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EAN : 9782709662260
118 pages
J.-C. Lattès (10/10/2018)
3.93/5   37 notes
Résumé :
Le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l’Allemagne signent l’armistice. Mais l’état-major français décide d’attendre onze heures, en ce onzième jour du onzième mois, pour que cessent les combats.

A 10h45, le soldat de première classe Augustin Trébuchon est tué.
Il est le dernier soldat français tué.

Alexandre Duyck a fouillé les archives militaires et civiles, retrouvé tout ce qu’on pouvait savoir sur ce berger devenu soldat et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Augustin Trébuchon est le dernier soldat français tué lors de la première guerre mondiale. le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l'Allemagne signent l'armistice. La fin des combats aura toutefois lieu à 11h. Choix de l'état major français. La 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois. Un symbole ridicule offert à la mort pour faire ses dernières victimes. Toute la troupe en cette matinée attend la sonnerie du clairon : l'annonce libératrice de la fin des conflits. Une ultime mission lui est ordonnée... Augustin mourra à 10h45 au crépuscule de cette guerre fratricide. Ce berger, qui ne sait ni lire ni écrire, n'aura connu que ses troupeaux et plus de 1560 jours à obéir comme un mouton. Cet ainé d'une fratrie de sept orphelins était dispensé de mobilisation. Il a toutefois décidé de s'engager pour la France. L'auteur a fait un remarquable travail de recherche sur ce soldat méconnu et romance avec brio son vécu.
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Augustin Trébuchon n'aurait jamais dû faire la guerre. Il est berger en Lozère, il a trente-six ans au début de la guerre, et surtout il est le responsable de sa famille. Il est célibataire mais responsable de ses frères et soeurs et chef de famille depuis que ses parents sont morts. Il était donc exempté et pouvait ne pas partir à la guerre. Mais il l'a fait, pour prouver qu'il n'était pas un trouillard, lui, toujours moqué à l'école, par les élèves, par l'instituteur, il veut aussi voir du pays, quitter ses prairies, ses moutons. Quand on sait l'horreur de cette guerre, on se dit que le pauvre, il ne sait pas dans quoi il s'engage. C'est facile à dire une fois les événements passés, mais à ce moment là, il ne faut pas oublier que la guerre était présentée comme un conflit bref, de quelques semaines, et que les hommes seraient vite rentrés. Personne ne doutait de ce fait. Beaucoup sont donc partis contents, avec la fleur au fusil, comme on dit. Et ce fut donc le cas pour Augustin. En plus, il allait voir des gens, lui qui a l'habitude d'être seul. Étant de stature petite, 1,61m, il est engagé dans l'infanterie, dans l'armée à pieds.
On va donc le suivre ici dans la dernière journée de sa vie, les 10 et 11 novembre. Il va nous raconter son quotidien dans les tranchées, ce qu'il vit, avec toute l'horreur que l'on peut s'imaginer. On va aussi en apprendre plus sur lui-même, sur sa vie avant son départ à la guerre, son enfance en Lozère, ce qu'il a vécu. Il parle de son quotidien, des désillusions de cette guerre qui n'en finit pas. Il compte les jours, 1560 exactement depuis qu'il est parti de chez lui, il n'a eu qu'une seule permission en quatre ans. Augustin ne cherche jamais les histoires, il obéit à tous les ordres. Et il va falloir qu'il en obéisse à un dernier. Les rumeurs de la signature de l'Armistice courent en ce 11 novembre au matin, il aurait été signé très tôt, mais ne doit être proclamé qu'à 11 heures. En attendant, les obus et les balles pleuvent encore du côté Allemand, et Augustin voit encore certains de ses amis périr. Personne, à ce moment là, ne croit trop à la fin de la guerre. Augustin va devoir mener un dernier message… et quand on apprend la teneur du message, je peux vous dire que ce pauvre Augustin est vraiment mort pour rien…
 
