Ces derniers temps, je me suis autorisé à faire des lectures inhabituelles. C'est mon deuxième livre de
Madeleine Chapsal et je m'étonne presque à trouver du plaisir à la lire. Allez savoir pourquoi. Son dernier roman, «
Brume légère sur notre amour », m'avait déjà beaucoup plu: son écriture y fait sûrement.
Alors, je me suis lancé dans cet ouvrage au titre intriguant mis entre guillemets: un « certain âge ». Ce n'est pas une fiction, plutôt un témoignage. le témoignage d'une femme qui a pris le temps de vivre et d'écrire sur la vie, la longue vie. Il s'agit d'un beau témoignage sur l'art de vieillir et
Madeleine Chapsal en parle admirablement bien.
« Quels que soient notre âge, dit-elle, nos difficultés, nos douleurs, nos peurs et nos refus, nous avons avantage à nous perfectionner dans l'initiation de cet art - car c'en est un - qui de tous est le mieux partagé, le plus collectif: vieillir. » Pour elle, ce n'est pas le « certain âge » qu'il faut vouloir changer, « en le gommant éventuellement par la chirurgie esthétique - laquelle trop souvent banalise, uniformise -, c'est notre regard » et en particulier, à mon avis, celui des hommes autant que celui des femmes.
« Tout être humain est un chef-d'oeuvre » dit-elle. C'est si vrai qu'il nous faut avoir un peu d'âge pour le découvrir.
A la fin de l'ouvrage, l'auteure invite quelques femmes mûres, et d'horizons très différents, qu'elle a bien plus que coudoyé et s'interroge avec elle sur le sujet :
Claude Sarraute (journaliste, écrivaine et fille de
Nathalie Sarraute),
Sonia Rykiel (figure de la haute couture, créatrice de mode, décédée l'été 2016), Marguerite Mazurier (agricultrice), Antoinette (ex-mannequin) et un homme,
Patrick Dupont.
Ce dernier portrait a quelque peu gâché ce moment de lecture plein de tendresse, de sincérité et de simplicité. Dupont ne s'entretient pas avec mais parle seul. Et il ne parle pas de la vieillesse pour les mêmes raisons qui sont évoquées dans le livre. Lui, en parle avec égoïsme, avec suffisance et avec ringardise, car le privant de la poursuite de son activité de danseur professionnel dont il a tiré une telle notoriété qu'il en est devenu, l'accident n'aidant pas, humainement imbuvable.
S'il fallait à tout prix laisser parler un homme, ne serait-ce qu'un seul, un choix autre eut été infiniment possible. Mais l'amitié, comme la vieillesse, a ses lois qui nous dépassent.