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Critiques de Valérie Perrin (3406)
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Trois

1987 , trois amis inséparables, âgés de 11 ans, Nina, Adrien, Étienne partagent leurs vies, leurs confidences.

Au fur et à mesure qu'ils grandissent, ils deviennent les uns pour les autres, des miroirs : des personnes qui se parlent en toute franchise avec bienveillance, qui s'aident à se construire, à se voir tels qu'ils sont.

À l'âge adulte, chacun prend son identité. Leurs vies se séparent au départ d'un drame, la disparition d'une petite amie d'Étienne en 1994.

Le roman s'ouvre avec une mystérieuse Virginie, chargée de reportages locaux. Elle est appelée pour la découverte d'une voiture-épave dans le lac de la Forêt où les jeunes allaient se baigner. Elle connaît manifestement les trois amis.

Nous la retrouvons à la fin dans la même scène qu'au début mais cette fois, nous savons qui elle est.

le récit est construit avec des allers-retours entre l'enfance, l'adolescence, le début de l'âge adulte et l'année 2017, année qui fait resurgir la disparition de Clotilde.

Étant donné que ces va-et-vient sont courts, nous n'attendons jamais longtemps même si l'auteure nous a installé un point de suspense à la fin d'une période.

Une très belle lecture même si personnellement, je pense que le temps pris par la jeunesse des protagonistes comporte des longueurs.

J'ai lu le récit un peu plus vite que les deux précédents romans de Valérie Perrin car j'étais très impatiente de connaître la suite des évènements.

Elle parsème toujours ses pages de réflexions très intéressantes sur les personnages, leurs sensations.

Ce troisième livre est très différent des deux premiers mais mérite vraiment de s'y arrêter.





Challenge pavés 2022
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Changer l'eau des fleurs

Quelle maîtrise dans la narration !

C'est sans doute ce qui m'a séduite .



Pourtant , au début , tant de misérabilisme au premier plan m'a rendue méfiante : sans famille, mal mariée , maltraitée par la vie ...c'est sûr , on va vers le pathos !

Que nenni .

Et je me suis laissée emporter par l'histoire de Violette Toussaint ; une histoire simplement réaliste sans doute .

Une intimité partagée dans l'émotion , on peut le dire !



Le récit , écrit à la première personne, va promener le lecteur dans une multitude de thèmes pour beaucoup nourris par les rencontres : malgré la précarité de ses métiers , garde-barrière puis gardienne de cimetière , Violette va tisser des liens durables et se créer un environnement on ne peut plus humaniste mais bien nécessaire à sa survie .



Ainsi va-t-on entrer dans la vie du couple Toussaint et partager ses espoirs et ses drames , dans une alternance temporelle savamment orchestrée .

Le roman est long , dense mais jamais l'intérêt ne faiblit : la construction permet des rebondissements surtout à la fin .

On voyage aussi un peu au coeur de la France .



C'est aussi une invitation à la réflexion, à l'introspection en abordant par exemple le rôle du passé , ce que l'on en fait , ce que l'on y puise .

Ou encore , la nature des liens , la sagesse , le discernement , le recul , la générosité , les regrets , la nostalgie ... et l'amour bien sûr .

Mais , je retiens surtout : la construction de l'être , l'amour maternel , le deuil et l'emprise familiale comme thèmes principaux , tour à tour colonne vertébrale du roman .



Et , je n'oublierai pas de mentionner qu'à tout cela s'ajoute de la poésie , de la finesse , de la légèreté .

Ici et là des touches d'humour savent aussi atténuer parfois trop de gravité .

Belle alliance d' une écriture résolument contemporaine et d'un contenu bien teinté de classicisme de par sa profondeur .



Voilà, je pourrais continuer encore longtemps les éloges de ce roman précieux , beau , riche et généreux .

Un roman qui reste en mémoire .

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Changer l'eau des fleurs

Lorsque le commissaire Julien Seul entre dans le cimetière de Brancion-en-Chalon, gardé par Violette Toussaint, c'est pour poser sur la tombe d'un homme qu'il ne connait pas, les cendres de sa défunte mère dont il exécute la dernière volonté.



Violette, c'est la gardienne qui s'occupe des fleurs, des allées du cimetière, mais aussi des hommes et des femmes qui s'arrêtent dans sa maison en quête de réconfort ou de chaleur.



Pour Julien, c'est la seule personne qui pourra lui donner des informations sur Gabriel Prudent, sur l'oraison funèbre qui a été prononcée lors de son enterrement, car Violette consigne les détails de chaque cérémonie.



Les secrets de cette histoire d'amour se croiseront au fil du récit avec ceux de Violette et de son mari Philippe, étrangement disparu depuis plusieurs années.



A mon avis :

Encore une fois, Valérie Perrin nous entraîne dans un chassé-croisé d'histoires d'amour et de rencontres qui s’entremêlent au présent comme au passé :

Violette, son mari Philippe et leur fille Léonine, Violette et Julien, Irène (la mère de Julien) et Gabriel (son amant), Philippe et Françoise (son amour de toujours), Sasha (l'ami, le mentor), Célia (l'amie bienfaitrice), et d'autres encore...



La construction de ce roman est très proche de celle des Oubliés du dimanche, mais l'histoire, ou plutôt les histoires, sont plus énigmatiques, peut-être moins légères aussi.



Et une nouvelle fois, on est happé par le récit, servi par une écriture moderne, douce, chaleureuse et délicate. On en sort (trop vite), bouleversé.



La mise en situation permet d'aborder la vie de chaque protagoniste et notamment celle de Violette, enfant abandonnée à la naissance et dont la vie aura été dure, toujours.



Puis l'amour entre en jeu, doucement, par bribes, devient plus présent et finalement ravage tout sur son passage... même la mort.



Comme on s'était attaché à Justine dans le premier roman de Valérie Perrin, malgré l'image pas forcément positive que l'on pourrait avoir d'une gardienne de cimetière, anciennement garde-barrière, on tombe vite sous le charme de Violette, personnage parfaitement cerné par l'auteur et que l'on découvre en profondeur au fil du récit.



