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EAN : 9782072915901
256 pages
Gallimard (21/04/2022)
3.88/5   145 notes
Résumé :
Août 1939. Qui peut se douter de ce qui va se déchaîner, dévaster tant de vies? Marguerite est à son bonheur, son mariage avec Pierre, son amour de jeunesse. Un mois de lune de miel dans leur petite maison de l’est de la France. Puis Pierre est mobilisé. La France est occupée. Marguerite va devoir affronter la solitude, la dureté d’un monde de plus en plus hostile, mais aussi découvrir sa propre force, l’amitié, les émotions qui l’agitent. Au contact de Raymonde, la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais eu le plaisir de découvrir Jacky Durand à travers le trés beau "Recettes de la vie "et c'est donc sans aucune hésitation que j'ai voulu faire la connaissance de " Marguerite" , une jeune femme dont la vie aurait finalement été sans doute été assez " classique , heureusement banale " si l'on n'était pas en 1939 , si elle ne s'était pas mariée 15 jours avant le départ de son jeune mari pour défendre la patrie , si elle n'avait pas vécu dans un petit village où tout le monde se connaît et s'épie , si elle n'avait pas rencontré certaines personnes , si , si , si.....
C'est cette attente de l'être aimé , la survie au village , la souffrance d'un corps jeune privé de la satisfaction des sens , cette adaptation à un monde " nouveau "que nous allons vivre avec Marguerite .
Hélas , tous les regards ne sont pas empreints d'empathie et , dans l'ombre se préparent les vengeances qui permettront à bon nombre de dissimuler l'instinct sauvage qui les anime et leurs propres méfaits ou lâchetés .
Dés le début , dans les toutes premières pages , "Août 1944" , le drame éclate et nous emmène vers des pistes qui nous réserveront bien des surprises .
Encore un récit sur l'épuration , me direz vous .Hum , je vous laisse découvrir et réfléchir , voire même , pourquoi pas , transposer ce monde d'hier à celui d'aujourd'hui .Les différences ne sont pas aussi évidentes que cela .
Encore une fois , j'ai été séduit par les propos de cet auteur qui a su faire passer des émotions dans un roman facile à lire et loin d'être naïf ou redondant .Marguerite et quelques personnages sauront capter votre attention , vous faire apprécier leurs personnalités et vous allez passer un bon moment d'humanisme en leur compagnie .
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Août 1939, en Alsace.
Marguerite est heureuse. Elle vient d'épouser Pierre. Ils se sont installés dans une jolie petite maison de campagne dans l'Est de la France. Même s'ils savent qu'un conflit se prépare de l'autre côté de la frontière, ils profitent de chaque instant. Les petits bonheurs quotidiens du jeune couple n'ont jamais eu autant de sens qu'à cette période.
Mais, au bout de seulement un mois, ce que tout le monde redoutait se produit. La France entre en guerre. Les hommes sont appelés. Pierre est mobilisé. Durant les six années qui suivent, Pierre et Marguerite ne se revoient que deux fois. En attendant, comme beaucoup de femmes, Marguerite doit vivre et survivre. le quotidien se réorganise. L'entraide est courante. Puis, les soldats allemands arrivent. Les envahisseurs. Marguerite rencontre Franz. Il n'est pas comme les autres. Franz a aussi dû quitter les siens. Il n'a pas souhaité cette guerre. Il lui tarde de rentrer. Franz fait parti du bataillon qui surveille le village. Il fait la connaissance de Marguerite.

Jack Durand est un journaliste et écrivain qui aime sillonner la France pour écrire des articles sur ses régions. Elles ont toute leur histoire, leurs coutumes et leur passé. Dans "Marguerite", l'auteur emmène le lecteur dans l'Est, en Alsace d'après les descriptions qui y sont faites.

Dès la première page, nous sommes en 1944 et ça démarre fort car on reproche à Marguerite ses actes.
"Marguerite ne sourit pas, Marguerite ne pleure pas non plus. Elle fixe simplement l'objectif du photographe. Un regard qui vous transperce comme un surin d'Apache. Deux yeux noirs et ronds semblables à des boutons de bottine avec des pupilles qui brillent qu'on les dirait lustrées par des crachats de haine. Pensez donc, elle a couché avec les Allemands, Marguerite, c'est écrit en gros sur son front et ses joues : trois croix gammées peintes d'un trait épais et gras de goudron encore tout frais."
Puis, on remonte le temps en 1939. A partir de cet instant, on la suit sur plusieurs années de peur, de solitude, face à la dureté de ce monde terrible.

