AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Mathieu Belezi (356)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Temps des crocodiles

En ce milieu du 19ème siècle, la conquête de l’Algérie par la République française touche à sa fin, ce qui n’empêchera pas la pacification des territoires et la colonisation de peuplement forcée de se poursuivre durant plusieurs décennies au prix d’indicibles massacres parmi les natifs de ces terres pillées. « Le Temps des crocodiles » narre les abominables exactions, sous prétexte de civilisation, du capitaine Albert Vandel, à la tête d’une centaine de zéphirs, ces capotes bleues-pantalons rouges portant fièrement le drapeau tricolore. Le bataillon est flanqué de cantinières et de chameliers chargés de guider ces conquérants dans le désert. Un grand nègre fort comme un Turc et un perroquet loquace complètent cette compagnie toujours prête à satisfaire les exigences les plus impatientes et insensées de son capitaine avide de toute puissance. Leur objectif est une oasis de cinquante mille palmiers où le capitaine Vandel se voit déjà régner en Sultan, prêt à toutes les horreurs pour asseoir son autorité et sa volonté sur les populations locales.



Dans « Attaquer la terre et le soleil », Mathieu Belezi racontait avec brio l’effroi de la colonisation en Algérie dans un récit polyphonique ne détournant pas le regard de la violence. Dans ce texte précurseur de 2011, entièrement revu par l’auteur pour cette nouvelle édition, la barbarie la plus pure est encore là. Femmes empalées par les membres virils des hommes, têtes décapitées, corps soumis à des tortures innommables, les pages de ce livre dégoulinent de sang, de stupre et de sable. Mais la forme adopte presque celle d’un conte. Outre la syntaxe volontairement suspendue, qui ne s’encombre ni de majuscules ni de points, c’est la prose imagée et les tournures itératives qui donnent leur essence à ce texte aux charmes crus et évocateurs. Mon seul regret, une fin un peu brusquée. Cette très belle édition s’enjolive des illustrations presque monochromes de Kamel Khélif, combinant l’encre, le fusain et peut-être même la mine à plomb pour créer des tableaux tout à la fois liquides et granuleux, dont la texture rappelle ces végétaux fossilisés dans la pierre.

Commenter  J’apprécie          110
Attaquer la terre et le soleil

Prix du livre Inter mérité.

Une autre face de la colonisation en Algérie. Pas la plus belle...

Et loin également de la référence à Albert Camus, même si l'absurde n'est jamais loin, à côté de la violence, cette fois-ci c'est du côté des illusions perdues des colons que l'auteur nous place.
Commenter  J’apprécie          110
Attaquer la terre et le soleil

De cette lecture je retiens deux choses: L'écriture tellement soignée et parfois très poétique de Mathieu Belezi, qui joue avec les mots et les met en images, avec des répétitions fortes scandant le récit et La violence inouïe de cette page d'histoire.

Il s'agit de la colonisation en Algérie au XIXème siècle. D'une part un groupe de français émigrés sur une terre inconnue, hostile, dans un climat d'insécurité, de manque d'hygiène, sous des températures extrêmes et bien entendu très mal accueillis par les autochtones et d'autre part une armée conduite par un capitaine totalement dément et sanguinaire, qui pousse ses soldats au crime, au viol, à la destruction et au pillage.

C'est un livre fort, dérangeant, dont j'ai eu du mal à sortir sans malaise.
Commenter  J’apprécie          110
Attaquer la terre et le soleil

Terrible et magnifique !

Quand la « grande histoire » nous rattrape par les tripes avec le quotidien de ceux qui l’ont vécu, pensé, craint et ressenti dans leur chair.



XIX ème siècle. La colonisation algérienne. L’alternance de deux voix successives, de deux pensées plutôt pour évoquer le quotidien.

Celle de la mère d’une famille de colons. Ses plaintes, ses terreurs en découvrant l’Algérie puis leur vie misérable et dangereuse.

« Sainte et sainte mère de Dieu, si j’avais su ce qui nous attendait, nous autres colons »

Celle d’un soldat d’un bataillon. Les ordres d’un capitaine sanguinaire, l’engrenage dans la barbarie habituelle, puis banalisée.

