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EAN : 9782266122948
152 pages
Pocket (08/01/2004)
3.93/5   402 notes
Résumé :
Ils s'appellent Thomas et Lucas et ils sont frères. L'un va mourir, l'autre va l'accompagner. Ils iront se réfugier dans la maison d'enfance, la maison blanche de l'île de Ré. Non pour attendre la mort, mais pour vivre intensément chacune des heures qui leur est donnée. Une histoire d'amour entre deux êtres que la vie avait séparés
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3,93

sur 402 notes
Alors que Luc Besson s'épanouissait dans le grand bleu , Philippe Besson , lui , s'illustre dans la grisaille , la noirceur , le mortifere...et c'est douloureusement beau ! Un cri d'amour magistral qui vous prend aux tripes et vous laisse pantelant...

Un court roman , paru en 2001 , qui vous seche de bout en bout !
Thomas et Lucas sont freres . S'ils furent toujours complices , la vie se chargea tout naturellement de les éloigner l'un de l'autre , un temps . Comme bien souvent , c'est cette chienne de vie qui se rappelle à votre bon souvenir , vous faisant toucher du doigt la fugacité d'une existence encore jeune et appréhender un futur de souffrances , prémice d'une disparition bien avant l'heure...
Thomas va mourir . Lucas le sent , il le sait . Redevenus Rétais volontaires et solitaires , c'est dans une communion saturée d'amour fraternel qu'ils vont se rapprocher , se redécouvrir pour finalement se quitter...

J'ai adoré ce premier Besson ! Un sujet grave traité avec beaucoup de retenue , de délicatesse mais surtout d'amour ! Besson alterne ces interminables et douloureux sejours hospitaliers avec ces lumineux souvenirs familiaux , vestiges de vacances inoubliables passées à Saint-Clément-des-Baleines . L'Ile de Ré , là ou tout a commencé et ou tout doit finir...Besson se fendra , d'ailleurs , de tableaux et de représentations aussi saisissants qu'évocateurs...
Lucas se pose comme un soutien indéfectible face à l'incompréhension , la maladresse d'une famille en état de choc . Pensez-donc , ce fils préféré qui se meurt quand l'autre , vil homosexuel , se porte comme un charme . La maladie n'est plus le seul ennemi à combattre...
Un récit qui traite fort justement de la maladie , de son rejet , de ses phases d'espoir alternant avec des désillusions bien plus nombreuses puis de son acceptation finale . Thomas l'accueillant comme un chatiment mérité au regard de son énigmatique " erreur de jeunesse "  . Posséssive , la maladie se veut compagne exclusive et maitrise le don de faire le vide autour de vous . Ce bouquin dénonce un acharnement thérapeutique systématique qui vient vainement se substituer à un accompagnement de fin de vie dans la dignité et le respect car Besson ne nous épargne rien des souffrances journalieres de Thomas , de ses nouveaux traitements voués , dés le départ , à l'échec , apres avoir suscité les espérances les plus folles...Le ton est incroyablement juste . Besson est toujours sur la corde raide sans verser dans le pathos...Comment ne pas succomber , ne pas s'abandonner devant l'inéluctabilité maitrisée de cette poignante oraison funebre...
Et que dire du final ? Grandiose ! Il n'est pas sans rappeler le Temps Qui Reste d'Ozon ou bien encore Deux Jours à Tuer de Becker...
Pour ceux qui désireraient se mettre au diapason d'un jour gris et humide et replonger dans la morosité , Chéreau a pensé à vous en tournant le film éponyme de tres bonne facture...

Son Frere , récit bouleversant et pudique d'une mort annoncée...
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Au-delà des mots… me voilà restée figée sur cette première de couverture de « Son frère », montrant un torse avec des grains de beauté, après ma lecture de « arrête avec tes mensonges »…de Philippe Besson, je fais ce lien avec sa relation avec Thomas Andrieux….

Les bras m'en sont tombés…., bercée par les premiers mots déjà lus….dans ce début de lecture suspendue… pendant cette période de latence, je suis déjà débarquée à l'Ile de Ré, avec ses maisons fleuries de roses trémières, décorées de vélos bleus, me revoyant au Phare des Baleines, à Ars en Ré avec ses venelles, à Saint Martin servant autrefois d'étape pour les condamnés au bagne et son port, aujourd'hui son embarcadère pour sa petite croisière vers Ford Boyard, l'Ile d'Aix…Que de merveilleux souvenirs face à cet élément qu'est l'océan, cette immensité qui vous rend si infiniment petit….