Et on comprend au fil des pages les douleurs et les sentiments qui l'animent ou l'éteignent.



Mais quoi qu'il en soit, l'écriture de Valérie Perrin est trop belle pour passer à coté de ce nouveau roman.



Bien que j'y ai trouvé un démarrage un poil trop long (mais c'est tellement subjectif !), je n'hésite pas à lui donner les cinq étoiles qu'il mérite et qui vous inciterons, je l'espère, à découvrir ou redécouvrir cet auteur.



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Trois

Juillet 1987 - Virginie observe un trio d'amis, inséparables depuis leur entrée en CM2 : Adrien, Étienne et Nina. Autant le premier semble rester en retrait, "à la remorque", autant les deux autres paraissent pouvoir tout oser...

Décembre 2017 - Le trio a explosé : Adrien, Étienne et Nina ne se parlent plus, s'ignorent. Virginie aide secrètement Nina, devenue responsable d'un refuge pour animaux. Adrien rencontre en cachette Louise, la sœur d'Étienne, au moins une fois par an. Et c'est tout.

Jusqu'à ce que Valentin, le fils d'Étienne, s'en mêle...



Superbe roman que celui-là ! Un roman sur l'amitié, entre enfants ou adolescents. Un roman sur l'amour et le succès, qui peuvent détruire tout le reste. Un roman sur les différences, de milieux sociaux ou d'aspirations sexuelles. Un roman sur la vie tout court, celle des petites villes de province, parfois confrontée à celle des grandes métropoles.

La construction de l'intrigue en fait presque un thriller, avec beaucoup d'ingéniosité : qui est Virginie ? Étienne a t'il une responsabilité dans la disparition de Clotilde ? Qu'est-ce qui a provoqué l'éclatement d'un trio de trois inséparables ? Mais ce n'est pas un thriller, plutôt un drame de société.

L'écriture est simple et belle, dynamique, rythmée, avec de nombreux aller-retours entre passé et présent.. Le roman absorbe le lecteur ; la lecture devient addictive.

Je n'ai pas aimé, j'ai adoré ! Je me suis laissé porter par cette lecture, sans chercher à me retenir.



Un vrai coup de cœur !




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Changer l'eau des fleurs

Décidément… je fréquente beaucoup les tombes en ce moment. Et visiblement celles-ci ont déjà eu beaucoup de visiteurs : 663 billets, je ne vais donc pas m'appesantir.



La vie des vivants et des morts se croisent et se répondent parfois. Violette Toussaint est devenue gardienne de cimetière. Elle nous fait partager sa vie, nous confie par petites brides savamment distillées ses vicissitudes, ses joies et ses peines. La vie ne l'a pas épargnée mais elle fait face avec courage. Elle se raconte, raconte les autres aussi, les morts et les vivants, ceux qui traversent ou s'installent dans sa vie, des vies qui se frôlent, se cherchent, se trouvent parfois, se fuient aussi.



Comme la vie, cette histoire n'est pas linéaire. Les drames, les périodes et les rencontres s'entrecroisent dans des chapitres courts qui donnent du rythme à la lecture. Sauf peut-être dans le dernier quart, qui selon moi, traine en longueur. Mais l'écriture intimiste de Valérie Perrin nous emporte dans la vie de personnages contrastés, bien plus tourmentés pour certains que la façade qu'ils laissent parfois paraitre. Bref, une lecture touchante et agréable à lire qui parle de résilience, de la vie tout simplement.



N.B. Je n'ai en revanche pas trouvé très correct de ne pas mentionner les auteurs des citations insérées en italique au début de chaque chapitre.

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Changer l'eau des fleurs

Il existe des héroïnes bouleversantes, énervantes ou sympathiques. Des joviales, des tristounettes, des croqueuses d'hommes, des pucelles. Des timides, des arrogantes, des attachantes, des inoubliables, des exaspérantes, des fades et des ternes. Des fortes, des fragiles, des torturées, des mauvaises, des hargneuses, des fougueuses, des spirituelles, des revanchardes, des soumises, des belles, des moches, des élégantes, des bien faites, des mal foutues.

Il y a des mères, des filles, des tantes, des grand-mères, des épouses, des orphelines, des soeurs et des belles-soeurs.

Et puis, il y a Violette Toussaint…qui vous retourne le coeur, qui vous noue les tripes, qui fait couler vos larmes mais qui peut aussi vous poser un sourire béat sur le visage, vous faire aimer la vie, l'amour, la mort.

Violette Toussaint, née Trenet, abandonnée à la naissance, jamais adoptée, tombée dans les bras d'un fils à papa (et à maman), beau comme un dieu.

Violette Toussaint, garde-barrière dans l'Est de la France, gardienne de cimetière en Bourgogne, épouse trompée, délaissée et abandonnée de Philippe Toussaint, mère aimante de Léonine, son soleil, sa lumière, sa vie.

Violette Toussaint, toujours élégante, qui cache sous ses manteaux sombres, des jupes grenat, l'été sous l'hiver.

Violette Toussaint toujours debout malgré les coups bas de la vie. Résiliente, joyeuse, bienveillante, attentive aux autres, discrète et dévouée, dépositaire des secrets qui hantent son cimetière.

Violette Toussaint et ses amis : Célia, la marseillaise, Nono, Elvis et Gaston, les fossoyeurs, les frères Lucchini, entrepreneurs des pompes funèbres, le père Cédric et Sasha, son prédécesseur.

Violette Toussaint et Philippe Toussaint…deux êtres perdus qui n'ont pas appris à aimer, qui se sont côtoyés sans jamais se connaître.

Violette Toussaint et Julien Seul le commissaire qui vient déposer les cendres de sa mère sur la tombe d'un inconnu et apporte avec lui l'histoire d'un grand amour, celle d'une horticultrice qui aimait la neige et d'un avocat qui aimait la vie, séparés et pourtant inséparables, passionnés, fusionnels, amoureux jusque dans la mort.