L'histoire de Marguerite est celle des femmes durant la Seconde Guerre Mondiale. Seules, livrées à elles-mêmes, elles doivent continuer à élever les enfants, à s'occuper des anciens, à faire vivre les cultures, et les commerces, à vivre le plus normalement possible malgré les sirènes, les bombardements et l'occupation allemande. Elles doivent savoir se protéger, se défendre et prendre les distances avec l'ennemi.

A travers le portrait de son héroïne, l'auteur parle de l'occupation mais aussi de l'amitié franco-allemande, du regard des autres, d'une femme qui va prendre son destin en main et faire ses propres choix malgré les risques encourus.

Un excellent roman que j'ai eu plaisir à lire abordant la question du courage à travers un personnage fort, touchant et émouvant.

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Août 1944. Une grande partie de la France est libérée, mais au milieu de la liesse populaire se déroulent des scènes dramatiques, car il s'agit aussi de faire payer ceux qui ont pactisé avec l'ennemi, de se venger, voire de se dédouaner à bon compte. Quelques jours après la libération de la ville, trois gars attendent Marguerite à la sortie de l'usine pour la conduire sur la place de l'hôtel de ville où elle sera tondue, enduite de trois croix gammées au goudron sur son front et ses joues et affublée d'un carton portant l'inscription «collaboratrice horizontale».
Après cette scène inaugurale violente, Jacky Durand reprend le récit dans sa chronologie. Il retrace les cinq années qui ont précédé, depuis cette année 1939 qui a vu la célébration de son mariage avec Pierre et l'emménagement dans leur nouveau foyer. Un bonheur qui ne durera que quatre semaines, jusqu'à la mobilisation générale et le départ du jeune mari vers le front de l'Est. La période qui suit va être difficile à supporter pour la jeune fille, confrontée à une brutale solitude.
« Marguerite s'effraie et enrage de ce manque trop grand pour la seule absence d'un vivant, de son impuissance à la maîtriser, à le supporter. » Il lui faut certes gérer les affaires courantes, constituer des réserves pour l'hiver, mais le temps s'est comme arrêté dans l'attente d'informations venues de la ligne Maginot.
Et quand un cheminot arrive, porteur d'un message de son mari, les quelques lignes griffonnées pour rassurer son épouse sont décevantes.
Ce n'est qu'à l'approche de Noël qu'une vraie lueur d'espoir arrive : « Mon amour, retrouve-moi à la gare de A., le 24 vers midi, nous passerons Noël tous les deux, je te le jure. »
Un voyage périlleux qui a fallu ne jamais avoir lieu. Fort heureusement l'épouse d'un officier a offert son aide à Marguerite et elle a pu partager quelques heures d'intimité avec Pierre. Sans se douter que cette rencontre sera la dernière avant la fin de la guerre, Marguerite «sent déjà le froid de sa cuisine quand elle ouvrira la porte.»
Quelques heures de ménage chez Raymonde, la receveuse des Postes, vont permettre à Marguerite d'améliorer son ordinaire. Mais aussi de se rendre compte qu'une femme n'est pas forcément sous les ordres d'un mari, fidèle servante d'un ordre établi. le jour où elle découvrira que Raymonde s'est engagée dans la résistance, qu'elle fait passer la ligne de démarcation à des personnes recherchées, elle gagnera en assurance. Quand elle est embauchée à l'usine, elle tiendra tête au contremaître qui semble tenir pour acquis son droit de cuissage sur les ouvrières.
Une autre rencontre va la transformer bien davantage, celle du jeune André qui vit avec sa mère et ses frères et soeurs dans une roulotte. Elle offrira au garçon de la nourriture et des vêtements, il coupera du bois pour elle. Mais surtout, il se liera d'amitié avec Franz, un Allemand qui le prendra son son aile protectrice et évitera à la famille d'être raflée par la Gestapo.
Si Marguerite est plus que méfiante face à cet ennemi, il lui faudra bien vite convenir que ce soldat est «plus courageux que la plupart de ses voisins. Elle veut savoir pourquoi il agit ainsi, à prendre des risques qui pourraient le mener au peloton d'exécution. »
Avec beaucoup de finesse, l'auteur décrit ce lent et imperceptible mouvement, l'évolution de la psychologie de Marguerite, la mutation de l'attente «en un espoir immobile», ce «drôle de sentiment, mélange d'amertume, de résignation mais aussi de soulagement.» L'émancipation d'une femme qui choisit de ne plus subir, mais de décider de son destin, de chercher le vrai derrière les apparences, de ne pas cacher ses sentiments. Quitte à déplaire au point d'en arriver à la scène traumatisante qui ouvre le livre.
Car l'un des points forts de ce livre tient justement à sa construction. le lecteur va finir par comprendre pourquoi et comment Marguerite a été tondue. Mais il sera ensuite invité, en guise de conclusion, à suivre Marguerite durant l'été 1945. L'été où tout devient possible.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Pour un premier roman, quelle réussite. J'ai adoré le style simple et limpide de cet auteur. Il commence par la scène la plus lourde où Marguerite est tondue à la libération, avec toute la violence et la cruauté des résistants de la dernière heure...Puis il remonte en arrière, en 39 où une toute jeune fille se marie 1 mois avant la mobilisation, c'est tout le chemin parcouru par cette jeune femme, seule et fière qui doit gérer cette période d'occupation, sa bonté, son désespoir, sa solitude et les nombreuses questions qu'elle se pose pour "l'après". Très humain, sans psychologie à 4 sous!! à lire!
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Marguerite. Un portrait de femme inoubliable. Plein de sensibilité dans sa façon de s'attacher aux détails d'une vie simple, aux sentiments d'une femme encore en devenir dont l'apprentissage est accéléré par les événements. On ne grandit pas de la même façon en temps de guerre qu'en temps de paix.