C'est sur cette toile de fond de «Ré la Blanche », ile de leur enfance, que se situe cette tranche de….vie entre Thomas malade et son frère Lucas qui va l'accompagner jusqu'à son inéluctable fin dans un amour sans faille, évoquant leurs souvenirs, leur amour pour la mer, leur rencontre avec un vieillard….

Cet auteur aborde tellement d'autres sujets, ceux qui gravitent autour du mensonge tacite de la mort, de la souffrance liée aux soins qui s'ajoutent à l'humiliation de la nudité….. l'acharnement thérapeutique, cette prise en charge médicale où parfois on se sent plus qu'un numéro de chambre…

J'aime la manière dont il parle du corps avec une pudeur sensuelle lieu où cohabitent souffrance et plaisir, où la mort et la vie se détachent par fragments successifs.

A travers des mots si justes, sont décrits la dignité d'une mère qui tente de ne pas fléchir face à l'histoire qui se répète …., pourtant c'est la déflagration, et la maladresse parentale qui auraient préféré un départ dans une autre logique…

A l'origine, je cherchais à lire un premier livre de cet auteur, trouvé en format poche, alors c'est sans calcul sur ce thème que je l'ai acheté. Mais je me suis surprise, la lumière éteinte, livre lu, fermé, de sentir des larmes couler. Je dois en convenir, certains de ses aspects m'ont profondément émue me faisant particulièrement écho.

Certes il s'agit d'un roman…mais durant ma lecture, je n'ai eu cesse de revenir à « Arrête avec tes mensonges »…. Philippe Besson dans « son frère » se confond très vite avec le narrateur, aux côtés de Thomas, son grand amour de jeunesse, … Selon moi, il y a un fil conducteur qui est de l'ordre de la broderie fine…..entre ces deux histoires.

« C'est là, au moment où nos routes se sont disjointes pour la première fois, que nous avons compris véritablement que rien ne nous séparerait jamais, que le lien qui nous unissait résisterait à tout, que seule la mort pourrait triompher » P52

J'ai beaucoup aimé ce livre sans mièvrerie, cette histoire tragique entre ces deux… hommes, émouvante, profonde, dans une écriture limpide, étrangement belle…
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Le retour dans la maison de vacances de l'île de Ré n'est plus pour les deux frères chargé de la légèreté des séjours passés. Si la mer est toujours aussi belle, le ciel aussi lumineux le coeur de Thomas et de Lucas est envahi par le tristesse. La maladie inéluctable du cadet le condamne à 25 ans à une fin douloureuse. Et l'acharnement thérapeutique et le trop visible abattement de leurs parents révoltent Lucas qui se remémore le passé et tente de ne pas sombrer au moment où la vie s'échappe de Thomas.
Sans pathos ni effets inutiles Philippe Besson trouve les mots justes, va à l'essentiel et signe un roman vraiment émouvant.
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Cela fait déjà quelques années que plusieurs de mes proches m'ont conseillée de lire un ouvrage de Philippe Besson, mais à ce jour j'avais toujours trouvé autre chose pour satisfaire ma curiosité de lectrice. Malgré tout, j'avais gardé dans un coin de ma tête ce projet de lecture, et, allez savoir pourquoi, j'ai emprunté « Son frère » parmi les oeuvres de l'auteur présentes à la médiathèque la semaine dernière. J'ai choisi celui-ci un peu au hasard, poussée aussi sans doute par les dieux de la littérature.
Un peu hâtivement, j'ai toujours associé Philippe Besson aux écrivains parisiens quadragénaires médiatiques qui se complaisent un peu trop à mon goût dans le déballage introspectif.
Ce jugement a été plus qu'agréablement démenti par la lecture de ce magnifique roman.
« Son frère » raconte l'amour unissant deux frères « presque » semblables (et toute l'énigme de la fratrie réside dans le presque), à mi-chemin entre la trentaine et la quarantaine, alors que l'un des deux, Thomas, va mourir, frappé par une maladie terrible – dont la cause restera inconnue, qui aura raison de lui, et que l'autre, Lucas, décide de l'accompagner jusqu'au bout, d'être le témoin de la maladie érosive, et de tenter au moyen de l'écriture de mettre en mots le chaos.
Philippe Besson est funambule. Il marche sur un fil ténu au-dessus du précipice de l'impudeur et de la complaisance. Il réussit d'une manière subtile et intelligente à déjouer tous les pièges tendus par l'intrigue. Mais, encore plus étonnant, il ne choisit pas la mise à distance. Il ose parler sentiments, émotions, amour, se frotter au domaine sensible sans tomber dans la sensiblerie.
Son récit est à la fois d'une totale impudeur et d'une incroyable retenue. Rien n'est mièvre, compassé, facile. Tout sonne juste, honnête, sans complaisance. Les mots tranchent comme le scalpel sur la peau en souffrance : précis, secs, ajustés. Les larmes du lecteur coulent à l'intérieur comme l'hémorragie interne menaçant Thomas. L'auteur a du style, et ce n'est pas si courant.

