Le Sang des innocents

En tant que gens du Sud, nous avons tous grandi entourés de fantômes.

Si l'église en est un, la terre imbibée de sang que nous foulons au quotidien en est un autre.

Car nous sommes tous soit descendants d'esclaves, soit descendants d'esclavagistes.
[…]
Comment ignorer la présence constante des statues de généraux sudistes qui trônent dans nos centres-villes ou des drapeaux confédérés qui flottent le long de nos routes ?

Préface : David Joy

- C'est tout à fait possible, avait répondu Pip. Mais je crois que ça me plairait bien, de terminer ma carrière au service d'un shérif qui ne soit pas un chien enragé. Un shérif qui utilise ses draps blancs pour dormir et pas pour se déguiser le samedi soir.
(page 111)

Au fond, c'était exactement à cela que s'apparentait le maintien de l'ordre dans une petite ville. Vous vous retrouviez penché au-dessus d'un corps couvert de bleus ou devant un pick-up accidenté qui empestait le whisky, avec pour seuls compagnons une pelle, une balayette et des regrets. Un vulgaire agent d'entretien chargé de ramasser les débris de la vie des autres.
(p.164)

À choisir, il préférait ce petit froid par textos interposés qu'une vraie dispute. C'était le lot de toutes les relations longues : des dizaines et des dizaines de décisions tactiques et de négociations unilatérales dans le seul but de maintenir la paix. Ou du moins, l'illusion de la paix.
(p.166)

Il était fatigué. Plus fatigué qu'il ne l'avait jamais été. Et cette fatigue était si profonde qu'il lui faudrait beaucoup plus qu'une nuit de sommeil pour recharger les batteries. Un mois de coma, peut-être. Ou alors, il fallait qu'il devienne somnambule pour pouvoir continuer à travailler.
(p.365)

Titus prit une longue inspiration. Denver empestait tellement l'alcool qu'on aurait pu croire qu'il avait fait des longueurs dans un tonneau de whisky.
(p.323)

« La vérité est encore à faire ses lacets que le mensonge a déjà parcouru la moitié du globe. »
(p.214) […]
« On peut pas cracher face au vent et s'attendre à pas finir mouillé. », murmura Titus.
Encore une fois, les petites maximes de sagesse qu'affectionnait sa mère se révélaient particulièrement pertinentes.
(p.307)

Le sourire de Gilby était une invitation à s'asseoir un moment pour profiter d'un repas réconfortant. Tous ceux qui la traitaient avec respect recevaient le même respect en retour.
Pour les autres, ceux qui avaient besoin qu'on leur rappelle les bonnes manières, Titus savait que Gilby cachait derrière le bar un énorme revolver calibre .44.

L'espoir, c'est se jeter à l'eau pour traverser une rivière à la nage; la précaution, c'est de consulter une carte pour déterminer le meilleur endroit où la franchir.

La réalité était qu’il vivait dans un monde régit par le chaos et que, en dépit de tous ses efforts, il ne pourrait jamais rien y changer.