples de terre, air et eaux. Brisaient roches, creusaient montagnes, asséchaient rivières, détournaient fleuves, rasaient forêts, brûlaient plaines.
Certains disent qu'ils voulurent même posséder ciel et étoiles."

Tel est le triste constat et le funeste présage que nous propose Denis Infante. Ne nous presse-t-il pas ici d'arrêter le temps et de nous interroger sur notre avenir et celui de la planète ? Un défi écologique à relever à tout prix.

Cet ouvrage surprenant et poétique est totalement atypique dans sa forme. L'auteur a créé une écriture singulière qui s'affranchit des articles définis et indéfinis. Un peu déroutant au début, on s'y habitue progressivement entraînant une plus grande concentration dans la lecture et intensifiant le plaisir des mots. Ce style ajoute un peu de candeur et d'innocence rappelant le Roman de Renart, les Histoires comme ça de Ruyard Kippling et bien entendu l'ineffable Petit Prince. C'est un livre touchant qu'il faut lire tout doucement pour mieux le savourer. J'ajoute que l'illustration de première de couverture est ravissante.

#Challenge Riquiqui 2024
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Comme dans beaucoup d'albums pour enfants, cette histoire se construit sur le schéma d'un jeune animal ( ici une renarde) qui décide de partir à l'aventure et qui,à chaque étape de son épopée initiatique, rencontre un animal d'une autre espèce qui devient son ami et son maître.
La particularité de cette fable est qu'elle s'inscrit dans la veine des récits post- apocalyptiques et écologistes.
Rousse ne quitte pas sa forêt natale uniquement par soif d'aventure mais dans l'espoir de " trouver au bout de sa quête air plus frais, rivières aux eaux claires, gibier abondant..."
Car,comme elle l'apprendra,une légende raconte que le peuple " des faces plates" désormais disparu de la surface de la terre, a beaucoup détruit en voulant tout posséder.
Les sécheresses, les tempêtes, les terribles " flammes froides" sont l'héritage que ce peuple a laissé.
Le voyage de Rousse est donc un appel aux hommes à l'humilité, afin qu'ils tentent davantage d'être à la hauteur des " beaux habitants de l'univers" plutôt que de chercher à tout dominer.
C'est aussi un beau roman sur la transmission.
La lecture de Rousse engendre un défilé d'images colorées et olfactives qui m'ont entraînée avec plaisir dans une nature souvent accueillante mais parfois aussi terrifiante. C'est une fable qui appelle aux sens et au bon sens!
Denis Infante a choisi de modifier notre langage pour se rapprocher de celui de Rousse,en supprimant tous les articles. Cela ne m'a gêné à aucun moment mais je n'y ai pas vraiment trouvé d'intérêt car,parallèlement, le vocabulaire est très riche,les observations et l'analyse des situations très élaborées, ce que je trouve assez en décalage avec ce choix.
Une lecture agréable mais qui ne m'a pas enthousiasmée contrairement à la majorité des lecteurs de babelio.
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🦊Chronique🦊


