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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Malgré mon observation attentive des sorties livresques, il m'arrive parfois d'être négligent. Les deux premiers romans de SA Cosby avait fait grande impression sur la blogosphère mais je suis passé à côté. Shame on me ! Heureusement, le dieu de la littérature m'a remis dans le droit chemin en me confrontant à son nouveau texte.

L'auteur nous invite dans une petite bourgade typique du sud des Etats-Unis. On suit les traces de Titus, un shérif qui a la particularité d'être noir dans ce territoire historiquement hostile. Lorsqu'une intervention tragique fait naitre une découverte macabre, la communauté se fractionne. Chaque individu, avec ses croyances et ses préjugés, va mettre des bâtons dans les roues de Titus. Il doit donc mener son enquête dans cette atmosphère de haine et de rejet.

Dans « le sang des innocents » est réunie une bonne partie des composants que j'aime retrouver dans mes lectures. L'écrivain mélange un roman noir immersif à un polar bien ficelé. Les deux parties sont parfaitement encastrées pour nous entrainer dans son univers sombre. Mais outre l'ambiance parfaitement retranscrite, le récit a une véritable portée sociale. Avec une plume magnifique, SA Cosby dessine un portrait sans concession des habitants de ses lieux isolés où L Histoire a laissé des traces indélébiles. A travers le parcours de son héros charismatique, il nous expose un monde rural, gangréné par le racisme et la religion. L'héritage du passé de cette région repose sur des cendres qui ne demandent qu'à être rallumées. Il met le pays face à ses imperfections et nous en montre les conséquences.

Nous ne sommes qu'au mois de janvier mais je peux déjà vous annoncer que ce livre fera partie des meilleurs livres de cette année. Un grand roman noir, brut, qui vous fera passer par toutes les émotions ! du grand art !
Lien : https://youtu.be/TBmgbG6UgIY..
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J'avais raté les deux premiers opus de l'auteur qui pourtant avaient eu bonne presse ; le troisième ne pouvait pas m'échapper à nouveau !
‶Titus s'était toujours dit qu'en intégrant le système, il pourrait changer les choses de l'intérieur. Lorsqu'il avait été élu, il s'était promis que son département serait exemplaire. Malheureusement, les évènements lui avaient prouvé qu'il s'agissait d'un voeu pieux. ‶
Titus est de retour chez lui, dans la le comté de Charon. Ancien du FBI, il a été élu schérif. Noir, il sait que la partie ne va pas être facile pour lui, sur ces terres du sud raciste et rural ; une région ravagée par les crises, la consommation d'opioïdes, et la violence qui va avec, sans oublier l'hypocrisie religieuse ambiante.
Titus est extrêmement scrupuleux. S'il se fait un point d'honneur à faire respecter les lois de l'état, à être le plus impartial possible, il veille à maintenir un équilibre précaire entre les communautés.
Cet équilibre vole en éclat le jour où alors qu'un professeur est sauvagement assassiné par un noir, lui-même abattu par la police. Légitime défense, bavure policière ? Il n'en fallait pas tant pour ranimer la haine qui couvent depuis tant d'années.
Pour Titus et son équipe démarre une enquête qui va s'avérer on ne peut plus sordide et explosive. Il n'aurait sans doute pas dû regarder dans le téléphone du mort…mais voilà, maintenant que c'est fait, Titus ne peut plus reculer….
Cet opus, à la fois véritable polar, et roman noir met en scène des personnages attachants, très bien campés ; des hommes avec leurs forces, et leurs failles, décrits avec naturel, sans que l'auteur ait eu besoin de forcer le trait.
Superbement construit, et traduit, ce roman installe d'emblée son lecteur dans l'ambiance lourde et macabre.
Je sais désormais ce qu'il me reste à faire : mettre très vite la main sur les précédents opus de l'auteur !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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« Il y a une fusillade en cours au lycée… »

Tout commence par cet appel reçu par Titus Crown, jeune shérif noir du comté de Charon en Virginie. Un jeune lycéen vient de tuer un professeur aimé des habitants semant la terreur au sein de l'établissement. « Je suis la mort » hurle Latrell, armé d'une carabine quand il sort sur le perron. Titus tente de négocier et de calmer l'assaillant qu'il connait comme le fils d'un ami. En vain. Latrell s'avance, les adjoints du Shérif font feu et l'abattent…

La tragédie initie une enquête dans l'horreur. Les révélations démontrent que le professeur tant adulé n'était pas si angélique que cela. A la clé une succession de meurtres d'enfants noirs qui bouleverse le héros.