Dès la scène d'ouverture, le personnage de Marguerite vous happe pour ne plus vous lâcher. Une scène difficile, très dure, témoignage de ce qu'ont vécu des centaines de femmes après la guerre, une fois que la Libération a permis à ceux qui n'avaient pas eu le courage d'affronter les vrais ennemis de se rattraper sur des proies plus faciles et de se racheter une conscience. Que s'est-il passé pour que Marguerite se retrouve ainsi tondue, insultée et molestée en place publique ? C'est tout l'objet de ce premier roman très réussi qui nous plonge dans la réalité d'une existence parmi d'autres, celle d'une anti-héroïne simplement occupée à vivre du mieux possible.

Car Marguerite et Pierre sont mariés depuis moins de quatre semaines lorsque la guerre éclate à l'été 1939. Amoureuse, Marguerite attend, cultive ses légumes, nourrit ses poules dans cette campagne du nord-est de la France, à portée de train de la ligne de front sur laquelle rien ne bouge. Elle espère Marguerite. Après tout, ce ne devait être l'affaire que de quelques semaines, qui s'éternisent néanmoins. Dans le village, la vie s'organise entre femmes, à l'usine où règne un contremaitre profiteur et harceleur, dans les champs où il faut bien remplacer les hommes. Habituée à la tutelle d'un père, puis à l'idée de celle d'un mari, Marguerite doit apprendre à se prendre en charge, à se protéger et à décider pour elle-même. L'exemple de Raymonde, la postière engagée dans la Résistance, libre et rebelle la met sur la voie. La compagnie d'André, un petit gitan dont la famille se cache dans les bois lui apporte un peu de réconfort. L'arrivée de Frantz, un soldat allemand plus humain que soldat provoque en elle un chapelet de sentiments contradictoires.

L'auteur parvient à montrer une réalité loin des images d'Epinal. Une zone grise où les bons et les méchants ne sont pas ceux que l'on croit. Tout ceci est vu et perçu à travers les yeux de Marguerite qui oscille entre naïveté adolescente et méfiance instinctive. Les échos de la guerre et du sort réservé aux juifs et aux tziganes arrivent par bribes étouffées dans cette campagne éloignée des centres de décision. le sens du collectif s'efface souvent face aux intérêts personnels de ceux qui exploitent la situation pour en tirer un maximum d'avantages.