Violette Toussaint, héroïne inoubliable d'un roman touchant, profond et pétillant qui fait un bien fou, une ode à l'amour, l'éternel ou le malheureux, ou les deux à la fois. Un bijou tout simplement.

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Les Oubliés du dimanche

Justine Neige, à 21 ans, travaille à la maison de retraite à Milly, Les Hortensias, en tant qu'aide-soignante. Une vocation pour elle qui aime beaucoup s'occuper de ses petits vieux. Elle vit encore aujourd'hui chez ses grands-parents qui l'ont élevée, elle et son cousin, Jules, leurs parents étant décédés brutalement dans un accident de voiture alors que celui-ci n'étant encore qu'un bébé. Elle le considère d'ailleurs comme son frère. Si elle se jette à corps perdu dans la danse le week-end au club Paradis, elle en fait de même dans son travail. Attentive, affectueuse, elle aime rien moins que d'être aux petits soins pour ces personnes âgées et écouter leurs histoires. Particulièrement celle d'Hélène, la dame de la chambre 19, qui, le regard au loin la plupart du temps, s'imagine être sur la plage, attendant impatiemment le retour de sa fille, Rose, partie nager avec son père, Lucien. Quand Hélène raconte sa vie en puzzle, Justine note tout dans son cahier bleu...



Les oubliés du dimanche, ce sont ces petits vieux des maisons de retraite qui se languissent parfois, faute de visites de la famille. Heureusement pour ceux des Hortensias, ils ont Justine. Le cœur sur la main et l'oreille attentive à tous ces maux (et mots) du quotidien. Avec son passé difficile et des grands-parents aimants certes mais taiseux, elle s'est reconstruite une sorte de famille. Dont fait partie Hélène qui, au fil des jours, lui raconte son histoire ô combien touchante et traversée d'épreuves. Alternant passé et présent, Valérie Perrin nous offre deux belles et intenses histoires, celle de Justine et d'Hélène, qui s'entrecroisent avec justesse et se font écho de par la dramaturgie de leur passé. Tout à la fois drôle et léger, émouvant et poétique, ce roman vibrant et pétri de tendresse aborde divers thèmes tels que la transmission, la mémoire, les souvenirs, les secrets, l'amour...

Un roman captivant... et inoubliable !
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Trois

2017 : "Je m'appelle Virginie. J'ai le même âge qu'eux. Aujourd'hui, des trois, seul Adrien me parle encore. Nina me méprise. Quant à Etienne, c'est moi qui ne veux plus de lui.

Pourtant, ils me fascinent depuis l'enfance."

L'enfance, c'était il y a 31 ans. Lorsque ces trois là se sont rencontrés pour la première fois, au CM2.

"Ils étaient liés par un même idéal : partir quand ils seraient grands. Quitter ce bled pour aller vivre dans une ville pleine de feux rouges, de bruit et de fureur, d'escaliers mécaniques et de vitrines."

"Nina a pleinement conscience d'être le trait d'union entre Etienne et Adrien, mais pas une amoureuse. Ni pour l'un ni pour l'autre."



Ils vont grandir ensemble, passer au travers des affres de la vie : la fin de l'innocence, la mort, la solitude.



En 2017, ils vont devoir affronter le passé, car une voiture a été retrouvée au fond du lac où Etienne avait rendez-vous avec Clotilde, sa copine de l'époque.



Et les restes humains qui sont encore à l'intérieur de l'habitacle pourraient bien être les siens, car depuis ce jour là elle n'a plus donné signe de vie.



Quand le passé remonte à la surface, il entraîne avec lui les souvenirs de leur amitié, de leur séparation, de la vie.



A mon avis :

Troisième roman de Valérie Perrin, Trois ne déroge pas à la règle des deux premiers : le récit s'enchevêtre d'une époque à une autre et l'on remonte le temps, depuis 1986, grâce à Virginie, sur une période de 30 ans.



Au fur et à mesure du texte, on se rapproche du présent, grâce également à un fil rouge : la musique. Celle des années 80 d'abord, avec des groupes qui ont fait l'époque, tel Indochine, U2, A-ha... et qui accompagnent le lecteur tout au long de l'histoire. Elle nous plonge littéralement dans le souvenir de cette période (pour ceux qui sont assez âgés pour l'avoir vécue), ce qui permet de se projeter à l'âge adolescent et de mieux suivre les protagonistes de ce récit.



Au fil de cette remontée vers le présent, on mesure la force de leur amitié et les drames de leurs vies qui sont venus la bousculer mais aussi forger le caractère des personnages de cette histoire.



Un livre autour de l'amitié donc, forgée avec le temps et tellement forte ; de l'adolescence et des changements qu'elle opère sur les enfants aussi.



Et une histoire racontée par Virginie, dont on ignore le rôle jusque très tard, ce qui ajoute au récit, comme dans les romans précédents de Valérie Perrin (Les oubliés du dimanche et Changer l'eau des fleurs), une énigme qui relit les personnages et les font remonter dans le temps.



J'ai retrouvé dans ce livre un peu de l'ambiance de "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu, avec ces adolescents qui nous ressemblent et qui ignorent que la vie est parfois cruelle, mais qui finissent tôt ou tard par l'apprendre à leurs dépends.



Mais s'il n'y avait pas cette énigme, ni ces références, que resterait-il de ce roman ?



Il resterait la plume de Valérie Perrin, magnifique, douce, intelligente, émouvante, subtile.

Comme le dit Jeanne Siaud-Facchin en interview (L'info du vrai - Le mag), c'est "un livre qui se lit avec le cœur", et forcément on est touché et on partage avec eux leurs douleurs et leurs joies.

Et on passe alors un merveilleux moment.





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Changer l'eau des fleurs

J’aurais voulu que ça ne s’arrête jamais.

J’aurais voulu la lecture de ce livre éternelle. Chaque soir, au moment du coucher, nous avions rendez-vous. Longtemps, j’en ai dégusté le contenu, ne lisant qu’un ou deux chapitres à la fois. Jamais plus car dès les premières lignes, j’ai compris que ce livre allait m’ensorceler. Il me plaisait tant, les mots et les images qu’il distillait étaient une sucrerie, une gourmandise, comme un caramel qu’on laisse lentement fondre au creux de sa bouche.