Scènes macabres, racismes et violences nourrissent ce roman époustouflant. S.A. Cosby met en lumière un Shérif attendrissant et lumineux. Ancien du FBI revenu dans sa ville pour être proche de son père veuf, Titus incarne ce désir de justice quand le passé remonte à la surface avec toutes les horreurs qu'il brasse. le roman s'emballe au rythme des découvertes tout en mêlant l'histoire d'un pays en proie au racisme, à la violence exacerbée par les armes. Titus Crown est ce héros qui veut bien faire. Lui le premier Shérif noir de son comté natal qui désire plus que tout changer les comportements de la police raciste là où les habitants ne jurent que par les armes et la religion.

S.A. Cosby réussit à entremêler toutes les problématiques des Etats-Unis en peignant à merveille une intrigue digne des plus grands polars. C'est un livre aux scènes dessinées avec virtuosité dans un rendu cinématographique haletant. Visuel, ce polar est un roman dont on ne sort pas indemne, un roman d'un grand auteur.

Lien : https://www.instagram.com/sh..
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S.A Cosby nous propulse en Virginie, dans le Sud des État-Unis. À Charon, ville calme, mais au nom chargé de sens et d'un passé trouble fondé sur le chaos, la violence et le sang.

Le Sang des Innocents est un excellent thriller porteur de messages puissants et essentiels, mais tout en restant un divertissement pour le lecteur. L'écriture de S.A Cosby est très imagée et visuelle, j'ai eu la sensation d'être devant un chef d'oeuvre que pourraient porter David Fincher et Jordan Peele.

Une fusillade dans un lycée…point de départ d'une affaire sordide qui va mener le shérif Titus Crown, ex-agent du FBI et ses adjoints au coeur d'une enquête où racisme, religion, perversion, sadisme, cruauté, détournement de fond, fanatisme et abus de pouvoir se côtoient. Titus devra tout au long de son investigation faire face à la pression des extrémistes qui veulent le décrédibiliser et manifester pour célébrer le passé confédéré idéalisé de suprémacistes blancs à l'occasion de l'annuelle Fête de l'Automne et d'un jeune pasteur noir et ses adaptes qui ne croient plus en la justice.

En plus d'une superbe plume, la beauté et la réussite de ce polar tiennent à plusieurs raisons évidentes, des cliffhangers inattendus, des scènes d'une violence inouïe qui provoquent des hauts le coeur, un psychopathe introuvable profondément traumatisé par une enfance cruelle…mais surtout à son personnage principal, Titus Crown. Atteint de troubles obsessionnels compulsifs depuis la mort de sa mère, Titus a perdu la foi contrairement à son père très pieux. Il essaie tant bien que mal d'être le plus juste, le plus humble et le plus bienveillant possible dans une ville régie par la religion et les préjugés. Son cynisme m'a fait sourire plus d'une fois, la relation qu'il entretient avec son père, Albert est si tendre…Je pense que je ne m'étais jamais autant attachée à un personnage de Shérif/policier.

S.A Cosby dénonce la religion mais s'interroge surtout sur la foi et ce qu'elle nous apporte. Un passage résume clairement ce message qu'il tente de nous faire passer : la vraie foi n'est pas dans le beau discours mais dans les actes, et la charité en fait partie. Il s'interroge sur le fanatisme religieux qui passe par des intérêts personnels sans altruisme qui révèle racisme, maltraitancce psychologique et physique.