Je ne veux pas vous en dire de trop, j'ai envie que vous découvriez Augustin par vous-même, et il y a encore beaucoup à savoir sur lui. Et sa vie est tellement bien racontée par Alexandre Duyck. Il a fait des recherches dans les archives militaires et civiles pour récolter tout ce qu'il pouvait sur ce soldat. Il s'est sans doute appuyé sur des archives plus générales de la guerre pour décrire les conditions de vie des soldats. Un truc qui m'a atterrée, c'est la réaction de l'Armée face à ces décès du dernier matin de guerre. Sur la stèle de ces soldats morts, dont Augustin, il est noté la date du 10 novembre, alors qu'ils sont morts le 11. Comme si l'armée avait honte. Même si du côté français, ça ne tirait plus, ce n'était pas le cas côté Allemand. L'information d'un arrêt de guerre ne devait pas leur être parvenue, il y a un siècle, les liaisons se faisaient beaucoup plus difficilement. Ce changement de date de décès m'a choquée…
 
Je me suis vraiment fort attachée à Augustin. Il est difficile d'en être autrement, je pense. Quand on commence à lire son histoire, on sait déjà la finalité et vers où on va. Donc j'ai suivi ce soldat, ses actes, ses pensées, ses envies, ses joies, ses peines. Il se posait plein de questions sur ce qu'il allait faire après la guerre, il pensait voyager, il rêvait d'une autre vie, et ça m'a fait mal au coeur de savoir qu'il ne pourra jamais rien concrétiser. Et des Augustin, il y en a tellement, c'est déchirant.
Ce sentiment d'attachement au personnage est aussi renforcé par le choix narratif de l'auteur, qui a choisi d'écrire son récit à la première personne du singulier. Ce « je » m'a permis encore plus de rentrer dans la tête d'Augustin, de connaitre la moindre de ses pensées et d'être au plus près de lui. Sauf à la fin, le dernier chapitre, le moment de la mort du personnage, c'est une narration à la troisième personne, ce qui est beaucoup plus logique. On ne peut pas savoir ce qu'il s'est passé dans la tête du soldat à ce moment là… Cette fin m'a fait penser au poème de Arthur Rimbaud, le dormeur du val, qui se prête à toutes les guerres, malheureusement. J'aime d'ailleurs écouter Serge Reggiani lire ce poème, il me met à chaque fois des frissons…
 
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. J'ai coïncidé sa lecture avec la période du 11 novembre justement, pour rendre un hommage à tous ses soldats morts pendant cette guerre. J'ai déjà lu d'autres livres, plus ou moins romancés, sur la guerre et sur ses héros qui sont trop dans l'ombre. Et pourtant, je continue et continuerai à en lire, c'est pour moi très important, car les années passent, cela fait maintenant plus d'un siècle, il faut absolument que le devoir de mémoire persiste, que ces soldats ne soient pas morts pour rien. Il ne reste plus personne pour nous raconter ces années là, c'est donc très important que les historiens et autres écrivains continuent de nous raconter à nous, à nos enfants, les événements qui font L Histoire. Et c'est donc pour cela et pour la beauté de ce livre, que je vous recommande vivement sa lecture. Pour ne pas oublier Augustin et tous ses camarades, qui n'ont pas entendu le clairon retentir ce 11 novembre 1918 à 11 heures.
 