Le capitaine, « de sa voix d’ogre » : « Ça veut dire que nous serons sans pitié, nom d’un bordel ! ça veut dire que nous n’hésiterons pas à embrocher les révoltés un par un, brûler leurs maisons, à saccager leurs récoltes, tout ça au nom du droit, de notre bon droit de colonisateurs venus pacifier les terres trop longtemps abandonnées à la barbarie, comprenez-vous bien soldats, ce que cela signifie ? »



L’absurde ou le pire (mais toute guerre ou toute colonisation n’est elle pas absurde ?), c’est que les exactions des soldats français retombent obligatoirement sur les colons.



Il n’y a pas de jugement de la part de Bélezi sur les hommes à cette époque. C’est bien plus fort que cela. C’est toute une pensée, un paradigme qui sont remis en cause. Dont on voit sur le terrain, en chair, en sang et en larmes ce qu’il signifie et ce qu’il provoque.

Un magnifique plaidoyer contre toutes les guerres, contre les horreurs et la barbarie.



L’écriture semble erratique, comme l’est le cheminement de la pensée, sans filtre, sans recul, devant le quotidien, « hantée par Faulkner » ( comme l’indique l’éditeur). Et je suis d’accord d’autant plus que j’avais adoré « Le bruit et la fureur », et que j’en garde un souvenir précis.

Même si Mathieu Bélezi n’est pas allé aussi loin que l’écrivain américain, qui ne finissait pas souvent les phrases des protagonistes qui s’exprimaient. Comme lorsqu’on pense : on passe d’une idée à une autre sans parfois terminer la première.



Un magnifique roman, consacré par le Prix Inter 2023, largement justifié.

Chapeau bas, Mathieu Bélezi !



https://commelaplume.blogspot.com/

Instagram : comme la plume

Commenter  J’apprécie          110
Le petit roi

Après 'Attaquer la terre et le soleil', lu le mois dernier, j'ai eu envie de me plonger dans un autre roman de Mathieu Belezi.



Le petit roi nous emmène au début des années 60, où le jeune Mathieu vient d'être confié à son grand-père fermier, pour l'éloigner du foyer violent de ses parents où les disputes, les coups, les cris sont monnaie courante.



L'enfant y découvre un homme solitaire, une vie rude entre étable, poulailler, potager et porcherie.



Un lieu glacial l'hiver où les chutes de neige peuvent les isoler du monde et brûlant l'été.



Une vie rude, où Mathieu se sent différent dans le collège religieux où sa mère l'a inscrit et où il se rend à vélo chaque jour.



Un seul camarade, qui lui sert de souffre-douleur,  les animaux qu'il torture, les premiers émois (ah, les seins de la boulangère).



Quelques beaux souvenirs, les cadeaux de Noël, la visite de sa mère dont il détruit pourtant toutes les lettres sans les ouvrir ... 



Un roman très dur, d'un e enfance sans beaucoup d'amour ... 



Une toujours très belle écriture, des paysages rendus à la perfection, j'ai eu froid et chaud, j'ai senti l'odeur de la cheminée, les carreaux gelés sous les pieds au lever, et la bise glaciale sur les joues dans la descente vers le collège ...



D'autres romans de Mathieu Belezi m'attendent dans ma liseuse.



A suivre, donc !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          110
Attaquer la terre et le soleil

Relire le premier homme, Camus.

Non seulement je suis passée à côté de cette lecture, mais je crois l'avoir détesté me sentant prise dans une sorte d'arnaque littéraire sensée enfin nous révéler l'horreur de la guerre menée en Algérie par le gouvernement français, à savoir son bras armé qui broie les hommes. Récit d'une grande violence sans aucune respiration, d'une écriture faussement aride et en fait artificielle. Sur un thème proche, Mahmoud ou la montée des eaux offrait une plongée en apnée dans la violence des hommes dont on émergeait lentement par la force de l'amour, de l'attachement à la terre, de la mémoire et porté par un style singulier.