L'auteur dénonce aussi tout au long du livre le racisme avec beaucoup de sensibilité et d'intelligence, évidemment par les menaces proférées qui proviennent des suprémacistes mais aussi en faisant état d'un racisme banalisé notamment par des regards, des réflexions et des attitudes des habitants de Charon. Racisme ordinaire accentué lorsqu'un employé de Titus soumet l'idée que tous les blancs qui sont fiers de leur passé ne sont pas des racistes…L'auteur à travers Titus donne une voix à l'importance de l'intégrité, de la tolérance et de la lutte contre la discrimination, il est essentiel de condamner tout ceux et celles qui ne condamnent pas de près ou de loin le racisme tout autant passé qu'actuel car comme il le souligne « le racisme est loin d'avoir disparu ».

Je conseille sans modération ce roman, qui est un gros coup de coeur et que je mets dans mon top 10 polar !

J'ai toutefois quelques réserves,
La traduction du titre en français, je trouve que le titre original a beaucoup plus d'impact.
Le choix de la couverture française qui je trouve nous promet tout sauf un thriller musclé.
S.A Cosby nous informe que Titus est atteint de TOC mais ne s'en sert pas, que ce soit dans l'écriture ou l'intrigue, ce n'est pas grave en soi, mais je trouve que c'est vraiment dommage !

**Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE - lauréat du mois de janvier dans la catégorie Polar
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Titus Crown a été élu premier shérif noir de Charon County une petite ville du Sud des Etats unis, terreau fertile des suprémacistes blancs. Il est bien décidé à faire preuve d'impartialité malgré la promesse qu'il s'est fait de lutter contre l'oppresseur.
Lorsqu'une fusillade intervient dans un lycée, l'auteur des faits, un jeune noir à la dérive, est rapidement abattu sur place. Sa seule victime est un professeur blanc. Pour tout le monde l'affaire est bouclée, l'assassin n'a eu que ce qu'il méritait. En proie aux pressions des deux camps, Titus, impassible, décide de découvrir ce qui a bien pu pousser ce garçon à tuer ce professeur aimé de tous. Ce qu'il va découvrir est bien plus tordu que ce à quoi il s'attendait.
Pas de rédemption pour Charon County devenue berceau du mal, Titus le sait, mais il n'est pas le seul …
Alors on serait tenté de dire que c'est encore la énième histoire sur le Sud esclavagiste, la communauté noire opprimée, le type au milieu qui fait tampon et s'en prend plein la face, blablabla …
Mais quelle erreur ! C'est sans compter sur la qualité narrative du récit et le talent inouï de S.A. COSBY qui écrit d'abord avec ses tripes et ses convictions. Il nous offre une lecture sans concessions en nous brossant le tableau persistant de toutes ces villes gangrénées par un racisme crasse, ancré depuis des générations, par l'ostracisation des plus faibles, et combien il peut être difficile d'être un homme loyal au sein d'une société corrompue.
C'est un roman à l'ambiance sombre emprunt de violence et de revendications, avec des personnages qui ne sont absolument pas dans la caricature, son héros d'ailleurs est de ceux que l'on n'oublie pas une fois le livre refermé et puis surtout c'est une enquête captivante qui à aucun moment ne ménage le lecteur.
Un coup de coeur monstrueux pour cet auteur !
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« Le sang des innocents » est le troisième roman de Shawn. A Cosby paru en France et édité aux éditions Sonatine. Son second, « La colère » figurait sur la « Summer reading list » de Barack Obama. Rien que ça ! Shawn est né en Virginie occidentale, issu d'une famille pauvre et élevé en milieu rural. Il connaît donc parfaitement la notion d'appartenance à une communauté, les avantages et les inconvénients de vivre dans un monde relativement cloisonné. Aussi, à travers ses écrits, il décrit ce qu'il a expérimenté, constaté et ressenti, sur des sujets qui ont fait partie intégrante de son existence. Par exemple, dans « Les routes oubliées » il met en lumière ce que l'homme est capable de faire pour combattre la pauvreté, dans « La colère » il décortique l'intolérance, le racisme et l'homosexualité. Quid dans « Le sang des innocents » ?