J'ai beaucoup aimé le style de Alexandre Duyck. Il y a très peu  voir pas, de dialogues, car ce sont surtout des pensées, et pourtant ça se lit très bien. Pas de lourdeurs, pas de moments longs, le rythme est donné par les chapitres qui représentent les différents moments avec l'Armistice. J'ai lu ce livre presque d'une traite, tellement j'ai été emportée par les mots de l'auteur, tellement j'avais envie de rester le plus longtemps possible avec Augustin. Je garderai vraiment un très bon souvenir de ce roman. Je découvre Alexandre Duyck et je suis très satisfaite, je vais continuer à le suivre. J'ai vu dans sa biographie qu'il avait écrit un roman sur le burn-out, L'effondrement, sujet qui m'intéresse particulièrement car j'ai connu la situation décrite dans le résumé. Il est paru également aux éditions JC Lattès, je le note sur ma wishlist pour un achat futur. S'il met autant de sensibilité dans cette histoire qu'il en a mis dans l'histoire d'Augustin, ce doit être à nouveau un roman fort. Il est journaliste et grand reporter et ce côté se ressent beaucoup, j'ai eu la sensation de regarder un magazine à la télé pendant ma lecture de ce roman. D'ailleurs, la vie d'Augustin ferait un très bon reportage visuel.
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Grâce à la plateforme de service de presse NetGalley.fr, j'ai eu la chance de découvrir en avant-première Augustin, un roman d'Alexandre Duyck, consacré au dernier soldat français mort à la toute fin de la Première Guerre Mondiale, le 11 novembre 1918 :

" le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l'Allemagne signent l'armistice. Mais l'état-major français décide d'attendre onze heures, en ce onzième jour du onzième mois, pour que cessent les combats.

A 10h45, le soldat de première classe Augustin Trébuchon est tué. Il est le dernier soldat français tué.

Alexandre Duyck a fouillé les archives militaires et civiles, retrouvé tout ce qu'on pouvait savoir sur ce berger devenu soldat et imaginé le reste : les pensées de cet homme courageux, observateur, taiseux, blessé deux fois, qui fut de tous les combats, ne prit en 4 ans qu'une seule permission et obéi aux ordres jusqu'au bout. "

Je dois avouer que j'ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman, sans doute parce que son personnage principal ne m'a pas tout de suite plu. Augustin Trébuchon est berger de Lozère, taiseux, loyal, peu éduqué, j'ai eu du mal à m'identifier à lui. Pourtant, son destin est singulier et intéressant à connaître. Son récit de la Première Guerre Mondiale, entre la mobilisation, les champs de bataille, la camaraderie entre soldats, le mépris de nombreux officiers pour les soldats ordinaires, est évidemment fictionnel par les mots d'Alexandre Duyck, mais sonne malheureusement juste. Avec ce roman, on se retrouve dans l'ambiance mortelle, sale, angoissante de cette guerre.

" Il jure que les boches ne sont pas si salauds que ça (il l'assurait encore hier soir), qu'il y en a des bons et sur ce point je lui donne raison. Je veux dire, je n'en connais pas des boches, pas de vivants en tout cas, je n'ai jamais pu leur parler, je n'en avais pas vu en vrai avant et ils ne m'avaient rien fait, donc j'imagine qu'ils ne sont ni pires ni différents de nous. Contrairement à ce que nous jurait monsieur l'instituteur qui n'est pas venu faire la guerre et n'avait pas dû beaucoup en croiser dans sa vie. Pons assure aussi que nous rentrerons tous sains et saufs chez nous, que les hommes vont comprendre, cette guerre ne connaîtra jamais, jamais, la moindre suite. Elle sera la seule de ce siècle. "

Surtout, la mort d'Augustin Trébuchon sonne comme le symbole ultime, s'il en fallait un, de la cruelle absurdité de cette guerre, de toute guerre en général. Pire encore : l'armistice a été signé le 11 novembre à l'aube, mais l'état-major français a décidé, consciemment, que les combats ne nécessitaient pas avant la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l'année.

