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EAN : 9782070394449
240 pages
Gallimard (23/04/1996)
4.15/5   94 notes
Résumé :
Pendant l'Occupation, Louis Calaferte a onze ans. Il raconte la guerre telle que la voit, telle que la vit un enfant. " Une jeune femme marche dans la rue. Une traction avant noire s'arrète a sa hauteur. Deux hommes en manteaux de cuir marron et en chapeaux sombres bondissent de la traction avant noire. Un homme ceinture la jeune femme et lui bâillonne la bouche d'une main. La jeune femme se débat. Il la jette dans la traction avant noire. Les portières claquent. La... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Commande Librairie Périple2- Boulogne-Billancourt-
17 Juillet 2022

Une lecture - coup de poing-massue.....dont on ne peut sortir le ou la " même " !
Et pourtant que de récits sur la guerre, mais celui-ci, dans sa forme, est totalement singulier et hors- normes..!

Ma gratitude envers l'enthousiasme de l'auteure, Marie- Hélène Lafon, parlant de ce texte de Calaferte, l'ayant fortement marquée ! Ceci dans le cadre de la 500e de l' émission " La Grande Librairie", dernière présentée par Francois Busnel ( partant vers d'autres projets )

J'ai retenu d'autres curiosités et envies de lectures, ce soir- là.En l'occurence, mon premier élan a été pour celui-ci; c'est un écrivain que j'ai découvert , très jeune, avec la lecture aussi enthousiaste du "Requiem des innocents"...et je ne connaissais pas l'existence de ce texte !

Je vais transcrire, en guise d'introduction, un extrait du livre...qui situe le sujet et l'âge du narrateur...

"Il n'y a autour de moi que vol, mensonge, compromission, passion de l'argent, égoïsme, indifférence, corruption, hypocrisie, prostitution déguisée, violence, lâcheté, bassesse, obséquiosité intéressée.

J'ai treize ans.Quatorze ans.Quinze ans.
J'apprends l'homme.
L'homme est une saloperie.

Ils font tous du marché noir.
Les autres ont faim."

Le récit de la déclaration de la seconde guerre mondiale, de la mobilisation générale, des épreuves, horreurs quotidiennes lors de ce conflit à l'épuration sont racontés par la voix de l'auteur, mais l'auteur à l'époque, âgé de 11 ans, au début du conflit...

Il transcrit, quasiment sans filtre, tous les propos qu' il entend autour de lui; où chacun parle beaucoup avec tous les infâmes préjugés de l'époque, sans comprendre la majeure partie du " vocabulaire" utilisé..
Par exemple, le jeune garçon entend en permanence le mot " youpin" lancé à tous vents; mais aucun adulte n'est capable , même le curé, de lui donner un début de définition ou d'explication !

Le jeune garçon trouve les adultes bien médiocres et lamentables...De longues phrases quasiment sans ponctuation , des phrases- leitmotiv, revenant comme un chant lancinant et oppressant...
ces choix narratifs faisant parler un pré- adolescent ,accentuent la pesanteur de son quotidien, explosant de la barbarie des hommes, et de la banalité du mal...qu'il constate dans les moindres détails des journées...Et c'est dans cette période ignominieuse qu'il va grandir et " devoir apprendre la vie " !!

Tout est très, très noir et désespérant...quelques rares traces d'humanité et de coeur... dont cet extrait aux phrases répétitives voulues; rendant au mieux la situation décrite : de rudes paysans, obligés de donner leurs chevaux pour la guerre...sont ébranlés d'émotions !..

"Il arrive encore des chevaux d'en bas et d'en haut.
Avec des paysans.
On a froid.
Est-ce que les chevaux ont froid ?
Les paysans parlent à leurs chevaux.
Les paysans caressent leurs chevaux.
Les chevaux bourrent leurs têtes contre eux.
Les chevaux hénissent.
Comme s'ils pleuraient.
Il arrive encore des chevaux de partout.
Ça tape sur la route.
Ça tape sur le chemin.
Les paysans serrent la bouche.
Les paysans caressent les naseaux de leurs chevaux.
Il y a un paysan qui pleure.
Il y a un autre paysan qui pleure.
Ils tournent la tête pour qu'on ne les voie pas pleurer. "

Un texte d'une très rare force sur la bêtise des hommes et la machine infernale , broyeuse que représente toute guerre ...alors qu'imaginer comme traumatismes semés dans la tête d'un gamin..! Calaferte exprime cela de la façon la plus tranchante, .mêlant le scalpel et un humour grinçant...




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C'est quoi, la guerre pour un enfant de onze ans ? Enfant page blanche qui entend des mots nouveaux, des noms propres répétés par les adultes, qui assiste à des scènes inédites de tristesse ou de cérémonies patriotiques, à qui l'on fait chanter à l'école « Maréchal, nous voilà » et qui ne sait ni qui décide de la guerre, ni où elle se passe, ni ce que veut dire le mot « maréchal ».
Enfant page blanche qui inscrit dans sa mémoire, jour après jour, toutes ces nouveautés inexpliquées, et qui s'interroge.

Mais on ne laisse pas le choix à l'enfant : il va vite apprendre. Peut-être pas la guerre en tant que telle, mais l'occupation allemande qui apporte avec elle, la violence, la faim, le froid, et qui suscite les pires comportements, le juteux marché noir, les délations, l'antisémitisme public et revendiqué. L'enfant apprend tout cela avant d'avoir atteint ses quatorze ans.

De l'innocence naïve des premières pages, qui a pu faire sourire, on dégringole dans la noirceur d'une adolescence qui n'a plus aucune illusion. Une adolescence non seulement volée de son insouciance, mais victime de la noirceur quotidienne des conditions d'existence difficiles, et de profiteurs dont l'abjection ne connaît pas de limites.