Quant au sujet central, la colonisation civile décrétée après 1848 par la France (car évoquant Mac Mahon, on ne peut être en 1830...) comment ne pas penser à Camus qui évoque ces événements, leur violence fondatrice des relations franco-algeriennes, jusqu'à son dénouement ultime en 1962.

Relire le premier homme. Tout y est, et surtout plus.
Commenter  J’apprécie          110
Attaquer la terre et le soleil

l'arrivée des colons en Algérie. dans ce livre on arrive avec les premiers militaires français et leurs famille dans les campagnes algériennes. on y est les images, les odeurs, les bruits. mais aussi les descriptions violentes et horribles des exactions. personne n'est épargné. on voit les scènes en détail, c'est d'une violence sanguinaire, verbale, l'humiliation, la haine, la rage. je suis moi même peu sensible mais la franchement âmes sensibles s'abstenir. Mais bon il ne faut pas se voiler la face et ce livre est excellent.
Commenter  J’apprécie          110
C'était notre terre

La présence française en Algérie et la guerre qui a abouti à son indépendance restent au XXIème siècle des questions sur lesquels les avis sont très partagés. En effet, beaucoup de Français (surtout les jeunes) sont malheureusement ignorants et indifférents à ce sujet. Une autre partie de l’opinion publique, suivant l’opinion d’historiens et de journalistes progressistes, ont définitivement jeté l’opprobre sur les Pieds-Noirs et sur l’armée française, en "oubliant" les atrocités du FLN. Enfin une majorité de rapatriés, dont la mémoire est fixée sur leur pays natal et sur le traumatisme de 1962, restent très amers et fustigent le parti-pris des Métropolitains à leur encontre.

Comment parler sereinement de ce drame, au cours duquel tout le monde a fait du mal à tout le monde ? C’est presque impossible; je n’ai jamais lu un ouvrage écrit à ce sujet qui me satisfasse entièrement. Mais la moindre des choses, me semble-t-il, est de donner la parole à tous les protagonistes et surtout d’éviter des jugements de valeur (a posteriori !) trop catégoriques.



Qu’en est-il du roman de Mathieu Belezi ? D'abord, l’auteur a choisi de mettre sur le devant de la scène des grands propriétaires terriens qui sont des caricatures des "gros colons" méprisants et brutaux vis-à-vis des indigènes, sûrs de leur bon droit. Certes, ce genre de personnages, passablement odieux, a réellement existé dans "l’Algérie de Papa"; mais ils ne représentaient qu’une minime fraction du peuplement d’origine européenne. S'il en était resté à ces figures, l'écrivain aurait apporté de l'eau à un moulin qui - selon moi - ne tourne pas rond. Heureusement, Mathieu Belezi a su introduire dans son roman d’autres figures, très différentes, qui viennent nuancer le tableau. Par exemple, dans le livre, l’un des fils de la famille aide le FLN - mais il ne faut pas s'y tromper: il n’est qu’une exception rarissime, absolument pas représentative de la population des Pied-Noirs. Par ailleurs, la domestique (kabyle) de la maison des maitres joue (assez tardivement) un rôle dans le roman et apporte son point de vue très intéressant, sortant des polémiques franco-françaises. Enfin, l’auteur n’occulte pas les abominations commises par tous les belligérants, y compris le FLN, et je lui en sais gré. Si on cherche la petite bête, on peut noter que le romancier ne donne pas une grande place aux "petits Blancs" des villes d'Algérie, qui formaient pourtant une grande partie des Pieds-Noirs et dont une bonne partie votait à gauche avant le début des hostilités. Malgré cela, je pense sincèrement que Mathieu Belezi a réussi à donner une image presque exhaustive de ce que fut cette société (trop) passionnée et de cette période brûlante, qui ont disparu corps et bien dans un passé oublié ou occulté.

Mais ce livre a encore un autre grand intérêt, déjà souligné à juste titre par d’autres commentateurs: son style, lyrique, incantatoire, donc visant à l’empathie. Personnellement je ne suis pas du tout porté sur ce genre d’écriture et, au début du livre, j’ai beaucoup renâclé. Mais j’ai fini par accepter ce lyrisme, qui donne une très vive couleur à ce pays de soleil et de violence - très loin des schémas intellectuels pré-fabriqués que certains projettent sur la présence française en Algérie.