Par cette décision, le maréchal Foch et ses confrères ont condamné à mort 35 soldats morts dans la matinée du 11 novembre 1918. Outrage final, signe indélébile de la honte et de l'indécence de cette décision, les archives militaires et leurs tombes falsifieront leur date de décès, prétendant qu'ils sont tombés « pour la France » le 10 novembre 1918, car il aurait été inacceptable d'afficher que des soldats français soient morts le jour de l'armistice. Inacceptable, en effet …

" Tous du 415e, tous morts pour la France le 11 novembre 1918. Mais c'est une autre date, la même pour tous, qui est gravée sur leur pierre tombale, dans le carré militaire du petit cimetière de Vrigne-Meuse : 10 novembre 1918. "

Augustin sortira dans toutes les bonnes (et mauvaises) libraires le 10 octobre prochain, n'hésitez pas à l'acheter, à le lire et à l'offrir autour de vous, c'est un très bon roman sur la Première Guerre Mondiale.

" À 160 kilomètres de là, dans la forêt de Compiègne, les plénipotentiaires allemands ont signé l'acte d'armistice et accepté les conditions posées par le maréchal Foch. Il est heureux, le vieux Ferdinand. Il jubile. Il tient sa victoire, son Allemagne humiliée, la gloire, bientôt l'avenue dans les plus beaux quartiers de Paris, la statue équestre place du Trocadéro, une autre à Londres à Grosvernor Gardens. Qu'importe qu'il soit en train d'échafauder méthodiquement les conditions idéales pour tout recommencer dans vingt ans, avec plus de morts encore. Qu'importe que de l'autre côté du Rhin, un petit caporal de rien du tout se prépare à se jeter sur l'occasion pour, bientôt, prendre sa revanche. "
Lien : http://zerojanvier.fr/2018/0..
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Joli prénom Augustin, qui revient à la mode..cent ans plus tard !
Nombre de nos aïeux s'appelaient Augustin, comme celui là..Trébuchon, dont l'étymologie fait référence à une pratique des campagnes..la pose des pièges..c'est presque le rôle de cet homme, originaire des environs de Mende en Lozère, où il ne s'était rendu que pour la conscription..
Ah je ne vous l'ai pas dit, Augustin Trébuchon, dont ce livre nous conte l'histoire était né fin du XIX siècle et est décédé le … 11 Novembre 1918..
Il avait vécu quarante ans dans ses petites montagnes, berger, libre comme l'air.. enfin , Libre comme on pouvait l'être il y a un siècle : «  obéir, croire et combattre » » tenir bon, trimer jour et nuit pour nourrir la famille, ne jamais se plaindre, lui non plus, ne jamais s'amuser, bien peu rire »
Un vie dure, très rude, trop rude, sans aucune place au doute «  ça servirait à quoi de douter ? Ça rendrait fou ! ». D'ailleurs ça rend fou de se demander si tirer sur un ennemi qui ne vous voit pas.. est un fait d'armes !! Ça rend fou de réfléchir à la vie d'horreur.. dans les tranchées.
Comment résister ??compter les jours, les heures, savoir exactement quelle heure il est, quel jour nous sommes, quel mois, se souvenir de sa vie d'avant, et savourer chaque moment calme là, dans ces tranchées des Ardennes..Se faire des copains, même si, très vite, on les voit disparaître, la minute qui suit le dernier sourire, le dernier clin d'oeil, comme Pons.. avec qui il rêvait d'Argentine, lui qui n'avait pas voyagé plus loin que le chef lieu de canton !!
Toute cette armée, dirigée par des généraux qui se moquent bien d'eux, de leur vie, par des lieutenants hautains et arrogants, comme celui qu'il détestait et qui le lui rendait bien. ; qui ressemblait tant aux instituteurs qui leur faisait rendre gorge s'ils parlaient patois.. la bas chez lui,
ce lieutenant qui va l'envoyer à la mort, lui l'estafette, pour un dernier message invitant son pote à la soupe à 11h30.. Il en mourra Augustin, à 10.50, dix minutes avant la signature de l'armistice ; ce 11 novembre 1918, de la balle allemande bien sur, mais de la suffisance humaine, d'un galon ou deux !