Titus Crown, ancien agent du FBI, est de retour dans la ville qui l'a vu naître : Charon en Virginie. Il revient sur sa terre natale pour prendre soin de son père, mais pas seulement… Un évènement traumatique le hante. Durant ce temps passé à Charon, il décide de se porter candidat pour le poste de shérif. Contre toute attente, il remporte cette élection alors que traditionnellement le shérif a toujours été de couleur blanche. Titus Crown et donc le premier shérif noir à accéder à ce poste. En règle générale, il ne se passe rien de bien grave dans cette petite ville aux taux de criminalité relativement bas. Mais alors que Titus va célébrer sa première année de mandat, la communauté est secouée par un shooting au lycée Jefferson Davis. Lors de l'intervention des forces de police, le tueur est assassiné. Il s'agit d'un très jeune étudiant sans histoire. Il n'y a eu qu'une seule personne tuée lors de cet assaut : un professeur de géographie extrêmement apprécié de ses élèves et très respecté de la communauté. Une enquête est alors ouverte qui va révéler bien des zones d'ombre chez chaque protagoniste impliqué dans cette histoire, et amener les équipes de la police, mais aussi les habitants à s'immerger dans les ramifications d'une histoire sordide qui va secouer toute la communauté.

« Le sang des innocents » c'est d'abord le récit d'une communauté et du fameux « vivre ensemble » qui peut exciter autant que paralyser. S.A Cosby connaît et aime sa région. C'est sans doute ce qui lui permet d'en retranscrire l'atmosphère avec tant de pertinence et de finesse. Les descriptions qu'il fait de Charon permettent une immersion totale du lecteur autant au niveau de l'ambiance qu'au niveau du langage qu'il place dans la bouche de ses protagonistes. Car dans ce sud, celui qui a fait l'Amérique par son brassage culturel, sa diversité, ses évènements historiques et ses batailles, les problématiques inhérentes aux petites villes sont bien différentes de celles des grosses mégalopoles. « Bref, Charon était semblable à la majorité des villes et des comtés du Sud : son sol était imbibé de plusieurs générations de larmes et, ici, comme ailleurs, violence et chaos étaient érigés en symboles d'un passé idéalisé qu'on célébrait tous les ans, à l'occasion de la fête des Pères fondateurs. » Plus qu'ailleurs, à Charon, survivre est un combat permanent.

« Le sang des innocents » relate une enquête qui débute par une attaque armée dans une école, phénomène tristement fréquent dans les établissements scolaires américains : un prof aimé de tous, un gosse sans histoire, un flic chargé de l'enquête. Une histoire qui pourrait s'arrêter là sans l'exigence que Titus Crown place dans sa fonction. Personnage phare du roman, Titus a une haute opinion de sa mission et possède un vrai code moral. Chargé de « protéger et servir », de maintenir un code d'honneur basé sur l'irréprochabilité de sa fonction, Titus se fait un point d'orgue à suivre les procédures et à élucider ses affaires jusqu'au bout… quitte à subir les foudres de sa communauté lorsqu'il impose une enquête approfondie sur le tireur Latrell Macdonald, mais aussi sur la victime Jeff Spearman. de quoi s'attirer les foudres de la communauté blanche ET de la communauté noire. Car toute la problématique de ce personnage réside là : Titus est accusé d'être à la solde des blancs par ses pairs, mais aussi de protéger ceux de sa couleur de peau. Titus aime sa ville, mais celle-ci ne lui rend pas forcément son affection… Un amour à sens unique, pollué par un racisme intrinsèque générationnel. Cette enquête va pousser toute une communauté dans ses retranchements, et Titus dans les siens.