Le livre refermé, reste la figure de Marguerite, libre et fière, meurtrie mais debout face à l'hypocrisie. Une femme plus forte, tout simplement.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Marguerite descend de l’estrade par une petite échelle de bois, sa main droite serrant le haut de sa robe sous son menton. De profil, elle ressemble à l’un de ces grands oiseaux charognards qui ont le cou et la tête déplumés.
Pour la photo, on la fait mettre à genoux à l’avant d’une rangée d’hommes, plutôt jeunes, dont certains portent cartouchières et fusils. Ils sourient, insouciants comme des conscrits avant les classes. Un morceau de carton passe de main en main provoquant l’hilarité. On le place bien en vue devant les deux femmes afin qu’on puisse y lire les mots de « collaboratrices horizontales » peints en blanc. (p. 12-13)
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"Même les objets semblent à Marguerite hostiles et laids désormais. La veille, elle a renversé dans un grand élan de colère le pot à tabac de Pierre. Puis, furieusement, a balayé les miettes de gris avant de les jeter au feu où elles ont libéré une âcre fumée. Elle enrage de ne plus contempler ses gestes paisibles du soir, quand, après le souper, il se roulait une grosse cigarette qu'il fumait les yeux mi-clos tandis qu'elle faisait la vaisselle, le dos tourné. Cette nuit, Marguerite s'en est prise au réveil. Elle ne supporte plus son tic-tac qui scande leur séparation. Il y a une forme d'inexorabilité, de résignation dans les oscillations mécaniques du temps. Elle aurait pu ne plus le remonter pour faire cesser le bruit. Mais cela aurait été une autre petite mort. Alors, cette nuit, quand le réveil l'a tirée du sommeil, elle l'a jeté au fond de la table de nuit. De toute façon, il ne sonne plus depuis le début de la guerre. A quoi bon se réveiller au petit matin quand le regard rieur de Pierre n'est plus là pour la débusquer sous les draps ? Pourtant, elle ouvre les yeux alors que six heures sonnent sourdement au bout du faubourg. Elle repousse la couverture sur ses seins et sent l'air humide venir lui glacer le bout du nez et les tétons. Elle ne s'est toujours pas décidé à changer les draps. Elle se revoit les reniflant comme une chienne perdue, une môme en pleurs, une amante délaissée à la recherche de la plus petite parcelle de lui, d'un poil, d'un cheveu, d'une tâche de son sperme séchée, d'un reste de sueur imprégné dans le coton rêche."
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"Pourtant, au fil des heures passées ensemble, son cœur lui semblait être sorti d'hibernation. Durant cette nuit, ils étaient restés attablés dans la cuisine, lui se livrant comme jamais il ne l'avait fait, elle l'écoutant beaucoup et parlant peu. Chacun, secrètement, avait compté les heures au clocher qui les rapprochaient de l'aube et de la séparation. Franz avait entamé une course contre la montre pour tout dire de son amour à Marguerite. Il était comme ces voyageurs qui bourrent leurs effets dans une valise trop petite. Marguerite n'avait pas quitté ses yeux d'azur ; c'était sa façon d'exprimer par le regard les mots qui ne pouvaient pas sortir de sa bouche, bloqués par le silence de sa longue solitude. D'elle, Franz n'avait entrevu qu'un être en cours de métamorphose, un papillon dans sa chrysalide. Au dernier tournant de cette guerre, encore une fois, le destin de Marguerite empruntait des méandres inconnus. L'Allemand était entré dans sa vie comme on monte sur le marche-pied d'un tramway qui roule sans savoir dans quelle direction il va. Elle vivait ce voyage au jour le jour sans attente du lendemain. Certes, Franz ne lui promettait rien mais elle sentait en lui la fébrilité de celui qui veut bâtir sur des sables mouvants. Elle aurait aimé le rassurer mais elle en était incapable. Elle contemplait cet été 44 comme une béance, un champ à découvert sur lequel elle cheminait sans but, se raccrochant à son ouvrage quotidien. "
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Elle voudrait pouvoir plonger dans l'onde verte et immobile, retrouver un peu de cette fraîcheur insouciante que procuraient les bains d'avant-guerre. En amont, la rivière fait un coude bordé d'un banc de sable et de gravier où des gamins pataugent en criant. Elle voudrait les rejoindre, partager leurs jeux et leurs rires joyeux. Comme si elle était encore une gamine, la petite fiancée du printemps 39 qui croyait que la vie serait belle, une alliance à sa main gauche, un homme rassurant dans ses bras. La guerre l'a projetée à l'âge adulte, sans Pierre. Aujourd'hui, elle se demande souvent si l'existence serait différente sans l'Occupation.
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La guerre va frapper à leur porte, Marguerite le sait, Pierre sait qu'elle sait mais ils n'en parlent pas. Le silence est la plus supportable des complicités
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