Magnifique livre, touchant et percutant à la fois ! Une ode à la richesse de l'homme, aussi petit soit il, ou aussi petit qu'il soit considéré par les élites ! Un cri face à la bêtise et à la petitesse en fait, une plaidoirie contre la guerre bien sûr, mais également contre la haine inutile sauf à faire tuer d'autres hommes.
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Augustin Trébuchon, a quarante ans et est berger, originaire de Malzieu, un département de la Lozère en région Occitanie. Il est mobilisé dès le premier jour de la Première Guerre Mondiale en tant qu'agent de liaison de la 163ème division du 415e régiment d'infanterie.

La narration est à la première personne, Augustin raconte le 1561ème jour de guerre, le dernier jour de cette guerre qui ne devait durer que quelques semaines, à la manière d'un journal intime.
Se mêlent un récit historique, des anecdotes, des ressentis, des souvenirs, des pensées, la peur, l'horreur de la guerre et un optimisme omniprésent qui s'apparente à la chance d'être toujours en vie.

L'auteur Alexandre Duyck assimile avec brio ses recherches historiques sur la Grande Guerre mais aussi les passages romancés qui nous font véritablement entrer dans la tête de ce Poilu – le dernier mort pour la France.

Je suis très heureuse d'avoir pu découvrir cette histoire vraie que je ne connaissais pas et il est important de rendre hommage à Augustin Trébuchon, condamné par le dernier ordre que son commandant lui a demandé d'exécuter. Un dernier message fatal à apporter alors que l'Armistice a déjà été signée depuis plusieurs heures et que la fin des combats est officialisée 15 minutes seulement après le décès d'Augustin.
Celui qui décide que la guerre ne s'arrêtera qu'à 11 heures précises du 11ème jour du 11ème mois est le maréchal Foch et l'injustice que subisse Augustin et les trente-quatre autres soldats morts en ce jour d'Armistice est que leur acte de décès militaire ainsi que leurs tombes falsifient la date de décès : le 10 novembre 1918 « mort pour la France ». La mort de soldats Français le jour de la « grande victoire » de la France était inenvisageable et pourtant…