J’ai tout aimé dans cette histoire. Les personnages dont on enlève lentement les multiples couches ou vêtements qui les recouvrent pour mieux les dessiner. Les lieux si insolites et pourtant si porteurs de vie et de rencontres, comme les voies ferrées et les cimetières. Les multiples histoires de multiples personnages que l’on croise au cours d’une vie, petites gens qui portent les choses de la vie. Les sentiments et émotions dévoilés, suggérés ou profondément ancrés, amour haine amitié bonté sympathie empathie, rire et larmes.



🎶J'ai tant cherché à remonter jusqu'à la source du bonheur

À comprendre pourquoi soudain battait mon coeur

Oh oui ! j'ai tant cherché🎶

(Chanson d’Henri Salvador : J’ai tant rêvé)





Habit d’hiver, habit d’été... Couleurs sombres ou couleurs gaies... Violette Toussaint, gardienne de cimetière, sait parler des saisons, des saisons de la vie. De la sienne bien sûr mais aussi de celles des personnes qu’elle a croisées. De la sienne, elle garde la plus belle, celle couleur soleil et méditerranée, sa fille Léonine. Sa fille, sa joie de vivre, son amour, sa raison d’être... d’être et de disparaître car Léonine n’est plus. Mais Violette renaîtra car le printemps finit toujours par revenir...



J’ai quitté ce livre à regret, mais il est là, dans mon coeur et ma bibliothèque, bien au chaud. Il m’attend pour d’autres moments de rencontres : il est truffé de marque-pages pour des moments de grignotage gourmands, des passages à relire comme autant de bonbons assortis.
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Changer l'eau des fleurs

Je me méfie toujours des livres avec autant d'avis positifs. J'ai peur d'être déçue. Mais ce roman est magnifique et bouleversant. Il est rempli de mélancolie et de lumière. je ne voulais pas qu'il s'arrête.

C'est un livre dont je me souviendrai longtemps .

Gros coup de cœur.
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Changer l'eau des fleurs

Impossible de laisser faner ces phrases en couronnes d’émotions, de laisser flétrir ces éclatants pétales de mots, j’étais un des seuls à n’avoir pas changé l’eau des fleurs.

C’était le bouquet !

Je rends les âmes. Je laisse pris mes sentiments dans les lignes cristallines de cette auteure que j’ai découverte avec tant de plaisir.

Merci infiniment Valérie pour ce roman qui « comme un baiser en sucre glace nous offre à jamais un avant-gout des montagnes russes que l’avenir nous réserve. »

Violette m’a ému, effrayé, donné du cran, apaisé. Son courage est à la hauteur de sa dévotion.

J’ai pris du plaisir et ressenti de la peine à lire les épreuves de sa vie et celles de beaucoup d’autres, leurs miettes d’existence saupoudrées sur les stèles millésimées de leur destin.

Elle entretient son cimetière comme un jardin. C’est la gardienne.

Par vos mots, je suis tombé amoureux d’elle, comme Julien qui l’a croisée par hasard et qui depuis reviens la voir sans fin, sa vie en bazar.

J’ai aimé Irène aussi, qui oscille entre Paul-sagesse et Gabriel-passion, entre docilité et rébellion dans un crépuscule de vie et une aube de bonheur, ne sachant qu’aimer, l’exaltation ou la raison.

J’ai haï mais tenté de comprendre Philippe son mari volage au joli visage qui s’est perdu dans un virage.

Et puis il y a Sasha, son « Jiminy-cricket », Célia son retranchement dans les tourments. Ces gens-tendresse lui ont permis par instant de surmonter l’insurmontable, la perte de son enfant. Ce roman est multiple, tendre et cruel, jamais lacrymogène.

Par instant, j’ai songé qu’il y avait du « M. Delacourt » dans le style de « Mme Perrin ».



Souvent, malgré la présence de ses chats, je me suis, petite souris pelotonnée dans sa cuisine pour la voir évoluer dans le silence de sa douleur, avenante avec ses collègues, serviable avec les visiteurs de passage, méticuleuse avec ses clients défunts mais toujours déterminée à savoir comment et pourquoi.

De son jardin, j’en ai pris de la graine que je sèmerai doucement ou que je laisserai germer au gré de mes émotions.





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Changer l'eau des fleurs

Ma femme avait adoré, alors je me méfiais… A tort ! J'ai fini par me laisser convaincre, et si je dois exprimer un regret, c'est celui de la dernière page, le regret que j'éprouve chaque fois que je termine un roman qui m'a fait passer un vrai bon moment. C'est tellement dommage quand ça s'arrête !



Pour le résumer en quelques mots, le livre trace le parcours d'apprentissage d'une anti-héroïne, une femme d'extraction modeste recelant des qualités humaines peu communes. Violette, née sous X, est une simple gardienne de cimetière. Bien que durement frappée par le destin, cette femme, décrite comme belle, structure sa résilience en changeant l'eau des fleurs, en cultivant son jardin, ou plus précisément – pour reprendre les mots de Candide il y a deux siècles et demi –, en cultivant notre jardin, car elle n'oublie jamais de partager.



Pour moi, l'essentiel du roman n'est pas dans le personnage de Violette. Je ne suis pas sensible à l'intention didactique, à la leçon de « positive attitude », au côté « feel good » mis en avant par certain(e)s.



Ce qui m'a séduit dans Changer l'eau des fleurs, un roman de presque six cents pages couvrant trois décennies, c'est son architecture symphonique. Telles des mélodies qui s'enchaînent, plusieurs fictions s'entrelacent presque naturellement, bouclant leur harmonie en un point unique, le petit cimetière champêtre veillé par Violette en Bourgogne.