Donc, oui: en conscience, j’ai aimé ce livre que je trouve à la fois remarquable et juste.

Commenter  J’apprécie          110
Le petit roi

L'histoire :



Le petit roi s'appelle Mathieu. Il a douze ans et vit depuis peu avec son grand-père dans une ferme isolée, en pleine montagne. Avant d'être confié au vieil homme, il devait supporter au quotidien des parents qui se déchiraient avec une violence insoutenable pour ses yeux d'enfant. La mère a fini par quitter le domicile en laissant l'enfant chez ce grand-père très âgé.



Submergé par un sentiment d'abandon, Mathieu doit s'adapter à cette nouvelle vie, rude pour un garçon de son âge.



Mon avis :



C'est un texte très fort, d'une grande poésie.



Je dois dire que certaines scènes sont éprouvantes. L'enfant extériorise la douleur d'être séparé de sa mère en se montant cruel envers un camarade de classe ou des animaux inoffensifs. On comprend bien-sûr cette violence, mais elle est dérangeante et les mots qui l'a décrivent sont difficiles à lire.



La relation du petit garçon avec son grand père m'a émue. J'ai repensé aux vacances que je passais avec mon frère dans la ferme sans confort de mes grands-parents. Comme le fait ce "papé" avec son petit-fils, ils se pliaient en quatre pour nous gâter et nous distraire.



Les dernières pages, magnifiques, se lisent le cœur serré. On voudrait tant que ce petit roi guérisse un jour ses blessures...





Un portrait d'enfant dérangeant et bouleversant


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          110
Attaquer la terre et le soleil

Bonsoir,

Un livre sur la colonisation, sur l’Algérie, sur les massacres au 19 ème siècle avec "Attaquer la terre et le soleil", de @Mathieu Belizi chez Le Tripode. Un livre dur sur un épisode de colonisation dont j’ignorai tout, un livre violent à deux voix, celle d’un soldat de l’armée française, venu pour évangéliser et massacrer les rebelles et celle d’une agricultrice du Nord de la France venue là avec sa famille sur les promesses d’un gouvernement français, promettant des surfaces de terre à cultiver et qui espère une vie meilleure pour sa famille.

Un livre relatant la violence de la guerre et la violence pour ces nouveaux colons arrivant dans un monde qu’ils ne connaissent pas et dans une misère encore plus grande que celle qu’ils connaissaient en métropole.

J’ai aimé découvrir cette plume brute incisive dans cet ouvrage.

Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil

L'Algérie

Je percevais juste quelques brides de cette guerre dans laquelle mon père a combattu lors de ses 20 ans . Il ne nous en a jamais parlé. A priori il a vu, peut être subit.... peut être même fait subir des horreurs .

Mais jamais je ne m'étais interrogée sur les premiers colons, sur leur arrivée, leur implantation sur cette terre si différente de notre si orgueilleuse France .

Combuen d'horreurs l'être humain est il capable de faire .... en justifiant qu'il est le sauveur, le défenseur, qu'il est dans son droit !



Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil

Difficile au 21ème siècle de se projeter dans le contexte de la vie au milieu du 19ème. Une vie sans confort, précaire (les enfants mouraient nombreux en bas-âge, les épidémies raflaient périodiquement des vies), où les déplacements étaient lents et périlleux, on ne voyageait pas pour le plaisir. Difficile aussi de comprendre la logique de la colonisation maintenant que l'Algérie est indépendante depuis 60 ans. C'est pourtant ce que réussit dans ce roman "Mathieu Belezi" (c'est un pseudonyme), et de façon magistrale.