La fin tragique de cet homme, le 35ème mort en cette matinée du 11 novembre 1918 est un symbole de cette guerre-boucherie et où les décisions prises ont d'abord coûté la vie à des 1.400.000 hommes et auront plus tard des conséquences historiques très graves avec encore plus de morts.
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critiques presse (2)
LeMonde
12 novembre 2018
A l’image du personnage, qui se faufile sur le champ de bataille en imitant les stratégies d’un animal traqué, le style d’Alexandre Duyck a du corps et du souffle. De ce der des ders des « morts pour la France », il offre un portrait vif et captivant, encore couvert de boue et de rosée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
09 novembre 2018
Dans ce beau premier roman, le journaliste Alexandre Duyck éclaire, à la lumière des ar­chives civiles et militaires, le destin insensé et cruel d'Augustin Trébuchon, dernier mort français de la Grande Guerre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Une fois, c'était l'année 1916, un mardi de novembre, il faisait tellement froid, j'ai honte de le dire mais j'ai volé les bottes d'un macchabée, les miennes étaient toutes déchirées, on commençait à voir les pieds au travers, les talons c'était comme si je marchais pieds nus, j'avais peur qu'ils gèlent, mes pieds. Le gars n'avait presque plus de tête mais il avait encore ses deux jambes, je n'avais jamais rien volé de ma vie. Est-ce que prendre les bottes d'un mort, c'est voler ? Les copains trouvent que je me pose trop de questions pour un berger.
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C’est notre côté cul-terreux, disaient les Parisiens, les pires de tous, les Lyonnais sont pas mal non plus mais les Parisiens restaient les pires, si certains de tout savoir, les pires des pires étant les instituteurs parisiens devenus lieutenant et qui nous parlaient comme à des demeurés, à des gosses, à leurs élèves, à croire qu’ils n’ont eu que des dégénérés dans leur école, les instits parigots, faudraient les livrer en masse au boches, en cadeau, faites-en ce que vous voulez, montrez leur du pays mais par pitié, ne nous les rendez pas ou alors mort, et encore. Les instituteurs et la science infuse, comme ils disent, la haine du patois, leur beau Français dont ils usent comme d’une arme pour mieux t’humilier, te démontrer leur supériorité, ils emploient des verbes, des temps de conjugaison dont tu n’as jamais soupçonné l’existence ni deviné l’utilité mais il en abuse, ils en jouissent, ils te parlent d’écrivains célèbres dont tu ignores jusqu’au nom, nous des frustrés qui te refusent le droit de moins bien parler qu’eux, qui te jugent parce que tu en sais mille fois moins qu’eux et qui sont incapables de se débrouiller sans une carte
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l me répète ce que je sais déjà, dans moins de 30 minutes la guerre va s’achever, nous avons gagné, les boches ont signé l’accord, on va tous pouvoir rentrer chez nous : » Moui dans ma belle maison pour y baiser maman », qu’il dit » Toi dans ton trou à rat de bouseux de Lozérien ». Ne pas réagir, ne pas laisser apparaître la moindre émotion, Pons m’a expliqué comment faire comme si de rien n’était. Comme j’ai peur de le regarder dans les yeux, j’applique la méthode que m’a expliqué un copain, fixer des poils entre les deux sourcils, on fait croire à l’autre qu’on le regarde droit dans les yeux mais en fait on ne fait que compter ses poils entre les sourcils.
Des gars sont morts de froid dans les tranchées, des tas de gars, c’est quand même fin de mourir de froid la guerre. Moi je ne m’en suis jamais plaint. Mais je ne suis jamais endormi les fois où j’ai compris qu’il valait mieux ne pas. Un jour j’ai entendu un jeune sous-lieutenant se vanter :«Les poilus ont de la paille, moi un lit ». C’est la première fois depuis le début de la guerre, je crois, où j’ai vraiment eu envie de tuer quelqu’un.
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Delalucque retournerait en Normandie, il y serait ouvrier agricole puis clochard, vivant tantôt dans un hangar, tantôt à la rue. On dit que c’est sa compagne qui l’a tué quelques années plus tard à coups de couteau. Personne ne se souviendra qu’il a sonné, le 11 novembre 1918 à 11 heures, sur le dernier champ de bataille français de la Première Guerre mondiale, le clairon annonçant la fin de la Grande Guerre. On l’oublie tellement que ce n’est pas même son clairon qui trône dans les vitrines du musée de l’Armée à paris : c’est celui du soldat Pierre Sellier, originaire de Belfort qui fut chargé, le 7 novembre au soir, de sonner le cessez-le-feu pour permettre aux plénipotentiaires allemands chargés de négocier l’armistice de traverser les lignes françaises à Haudroy dans l’Aisne
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Les chefs qui jouent les gentils qui m’appellent « mon petit : alors que j’ai quarante ans, qui demande de mes nouvelles et moi comme un con, je leur réponds mais à peine ai-je commencé à parler, il regarde déjà ailleurs, je me plains de mes pieds, ils répondent : » Parfait, c’est très bien continue comme ça mon petit », ces chefs-là sont tous des faux-culs, des lâches qui n’assument pas d’être des chefs mais qui, dans le dos des petits sont pires encore que les autres parce qu’à la fin ils trahissent toujours la confiance.
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Vidéo de Alexandre Duyck
15 août 1942, deux silhouettes s'éloignent dans les couleurs de l'été. Il est un peu tard, cet après-midi, pour aborder l'ascension : 2500 mètres de dénivelé – et la femme qui suit son époux n'a jamais pratiqué la montagne. Le lendemain soir, le couple n'est pas de retour. De cette histoire vécue, Alexandre Duyck comble les silences, avec une justesse de ton, une écoute, un respect à la hauteur de l'émotion partagée.
le nouveau roman d'Alexandre Duyck est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/avec-toi-je-ne-crains-rien #litterature #roman
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