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EAN : 9782070137008
144 pages
Gallimard (29/03/2012)
3.12/5   42 notes
Résumé :
Le village de Neuville s'enorgueillit d'avoir vu naître, à la faveur d'un accident d'avion, l'illustre Clébac Darouin, milliardaire américain. Celui-ci est resté reconnaissant à ce coin de campagne de lui avoir permis de voir le jour, et il inonde le bourg de ses bienfaits. Son dernier cadeau est le plus somptueux : il offre par testament aux Neuvillois un cimetière hors normes. Chaque habitant y aura sa tombe, vaste comme une maison. La cité funéraire se bâtit à l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la grande vie hollywoodienne au patelin de Neuville
depuis que le milliardaire Clébac Darouin originaire
de la commune a couché sur son testament tous les Neuvillois.
Ne souhaitant pas être seul à trôner dans son immense parc funéraire
le généreux donateur a légué à chaque famille un somptueux mausolée
du même haut standing que le sien équipé du confort moderne.
A la différence de Clébac, les autochtones comptent bien profiter
de leur vivant de leur nouvelle demeure bling bling
qui devient l'attraction nationale voir internationale !
Devant l'invasion touristique, le village gaulois
défend l'accès à leur patrimoine.. privé
ce qui agace la pétulante journaliste Anne-Marie
qui fait du pied et de l'oeil au maire un peu niais pour décrocher le scoop...
A chaque nouvelle lecture de Franz Bartelt, je me délecte.
J'avais été bluffé par Comment vivre sans lui, Chaos de famille et Le fémur de Rimbaud. le Testament américain ne déroge pas à la règle.
Il s'en donne à coeur joie dans cette farce friponne, transgressive, jouissive et religieusement bordélique. En bon anar, qui ne respecte rien, autant vous dire que ça fricote un peu partout dans la nécropole festive: les veuves du village roucoulent ou sont roulées dans la farine par des tacherons qui se tuent à la tache, le charcutier du village, inventeur de la saucisse en bouteille cuisine allégrement sa campagne, le maire du village défenseur du patrimoine expose à tous sa relique vivante...
Les moeurs d'un village gaulois revues et débridées par un Franz Bartelt décomplexé de la plume, paillard et grivois, ça met en joie !
Testament américain, de l'humour salace et macabre.. à tombeau découvert.
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Franz Bartelt - le testament américain -nrf , Gallimard, (14,90€, 133pages)

Franz Bartelt nous relate le fabuleux destin des habitants de Neuville, petit village de la France profonde « redoutablement perdu » et radiographie les moeurs de « ces bernuches », supposés s'adonner « aux pratiques les plus insalubres ».

Tout a basculé pour eux, au moment de la lecture du testament d'un milliardaire américain, né accidentellement dans ce village. Qui n'a pas rêvé d'un oncle Sam !
Ceux que le notaire a réunis s'avèrent être « des pauvres bougres, des tordus, des crasseux ». Habile, le notaire recueille l'assentiment de tous, condition sine qua non.
Et la mise en oeuvre du chantier de ces « merveilles architecturales » débuta dès le lendemain. La réception de « ce nouveau fleuron », un Père Lachaise du 3ème millénaire, digne d'entrer dans le livre des records , rappelle l'inauguration en grandes pompes de la belle maison (un précédent roman de l'auteur).
Coup de théâtre: le maire s'effondra juste après son discours officiel.

Qui était ce Clébac Darouin, qui a déjà son musée? L'auteur nous brosse le portrait de ce généreux donateur, mécène vénéré et détaille toutes ses contributions.