Quand l'Etat français, gonflé de sa supériorité européenne de conquérant de l'Algérie promet à des petites gens le bonheur dans un pays de cocagne, il en est qui y croient et se lancent dans une aventure dont ils n'imaginent pas le dixième. Nous suivons ainsi deux familles de colons qui font le voyage et subissent dès leur arrivée le désenchantement. Le village promis n'existe pas, on dort sous la tente pendant que les hommes doivent le bâtir. Et cette terre n'est pas vierge, les Algériens n'acceptent pas d'être spoliés et se rebellent. L'armée est donc aux avant-postes pour protéger les citoyens français, avec une sauvagerie proportionnelle à la vision raciste de l'époque : la vie de ces Arabes musulmans n'a aucune valeur, et de toute façon ils ne comprennent que le langage de la force.

Le propos est dur, presque insoutenable par moment, mais il est sans jugement, et la magie du verbe poétique et épuré de l'auteur l'adoucit et le rend captivant. Je n'ai lâché le livre qu'à la dernière ligne. Impressionnant !

Tout est dit de l'ambition et de la folie coloniale, qui à l'époque était vue comme le point le plus avancé (géographiquement) de la Civilisation et du Progrès. Elle durera plus d'un siècle, fera d'innombrables victimes dans tous les camps et finira comme elle a débuté, dans le sang.

Un seul regret : seules les voix alternées des colons et des soldats structurent ce récit. J'aurais aimé en entendre une troisième : celle des Algériens qui ont vu cette colonie s'installer sur leurs terres. La voix des sans-voix.
Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil

Roman aux multiples Prix et distinctions dont le prestigieux Prix du Livre Inter 2023, un titre qui en promet, une couverture à l’abstraction attractive et un bouche à oreille très favorable me pousse vers Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi.



Pour le coup, le titre n’est pas une métaphore fumeuse et abusive car ce roman, c’est totalement ça. Une lutte permanente contre les éléments. Mathieu Belezi aurait même pu ajouter Attaquer la terre, le soleil et les hommes. Ce récit de la colonisation algérienne a quelque chose d’insensée sitôt qu’on en expose les bases. Cela en est presque pas croyable. La folie des politiques, leur entêtement dans un projet colonial archaïque, inadapté, un chemin de croix vendu comme un nouvel éden pour ceux qui sont censé le mener à bien, les victimes déracinées.



Le roman est dur. Le roman est âpre. Il est tragique. Et pourtant, il m’a presque laissé de marbre et je pense que la cause en est un manque d’incarnation. À trop dire, à trop vouloir être exhaustif dans les douleurs ressenties, à trop décrire l’horreur, la dureté, on perd un peu l’intérêt romanesque pour aller vers un intérêt documentaire. On a plus d’effet choc. Ce n’est pas ce que je recherche avec un roman et avec Attaquer la terre et le soleil, je n’ai pas eu cette empathie avec les personnages, cette immersion qui nous plonge à côté d’eux. je n’ai eu que la curiosité sur ce fait historique que j’ignorais.




Lien : http://livrepoche.fr/attaque..
Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil

La colonisation en Algérie au 19ème siècle vue par une femme Séraphine et un soldat, à tour de rôle, ils racontent pour l'une l'installation en milieu inconnu et hostile et pour l'autre les exactions permises par la conviction d'être là pour civiliser les "sauvages". C'est un livre très fort, très cruel, qui fait penser à la conquête de l'Ouest aux États-Unis, le même désir de commencer une autre vie même si c'est au détriment des peuples autochtones, mêmes pulsions de violence sous couvert de civilisation. Un roman marquant !
Commenter  J’apprécie          101
Attaquer la terre et le soleil

C'est le 19ème siècle. C'est l'Algérie. Et c'est la guerre. Car alors la France entend coloniser cette terre.



D'un côté témoignent des civils, des Français, à qui on a dit qu'ils obtiendraient une terre et la cultiveraient. C'est la voix d'une femme, mère de famille, qu'on entend.

D'un autre côté, des Français, des soldats, à qui on a dit qu'ils nettoieraient le pays, pour la gloire de la nation. Cette fois, c'est la voix d'un de ces soldats qui endosse le récit.

Tous et toutes suivent un chef militaire : le capitaine. Sanguinaire, violent, fou et obéi de tous, aveuglément.



Le récit est terrible.