Je ne vais pas expliciter plus en détail l'enquête abominable à laquelle va être confronté Titus, je préfère mettre l'accent sur la photographie que S.A Cosby fait de l'Amérique et des thématiques qu'il soulève. Il y a le racisme dont sont victimes les Noirs américains et dont les récents événements d'actualité démontrent l'omniprésence, mais il y a aussi la religion à laquelle Cosby consacre une très grande partie de son roman. Il faut comprendre que l'Amérique fonctionne sur un système de communautés : celle de l'école, celle de l'église, celle des opinions politiques. Les relations amicales se font uniquement par ce biais. Or, dans le comté de Charon, il existe vingt lieux de culte. Pour une si petite communauté, c'est énorme et cela divise. le titre anglais du roman « All the sinners bleed » (littéralement, tous ceux qui ont commis des péchés saignent) met bien en avant cette notion de communautarisme par la religion. Dans « Le sang des innocents », le lecteur rencontre des confessions proches, mais différentes avec un regard assez cynique sur le sujet : « Une église aussi rentable aurait dû avoir les moyens de s'offrir un climatiseur central dernier cri. Ainsi que des bancs de meilleure qualité. Et un nouveau bardage. Par ailleurs, il ne pouvait pas s'empêcher de remarquer la belle robe noire aux broderies d'or du révérend Jackson, tout comme il n'avait pas manqué de remarquer la Lexus flambant neuve stationnée sur l'emplacement réservé au pasteur. Chaque année, une nouvelle voiture semblait y faire son apparition. Peut-être que c'était ça, en fin de compte, ce que les vrais croyants appelaient un miracle. » La balance incarnée par Helen, mère de Titus décédée est savoureuse : « Il ne suffit pas de monter dans une chaire pour être un pasteur, tout comme il ne suffit pas de se rouler dans la boue pour être un cochon. »

Certaines branches comme celle du Rocher Rédempteur en la personne du pasteur Elias Hillington décortiquent un microcosme de religion blanche pour blancs : « Le pasteur et les membres de sa congrégation ne cachaient pas leurs orientations politiques : entre deux sermons sur les flammes de l'enfer, Elias n'hésitait pas à s'emporter contre le mariage gay, la menace socialiste ou le mouvement Black Lives Matter. Les fidèles du Rocher sacré ne portaient pas de robes blanches et ne brûlaient pas de croix, mais Titus savait très bien ce qu'ils pensaient de lui et de tous ceux qui lui ressemblaient. Cela émanait d'eux par vagues, comme la puanteur qui se dégage d'une plaie infectée. Dans leur cas, c'était l'âme qui était vérolée. » D'ailleurs, l'anecdote de ce pasteur qui vit au milieu des serpents et les utilise pour ses prêches est tout à fait réelle, il vous suffit de taper « snake handling » ou « serpent handling » sur internet pour vous rendre compte du phénomène. Ce procédé sous-entend que leur foi est si forte que les serpents ne les mordront pas.

Même si Titus Crown est très critique face à la religion et qu'il a mis « un terme à cette relation abusive il y a déjà un bon moment », il respecte absolument les croyances de son entourage, notamment celle de son père. Ils existent chacun avec leurs croyances, mais existent aussi individuellement, en dehors de leurs spiritualités respectives. S.A Cosby fait d'ailleurs une différence majeure entre religion et spiritualité. Nul besoin d'aller à l'église pour être croyant – la foi est quelque chose de très personnel, hypocrisie de ceux qui se disent croyants et commettent ensuite les pires atrocités qu'ils vont confesser dans des lieux saints, mais qui ne les empêchera pas de recommencer leurs méfaits. Je voudrais d'ailleurs insister sur cette magnifique relation que Titus a avec son père, une relation d'amour désintéressé, sans jugement, respectueuse et incroyablement inspirante.

« Le sang des innocents » évoque également le sujet des armes à feu, autre problématique récurrente sur le sol américain. Comme vous le savez, sans doute la NRA, toute puissante, génératrice de lobbying et militante du fameux premier amendement de la Constitution, ne permettra jamais de résoudre ce problème. Shawn A. Cosby le sait très bien, et en profite pour aborder ce sujet de façon parfois assez cynique (« Vous voyez, c'est pour ça que j'ai toujours dit qu'il fallait que les enseignants aient le droit de porter une arme. ») ou de façon plus sérieuse (« Le comté de Charon comptait plus d'armes à feu que d'habitants, pour la bonne raison que la plupart des habitants possédaient plus d'armes à feu que nécessaire. »).