Les Neuvillois , conscients que « la vie est brève et le désir sans fin »,(1) ne perdent pas une minute de plaisir, une occasion de jouir! A croire que certains cherchent à entrer dans le livre Guinness des records. Mais qui sont ces protagonistes atypiques, gratinés, occupant des « masures délabrées », ces couples amoureux, que Franz Bartelt met en scène ? On croise Balthazar, chef de la fanfare, soupçonné d'inceste. Napoléon Beloeil qui fricote avec la veuve du meunier Dorval. Si Napo sait dispenser « tout un assortiment de tendresses digitales, d'effleurements bien informés », il n'est pas à l'abri d'une défaillance. Buh Stoffet est obsédé par Monique. Son père, spécialiste des saucisses en bouteille, semble avoir fait son apprentissage chez Jovedi Merdouilla (ce charcutier poète de Terrine Rimbaud).
On assiste à une translation de la vie du village au cimetière. le tour de garde étant instauré, chacun améliore son confort. L'eau , l'électricité y sont installés. On les suit dans leur façon de s'approprier leur nouvel espace, de vrais palaces. Certains n'hésitent pas à en faire leur résidence secondaire. D'autres envisagent de s'y installer à demeure, y ayant ajouté télévision , lave-vaisselle, salle de bains.
le maire par intérim , René Vendrèche, se révèle un orateur hors pair pour convaincre ses concitoyens d 'accepter une équipe de télévision en vue d'un reportage. Il mène ses pourparlers avec d'autant plus d'ardeur qu'il espère gagner les faveurs de la belle Anne-Marie, présentatrice affriolante.
Comment va-t-il négocier « ce tournant décisif » qui s'offre à lui ?
Après moult tractations, un visage tuméfié pour René, « l'affaire est dans le sac ».
La journée 'portes ouvertes' va générer l'effervescence du siècle avec fanfare et majorettes. Ce prodigieux héritage va désormais déplacer des hordes de touristes et de curieux, bouleverser la quiétude du village et leur forger une renommée internationale. Une idée de jumelage germe.
Quant au testament de René, « secret défense »! mais effet renversant et incongru.
L'auteur n'épinglerait-il pas ces édiles soucieux de leur aura, fier de leur prestige, soulignant leur vantardise et leur ambition ? Il prend plaisir à extrapoler quant à ce qui se passe dans les remous des draps ou sur un lit de fougères. Il vilipende celles pour qui les lits sont des marches dans leur carrière ascensionnelle.

Franz Bartelt, aussi dramaturge multiplie le comique de situations: le notaire perché sur une table, le maire, prosterné, bramant des incantations. Il confirme son talent de peintre des moeurs (« politiquement incorrectes ») dans la campagne profonde et des dérives contemporaines, brocardant « une époque vouée au cynisme de la communication ». Les patronymes de ses personnages sont invariablement évocateurs: Marron Tousseul,le père Fricoteau, Raoulette. L'auteur les dote d' un sens inné de la formule et en constelle le récit: «le souvenir des plaisirs est encore du plaisir » ou « L'ombre de l'échelle est condamnée à être derrière les barreaux »

Grâce à Franz Bartelt, les cimetières ont de l'avenir : Tout y est permis, tout y est possible: On y joue aux cartes, on y boit, on y fornique,on s'y récrée, en bref : on y vit et les médias s'y intéressent et s'y déchaînent.
le sexe, la mort: deux rivaux, deux ennemis? Ainsi , comme le désir sexuel, la mémoire ne s'arrête pas, il apparie les morts et les vivants dans le même lieu.
Que penser de ce concept foutraque, très novateur?
N'est-ce-pas une façon originale d' aborder la vieillesse et de conjurer la faucheuse?puisque pour le narrateur « le plus important est de ne pas se taire ».

Une salve interminable d'adjectifs s'impose pour définir ce roman foisonnant de rebondissements: graveleux,lubrique volcanique, transgressif, croustillant, truculent.

Si Katarina Mazetti est sacrée « la reine du cimetière » depuis ses 2 derniers romans, Franz Bartelt , son pendant masculin, peut être promu, sans hésiter, le roi de la démesure, le gardien de l'humour, le chantre des pauvres hères et le parrain d'une brigade de personnages ébouriffants.
Laissez vous embarquer dans le territoire de son imagination débridée.

Franz Bartelt, cet iconoclaste ardennais, signe un roman désopilant, hallucinant, jubilatoire qui le maintient dans les inclassables!
« Cette nécropole festive » ne peut que séduire un metteur en scène ou un cinéaste.

(1): Vers du poète japonais Issa
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"Ainsi, serons-nous réunis pour l'éternité, mes amis, mes frères du pays natal".
Ainsi parlait l'excentrique milliardaire américain Clebac Darouin dans son testament. Aux côtés de son monumental tombeau kitsch seront construites les tombes grandioses ("à l'américaine") au confort ultra moderne des habitants de Neuville, village où il a vu le jour dans des circonstances épiques.
Bonjour l'humour incisif aux ficelles un peu lourdes mais on rit des dialogues truculents empreints de bon sens paysan ou emphatiques ( et à double sens: "prends-moi! Prends moi!" crie Odette sur la tombe de son mari) ou grivois; de ce trop plein de vie qui déborde sur une mort bien proprette car entourée de marbre et de fastes, sur la transgression des tabous et la joyeuse liberté sexuelle qui bouillonne en tout un chacun.
Le testament américain démarre sur les chapeaux de roues. Des noms drôles. Des personnages hauts en couleurs comme Napoléon Beloeil qui culbute allègrement la "veuve friponne Dorval", Balthazar incestueux "à son corps défendant", Stoffet le charcutier spécialiste de "la saucisse en bouteille" et de la margarine pour des raisons moins bon-enfant, d'Anne-Marie journaliste ambitieuse dont "la poitrine est un sujet de méditation"....
Bref, c'est trop, et c'est ce trop qui déborde dans un cimetière, où toute indécence devrait être blasphème, dans ce lieu de repos qui devrait être tout sauf touristique, c'est ce show à l'américaine qui rend comique le sujet dramatique de la mort pour le plus grand plaisir du lecteur.Le testament américain de Franz Bartelt (romancier, chroniqueur nouvelliste dont la plupart des ouvrages sont édités chez Gallimard) est un petit bijou finement ciselé car pour reprendre une expression du livre "rien n'a été laissé au hasard".
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Vous êtes prêt? Car ce roman est une très bonne tranche d'humour.

