Me voici à nouveau dans le Sud de l'Amérique, chez les péquenots racistes, les culs terreux qui regrettent le temps de la ségrégation raciale, chez les nostalgiques de la guerre de Sécession… Bref, là où il vaut mieux être WASP qu'Afro-américain…
Ça, c'est un super roman noir de chez noir (sans mauvais jeux de mots), un roman qui prend aux tripes très vite, un roman que j'ai lu sans ciller des yeux, sans respirer aussi, tant la tension était palpable et à couper au couteau.
Ce récit vous donne l'impression d'être assise sur un baril de poudre avec un bâton de dynamite allumé en main… Et pour Titus Crown, le shérif de la bourgade sudiste de Charon, c'est encore pire.
Ce roman sombre explore la noirceur humaine dans ce qu'elle a de plus glauque, de plus bas, de plus terrible. Oui, à un moment donné, il y a eu des mots insoutenables, de ceux qu'on n'a pas envie de lire ou d'entendre (et encore moins de voir), de ceux qui vous coupent la respiration, qui vous crispent…
L'auteur ne donnera pas trop de détails, afin de ne pas rajouter de l'horreur à celle qui était déjà annoncée et éviter un voyeurisme malsain. Malgré tout, on ne peut s'empêcher d'avoir la bouche sèche et les sueurs froides devant pareilles ignominies.
Heureusement que pour contrer tout cela, il y a Titus Crown, véritable lumière dans toute cette "sombritude", sans pour autant qu'il soit un chevalier ou un super-héros. Il a ses défauts, ses doutes, ses fêlures, ses contradictions aussi, parce qu'il n'est pas toujours facile de rester droit et de respecter ses principes.
Titus est un personnage fort, un ancien du FBI, qui vit avec ses fantômes et qui tente de garder la tête hors de l'eau dans cette société qui est nostalgique de la guerre de Sécession, voulant célébrer ses officiers et de la ségrégation. Dans sa ville, il est soit vu, soit comme un traître à sa communauté, soit comme un Noir, soit comme un mec bien.
Si l'intrigue commence de manière assez classique, avec un ado qui flingue un prof, c'est toute la suite qui sortira de l'ordinaire et nous emportera dans un maelstrom qui ne nous laissera que peu de répits. En vrac, il y a des émotions, de l'action, des tergiversations, des dilemmes, des décisions difficiles à prendre, du racisme, de la violence, de l'imbécilité humaine et j'en passe…
Anybref, c'est un roman intense, fort, magnifique, profond et les mots me manquent. Un roman dans lequel coule le sang, les larmes et la xénophobie. Un roman noir où les tensions raciales sont à leur comble et commencent à atteindre le point de rupture entre les deux communautés.
Un excellent roman noir ! Un coup de coeur.
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