Citations sur Veiller sur elle (822)
- Les mots ont un sens, Mimo. Nommer, c’est comprendre. « Il y a du vent », ça ne veut rien dire. Est-ce un vent qui tue ? Un vent qui ensemence ? Un vent qui gèle les plants sur pied ou les réchauffe ? Et quel genre de députée ferais-je si les mots n’avaient pas de sens ? Je ne serais pas différente des autres.
- Il est toujours possible de discuter avec quelqu'un.
D'où vient la violence des hommes ?
- Des Hommes avec un grand H ?
- Il n'y a pas d'hommes avec un grand H. Vous êtes tous des hommes avec de tout petits h. Alors, dites-moi, parce que ça m'intéresse : d'où vient votre violence, hein ?
Viola nous fixait comme si elle attendait vraiment une réponse.
- D'avoir été abandonnés, peut-être ? Mais qui vous a abandonnés ? Vos mères ? Et si c'est le cas, pourquoi les traitez-vous ainsi, elles et toutes les futures mères du monde ?
- Parce que tu crois que les femmes ne sont pas violentes ?
murmura Vittorio.
- Bien sûr que nous le sommes. Contre nous-mêmes, parce qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de faire souffrir quelqu'un, mais qu'il faut bien que cette violence que nous respirons et qui nous empoisonne ressorte quelque part.
La vraie vie était dans les livres.
Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper
Pacelli avait voulu me faire un compliment.
Tout ce que j’avais entendu, c'est que j'étais le même qu'à seize ans, en mieux. Où était l'homme ? Celui qui touche du doigt le secret des dieux ? C'était donc ça, grandir ?
Fin 1929, le régime avait créé l’Académie royale d’Italie, dont elle confia la direction en 1930 à Guglielmo Marconi. Marconi déclara : « Je revendique l’honneur d’avoir été le premier fasciste en radiotélégraphie, le premier à reconnaître l’utilité de réunir en faisceau les rayons électriques, comme Mussolini a reconnu le premier dans le domaine politique la nécessité de réunir en faisceau les énergies saines du pays pour la grandeur de l’Italie. »
J'avais eu le malheur de dire « il y a du vent ». Viola m'avait donné un coup dans l'épaule, exaspérée.
-Les mots ont un sens, Mimo. Nommer, c'est comprendre. « Il y a du vent », ça ne veut rien dire. Est-ce un vent qui tue ? Un vent qui ensemence ? Un vent qui gèle les plants sur pied ou les réchauffe ? Et quel genre de députée ferais-je si les mots n'avaient pas de sens ? Je ne serais pas différente des autres.
-C'est bon, c'est bon, j'ai compris.
-Répète alors.
-Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral.
(p. 531.-532)
Devant la villa, orangers citronniers et bigaradiers s'étendaient à perte de vue. L'or des Orsini, façonné et poli par un vent de mer qui, depuis la côte, soufflait son impensable douceur sur ces hauteurs. Impossible de ne pas s'arrêter, frappé par le paysage coloré, pointilliste, un feu d'artifice mandarine, melon, abricot, mimosa, fleur de soufre, qui ne s'éteignait jamais.
J’ai tout vu. Je suis le Juif errant, Mimo. J’ai deux mille ans. Deux mille ans qu’on me torture, qu’on me brise et me tue, deux mille ans de crachats, de ghetto, de fuites dans la nuit. Où que j’habite, et j’ai vécu dans le monde entier, à Venise, Odessa, Valparaiso, on me retrouve. On m’a tué mille fois mais je renais toujours, et me souviens de tout.
-Moi aussi, un jour, j’ai cru que j’avais du talent. J’ai compris depuis qu’on ne peut pas avoir du talent. Le talent ne se possède pas. C’est un nuage de vapeur que tu passes ta vie à essayer de retenir.