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Citation de Nastie92


Pendant quarante-cinq années - j'ai eu le temps de les compter -, j'ai vu passer ces hommes, ces femmes, ces enfants, dignes et égarés dans leurs vêtements les plus convenables, dans leur sueur, leur fatigue, leurs regards perdus, essayant de comprendre une langue dont ils ne savaient pas un mot, avec leurs rêves posés là au milieu de leurs bagages. Des malles, des cantines, des paniers, des valises, des sacs, des tapis, des couvertures, et à l'intérieur tout ce qui reste d'une vie d'avant, celle qu'ils ont quittée, et qu'ils doivent, pour ne pas l'oublier, garder dans un lieu fermé au plus profond de leur cœur afin de ne pas céder au déchirement des séparations, à la douleur de se souvenir des visages qu'ils ne reverront jamais. Il faut avancer, s'adapter à une autre vie, à une autre langue, à d'autres gestes, à d'autres habitudes, à d'autres nourritures, à un autre climat. Apprendre, apprendre vite et ne pas se retourner. Je ne sais pas si pour la plupart d'entre eux le rêve s'est accompli, ou s'ils ont brutalement été jetés dans un quotidien qui valait à peine celui qu'ils avaient fui. Trop tard pour y penser, leur exil est sans retour.
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