À travers le personnage de Titus Crown et des thématiques abordées, Cosby a un merveilleux alibi pour décortiquer avec lucidité son Amérique. le dilemme de Titus, de devoir prouver qu'un shérif noir peut être aussi impartial et intègre qu'un shérif blanc est une croix quotidienne. « (…) s'il était élu, il serait un shérif noir, mais pas le shérif de la communauté noire. » Irréprochabilité, transparence et moralité combattent une affaire où mensonges, secrets et cruauté prennent toute la place. Dans une si petite communauté où chacun porte un masque, sait des choses qu'il faut taire, difficile de démêler le vrai du faux… « La vérité est encore à faire ses lacets que le mensonge a déjà parcouru la moitié du globe. » « Le sang des innocents » coule sur les terres de Charon, et il est principalement noir. Malgré un sentiment d'appartenance fort, et un amour sincère, pour ce lieu, les sentiments du shérif face à l'enquête qui doit mener restent ambivalents ; « C'était une période où, il devait bien le reconnaître, il avait honte de sa ville natale. Honte des péquenauds arriérés et racistes qui la peuplaient et de la petite mesquinerie de province qui la caractérisait. »

Toute la complexité de l'être humain et à travers lui de l'Amérique est présente dans ce roman. Une belle réussite pour un auteur qui prend incontestablement de l'ampleur !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Dans le coeur du Sud des États-Unis, "Le Sang des Innocents" nous plonge dans l'atmosphère électrique de Charon County, une ville épicentre de tensions raciales exacerbées par la crise des opioïdes.
À travers les yeux de Titus Crown, premier shérif noir du comté et ancien agent du FBI, l'auteur dépeint une société en ébullition, où le racisme et les vestiges de l'esclavage tissent le quotidien d'une communauté déchirée.
Charon County, cette ville de Virginie, apparait presque comme un personnage à part entière, et ses rues et ses secrets racontent l'histoire d'une ville, d'un pays en lutte constante contre ses démons.

Titus Crown est un héros profondément humain, marqué par un fort lien avec sa mère défunte qui continue, malgré son absence, de guider ses pas. Sa solitude et sa scrupuleuse intégrité dans l'exercice de ses fonctions contrastent avec la méfiance qu'il suscite de toutes parts.
Entre le rejet d'une partie de la communauté blanche et la défiance d'une frange de la communauté noire, Titus incarne la complexité d'être à la fois gardien de l'ordre et minorité visible. Sa relation avec son père et son frère participe également à cet attachement qu'on ressent pour lui.
Tiraillé entre son devoir et son identité, il parcourt ce roman de façon particulièrement forte.

Le roman explore aussi la place laissée à la religion dans la vie de Titus, illustrant la quête d'un homme pour trouver sa propre voie entre foi et scepticisme, héritage familial et convictions personnelles.

J'ai vraiment adoré cette lecture, c'est bien écrit, fluide, on ressent la tension palpable et l'atmosphère à chaque page. L'auteur tisse habilement les fils où le passé et le présent s'entrelacent, révélant les stigmates d'une Amérique déchirée.

C'est un roman bien noir et puissant dont on a du mal à lâcher la lecture !

La confrontation entre les communautés blanche et noire et la difficile acceptation d'un shérif noir rendent le récit à la fois poignant et profondément actuel.

Ce n'est pas qu'une enquête policière, c'est aussi une exploration nuancée des fractures sociales et raciales d'une Amérique toujours en proie à ses vieux démons.
À lire absolument !