Lucas raconte jour après jour la dégradation du corps du malade et l'apprivoisement de l'adieu pour celui qui va rester, seul, perdant son enfance en perdant son frère.
L'action se déroule de mars à septembre, entre scènes successives à l'hôpital et la maison d'enfance au bord de l'océan sur l'île de Ré. Intelligemment, l'action n'est pas chronologique, se présente à nous comme une sorte de mémoire rédigé par le survivant, suivant les méandres des souvenirs qui on le sait bien surgissent en nous comme un kaléidoscope dans les heures de grande tension émotionnelle.
J'ai aimé infiniment l'évocation de l'insouciance fraternelle lors des séjours estivaux, le rapport charnel avec l'eau matricielle dont on ne guérit jamais, le temps élastique. Ici, les souvenirs sont à la fois douloureux, puisque toute évocation, bien au-delà du sentiment du temps qui passe trop vite conduit à un adieu, mais constituent également le socle sur lequel s'est érigé le monument écrasant de la fraternité presque gémellaire, mystérieuse, faite de rivalité mais aussi d'une intimité unique qui sera bientôt perdue à jamais.
Plus personnellement, j'ai retrouvé mes propres ressentis de malade occasionnelle dans la description du monde hospitalier, du médecin drapé dans ses propos sibyllins, pontifiant et condescendant, aux infirmières dévouées mais impatientes, débordées, se blindant contre la douleur du patient, en passant par l'entourage dépassé par la peur dont les visites s'espacent peu à peu…
Très juste m'a semblé aussi le glissement assez brutal de la colère à la résignation par le malade, ce détachement du corps sans cesse exposé, examiné, brutalisé, qui finit par ne plus vous appartenir, devenir votre ennemi intime, et dont on vous dépossède au moment où vous auriez le plus besoin de vous réconcilier avec lui. Philippe Besson ne juge pas, constate seulement les parois étanches qui séparent les bien-portants des malades, les savants des ignorants, le miroir qu'ils se tendent tour à tour au fil des moments partagés tandis que le fossé séparant la vie et la mort se creuse de plus en plus.

J'ai cependant une petite réserve à formuler : j'ai trouvé l'évocation d'une histoire ancienne très mystérieuse concernant Thomas, révélée par un vieil homme énigmatique croisé par les deux frères, et dont on apprend le dénouement un peu trop attendu à la fin du roman, un peu superflue. L'intrigue aurait pu se suffire du roman à deux voix fraternelles, dans leur solitude à deux à ce moment crucial de leurs vies respectives. Il n'y a pas de place pour d'autres éléments au tableau, ou alors juste esquissés, comme le fait l'auteur avec le personnage de Lucas dont on ne sait pas grand-chose de la vie et des amours homosexuelles. La maladie tient les deux frères prisonniers dans leur relation moribonde. Finalement, le geste ultime de Thomas libère son frère, en un dernier message d'amour et de fidélité.
Mise à part cette légère réserve, « Son frère » est un livre magnifique, au parfum entêtant. On en sort un peu soulagé d'être soi-même vivant, d'aimer et être aimé. Malgré la tristesse du propos, le souvenir d'un bain d'après-midi d'enfance à la lumière d'un soleil qui réchauffe résonne comme une musique apaisante impérissable. Quelque part, notre enfance nous survit.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Il me paraît inutile de faire un long commentaire sur cette histoire simple et bouleversante.
Thomas est malade, très gravement, il va probablement mourir.
Lucas, son frère va l'accompagner pendant des mois, en espérant par sa présence faire reculer l'échéance.
Les deux hommes se retrouvent dans la maison familiale sur l'île de Ré et tentent de saisir les derniers plaisirs qui s'offrent à eux.

