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Citations de Gaëlle Josse (1867)


En attendant ce jour, Clara va à l'école du village, c'est son grand-père qui la conduit et vient la reprendre, dans la voiture qui sent le chien et le tabac. Allez, grimpe, petite ! Sur le chemin du retour, il s'arrête au café du village, présente la gamine à la ronde, tout fier, avale son verre de blanc et remonte en voiture. Tu ne dis rien à grand-mère, promis ? Oui, bien sûr, promis. Allez, roule.
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Elle déteste les vieilles photos et tout ce qui va avec, les souvenirs et les regrets, le temps passé et le temps perdu, les amis oubliés et les amours mortes.
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Un jour, j’ai lu une histoire qui m’a fait trembler. Turin, le 3 janvier 1889, piazza Alberto. Le jour où Nietzsche s’est jeté à la tête d’un cheval de fiacre épuisé, frappé jusqu’au sang par son cocher, jusqu’à s’écrouler au sol, jambes brisées. Nietzsche a enlacé le cheval comme un frère humain, il l’a embrassé dans un geste de consolation impossible, désespéré. Ensuite, il s’est écroulé, a perdu conscience. La grande absence. Tout a lâché, le corps et l’âme, la maladie mentale ne l’a plus quitté, jusqu’à la fin, dix ans plus tard. Humain, trop humain, je crois que j’ai compris là ce que ça pouvait vouloir dire.
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On ne sait jamais quoi faire du chagrin des autres.
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C'est le temps des mots secrets, ceux qui permettent de dénouer la journée, de la reposer dans ses plis avant de la laisser s'enfuir, se dissoudre, c'est le temps d'apprivoiser la nuit, c'est le temps des mots sans lesquels le sommeil ne viendrait pas. Je plonge le visage dans la tiédeur des cous, des oreilles, des bras qui veulent me retenir, des doigts légers, un peu collants, qui caressent mes joues, je sombre dans la douceur des cheveux lavés, du linge frais. "Chut maintenant. Il faut dormir." Une fois franchie leur porte, j'entre dans ma nuit, à la rencontre de ma vie qui vient de brûler.
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Ce marquis aux lèvres minces, tout en plumes, volants et dentelles, qui avait demandé à voir mon musicien à la vielle, dont l'un de ses pairs lui avait dit grand bien. Deux de ses gens l'escortaient, l'un tenant son chapeau, l'autre sa cape. Il a vu la toile, tourné autour, reculant, avançant, tête penchée, comme pour lui trouver le défaut qui lui permettrait de payer moins que le prix demandé. Pas un mot. Puis il s'est brusquement avancé, et d'un air agacé il a donné un coup de gant sur la toile. Puis un autre, quelques secondes après, encore plus agacé. Enfin, il s'est approché, toujours plus près, et il a compris que la mouche qu'il s'efforçait de chasser était en fait peinte sur le tableau. Non, ce n'était pas un simple insecte assoupi dans la chaleur de l'atelier et les effluves des pigments. J'ai vu son regard incrédule. Contrarié. Puis admiratif. Un éclat de rire. " Mes respects, Maître de la Tour. Vous m'avez mystifié. Il me faut cette peinture, vraiment. Je compte bien surprendre mes visiteurs comme je viens de l'être. Votre prix sera le mien. Faites-la-moi livrer dès demain, je vous prie. "
Ses valets lui ont tendu la cape et le chapeau. L'instant d'après, il avait disparu dans un bruissement de plumes et d'étoffes. Pas un mot pour prendre congé.
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Je parle vite, on me le fait souvent remarquer, j’ai la voix grave, et les mots se précipitent pour aligner des phrases que je laisse parfois en suspens, parce qu’elles sont achevées dans ma tête et que je crois les avoir prononcées. Je parle vite parce qu’il fallait être rapide pour retenir ton attention, mon père, tellement rapide, avant que tu repartes dans tes mondes de roche et de solitude.
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Surtout pas Christophe. Sept ans de plus qu'elle, pas grand-chose comme points communs. Il fait un métier "tendance", photographe culinaire. Il peut vous expliquer pendant des heures comment on s'y prend pour photographier des tartes au citron meringuées, des sushis ou de la crème glacée. Elise, sa femme, exerce aussi un métier "tendance", web designer, elle crée des sites Internet et les habille de jolies couleurs, et leurs enfants ont aussi des prénoms "tendance", Garance et Hugo. Ils habitent à Paris, dans un arrondissement où les pères amènent leurs enfants à l'école en trottinette.