Tout commence par un petit village un peu rustre, qui n'a jamais envisagé de voir ce qui se passe en dehors de celui-ci. Un petit village qui vit sur lui-même avec ses propres règles, son passé, son patrimoine. Une vie plan-plan qui sera bousculée pendant des années par Clébac Darouin, milliardaire qui voit dans ce village les souvenirs les plus forts de sa vie.
A sa mort, il est logique pour lui que chaque citoyen doit vivre encore dans son souvenir et puis ils méritent bien un magnifique cadeau: un cimetière hors norme, extravagant, bling bling. Ce cimetière va précipiter ce village discret dans une folie sans limite.
Le roman est bercée de scène décapante, un humour satirique, parfois grossier sans compter les scènes olé-olé qui ponctuent le quotidien un peu plat de ce village. A coup de margarine ou vaseline ( à vous de choisir), l'auteur nous transporte dans une histoire rocambolesque où ce cimetière changera la vie de tous.

Assurément, un moment décalé dans vos prochaines lectures.

Béné
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Un auteur excentrique sans aucun doute. J'avais déjà lu des nouvelles de lui et j'ai eu un réel plaisir de retrouver l'écriture satirique et vive de cet auteur dans une histoire décapante.
Pour Clébac Darouin milliardaire américain, il est logique de léguer à sa mort le plus beau des cadeaux aux citoyens d'un petit village dans lequel Darouin a vécu de supers moments: un cimetière démentiel où chaque villageois aura sa palace dans un mausolée qui vaut bien une superbe villa.

On trouve ici une histoire extravagante, des personnages hauts en couleur, un humour exquis et des scènes très décalées. Entre le petit village peinard du début du roman avec son quotidien rustre et puis le boom économique et dingue que va apporter le cimetière, je craque pour la verve de l'auteur. C'était vraiment un agréable moment même si parfois il y a quelques longueurs.
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critiques presse (2)
Bibliobs
27 juin 2012
[Franz Bartelt] est à l'aise dans le monumental. Il frétille dans l'immense. L'énorme l'émeut. Bref, la mégalomanie est son sujet de prédilection.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
27 avril 2012
Observateur grinçant mais volontiers indulgent de ses congénères, l'auteur du Bar des habitudes offre ainsi un regard plein d'ironie sur ce petit village, obsédé par l'esprit de clocher -le genre de village qu'on trouverait, sans mal, sur toutes les cartes de France.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les Garennes d'Amérique développaient un genre musical connu sous le nom de Rock des Terriers. Ils ne négligeaient pas pour autant le Bauge Métal, le Gotic Cutcut ou le rap des sillons, très goûtés dans le canton. Ils avaient également des notions de musique classique et ne rechignaient pas à faire danser les canards à la queue leu leu en faisant tourner les serviettes.
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C'était une brave fille aux cuisses dodues qui,quand elle défilait,affolait tout ce que Neuville comptait d'hommes valides et faisait rêver les autres,jusqu'au plus séniles,car s'il y a bien,chez l'homme une aptitude qui ne se perd jamais,c'est le sens de la beauté féminine et des plaisirs y afférents.
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[...] ce n'est pas parce qu'on n'a pas la mer qu'il faut se priver du bonheur d'avoir un phare.
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-Quand on est mort,je sais pas si c'est important d'être bien logé,grogna Marron Tousseul.
-C'est sûr que,tout d'un coup,ça va te changer.Mais mourir pour mourir,autant que ce soit pour aller vers le mieux.
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Elle était heureuse,parce que le souvenir des plaisirs est encore du plaisir.
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Vidéo de Franz Bartelt
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
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