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Citations de Claire Marin (480)


Les accidents révèlent les fantômes, les virtualités de notre moi. Ceux qui restent dans les coulisses, attendant la chute du jeune premier pour le remplacer (p. 95).
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"Il faut prendre des risques. Volontairement. Parce que c'est la seule façon de reconquérir sa propre vie."
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La joie est encore possible dans la conscience du tragique, de notre vie personnelle ou de l'époque. Elle n'est pas indécente, mais elle est d'autant plus nécessaire que les fragilités deviennent massives et que les dangers nous assaillent de toutes parts. On peut penser la légèreté dans la lucidité. C'est le pari paradoxal de la philosophie de Clément Rosset. Il est possible de connaître la « joie enivrante » de vivre, « la joie presque miraculeuse d'exister » sans doubler le réel d'un voile d'illusions rassurantes. Comment oser l'affirmer en ces temps d'orages ? Il arrive, selon Rosset, que l'allégresse soit le « résultat d'une mélancolie surmontée ». On ne peut pas penser la réelle joie sans traverser l'épreuve et parfois s'y abîmer. Nous apprenons à vivre avec la part tragique du réel. Notre capacité à l'admettre est « la pierre de touche de la santé morale et de l'allégresse ». Peut-être y a-t-il une prédisposition particulière à cette obstination dans la joie. Mais un tel entêtement se nourrit aussi d'une attention à la réalité, aiguisée par la catastrophe. Il n'y a pas de vie sans tempêtes, et on ne peut pas espérer les contempler toujours du rivage, loin du tumulte. Mais on apprécie la terre ferme lorsque les courants de l'existence nous y ramènent (pp. 177-8).
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S'enraciner

S'arracher comme on arrache les mauvaises herbes, s'extraire pour ne pas pousser de travers. (...)
Il faut parfois s'arracher et s'enraciner ailleurs pour que nôtre vie ne soit pas vaine.(...)
Comme le dit Pavese :
" On essaie de prendre racine, de se faire une terre et un pays: pour que notre chair vaille quelque chose de plus et dure plus qu'une banale suite de saisons"
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Ne pas correspondre exactement aux attentes, prendre les chemins de traverse, refuser l'héritage.
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" Chaque chose à sa place "

Perec souligne la violence des taxinomies, des ordres fixes, des assignations de places." Derrière toute utopie, rappelle-t-il, il y a toujours un grand dessein taxinomique : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place" .Classer, déclasser, déplacer, interdire de nouvelles places, et avec elles, des dynamiques, des échanges, des rencontres. (...)
L'idée que "chaque chose a sa place" devient angoissante.Penser des mises en place, c'est assigner à chacun une place fixe, l'enfermer dans cette case, épinglé au mur avec son étiquette, comme dans un vieux musée d'histoire naturelle.
( p.31)₩
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Nous avons besoin d'une place réelle ou imaginaire, où nous blottir." Chacun a besoin d'un nid.Chacun a dans sa maison un coin" disait Gaston Bachelard. (***"La Poétique de l'espace" )
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Comment ai-je pu, moi qui ai vécu à ses côtés, le méconnaître à ce point ? La possibilité et la liberté d'être autre révèlent de manière douloureuse les illusions de l'amour et de l'affection : illusion d'une propriété et d'une proximité, d'une transparence de l'être aimé. La familiarité n'est parfois qu'une impression. Autrui pourra toujours nous surprendre, nous déstabiliser, nous laisser interdit devant ce qu'il a dit ou fait et qui paraissait inimaginable. Non seulement il ne m'appartient pas, mais il peut toujours devenir pure surprise, devenir tout autre, d'une inquiétante étrangeté (p. 27).
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Il y a, dans toute rupture, l'espoir de se trouver et le risque de se perdre (p. 29).
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La musique est comme la maladie. Elle n’autorise pas qu’on la suive distraitement. Elle exige une attention constante. Elle ne s’accorde pas avec n’importe quelle humeur, elle impose un sentiment, elle le créé même chez celui qui l’écoute. Elle l’envahit, le possède. Être malade, c’est comme être obsédé par un même refrain agaçant, par une mélodie entêtante, qui accompagne chacun de nos sentiments, qui nous interdit d’être vraiment présent à nos propres pensées, qui colonise notre intériorité.
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Notre vie n'est faite que de ruptures.
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Doubles vies

"Je ne pensais pas qu'on pouvait faire ça pour quelqu'un- lui rendre l'enfance qu'il n'a pas eue et lui permettre de reprendre une croissance interrompue" - Sarah Chiche, "Les Enténébrés"