Il dit les hommes en uniforme devenus des bêtes. Il dit le sang, la violence et la barbarie. Le viol, l'alcool et la peur. La maladie implacable, toute puissante et la mort. La foi qui vacille et la douleur pour tous. La sauvagerie est extrême chez des humains qui n'en sont plus.



Ce roman m'a profondément remuée. L'auteur n'a rien édulcoré, n'a pas cherché à expliquer comment de telles ignominies peuvent être le quotidien de la guerre. Comment les hommes peuvent rendre la vie si laide et se changer ainsi en monstres. La forme choisie, celle d'une narration-témoignage, donne une puissance accrue aux mots. Il n'y a pas de narrateur extérieur pour mettre les faits à distance et nous en protéger.

Plus encore, la peinture de cette horreur est servie par une écriture si maîtrisée que ce contraste entre la virtuosité du langage et la cruauté des évènements fait de ce récit puissant un implicite manifeste pacifiste, brut et sans fard.



Une claque et un grand texte.



------------

Je n'écris pas que des chroniques !

Découvrez mes deux romans :

"Le soleil ne brille pas pour tout le monde" et "Les Naufragés" .
Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil

L'histoire : Algérie, 1840, colonisation et pacification. Le récit nous est fait par deux narrateurs, en alternance : d'un côté Séraphine, qui arrive avec son mari, leurs 3 enfants, sa soeurs etc., au milieu de tout un groupe de colons à qui on a fait miroiter moultes richesses ; de l'autre côté un soldat, au milieu de son régiment chargé de pacifier le pays, via des razzias radicales.







Mon avis : un court livre très agréable à lire, qui ne brosse personne dans le sens du poil. Un portrait au vitriol, et probablement assez réaliste, de la colonisation. Séraphine, très désillusionnée, subit les coups du sort avec résignation jusqu'à un cetain point. La difficile vie dans les camps militaires où sont d'abord parqués les colons, le soleil écrasant, le travail harrassant, le manque d'hygiène, les épidémies. Ses émotions et sentiments sans cesse mis à rude épreuve, et son récit ponctué de "sainte et sainte mère de Dieu". Le soldat, lui, emploie un ton à l'humour cynique, pour nous raconter les massacres (d'humains et d'animaux), souvent gratuits, les prises de villages, les viols, les vols, la réduction en esclavage, la soif de sang, l'adoration de tous pour leur capitaine, dans un récit ponctué de "nous ne sommes pas des anges". Et dans les deux narrations, les raisonnements pernicieux, et la rudesse des conquérants. Le style est particulier : sur un souffle, très très peu ponctué de points, on passe d'un paragraphe à l'autre sans point ni majuscule à l'intérieur d'un chapitre, on avance, droit devant, coûte que coûte, pas de fioriture, pas de formules bienséantes, rien d'inutile, rien qui dépasse. C'est une mise en forme qui va bien avec le fond du propos.



Un livre qui laisse une impression de sable et de terre dans la bouche, de chaud sec et humide à la fois sur la peau, de brutalité subie et de résignation. Tout en donnant à comprendre humainement les motivations profondes des gens ordinaires qui se sont lancés dans cette folle aventure. Un excellent roman qui me semble proposer une hypothèse d'une grande justesse dans son analyse de cet épisode historique.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil

Le roman nous raconte le début de la colonisation de l’Algérie (1840), on suit deux personnages une femme colon et sa famille, Séraphine et un soldat dont on ne connaît pas le nom, (et c’est sans importance). Le livre est coupé en deux histoires, rude besogne, qui nous d’écrit les épreuves de l’installation des colons en territoire Algérien. Maladie, attaque, climat et disette, rien ne leur sera épargné. Du coup, les questions se bousculent dans la tête de Séraphine, pourquoi tout ça ? La deuxième histoire, (Bain de sang), Nous fait suivre un soldat en pleine mission, celle de pacifier le territoire Algérien pour l’installation des colons français. Je n’ai pas beaucoup aimé l’histoire du soldat qui n’est qu’un enchaînement de razzia sanglant sur des villages sans défense. L’auteur essaye de nous montrer l’ascendant qu’a le capitaine sur ses soldats épuisés, seuls et loin de chez eux. Ils n’écoutent qu’une seule voix sans se poser la moindre question. Par ces deux histoires l’auteur, nous peint un tableau d’une Algérie côté français au début de sa colonisation. Malgré, une très belle plume et un côté poétique, j’ai trouvé que l’histoire de ce roman sur cette partie de l’histoire de l’Algérie reste très réductrice et sans profondeur. On pourrait même y voir le déroulement d’une autre guerre tellement que j’ai trouvé les éléments quelconques. Après, c’est mon avis personnel et ce n’est peut-être pas le but de l’auteur mais encore un roman avec un seul son de cloche, celui des Français. Un récit anticolonialiste certes mais qui ne montre que le sang de la guerre et rien d’autre.
Commenter  J’apprécie          101
Attaquer la terre et le soleil