Et puis, témoin terrifié et sidéré de la violence sadique et meurtrière qui s'exerce, parfois dans les maisons ou les cafés, et jusque dans les rues.

Mais Calaferte n'emploie pas ces mots-là : sadisme, violence, meurtre, abjection. Il écrit ce qu'il entend et voit en phrases courtes, simples, élémentaires. Sujet, verbe, complément. Et un adjectif de couleur de temps en temps, pour décrire un manteau ou l'allure du ciel. Il écrit le constat fait par un tout jeune homme qui apprend la guerre sans professeur, par ses propres moyens, et qui n'a que les mots de son quotidien pour la raconter.

La sècheresse de son expression est plus percutante que n'importe quelle lamentation.

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Quel livre ! Quelle originalité ! Comme le titre l'indique c'est la guerre, la seconde mondiale. Dans ce roman, le narrateur est un enfant. Un mélange de rires et larmes, de prose et poésie, de pour et contre, d'un clan et de l'autre. Parce que la vie continue, malgré tout, avec les premiers émois. Mes mots paraissent bien plats face à ceux de Louis Calaferte. Irracontable, inclassable, unique, quoi !
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Attention, avec ce livre, vous allez vous prendre une claque par un gamin de onze ans...

Une écriture incisive, des phrases courtes qui vont à l'essentiel et qui donnent un certain rythme et une puissance à ce récit autobiographique mais qui alterne aussi avec des phrases plus longues pour expliquer les choses en profondeur.
On frappe et on discute ensuite...
Un récit haletant comme une course effrénée à travers l'Occupation.

C'est l'écriture d'un enfant de onze ans qui voit la guerre, qui entend la guerre, qui comprend la guerre, qui ne comprend pas la guerre. Il raconte, avec ses mots, le quotidien de cette période: l'exode, les tickets de rationnement, les "boches", le marché noir, les trahisons, la Gestapo, les Juifs, les combines, les arrestations, les femmes tondues...

Un livre que je conseille vivement pour le sujet, l'écriture, l'auteur.
Une pépite qui ne vous laissera pas indifférent.
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Un des livres de la valise contenant les ouvrages ayant contribué à forger la vocation des auteurs invités à la grande librairie du 6 juillet 2022.
C'est une belle découverte que ce témoignage à hauteur de l'enfant de onze ans qui vit, par ses yeux et dans son coeur la survenance de la seconde guerre mondiale, là où il habite. Une écriture brute et directe sortie tout droit de la tête de l'enfant qui livre un ressenti instantané et illustre de belle façon l'environnement, l'état d'esprit et les comportements des Français à ce moment là de notre histoire. On ne peut s'empêcher de remarquer que le poids accordé à la résignation, l'acceptation et la collaboration dans la narration est bien supérieur à celui de la survenance d'une résistance moins consensuelle ! Vue de l'esprit de l'enfant ou réalité ?
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critiques presse (1)
LeMonde
09 juin 2017
Un récit carbure, incandescent, sombre et puissant ; il cavale par éclats, par notations crues, alterne les tableaux
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Depuis qu’on sait que les Américains arrivent, tout le monde a été résistant.

Tout le monde a connu un Juif.
Un Juif qu’on aimait bien.
Un Juif à qui on a rendu service.
Un bon Juif.
Un Juif qu’on aurait pu cacher s’il l’avait demandé.
D’ailleurs on a un oncle qui en a caché un.

Tout le monde a caché des Juifs.

Tous les Juifs que je connaissais ont été torturés.
Déportés.
Assassinés.
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Le commissaire de police lui dit madame si vous pouvez partir partez. Maman Guite demande quand. Le commissaire de police lui dit tout de suite. Il dit c’est la défaite. Les Allemands sont en France. Ils avancent comme dans du beurre. Maman Guite demande où ils sont. Le commissaire de police lui dit que personne n’en sait rien. Une heure avant ils étaient là une heure après ils sont ailleurs. On n’a jamais vu ça. Maman Guite dit qu’elle a trois frères au front. Le commissaire de police lui dit qu’il n’y a plus de front. C’est la débandade partout. L’armée française est vaincue. Les bombes tombent. Partez madame dit le commissaire de police. J’ai une voiture dit Maman Guite. Raison de plus partez. Prenez l’enfant et partez.
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(Au patronage du jeudi – en 1939 – l’abbé parle )

« (...) A partir d’aujourd’hui, le jeudi nous ferons l’appel et, s’il en a, chacun de nous donnera des nouvelles de son papa qui est au front. Si un malheur arrive à une famille, nous serons solidaires et nous la soutiendrons dans la peine. Si l’un de nos camarades a un nom d’un autre pays, et s’il parle mal de la France, nous devons le répéter le jeudi suivant à M. l’Abbé. A présent, nous allons prier ensemble pour nos soldats. »
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Le vainqueur de Verdun a l’air d’un vieux con. Propre et pomponné. Au grand hôtel de Vichy, il mange des carottes. On nous dit qu’il est sobre. Un exemple pour le pays. Le pays est sobre parce qu’il n’a rien à bouffer. Pétain est sobre parce qu’il ne peut plus bouffer.
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- Pourquoi qu’on les appelle les Boches ?
- Parce que c’est comme ça qu’ils s’appellent.
(Je comprends subitement que les Boches ce sont les Allemands)
(...)
- Peut-être que quand on sera grands faudra qu’on y aille aussi.
(C’est où la guerre ?)
- Mon père dit que si tout le monde s’entendait il n’y aurait plus de guerre.
(Qui est-ce qui dit que ça doit être la guerre ?)
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Videos de Louis Calaferte (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Calaferte
Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie) Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020. À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
+ Lire la suite
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