Philippe Besson signe un livre fort, juste et limpide qui se concentre sur la relation entre un condamné à mort et son accompagnateur ultime, témoin de la dégénérescence d'un corps, puis la disparition d'un autre lui-même : Son frère.

Philippe Besson a l'art de trouver des mots simples pour parler de l'inacceptable, la mort d'un être cher.




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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Thomas meurt.
Thomas accepte de mourir. C'est ici dans la maison de Saint-Clément, la maison de l'enfance, qu'il choisit d'attendre de mourir. Je suis près de lui. C'est encore l'été. J'ignorais qu'on pouvait mourir en été.
Je croyais que la mort survenait toujours en hiver, qu'il lui fallait le froid, la grisaille, une sorte de désolation, que c'est seulement ainsi qu'elle pouvait se sentir sur son terrain. Je découvre qu'elle peut tout aussi bien exercer sa besogne en plein soleil, en pleine lumière. Je songe que Thomas l'accueillera en pleine lumière.
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On n'est pas préparé à la perte , à la disparition d'un proche . Il n'y a pas d'apprentissage de cela . On ne sait pas acquérir l'habitude de la mort . La mort de l'autre, nous prend forcément par surprise , elle est un évenement qui nous désarme , qui nous laisse désemparé , y compris lorsqu'elle est prévisible , le plus prévisible des évenements . Elle est une occurence absolument certaine et cependant pratiquement inconcevable , et qui nous précipite dans une étrange hébétude .
On sait la nommer , parler d'elle et lorsqu'elle est là , lorsqu'elle survient , lorsqu'elle fauche un proche , lorsqu'elle s'empare d'un ami , d'un frere , on est dans la détresse intégrale , dans l'ignorance de ce qu'il faut faire , dire , on est sonné comme un boxeur qui a vu le coup arriver et qui est pourtant surpris par sa violence , qui vacille sur ses jambes avant de s'écrouler sans pouvoir s'y opposer . La chute , on ne peut pas l'empecher .
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Le 3 avril,

Voilà. Il faut retrouver cette terreur, désormais presque familière. Il faut vivre avec cela, la peur que tout s’arrête, en une minute, que l’hémorragie survienne et l’emporte. Je songe qu’à tout instant, la tête pourrait partir en arrière, explosée de sang, comme si elle avait été atteinte par une balle tirée de loin. J’ai cette image saugrenue dont je ne parviens pas à me débarrasser, celle du président Kennedy, à Dallas, le 22 novembre 1963, à l’arrière de sa Lincoln décapotable. Je vois la tête qui part en arrière, sous l’impact des balles, le corps qui s’affaisse. Je vois l’affolement et je songe que ce qu’il pourrait nous être donné de connaitre. J’ai beau me dire que c’est absurde, malsain sans doute, je n’arrive pas à éloigner cette vision. Dans l’ignorance où nous nous trouvons, il y a la place pour tous les fantasmes, tous les cauchemars.
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La douleur, elle frappe là où on ne s' y attend pas, quand on ne s' y attend pas. Elle est pure comme peuvent l'être certains diamants, elle est sans tâche, éclatante. On est seul avec cette pureté là, cette blancheur insoutenable de la douleur. On détourne le visage, on ferme les yeux, les larmes viennent dans le silence, même quand autour de soi, règne le plus grand désordre.
On est dans l'isolement de la douleur reçue, dans le mutisme obligatoire des larmes personnelles.
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Saint-Clément, c’est la terminaison d’un monde, comme l’était dans mon imaginaire enfantin le Cap Horn. C’est le point au-delà duquel les eaux prennent le dessus, à partir duquel les hommes doivent déposer les armes. On raconte que les bateaux se sont perdus dans les eaux mauvaises, au large, malgré le phare, que des marins se sont noyés, que leurs cadavres ont été charriés par les marées, ramenés par elles à la terre ferme. On raconte des histoires extraordinaires.

Ici, on peut facilement éprouver une manière d’abandonner, comme si on était le dernier homme, et comme s’il suffisait de se laisser aller désormais, de n’avoir plus aucune prise sur rien. Ce sentiment, c’est autant celui du relâchement que celui de l’offrande, autant celui de la solitude imposée que celui de l’exil choisi.
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