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Le temps nous pousse vers notre vie, il nous faut nous réinventer, oublier pour pouvoir continuer. La capacité d'oublier est peut-être le cadeau le plus précieux que les dieux ont fait aux hommes. C'est l'oubli qui nous sauve, sans quoi la vie n'est pas supportable. Nous avons besoin d'être légers et oublieux, d'avancer en pensant que le meilleur est toujours à venir. Comment accepter sinon de vivre, sidérés, transis, douloureux ?
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Il faut beaucoup d'amour pour résister à toutes les érosions.
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Je le cherche, comme n'importe quelle mère cherche son enfant et ne cessera d'errer, de renifler toutes les traces possibles, comme un animal, avant de connaître la vérité.
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J'aime le silence qui accompagne la nuit, j'aime le feu, l'ombre et leur danse, ils se cherchent, s'évitent, s'enlacent. Le silence qui accompagne nos vérités. Je n'ai besoin de pas grand-chose d'autre quand j'y pense.
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J’ai aimé la transparence de l’eau, j’ai aimé la pénétrer, flotter, plonger, remonter, descendre, toujours plus loin. M’y fondre, m’y dissoudre. Échanger mes poumons contre des branchies, ma peau contre des écailles, peut-être. Voir. Voir encore, toujours plus loin, toujours plus profond. La vie enfouie, la vie secrète, l’étrangeté des plantes et des bêtes qui y vivent. Je n’avais pas peur. Aujourd’hui, c’est différent.
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Mais, grand frère, nous le savons tous les deux que ça ne veut rien dire, faire son deuil, que c’est une expression pour les magazines , on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d’autre. Nous le savons que, chaque matin, il faut se rassembler, se lever, se mettre en marche, quoi qu’il en coûte. Que la douleur est un archipel dont on n’a jamais fini d’explorer les passes et les courants. Qu’elle est inépuisable . Lente, féroce et patiente comme un fauve.
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De la pointe j'effleurais ma peau, caresse d'acier, et je traçais à l'intérieur de mes bras de longues lignes d'où le sang finissait par affleurer, comme des larmes de couleur vive qui partaient se perdre sur la blancheur de ma peau en écrivant des lignes sinueuses. Alors, tout ton amour contenu dans cet objet pénétrait mon corps par ces incisions. À force, il finirait bien par m'envahir tout entière, j'en étais certaine.
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Pendant quarante-cinq années - j'ai eu le temps de les compter -, j'ai vu passer ces hommes, ces femmes, ces enfants, dignes et égarés dans leurs vêtements les plus convenables, dans leur sueur, leur fatigue, leurs regards perdus, essayant de comprendre une langue dont ils ne savaient pas un mot, avec leurs rêves posés là au milieu de leurs bagages. Des malles, des cantines, des paniers, des valises, des sacs, des tapis, des couvertures, et à l'intérieur tout ce qui reste d'une vie d'avant, celle qu'ils ont quittée, et qu'ils doivent, pour ne pas l'oublier, garder dans un lieu fermé au plus profond de leur cœur afin de ne pas céder au déchirement des séparations, à la douleur de se souvenir des visages qu'ils ne reverront jamais. Il faut avancer, s'adapter à une autre vie, à une autre langue, à d'autres gestes, à d'autres habitudes, à d'autres nourritures, à un autre climat. Apprendre, apprendre vite et ne pas se retourner. Je ne sais pas si pour la plupart d'entre eux le rêve s'est accompli, ou s'ils ont brutalement été jetés dans un quotidien qui valait à peine celui qu'ils avaient fui. Trop tard pour y penser, leur exil est sans retour.
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Lorsqu'on a traversé le pire, même le très difficile paraît clément.
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Je me souviens de notre arrivée au matin, de la lumière dans la baie d’Alger, oui, surtout ça, la lumière. Et du bleu encore, du blanc, comme je n’en avais jamais vu. Les yeux plissés, la main en visière, à nous demander ce qui allait advenir de nous et à veiller en même temps sur nos affaires.
(La Loupe, pages 193-194)
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Cette plage ressemble à celle de son enfance, celle des premiers pas, des premiers jeux, des premières brasses, des premières tasses d'eau salée, âcres, de celles qui font tousser et raclent la gorge.
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Quand un cœur fidèle
Se meurt d’amour,
Les lys se fanent
Dans tous les jardins

(« Le meunier et le ruisseau », avant-dernier lied du cycle La Belle Meunière)
Wilhelm Müller / Franz Schubert
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