Comme des violons pianissimo, le roman s'ouvre tout en douceur sur le quotidien de cette femme, dans son cimetière. Elle en cultive le jardin tout en récoltant, lors des enterrements, de petites anecdotes tendres, douces-amères, drôles. Après quelques dizaines de pages, on découvre qu'il y a eu un passé, un passé dense, pesant. On verra même qu'il est très lourd. Avant de s'installer au cimetière, où elle n'est pas arrivée par hasard vingt ans plus tôt, Violette avait été garde-barrière, en Lorraine, pendant onze ans. Le temps d'un couple, le temps d'une vie, le temps d'une mort…



Vers la moitié du livre, la tension monte. Entrée en jeu des cuivres. Des péripéties d'un autre genre émergent du passé et viennent se greffer autour des premières histoires. le roman devient noir. Quand un drame est survenu, on veut savoir : vengeance, négligence, accident, fatalité ? Il faudra attendre la fin pour connaître la vérité.



L'auteure, Valérie Perrin, connaît la région ; elle y a vécu. Scénariste de métier, collaboratrice de son mari Claude Lelouch, elle sait bâtir des histoires qui se tiennent. Je l'imagine partir de presque rien, observer un cimetière, imaginer des personnages, construire le synopsis, planter le semis de chaque aventure, puis laisser chacune d'elles se développer à l'instigation des personnages.



Parmi eux, certains retiennent l'attention, plus complexes qu'ils en ont l'air. Philippe Toussaint, un sale type, un très sale type, … et puis peut-être pas ! Sasha, un sage qui montre la voie à Violette. Gabriel, un grand avocat fort en gueule, calqué sur un modèle bien connu. Julien, un commissaire de police, sidéré de découvrir la vie cachée de sa mère décédée. Toutes et tous assument des amours atypiques, revendiquent leurs désirs, prennent leur jouissance.



Violette est la principale narratrice. Par moment, elle cède la parole ou la plume, car si certains aiment parler, d'autres préfèrent écrire, pour une confession, un souvenir, une déclaration. Et quand personne n'est là pour raconter, c'est l'auteure qui se glisse dans un rôle classique de narratrice.



Rien à redire sur l'écriture, juste, claire, conforme à celle ou celui qui s'exprime. L'émotion est souvent là. le livre se déguste tranquillement, rythmé par une petite centaine de chapitres courts, non chronologiques. Valérie Perrin s'est efforcée de leur donner à tous un titre, en puisant dans des poèmes, des chansons, des romans, des expressions populaires.



Changer l'eau des fleurs est un roman de facture classique, facile à lire. Même s'il ne révolutionne pas la littérature, je l'ai lu avec infiniment de plaisir et je reste très impressionné par les nombreuses qualités littéraires que j'y ai trouvées.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Les Oubliés du dimanche

Justine, vingt ans, se voit comme une « une petite gonzesse mal coiffée qui remue du popotin le samedi soir au 'Paradis' et pousse des chariots de désinfectant en tout genre. » Une fille comme il doit « en exister en un tas d'exemplaires ». C'est ce qu'elle croit ! Parce que moi je l'ai trouvée exceptionnelle, cette jeune aide-soignante, d'une générosité, d'une douceur et d'une patience rares. Elle fait des heures supplémentaires aux Hortensias, la maison de retraite où elle travaille, pour écouter les résidents s'épancher, raconter leur passé, et elle consigne les souvenirs d'Hélène dans un cahier. Ça leur fait du bien, à eux, mais à elle aussi. Une façon de passer moins de temps auprès de ses grands-parents, mutiques, murés dans leur chagrin. Elle vit chez eux, ils l'ont élevée avec son cousin Jules, depuis que les parents sont décédés dans un accident de la route - Justine avait quatre ans.



Jamais je n'aurais lu ce roman si je n'avais pas entendu l'auteur le présenter sur un salon, et la journaliste le mettre si bien en valeur. Le "quatrième âge" m'effraie, me rebute, je suis de ceux qui n'aiment pas rendre visite aux personnes très âgées, qui n'ont rien à leur dire, qui sont agacés par leurs manies, leur surdité, leur lenteur (j'en passe)... Valérie Perrin, au contraire, dit les aimer, ces vieux (comme Eloïse Cardine, la jeune aide-soignante qui a inspiré ce roman). En effet, le regard qu'elle porte sur eux est tendre, mais sans complaisance - certains puent, d'autres sont mesquins, cruels...



Autre raison pour laquelle je n'avais pas envie de lire cet ouvrage : je fuis les livres pleins de bons sentiments.

J'ai été plusieurs fois sur le fil, au cours de cette lecture - beau ou mièvre ? Il suffit de se dire que la narratrice a vingt ans, est fraîche et naïve et tout de suite, ça passe mieux. Malgré les poncifs, les formules et ressorts déjà vus dans ce genre d'histoire, j'ai été touchée par des petits détails du quotidien qui sonnent terriblement juste, sur le couple, l'amour, la famille, le bistrot du village... Ce bouquin se dévore, je me suis extasiée à maintes reprises, j'ai coché, recopié, lu à haute voix pour des proches de nombreux passages.



Un très beau récit émouvant, tendre et souvent plein d'humour. Son ton m'a parfois rappelé celui de Marie-Sabine Roger. Si je ne lui attribue pas un immense coup de coeur, c'est seulement parce que l'intrigue m'a paru surchargée, quelques secrets de famille et rebondissements m'ont semblé superflus. La description des univers de Justine et d'Hélène m'aurait suffi, nul besoin d'en rajouter dans le spectaculaire, même si la vie, c'est ça : des surprises, des tuiles et des virages glissants à gogo, pour le meilleur et pour le pire.
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Les Oubliés du dimanche

« Le Bon Dieu ferait mieux de venir faire son marché ici, chez les vieux, on ne sert plus à rien »

Voilà une réflexion de nos ainés, citée dans ce roman, qui me fait de la peine.

Une autre réflexion que j’ai entendue hier, dans un commerce : « On est tranquille, avec le confinement, plus besoin d’aller voir les grands-parents »….