Au milieu du XIXe siècle (vers 1840 ?), Séraphine et son mari embarquent à Marseille avec leurs enfants, sa jeune sœur et son conjoint pour gagner l'Algérie. Là, près de Bône on leur a attribué une terre à défricher. Ils ont quitté Aubervilliers, délaissant leur famille et leurs maigres possessions, espérant trouver le paradis promis par le gouvernement français, et participer ainsi au développement de ces terres récemment conquises.

Très vite, ils déchantent en arrivant sur ces terres arides qui n'ont jamais vu une charrue. Ils ne manquent pourtant pas de courage. Rien n'est fait pour les accueillir, et il leur faut s'adapter à des conditions de vie très rude. Il leur faut d'abord faire connaissance avec cette nature sauvage qui les entoure. Mais ils comprennent très vite que le plus grand danger vient des autochtones. En effet, victimes de la colonisation, ces derniers ne cherchent plus qu'à se venger, n'hésitant pas à attaquer les colons isolés.

La météo s'en mêle et le choléra frappe la petite communauté déjà bien mise à mal par la chaleur excessive qui s'est installée après les orages diluviens de l'hiver.

Peu à peu, les drames successifs émoussent le moral des familles et Séraphine se met à douter de l'utilité de leur présence ici sur ces terres qui ne leur appartenaient pas et qui ont été volées à ceux qui y sont nés.

Le texte alterne le récit de la vie quotidienne et familiale de Séraphine et des autres colons (tous les chapitres où elle s'exprime sont intitulés "rude besogne") et celui d'un soldat qui raconte la guerre (tous les chapitres s'intitulent "bain de sang"). Il nous donne tous les détails sur les viols, les assassinats des femmes et des enfants, le massacre de villages entiers qui seront rayés définitivement de la carte pour assouvir les seuls besoins en nourriture, abri et sexe des soldats.

Ces derniers sont d'une cruauté épouvantable, suivent aveuglément les ordres de leur capitaine, oubliant leur humanité, incapables qu'ils sont de voir des êtres humains en face d'eux, tant les slogans colonisateurs leur montent à la tête. Nous nageons en pleine barbarie, le texte décrit ces horreurs en employant les mots propres aux colonisateurs. Ils dominent le monde, on leur a ordonné de le faire mais ils ne savent pas réellement pourquoi ils sont là et pourquoi ils font tout ça.

Le lecteur s'il en doutait, prend conscience de la folie des hommes, du bain de sang que représente toute colonisation, mais aussi de l'absurdité de la démarche des colons qui tentent de soutirer de la terre ce qu'elle leur refuse.



C'est un roman très dur et sombre qui montre toute l'absurdité de la colonisation et la cruauté d'un tel acte qui arrache aux autochtones leur droit de vivre sur leurs terres, eux qui n'avaient rien demandé.

Les réflexions de Séraphine sont d'une grande lucidité. Elle comprend qu'elle a été manipulée, qu'elle n'a rien à faire là sur cette terre qui ne lui appartient pas, que c'est anormal de la prendre à ceux qui y vivent depuis toujours. Elle qui est un être simple, ne demandant que le bonheur pour sa famille, a vécu tellement de drames, a vu tellement de souffrances qu'elle comprend que la seule issue est de ne plus participer à ce massacre collectif.