(p.124)
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Richard Hoggart retrace cette expérience dans le récit de son enfance dans un quartier ouvrier de Leeds durant les années 1920.Il compare sa famille" bien close" à un nid où piaillent des oisillons affamés. Cette vie repliée sur elle-même, sans extérieur, sans relation avec les autres, obéit à la logique de la misère. La préoccupation matérielle- survivre- devient principe d'enfermement inconsciemment consentie.Les défenses protègent autant qu'elles emprisonnent. :
" Nous étions obligés de nous replier sur l' intérieur que nous étions absolument extérieurs à tout, et dans la mesure où nous ne connaissions pas d'autres manières d'être, nous ne cherchions pas à nous intégrer (...) Puisque nous étions toujours ceux qui ne participaient pas, ceux qui n'étaient pas invités, nous construisions nos propres défenses "
(p.60)
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La crise sanitaire a autant affecté notre santé que notre intimité. La présence de la maladie a aussi bien exacerbé nos failles et nos fragilités que révélé certaines ressources cachées et forces insoupçonnées. Le confinement a fragilisé les corps, mais aussi touché les cœurs, suspendu les libertés et bouleversé nos sensibilités. La sidération, la peur, la claustration, l’incertitude, la vulnérabilité, l’attente, la solitude, mais
aussi la solidarité et la sollicitude ont scandé ces moments de rupture, d’élan et d’abattement. La crise a perturbé le délicat équilibre entre le contact et la distance. La pandémie a chambardé l’économie, mais elle s’est également immiscée dans les plis de nos vies.
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Ce n'est pas seulement mon corps et mon esprit que la rupture amoureuse saccage, c'est le monde qu'elle dévaste. Elle laisse un monde à la fois surpeuplé et désolé. Rien n'échappe à la marque de cette coupure existentielle, tout en porte des traces visibles. Pour l'être quitté, il faut faire avec ce qui reste, avec ce grand débarras que devient sa vie lorsque l'autre part, laissant une montagne de souvenirs douloureux. Que faire de ces gages d'un amour dévalué ? De cette vie fantôme qui hante les couloirs de l'appartement, les rues du quartier, les lieux de vacances, mais qui se glisse aussi dans les pages des livres, dans les refrains des chansons, cette vie amoureuse perdue qui s'affiche, narquoise, sur les visages de ceux - comment font-ils ?- qui s'aiment sans se séparer.
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Le malade est idiot. Enfermé dans sa douleur, dans son corps qui le torture, dans sa tête obsédée par la maladie ou possédée par la souffrance. Il ne parle plus comme les autres. Il ne conjugue plus qu’avec prudence ses phrases au futur. Il est un être du conditionnel. Si je vais bien, si je guéris, si je ne suis pas hospitalisé sont les sous-entendus de chacune de ses phrases. Pas de futur simple. Pas de projection spontanée. L’élan de la pensée, comme celui du corps est freiné par des charges invisibles qui pèsent sur les articulations de sa vie. Les mouvements, comme les espoirs, son plus lents.
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La puissance du poème, comme celle du roman ou du film, est précisément celle-ci : nous déplacer, par de subtils glissements ou dans une grande claque, à une place que nous n’avons jamais occupée et qui pourtant nous paraîtra familière, le temps d’une lecture ou d’une projection. C’est la puissance de l’œuvre que de nous déloger, nous faire sortir de nous-même et de nous rendre sensibles et accessibles à d’autres vies, d’autres places que la nôtre.
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Mais la douleur me tient en éveil, me raidit, me tend. Elle me donne le sentiment d’être vivante. "Doleo ergo sum".

(Je souffre donc je suis)
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L'injonction " reste à ta place" s'adresse souvent à ceux qui menacent de bouleverser l'ordre établi, les hiérarchies installées, les pouvoirs dominants.Celui à qui l'on intime de rester à sa place est celui que l'on veut encore dans un espace mineur, secondaire, inférieur. Dans la hiérarchie du couple, de la famille, du travail, la parole de la femme, de l'enfant, du domestique, de l'ouvrier, peut ainsi être muselée. Rester à sa place, c'est rester silencieux, ne pas parler de ce que l'on n'est pas censé comprendre, ce qui ne nous " regarde" pas.Celui à qui on ordonne de rester à sa place est précisément celui qui a déjà commencé à regarder ailleurs.(p.31)
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Quitter sa place sans en viser aucune.
"Il a fallu larguer les amarres du confortable état premier où l'on était, sur lequel on s'appuyait, et perdre ses excellentes localisations qui tenaient l'infini hors des remparts"
Peut-etre ces nomades, ces vagabonds nous signifient-ils que l'on n'arrive jamais nulle part. Toutes les places sont provisoires,sans cesse soumises à un grand chambardement ,à une redistribution des cartes et des places de chacun.
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