Tout cela me heurte, car les vieux – sans aucune nuance péjorative – me bouleversent. Je veux parler ici des très vieux. Ceux qui tremblotent, qui avancent avec peine ou qui n’avancent plus du tout, ceux qui pleurent facilement. Quand j’entends la chanson de Brel, je pleure moi aussi.

Quand je prends congé de papa, et que je le vois me faire signe, tout seul derrière la fenêtre, mon cœur se serre, infiniment.



C’est dire que j’ai abordé ce roman avec espoir et appréhension.

Justine, une jeune aide-soignante en maison de repos – Ehpad en France - qui adore son métier, relate sa relation privilégiée avec une vieille dame victime d’Alzheimer, perdue dans ses souvenirs d’avant. Elle retranscrit ses propos, reconstruit son histoire sur un cahier bleu. Mais cette petite Justine traine avec elle un lourd passé, elle est élevée par ses grands-parents avec son cousin, à la suite de l’accident de voiture de leurs parents.

Grands-parents peu expansifs, pas câlins pour un sou, taiseux. C’est qu’un lourd secret plane sur cette famille…

S’ajoute à cela un « corbeau » : il appelle les familles qui ont abandonné leur ainé, ne lui rendent jamais visite (« Le dimanche est un jour à prendre avec des pincettes. Il est chargé de chagrin ») et leur fait croire que celui-ci est mort. Les familles se rappliquent donc à toute vitesse…pour se rendre compte qu’heureusement – ou malheureusement ? – cela n’est pas vrai.



Comme on s’en rend compte, les personnages sont nombreux, les histoires se télescopent, et mon enthousiasme du début s’est émoussé au fil des pages à cause de cela.

L’émotion est présente, c’est bien écrit, et même poétique par endroits. J’aurais préféré cependant me focaliser plus particulièrement sur certaines personnes. Le tout forme une mosaïque de destins tourmentés, trop tourmentés, trop mêlés.



N’empêche, ce roman met le doigt sur le problème de l’abandon.

Et je me dis : qu’est-ce que cela signifie, « ne servir à rien » ?

Vaste questionnement, qui concerne chacun de nous !

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Changer l'eau des fleurs

Feel good book ?

Oui, si on se réfère aux autres livres proposés par les algorithmes quand on tape ce titre.

Non, si on compte le nombre faramineux de catastrophes et de morts autour de la douce et néanmoins pugnace Violette - et je ne parle pas des défunts qui reposent dans 'son' cimetière.



Pour moi : feel vénère, super NRV crescendo.



Je situe un peu l'histoire, pour ceux qui ne connaissent pas et qui ne sont pas allergiques aux 'résumés'. Vous pouvez sauter.

Je délimite par des 🌷 pour les impatients.

Pourquoi des 🌷 ? Parce que ce roman fleuve est placé sous le signe du jardinage, des roses, du thé au jasmin, de la fleur bleue, du flirt, de l'eau de rose en maxi concentré, s'il vous plaît - insuffisant respiratoire, passe au large ou mets-toi en apnée, comme devant Séph*ra ou N*cibé.



🌷🌷🌷

• Violette, née en 1968, sous X.

Une 'fille de l'Assistance', donc « censée se contenter de peu », selon les termes d'une éducatrice. Placée tantôt en famille d'accueil, tantôt en foyer. Rasant les murs, toujours, et se montrant docile pour qu'on la garde. Un abandon à la naissance, ça suffit, dans une vie. Et pourtant...

• 1985 : tombe amoureuse en boîte DU beau gosse. Ça semble réciproque. S'installe avec lui. Rapidement enceinte.

• 1986-1995 : poste de garde-barrière pas loin de Nancy. Elle seule tourne la manivelle (ou appuie sur le bouton, je ne sais plus) jour et nuit, pendant que le beau gosse part faire des tours à moto, fourrer ses doigts on ne sait où, elle sent l'odeur quand il revient dans son lit à elle.

• depuis 1995 (nous sommes en 2017) : gardienne de cimetière en Bourgogne.

Entre temps, le beau gosse (en réalité un sale con, feignasse et volage) s'est fait la malle. Et Violette s'est ramassé un nombre incalculable de tuiles bien tranchantes, à décapiter l'Hydre de Lerne.

Mais elle a lu un livre génial des dizaines de fois, et a rencontré aussi des gens super qui ont 'changé l'eau de son vase', en quelque sorte. Elle s'est initiée au jardinage, etc.

🌷🌷🌷



Démago, tire-larmes, censé vous arracher des pensées genre 'vive les petites gens', les gens simples, les vies 'médiocres' (on lit ça, parfois, dans les livres ou sur ce site)... Je n'aime pas ces termes, aussi puants que celui de 'France d'en bas'. Je fais partie du 'peuple', alors je trouve ça méprisant.



Le sirop dégouline de partout : bons sentiments, poncifs, clichés.

Sucre & sel & poivre en gros morceaux qui vous tombent sous la dent dans le plat que vous trouviez mangeable, au début, juste un peu trop chimique, et qui devient rapidement écoeurant.

Des histoires d'amour. Trois surtout, avec des superpositions bizarres, à la limite de l'inceste, et un souk dans la chronologie. Entre les belles mains de Gabriel et celles de Julien, leurs odeurs de cannelle et de tabac, je m'y perdais.

Et des coïncidences à foison.

A chaque rebondissement, je me suis dit 'Non, l'auteur n'a quand même pas osé ?' Et si ! Jusqu'à la fin ! Les gouttes de sirop d'érable arrosé de miel qui font déborder le vase arrivent assez vite et y en a plein.



Page 606 (sur 670 dans l'édition de poche) un bel amant, un prince charmant, promet à sa belle :

« Pendant ces trois jours, nous allons enfiler les clichés, il n'y a rien de mieux au monde que les clichés. »

Ces clichés-là, je trouve qu'il n'y a rien de pire.

Même à Noël, même l'été.

Y a pas de saisons pour refuser ça.



C'est bourré de variété française, aussi.