Nul ne savait.
Nul ne savait rien du Monde. Rien de sa langue de ses déterminants de sa force. Nul ne savait mais Rousse voulait savoir. Et savoir est source de vie.
Rousse c'est renarde joyeuse qui s'en va découvrir Monde. Rousse c'est renarde curieuse qui découvre nature et secrets. Poussée par la force de vie Rousse expérimente amitié, amour, entraide. Rousse expérimente odeurs forêts Grand Fleuve. Rousse expérimente vaillance détermination solitude. Rousse frôle mort vie et entre-deux.
Elle ne savait pas, mais elle apprend. Elle a soif d'apprendre. Mais la soif est le problème majeur dans cet environnement. le post-apocalyptique s'est invité dans son Bois. L'eau vient à manquer, le feu fait rage, le Vivant souffre. La douleur est si forte. Ceux qui savent, savent, jusqu'où remonter la source du problème. Mais le problème a disparu. Ne reste que les os et quelques objets de leurs activités. Les polluants ont contaminés sols cours d'eau biodiversité.
Elle ne savait pas, mais elle comprend en avançant. Toujours droit devant, toujours confiante. A travers son voyage, elle grandit de ses expériences, de ses rencontres, de ces histoires qui peuplent le monde. Tour à tour, gagnante meurtrie désireuse apeurée vive puissante, Rousse devient Sage. Elle nous dit tout, avec courage.
Nul ne savait, mais maintenant, nous le savons. L'émotion traverse la matière. Les vibrations traversent l'esprit. La force de vie traverse nos corps. Elle est renarde et elle comprend Monde Vie Savoir. Rousse est source de vie de transmission d'histoires.
Rousse est jolie rencontre. Je n'y mets pas de déterminant car j'adopte matière à vivre et à penser fluide, sauvage, authentique comme elle. Il m'a plu de gambader en poésie en sensoriel en pleine nature sans cadre régissant…
Nul ne savait mais maintenant vous savez qu'il vous faut connaître Rousse ou Les beaux habitants de l'univers
Lien : https://fairystelphique.word..
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critiques presse (6)
LeMonde
29 avril 2024
L’épopée merveilleuse d’un goupil curieux du monde. Un monde peuplé d’animaux, dépeuplé d’humains.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
11 mars 2024
Denis Infante signe un conte magnifique qui nous glisse dans la peau d’une renarde face au changement climatique.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
08 mars 2024
Denis Infante signe un conte magnifique qui nous glisse dans la peau d'une renarde face au changement climatique.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
SudOuestPresse
20 février 2024
Le bref roman de Denis Infante raconte l'exil climatique d'une renarde. La terre est sèche et l'homme semble l'avoir désertée. Un grand texte, poétique et radical.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
FocusLeVif
13 février 2024
Rousse, premier roman à la langue étonnante et ayant pour héroïne une renarde intrépide, bouleverse la rentrée de janvier.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Marianne_
12 février 2024
Retraité après avoir mené sa barque entre théâtre et cinéma, Denis Infante a publié « Rousse ou les Beaux Habitants de l'Univers », un roman très poétique, conte pour grands enfants. Il y raconte les aventures d'une renarde fuyant la sécheresse. Le tout par le biais d'une poésie inattendue, qui s'amuse à supprimer les articles définis et indéfinis.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Je découvre nombreux vivants, mobiles ou immobiles, que je ne connais pas. Bufflebosse, piecouleur, arbre-fougère, lézardéclair, pommesoleil, fleurliane. Je nomme dans ma mémoire.
(p.105)
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Nombreux jours Rousse et Ombre passèrent ensemble, nombreuses nuits aussi, Ombre blotti dans moelleuse fourrure de Rousse, Rousse bercée par doux babil d'Ombre qui était léger comme plume, comme clair ruisseau chuchotant sur verte mousse. Et puis un soir, renarde l'attendit en vain. Jour. Nuit. Jour. Ombre ne revint pas. Ne revint pas jeune écureuil joyeux et vif comme éclair, jeune écureuil qui lui avait redonné vie. Chasseur plus véloce que lui, plus rusé que lui, l'avait attrapé.
(p.88)
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Au matin, alors que Rousse s'apprêtait à reprendre sa marche, cœur lourd de quitter Brune, celle-ci décida de l'accompagner. Si elle parcourait vaste monde depuis toutes ces années, c'était aussi pour suivre chemins que rencontres de hasard lui proposaient, comme se lancer sur chemin de lointaines montagnes en compagnie d'une renarde encore inconnue hier. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait plus ressenti douceur soyeuse de lisse neige sur sa fourrure, odeur fine et bleue du froid pénétrant ses naseaux, bien longtemps qu'elle n'avait pas pataugé dans eaux glacées de torrents de montagne à guetter vif et délicieux poisson. Et puis, elle n'était pas ourse à sauver vie de jeune renarde inexpérimentée pour la laisser ensuite traverser seule étendue inhospitalière, immense plaine comme calcinée et sans limite, et où dangers étaient probablement plus faciles à rencontrer qu’eau et nourriture ainsi qu’aimable compagnie.
Alors, tandis que rouge soleil levant allongeait leurs ombres devant elles, Rousse se retourna pour contempler une dernière fois Forêt Biscornue. Son regard se porta au-delà vers Sombre Forêt dont verts houppiers se fondaient dans distance, pâles langues de brume du matin, et Rousse se demanda si elle reverrait un jour Bois de Chet qui l’avait vue naître.
Ourse et renarde se mirent en marche.
(p.37)
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Rousse ne connaissait pas étendue de Sombre Forêt, et à mesure que soif et faim en elle grandissaient, Rousse désespérait d'atteindre inconcevable orée. À un moment, elle pénétra dans rares rayons de soleil qui parvenaient à percer épaisse canopée. Elle s'assit au centre de ce puits de lumière, lovant sa queue sur pattes arrière, offrant fin museau à vivifiante lumière. Pupilles réduites à deux traits noirs dans ambre jaune des iris. Rousse se tint ainsi immobile, emplissant ses poumons de particules d'or du soleil, ne pensant plus à rien, laissant muscles endoloris se détendre, cœur ralentir battements désordonnés, tandis qu'imperceptible gémissement s'échappait de sa gueule entrouverte. C'était comme puissante énergie qui pénétrait son corps.
(p.22-23)
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C'était Ombre.
Très jeune écureuil habitant de ces bois. Dame Touffue, sa mère avait disparu, le laissant seul. Seul dans immense et dangereuse forêt. Seul et triste. Solitaire. Sans amis parmi peuple écureuil ou autres peuples. Mère disparue, Ombre l'avait longtemps cherchée. De branche en branche, d'arbre en arbre. Longtemps.
Du levant au couchant, de chaque côté du parcours du soleil, au profond des forêts, de collines en vallons, sur rives des eaux. Orée de savane dorée.
Mère disparue. Jamais revue, plus jamais sentie douce odeur, plus jamais entendue voix rassurante.
(p.86-87)
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Vidéo de Denis Infante
Qui sont les représentants en librairie ? Ces hommes et ces femmes de l'ombre, qui sillonnent les routes de France dans des voitures chargées de livres pour faire le lien entre les maisons d'édition et les librairies ? Elisabeth Segard, journaliste à Livres Hebdo, est allée à leur rencontre pour brosser le portrait robot de l'une des professions les plus discrètes et les plus influentes de la chaîne du livre. Dans la deuxième partie de l'épisode, Lauren Malka nous emmène au coeur de la Goutte d'or, à Paris, pour y découvrir la Régulière, une librairie-café présentée par sa fondatrice Alice et par l'écrivaine Chloé Delaume, au micro de Lauren, comme “une véritable oasis de culture”.Enfin, la clique critique de Livres Hebdo se réunit pour vous parler non seulement de ses coups de coeur de février, mais aussi de ce que ces livres dessinent dans le paysage éditorial de ce début d'année. Entre essais, BD et romans, les genres sont variés : Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier, publié aux Arènes ; Littérature et révolution, de Joseph Andras et Kaoutar Harchi, publié aux éditions Divergences ; Insula, de Caroline Caugant, publié au Seuil ; Les yeux de Mona, de Thomas Schlesser, publié chez Albin Michel ; Rousse, de Denis Infante, publié chez Tistram ; Abrégé de littérature-molotov, de Macko Dràgàn, publié chez Terres de feu. Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : janvier 2024 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres Hebdo
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