J'ai aimé la force qui émane de son personnage. C'est une femme exceptionnelle pour son époque. Pourtant, elle utilise une langue simple pour nous raconter sa vie quotidienne. Mais toute la force de ce roman est justement dans la simplicité du récit, car Séraphine s'adresse à nous sans un mot de trop, sans pathos, comme si nous étions en face d'elle et nous sommes touchés en plein cœur. Dans les chapitres concernant Séraphine, l'auteur ne met pas de majuscules ou de ponctuation. Cela ne m'a pas gênée, car cela contribue à nous donner cette impression de transmission orale. Je vais même vous avouer que je ne m'en suis aperçue que tardivement !

Ce roman puissant est le lauréat 2022 du Prix "Le monde".


Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          100
Attaquer la terre et le soleil



Pendant que le soleil brille sur l’Algerie, la Terre absorbe les déflagrations des cœurs et des corps. Nous sommes au dix neuvième siècle, colonisation de l’Algerie en cours, l’enfer est en marche.



D’un côté les français promis à faire quelque chose de grand dans leur rôle de colons, colonisateurs pour être meilleurs, soit disant. Mensonge. C’est ce qu’on a imprégné dans leur esprit avant qu’ils n’empruntent le bateau d’une vie pour traverser la Méditerranée.

Ces colons portés par la voix d’une femme, Séraphine, qui racontera avec effroi le choléra qui dévaste les familles insidieusement, le froid qui brûle, la pluie incessante qui cache les pleurs de désespoir. La solidarité demeurera, comme un phare dans cette obscurité sans fin. {Rude besogne.}



D’un autre côté les soldats qui suivent leur commandant sans pitié, sans foi ni loi. Ils brandissent les armes pour tirer à tout rompre. Le sang coule et ne semble pas amenuiser l’ardeur du commandant. La voix du soldat se fait un entendre pour nous raconter leur quotidien peupler d’infâmes illogismes. {Bain de sang}



La langue est brut, brutale, épurée. L’auteur ne s’encombre ni de majuscule ni de point. A quoi bon dans ce torrent de noirceur. Alors on pourrait se dire que ce livre est d’une cruauté sans nom et c’est vrai et pourtant l’écriture est majestueuse à nous couper le souffle, elle nous embarque dans les abîmes de l’homme tout en signalant la beauté des mots. Mathieu Belezi a reçu le prix Le Monde grâce à ce roman.







« Traverser la Méditerranée pour aller coloniser des terres qui devaient, le gouvernement de la France en était sûr, les enrichir bien au-delà de leurs espérances. »

Commenter  J’apprécie          100
Le petit roi

Dès le début, j’ai été happée par ce roman, par sa première phrase « finissons-en !», par cette histoire de non-amour, de cette enfant étouffée par la violence des adultes. Les événements du passé ressurgissent de façon inattendue, décousue, et toujours l’enfant est en proie à une grande colère, cachée derrière un solide édifice d’indifférence, de froideur.



Parfois, l’édifice se fissure, l’enfant craque, éclate en sanglot, enfouit la tête dans un coussin ou s’enfuit dans la garrigue pour cacher ses larmes indomptées. Parfois, l’édifice se fissure et l’enfant craque et devient méchant, cruel même avec son souffre-douleur. Mais derrière cet édifice on devine sa soif d’amour, son besoin de tendresse, d’une main douce qui caresserait son front avant de s’endormir.



Le style est âpre comme la garrigue, sublime comme le ciel provençal un jour d’hiver et pudique comme ces vieux paysans taciturnes.



Ce roman dense et intense se lit très vite (je veux dire par là qu’il nous tient en haleine, impossible de le lâcher), dans l’urgence jusqu’au point (devrai-je écrire poing ?) final qu’on se prend en pleine figure …

Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mathieu Belezi (1754)Voir plus

Quiz Voir plus

La Boîte à Merveilles

Quel est le vrai nom de l'auteur ?

Ahmad Safrioui
Sidi Mohamed
Mouhsine Raissouni
Ahmed Sefrioui

30 questions
550 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}