Y avait un quota ? Sans le Elvis en yaourt, je crois qu'on aurait atteint les 100%, avec beaucoup de Cabrel & de Goldman. J'écoute des radios de vieille midinette, pourtant (la preuve, j'ai reconnu presque tous les extraits), ça aurait dû me plaire. Question de dosage, là encore.

♪♫ « La confiture ça dégouline...

Et ça vous coule dans la manche

Et ça vous longe le pourpoint

De l'avant-bras jusqu'à la hanche

Quand ça ne descend pas plus loin

Et quand ça coule pas ça tombe... » ♪♫



Comme dirait une (excellente) auteur de romans NOIRS récemment vue/entendue autour d'une table ronde : « Ah, le feel good, ça me déprime... Cette obligation d'être heureux malgré tout, moi ça me donne envie de me pendre... »



Vite, des fleurs sauvages pas coupées, pas rangées dans un vase, de la mauvaise herbe (du jardin), des arbres tout tordus, des feuilles mortes pas ramassées, du bordel partout, et un bon vieux pop-rock anglais ou espagnol ou grec qui m'arrache sainement les oreilles et me désenglue.



■ Lire l'avis de LoLo(des-fleurs ?)KiLi, beaucoup plus mesuré, auquel j'adhère totalement.

https://www.babelio.com/livres/Perrin-Changer-leau-des-fleurs/1023842/critiques/1970405

... et ceux de Torpedo, Marmara, Ashallayne... j'en oublie... 😉

_____

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=EfK-WX2pa8c

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=maVrehfBjgo

♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=0NMsp4nfVY0
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Trois

Jamais deux sans « Trois ».

Après avoir changé l’eau des fleurs et n’avoir jamais oublié ceux du dimanche, je suis parti en voyage au Daghestan, en Australie, au Groenland, je me suis évadé si loin que j’ai souvent eu besoin d’un tlès glossaire car les termes aborigènes gênent et c’est inouï, le langage inuit aussi mais c’est si bon le dépaysement parfois.

Grâce à ce roman, je retrouve mon terroir avec ce sentiment maintes fois ressenti d’être extrêmement heureux de partir mais tellement content de revenir.

Aujourd’hui, les voyages intérieurs de Valérie Perrin valent bien les voyages d’Homère d’alors. Quel trip !

Merci Valérie de m’accueillir chez moi, véritable hôtesse de mes turbulences littéraires, je me sens si bien dans vos lignes aériennes si claires et si détaillées sur l’amitié et ses pactes, la douleur et ses débordements, l’amour et ses effusions, la solitude et ses épanchements qu’elles m’envolent dans un itinéraire intime aussi pauvre en CO2 que riche en adrénaline.



Jamais, je ne trahirai l’histoire de Nina, d’Étienne et d’Adrien, les tourments et les failles qui les taraudent, la complexité des sentiments cachés et l’incroyable complicité qui unissent ces trois-là.



Par contre, je révèlerai l’intelligence de la construction de l’ouvrage qui avec aisance permet de naviguer entre les périodes et les personnages sans jamais s’égarer. Ce puzzle d’époques offre savamment l’attrait de conserver les secrets de l’intrigue et les émois qu’elle procure.



J’ai beaucoup apprécié ce roman parfois trop riche, souvent trop fort, toujours trop plein, foisonnant de situations dramatiques où l’on a tout juste le temps de digérer une émotion que l’on est transporté dans une autre toute aussi troublante, touchante, émouvante ou dérangeante.



« Les romans, ça sert à écrire ce qu’on est incapable de faire dans la vraie vie. »



Lorsque on a le talent de Mme Perrin, je suis incapable de bouder mon plaisir même pour quelques exagérations de tempéraments qui sont pour moi le témoignage d’une sensibilité exacerbée bien distante d’une quelconque grandiloquence. Pathos n’est pas le quatrième mousquetaire de ce trio - Trois pour tous, tous pour trois !



« L’expression veut qu’on dise : Ils sont comme les cinq doigts de la main. Jusqu’à aujourd’hui, notre main n’avait que trois doigts. »

Quelle claque tout de même !



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Les Oubliés du dimanche

J'aime bien ce genre d'histoire, qui fait la part belle à l'humain. Des hommes, des femmes, ni bons, ni mauvais, qui luttent pour rester dans le droit chemin. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille et chacun doit affronter sa vérité avec ses propres armes, son propre passé. Une seconde chance n'est jamais possible, alors il faut tricoter sa vie en essayant de ne pas louper de mailles pour rendre l'ensemble acceptable.



C'est par une écriture simple et une belle observation des comportements humains que Valérie Perrin nous entraîne à la découverte de plusieurs histoires de vie : des vies qui s'effacent, d'autres qui commencent ; des vies qui semblent linéaires et d'autres bien tourmentées. Des vies qui émeuvent, bousculent des certitudes. Des vies qui font semblant pour continuer quand même ou pour essayer de compenser.

C'est beau et triste. C'est drôle et émouvant.

Un roman sympathique qui se lit facilement et qui met en vedette une maison de retraite, ses pensionnaires et son personnel. Mais un roman avec des excès d'énumérations et d'un Je-ne-me-rappelle-plus-comment d'une excessive patience qui ont cassé la lecture en la décrédibilisant parfois.



Faute de connaître son histoire, Justine, vingt et un ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire, presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. La vie de celle-ci est un roman : sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, la guerre, le juif Simon planqué dans la cave, la trahison, la Gestapo, là déportation... Justine extorque peu à peu à la vieille dame de lourds secrets et finit par affronter ceux de sa propre famille.

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Changer l'eau des fleurs

Dans Changer l'eau des fleurs on retrouve ce savant équilibre soutenu par un style impeccable et tempéré d'un humour pince sans rire.



Les décors et les personnages donnent au lecteur l'impression de s'installer au coeur d'un spectacle attachant dont la tendresse et l'émotion se disputent la part belle.



C'est poétique et âpre à la fois. Une jolie balade existentielle parsemée de gravité et de la flamboyance de l'instant voué à disparaître comme une bulle de savon.