Et la fin nous laisse un peu dans l'expectative, y aura-t-il une suite ? On a vraiment envie de savoir ce que devient Titus !
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Titus est le 1er shérif de couleur de Charon ville du Sud des États Unis. La ville est marquée par son histoire ségrégationniste et la présence d'un sherif noir n'est pas acceptée par tout le monde. Dans ce décor il va se produire une fusillade dans le lycée de la ville dans laquelle le professeur le plus apprécié est tue ainsi que l tueur, un jeune noir abattu par un collègue blanc de Titus.
L'intrigue est plutôt classique mais ce qui fait que ce livre est très marquant se situe plus dans la plume de l'auteur.
En effet son écriture est très fluide le déroulé se passe à une bonne vitesse ni trop rapide ni trop lente.
Il y a l'intrigue principale avec la recherche du tueur qui est pour moi une enquête plutôt classique mais les éléments de la vie de Titus, son histoire ses doutes sont très bien distillés tout au long du récit principal et crée une profondeur à l'histoire qui sans ça serait moins prenante. On est également grâce à ca totalement plongé dans cette ville du Sud et son contexte historique. Ça m'a rappelé Brasier Noir que Greg Isles ce qui est très bon signe.
Je vais garder en tête cet auteur qui semble prometteur comme souvent avec Sonatine.

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Premier roman que je lis de cet auteur, et c'est un coup de coeur , le premier de cette année ! 

Après quelques années à travailler pour le FBI, Titus revient à Charon, sa ville natale, où les mentalités n'ont pas l'air d'avoir évolué pour certains. Élu shérif du comté de Charon, Titus va devoir enquêter sur une tragédie survenue dans un lycée. Face a de nombreux détracteurs, il va devoir prouver que l'enquête est plus complexe qu'il n'y paraît et que quelque chose de plus sérieux se cache là-dessous. Une course contre la montre est lancée car les meurtres, eux, continuent...

Cosby écrit avec justesse et réalisme le quotidien de cette petite ville du sud-est des États-unis encore bien ancrée dans son passé ségrégationniste...  Racisme, injustices sociales, violence et fanatisme religieux sont les thèmes parfaitement maîtrisés de ce thriller.

Je me suis rapidement attachée à Titus, droit,  loyal mais avant tout profondément humain. C'est un homme tourmenté par ses propres démons, qu'il essaie tant bien que mal d'occulter, mais cela n'est pas une chose facile avec les éléments de cette enquête. 

J'ai adoré l'ambiance du roman,  sordide et angoissante à souhait, et où la tension monte crescendo au fur et à mesure de l'enquête. On ne s'ennuie à aucun moment, et les pages défilent sans que l'on s'en rende compte. 

Ce roman est une vraie claque que je vous conseille vivement si vous aimez les thrillers denses. Je ne tarderai pas à lire les premiers romans de cet auteur! 

Je remercie les éditions Sonatine et Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce roman.

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Dans le comté de Charon, la saison des larmes vient de débuter.

Après avoir travaillé quelques années au FBI, Titus Crown revient dans la ville où il est né et a grandi. Il devient le premier shérif noir en l'emportant sur son prédécesseur véreux. Bien décidé à remettre la justice au centre de son action, il est pris entre ceux qui le haïssent pour sa couleur de peau et ceux qui le jugent comme traitre à la cause noire.
Un an jour pour jour après son élection, un professeur est tué dans le lycée local par un ancien élève. Un professeur blanc adoré par tous tué par un jeune noir, lui même abattu par les adjoints blancs de Titus: les divisions ne font qu'augmenter dans la communauté alors que cette fusillade met à jour une série de crimes et l'existence d'un tueur en liberté.

Comme dans ses précédents romans, Cosby utilise le roman noir pour dresser le portrait de l'Amérique. Il fait un magnifique travail en décrivant la dynamique d'une petite ville aux prises avec son héritage historique et ses divisions raciales qui alimentent les conflits sans oublier l'omniprésence de la religion.

Toujours habile à créer des personnages forts, Cosby donne vie à ce shérif noir qui se bat avec ses propres traumatismes et doit naviguer dans la politique locale. Titus Crowne est un personnage complexe confronté aux conflits intérieurs qui l'agitent sur ses fonctions de shérif noir, déterminé à être irréprochable, s'efforçant de ne pas franchir la mince frontière entre le bien et le mal mais tenu de protéger même ceux qui prônent des idées nauséabondes. Un homme imparfait et tourmenté, animé par une quête incessante de justice pour tous.

C'est encore un sans faute pour cet auteur. Trois romans - trois réussites - tous différents mais avec un art, désormais reconnaissable, pour marier les sujets difficiles et l'action, la sensibilité et la violence.
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