Ce récit est écrit comme un travail de résistance contre la tristesse et le désespoir, lorsqu'ils menacent de vous faire tomber. Il raconte comment on apprend à construire des remparts qui protègent du gouffre.



Dans ce roman universel, drôle et émouvant, Valérie Perrin nous rappelle que l'au-delà est présent pour qui veut bien le contempler à travers les paupières closes de la réalité.





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Changer l'eau des fleurs

A la découverte de métiers oubliés, tel dans un journal télévisé de 13 heures, je fais la rencontre de Violette, garde-barrière. Déjà Violette, c'est pas commun, mais garde-barrière encore moins. Dans un patelin de la France profonde entre les Ardennes la Lorraine et le Jura, c'est dire le trou perdu et pommé, peut-être une des dernières barrières non automatiques de la SNCF. Et vous voulez mon ressentiment : qu'est-ce que ça doit être chiant comme boulot, attendre toute la journée les trains qui passent devant chez soi, sortir 3 minutes avant pour descendre cette foutue barrière. Mais comme toute belle (ou chiante) chose à une fin, cette barrière sera enfin automatisée.



Je passe volontairement les étapes intermédiaires, mais Violette passa ainsi de garde-barrière à garde-cimetière en Bourgogne. Ne s'appelle-t-elle pas d’ailleurs Violette Toussaint. Et oui, là aussi, un taf pas des plus joyeux. Et pourtant, c'est au sein des fleurs du cimetière de Brancion-en-Chalon que Violette va apprendre à vivre, au milieu du noir, des morts et des peines. Changer l'eau des fleurs, arracher les mauvaises herbes, faire pousser des chrysanthèmes et guider les vivants sur les tombes de leurs proches, voilà donc son nouveau boulot. Se reconstruire.



Si à chaque page de ce roman, je perçois de la tristesse, des mots l'âme des morts, l'âme d'un enfant mort, je ressens également beaucoup d'émotion, de bonté, de résilience. L'écriture est magnifique, une plume de deuil, et pourtant, c'est beau ! Un pur moment de poésie. J'ai été profondément ému par cette histoire, par l'humanité de Violette, par cette balade au milieu des tombes, des chats et des fleurs de Violette.

Touché, coulé, fané.

Des ténèbres à la lumière.
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Trois

Changer l'eau des fleurs m'avait plu et c'est donc en toute confiance que je me suis lancé dans Trois, le nouveau roman de Valérie Perrin. Mais autant j'avais abordé le premier avec un préjugé défavorable avant de trouver plaisir à le lire, autant ce fut l'inverse avec Trois. Mon a priori bienveillant s'est peu à peu dissous tout au long – très long ! – des deux cents premières pages. L'auteure y entretient savamment le flou, un parti assumé que certains trouveront ennuyeux, avant de donner enfin un rythme à l'histoire. Mon intérêt s'est alors réveillé, il était temps.



Avec ses six cents pages, Trois pourrait se lire en roman-feuilleton ; une saga qui prend place dans un village de Bourgogne et qui s'étend sur trente années. A la rentrée scolaire 1987, une petite fille et deux petits garçons, Nina, Adrien et Etienne, se prennent par la main et s'engagent dans une relation d'amitié très intime, du genre à la vie à la mort. Une relation qui sera entrecoupée de doutes, de brouilles et de malentendus. Quand ils se retrouvent en 2017, les désormais quadragénaires ne se sont pas parlé depuis une quinzaine d'années, sans avoir pour autant cessé de penser les uns aux autres, avec dépit, fascination et affection.



Leur belle histoire s'est gravement fracassée en août 1994. Un drame soudain pulvérise la sérénité de leur relation. Ils ont dix-sept ans. Dans la foulée, tout va changer dans leur vie. Pour Nina, c'est la première fois avec Emmanuel, tandis que pour Etienne, c'est la dernière avec Clotilde. Quant à Adrien, c'est encore une autre affaire ! La narration trouve enfin la dynamique qui m'avait manqué.



L'architecture du roman est complexe, les intrigues sont multiples et pourtant, on ne s'y perd pas. Auprès de Claude Lelouch, Valérie Perrin est devenue experte en élaboration de scénarios et en montage de plans imbriqués en puzzle. Dans Trois, l'enchainement des événements et les attitudes des personnages sont d'une cohérence infaillible. Il en est de même pour leur restitution dans une double narration entrecroisée. L'une est le fait, en décembre 2017, d'une étrange narratrice dont on n'a pas fini de découvrir les secrets. L'autre, en contrepoint, trace le parcours daté de Nina, Adrien et Etienne, de 1987 à 2003. Tout cela est très bien fait.



L'une des clés du roman repose sur ce qui s'est réellement passé le 17 août 1994. le suspense est préservé jusqu'au bout et je défie quiconque d'avoir subodoré la vérité.



Reste l'écriture, moins littéraire, moins léchée que dans Changer l'eau des fleurs. Dans Trois, l'auteure adopte un style que je qualifierais de fleur bleue. Il est vrai que son précédent roman avait été perçu par de nombreuses lectrices – je dis bien lectrices – comme un manifeste feel-good. Une tendance lourde de la littérature actuelle à laquelle je ne souscris pas, mais qui avait probablement permis à l'auteure de s'attacher un lectorat auquel elle a souhaité rester fidèle : un public de lectrices qui cherchent à s'identifier à des personnages féminins, en partageant leurs espoirs et en s'apitoyant sur leurs déceptions.



Valerie Perrin aime aussi surfer sur les sujets dans l'air du temps, ce qui lui permet en même temps d'afficher son empathie pour une femme harcelée par un mari despotique ou pour un personnage devant assumer sa transidentité. Sans oublier son militantisme animaliste, qui l'a conduite à placer une partie de l'action du roman dans un refuge de la SPA.



Le livre est conçu de façon très intelligente à destination d'un public bien ciblé. Un public dont je ne fais pas partie, mais je salue le professionnalisme de l'auteure. J'ajoute qu'en dépit de mes réserves et après un début laborieux, j'ai trouvé Trois plutôt agréable à lire.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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